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Mohamed Taleb-La Guerre des Six jours de 1967


La Guerre des Six jours de 1967 par Mohamed Taleb
L‘entité sioniste, en 1967 avec une vingtaine d’années d’existence, avait porté à 78% « son » territoire à l’issue de la guerre de 1948 alors que les Nations Unies ne lui octroyaient que 54% de la Palestine historique lors du partage de la Palestine historique en 1947, pour une population juive qui faisait le tiers de la population totale (les Palestiniens en formaient les deux-tiers).
L’entité sioniste est depuis 1948 toujours en quête de nouveaux territoires, à posséder par la force militaire et par le nettoyage ethnique, au mépris du Droit international (jusqu’à présent l’entité sioniste ne dispose pas de frontières définitives).Entre 1947 et 1967, plus de un million et demi d’immigrés juifs en provenance d’Union soviétique, des pays de l’Est et d’autres pays, débarquent en Palestine, une Aliya post-bellum qui va se poursuivre de manière ininterrompue jusqu’au début du 3ème millénaire. Les sionistes déclaraient tout simplement qu’ils avaient besoin de garantir les conditions d’existence (logement, travail…) à cette nouvelle population, quitte à faire disparaitre la population palestinienne pour libérer territoires et ressources.
Un positionnement qui s’applique confortablement à la situation actuelle à Ghaza où le « progrès » (moral et autre) des pays occidentaux et de l’entité sioniste se trouve à son apogée et se décline dans la dévastation et le génocide d’une population jugée inférieure, un génocide, en soi, expression d’un racisme sans limites. Il y a déjà de nombreuses années, le professeur juif italien Alberto Asor Rosa[1] résumait la situation d’alors en ces termes : « Les Juifs sont passés du statut de victimes à celui de bourreaux… Parafascistes… Ils recherchent la supériorité raciale ». Pour le Prof. Luciano Canfora[2], historien italien, « l’État d’Israel est l’héritier du Troisième Reich et produit une politique de génocide comme le faisaient les Nazis » a-t-il déclaré dans une interview de fin mai 2025.
Les pays occidentaux qui font à tout bout de champ la promotion des valeurs démocratiques, des valeurs morales et des Droits de l’Homme sont d’autant plus responsables de la catastrophe humanitaire à Ghaza, dans leur soutien inconditionnel à l’entité sioniste, sur les plans militaire, financier et médiatique. L’entité sioniste ne serait nullement dans les conditions de poursuivre seule cette agression barbare pendant plus de 600 jours, sans cet apport et toute somme faite sans atteindre le moindre objectif politique si ce n’est l’assassinat de quelques chefs politiques du Hamas et le génocide de la population de Ghaza.
La revue spécialisée « The Lancet[3] » donnait déjà en juillet 2024 le chiffre de 186.000 morts et d’autant de blessés. On pouvait lire : « …En appliquant une estimation prudente de quatre décès indirects pour un décès direct9 sur les 37 396 décès signalés, il n’est pas invraisemblable d’estimer que jusqu’à 186 000 morts, voire plus, pourraient être imputables au conflit actuel à Gaza. Si l’on utilise l’estimation de la population de la bande de Gaza pour 2022, qui s’élève à 2 375 259 personnes, cela représenterait 7,9 % de la population totale de la bande de Gaza… ».
Euro-Med Human Right (voir tableau ci-joint) situe les chiffres au mois de mai 2025 à 62.680 morts et à 127.000 blessés.
Le dernier instrument dans la barbarie génocidaire sioniste est l’utilisation à des fins politiques, de la faim pour affliger davantage la population palestinienne de Ghaza. Les prévisions pour la période entre les mois de mai et septembre 2025 sont des plus catastrophiques (voir tableau ci-dessous)

Mais il s’agit aussi de tirer le maximum de profit de la famine subie par les Palestiniens.L’entité sioniste autorise l’aide humanitaire à la population de Ghaza, après 2 mois de rupture de cessez-le-feu, de bombardements et d’interdiction à l’aide humanitaire de pénétrer à Ghaza.

Mais qui est donc ce bienfaiteur, autorisé à venir au secours de la population de Ghaza?
La photo ci-dessus nous montre un Ghazaoui portant sur la tête un carton avec le signe GHF. GHF (Gaza Humanitarian Foundation) est une organisation humanitaire américaine privée, fondée ad hoc en février 2025 en Suisse, et financée par Israël, pour expulser définitivement l’UNRWA, l’organisation des Nations Unies qui prend en charge les réfugiés et les déplacés de Ghaza et occuper définitivement Ghaza à travers le contrôle absolu de la population, l’octroi de l’aide alimentaire et des services essentiels (ridicule) moyennant l’enregistrement biométrique, et la mainmise sur les campements provisoires.

Voir Link : Le Mossad, bailleur de fonds de l’humanitaire à Gaza | Arrêt sur Info
Avigdor Lieberman, figure de l’opposition d’extrême-droite israélienne et membre de la Knesset, a provoqué un tollé en proclamant sur son compte « X-Twitter» que le mystérieux bienfaiteur de la GHF n’était autre que le gouvernement israélien.

« L’argent destiné à l’aide humanitaire provient du Mossad et du ministère de la Défense. Des centaines de millions de dollars sont dépensés aux dépens des citoyens israéliens »
Le blason de l’entité sioniste en sort redoré pour les chapelles gouvernementales occidentales malgré leurs premiers signes de désapprobation de la politique sioniste.
La Guerre des Six jours, traitée à partir du prochain chapitre, a été, à une époque où gouvernait en Israël la « gauche israélienne » et non la droite fanatique, une étape fondamentale dans la tragédie palestinienne qui a pris des proportions hallucinantes ces derniers 600 et quelques jours.
Contexte international avant juin 1967
L’Union soviétique avait, lors du vote sur le partage de la Palestine en 1947, appuyé de manière décisive le plan onusien et misé fortement sur Israël avant que celui-ci n’opte définitivement pour le parapluie américain.
Une nouvelle configuration géopolitique bipolaire dans un climat de guerre froide prend place et se décline concrètement dans la fondation, en 1949, de l’Organisation atlantique (OTAN), ce à quoi répond l’Union soviétique par l’institution du Pacte de Varsovie en 1955.
D’un autre côté, le Traité de Rome du 25 mars 1957 met en place l’institution de la Communauté économique européenne (CEE), sous l’impulsion de Jean Monnet et de Robert Schumann (ministre français des Affaires étrangères) qui étaient en contact étroit avec les Américains. La CEE vient après la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) créée en 1951. La CECA[4] fut créée sous pression des États-Unis, pour empêcher, officiellement[5], une nouvelle guerre entre la France et l’Allemagne qui serait dans de telles conditions impensable selon Robert mais aussi pour former un bloc dans une optique antisoviétique[6].
Avant la création de la CEE en 1957, les États-Unis adoptent un vaste programme destiné officiellement à la reconstruction des États européens qui se concrétisera sous divers aspects: économique, militaire et culturel.Le Plan Marshall, mis en place sur le plan économique, apporte certes une aide financière appréciable à la reconstruction mais permet aux USA d’éviter une récession sans précédent à la suite d’une croissance remarquable pendant la guerre et de sa chute brutale à la fin des hostilités. Sur le plan militaire, il s’agit de contrecarrer toute tentative d’agression ou d’invasion émanant de l’Union soviétique ou du bloc socialiste en général. Selon les révélations en 1990 faites par l’ancien Premier ministre italien Giulio Andreotti[7], la structure clandestine « Stay Behind » est née –officiellement- en 1951 à la suite d’un accord entre la CIA et le SIFAR (Servizio Informazioni delle Forze Armate). De même que l’organisation Gladio[8] (née en 1956) opérant en territoire italien afin d’endiguer toute possibilité d’arriver au pouvoir du parti communiste italien. Dans les faits il est question de briser l’essor et la croissance des courants de gauche en Europe occidentale, en particulier celles des partis communistes français, italien ou espagnol.
Enfin le Congrès pour la liberté de la culture se charge de l’encadrement et du contrôle systématique de la production littéraire et artistique (théâtre, cinéma, art, musique). Tout était contrôlé par le Congrès (plus tard Association) et de célèbres noms de la littérature française, allemande, italienne, espagnole, anglaise en faisaient partie et formaient une intelligentsia anticommuniste.
La peinture artistique subit par exemple l’influence directe du mouvement nouvellement créé, « l’expressionisme abstrait », avec Jackson Pollock, en opposition au « Réalisme socialiste soviétique ». La peinture figurative sera désormais considérée comme rétrograde, obsolète et non plus en phase avec les temps modernes, à l’instar de la peinture abstraite, qui transcende tout terreau social, étant conforme aux principes de liberté et de l’individualisme.Le complexe de culpabilité des occidentaux envers les Juifs
L’opinion publique, dans le monde occidental, aux États-Unis et surtout en Europe, se trouve sous la forte emprise d’un sens de culpabilité pour la tragédie de l’Holocauste et ne peut appréhender la question du conflit israélo-palestinien, qui plus est, est encore un conflit israélo-arabe à cette époque, que sous les aspects moral et émotionnel. La mémoire collective occidentale et surtout européenne, encore très affectée par le sort subi par les Juifs, va donner naissance à un paradigme nouveau d’après-guerre qui va conditionner la géopolitique jusqu’au-delà de la période qui a vu l’effondrement en 1989 du bloc soviétique.
Le fardeau mémoriel allemand se concrétise en pratique par des accords avec l’entité sioniste sur les plans militaire et économique. Le dernier, en date du 17 août 2023, porte sur la livraison d’un système[9] de défense antimissile israélien Arrow 3 à l’Allemagne pour une valeur de 3,5 milliards de dollars.
L’Allemagne a été soumise, à travers le Traité de Luxembourg[10] du 10 septembre 1952, à des réparations à l’État d’Israël, à effectuer sous formes de paiements, d’exportation de biens matériels et de services à hauteur de 3,5 milliards de D-Mark. Une partie de ces paiements devait aller au profit de la « Conference on Jewish Material Claims Against Germany [11]», une association qui regroupe diverses organisations juives de soutien aux rescapés de l’Holocauste de par le monde. Manipulations, opacité, abus et transactions frauduleuses ont été dénoncés par l’historien Norman Finkelstein dans son ouvrage « L’industrie de l’Holocauste ».
Le nucléaire israélien
Israël dispose, au début des années soixante, d’un niveau de technologie assez avancé dans le domaine de l’armement nucléaire. Un programme nucléaire a été mis en place à l’aide d’une technologie fournie discrètement et gracieusement par la France en contrepartie à la participation d’Israël dans la Guerre de Suez de 1956 mais surtout pour se faire pardonner son passé vichyste à l’égard de la communauté juive en France. La construction d’un réacteur nucléaire, sous les auspices de la France (il est même question d’axe franco-israélien du programme nucléaire israélien), débute en 1957. Il sera mis en service en 1963, la production de plutonium est suffisamment au point pour équiper Tsahal (armée israélienne) d’une bombe atomique.
La France procédait en cette période à des essais nucléaires dans le Sahara algérien, à Reggane, auxquels auraient participé des scientifiques israéliens. Ce qui nous permet d’avancer et de dire que les Israéliens sont certainement en possession de documents concernant ces essais et le site de Reggane.David ben Gourion[12], Premier ministre israélien, subit, entre 1961 et 1963, des pressions de la part du Président des États-Unis J.F. Kennedy, pour une inspection internationale du site de Dimona, dans le désert du Néguev. Israël finit par céder aux pressions et consentit aux inspections mais a pu dissimuler la nature réelle des travaux du site, ayant été en connaissance du programme des inspections auparavant.
Le programme nucléaire s’est poursuivi dans le secret et a porté à la construction d’ogives dès 1966[13]. À la veille de la Guerre de 1967, l’entité sioniste était en possession de l’arme nucléaire.Certains analystes n’hésitent pas à formuler la thèse selon laquelle le président Kennedy aurait été assassiné pour de telles raisons bien qu’il ait reçu pour sa campagne présidentielle une offre d’aide financière de la part du mécène et homme d’affaires juif américain Abraham Feinberg[14] (Feinberg a travaillé officieusement avec les gouvernements des États-Unis et d’Israël pendant les crises du Moyen-Orient, a dirigé de nombreuses collectes de fonds démocrates et a servi de confident aux présidents américains Harry Truman, John Kennedy et Lyndon Johnson.).
Guerre du Vietnam
La guerre du Vietnam est un conflit qui oppose depuis 1955 le Nord-Vietnam, soutenu par le bloc soviétique et la Chine, et le Sud-Vietnam ainsi que le front de libération du Sud-Vietnam, tous deux soutenus par les États-Unis et d’autres pays comme la Corée du Sud, l’Australie etc.
Après la débâcle de la France (soutenue par le président US Harry Truman), avec une perte de 16.000 hommes à Dien-Bien-Phu en mai 1954, les Accords de Genève du 21 juillet 1954 mettent fin au conflit. Présents à titre d’observateurs mais ne reconnaissant pas la Chine, présente à la Conférence de Genève, les USA ne ratifient pas l’accord et le Vietnam est divisé en Nord-Vietnam et en Sud-Vietnam. Une division bien en fonction de la logique de la Guerre froide. Après une tentative d’union avortée en 1956, le Nord et le Sud-Vietnam s’affrontent.
En sa qualité de vice-président, Lyndon Baines Johnson accède, immédiatement après la mort de Kennedy, à la présidence des États-Unis. Membre du Parti démocrate, Il sera réélu en 1964.
La participation des États-Unis à la guerre du Vietnam consistait depuis 1955 à assister le Sud-Vietnam dans sa confrontation avec le Nord-Vietnam, forts de leur conviction de la théorie des dominos, chère à Eisenhower et selon laquelle le basculement d’un état dans le camp communiste serait poursuivi automatiquement par celui des pays limitrophes.
Kennedy avait envoyé quelques 15.000 conseillers militaires mais était encore indécis quand à un engagement total des USA dans le conflit. Cette mise en veilleuse sera bousculée par Johnson qui opte pour l’intervention militaire après les incidents du Golfe de Tonkin[15] au début aout 1964, une opération qui n’aurait jamais existé selon l’article de Elisabeth Bumiller, paru dans le New York Times[16] du 14 juillet 2010.Une résolution du Congrès américain, à la suite de « l’agression » du Tonkin, offrit carte blanche au président Johnson pour l’envoi de troupes (200.000 soldats en 1965 et 200.000 autres en 1966) au Sud-Vietnam. S’ensuit une véritable guerre qui durera jusqu’au 30 avril 1975 avec la chute de Saigon. Les accords de Paix de Paris de 1973 devaient mettre fin à ce violent conflit.
Les mouvements de décolonisation et le mouvement des Pays Non-Alignés
La décolonisation est avant tout le résultat de la lutte des peuples et de leur détermination à mettre fin par tous les moyens au système d’exploitation socio-économique de matrice coloniale.
La Seconde Guerre mondiale et son corollaire, l’affirmation de deux superpuissances, plutôt favorables à la décolonisation, avec leur respective zone d’influence, vont ébranler le système colonial et donner naissance à une nouvelle configuration géopolitique en l’espace d’une vingtaine d’années. Les puissances coloniales vont être confrontées dans plusieurs cas à des guerres d’indépendance.Les peuples colonisés dont certains, comme l’Inde avec le Mahatma Gandhi ou l’Algérie avec l’Émir Khaled[17], ayant déjà formulé des revendications indépendantistes depuis la fin de de la Première Guerre mondiale, prennent conscience du nouveau contexte international d’après-guerre et, confortés par la charte des Nations unies qui réaffirme le «respect du principe de l’égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes », engagent un processus de décolonisation en utilisant aussi bien la voie pacifique comme dans le cas de l’Inde (le colonialisme britannique avait causé des millions de morts auparavant) ou celle de la lutte armée comme dans celui de l’Algérie.
Les peuples asiatiques sont les premiers à réclamer le départ des colonisateurs et à revendiquer leur indépendance. L’Inde (ex. Empire britannique des Indes) est indépendante en 1947 mais subit une partition, dans un climat de violence, et voit la naissance d’un nouvel État, le Pakistan. Ce qui engendre un conflit sanglant entre Hindous et musulmans pakistanais.
En 1948, le Royaume-Uni accorde l’indépendance à la Birmanie, à l’île de Ceylan et, plus tard, à la Malaisie. La Hollande devra en découdre avec l’Indonésie jusqu’en 1949.
La France ne quittera l’Indochine qu’après la défaite de Dien-Bien-Phu en 1954.À la différence du continent sud-est-asiatique où prédomine de loin l’Empire britannique, dans le continent africain sont présentes toutes les puissances coloniales, présentes à la Conférence de Berlin de 1884, qui se sont octroyé de vastes territoires africains.
De 1945 à 1975, la vague des indépendances démantelait dans un premier temps les possessions asiatiques et africaines.
Les indépendances nouvellement acquises restent cependant, dans leur grande majorité, arrimées à un système de domination néocolonial. Les anciens « maitres », au moyen d’accords divers et de pressions, maintiennent ces pays dans un état de dépendance asphyxiant sur le plan économique. Ils maintiennent le contrôle sur les ressources naturelles de ces pays, sur leur système monétaire et très souvent sur le choix de décisions politiques.
L’exemple le plus édifiant est, pour ce qui est de l’Afrique francophone, l’introduction du Franc CFA (Franc des colonies françaises d’Afrique), dans deux groupes de pays africains (occidental avec huit pays et oriental avec six pays), un système pervers de domination économique de ces pays par la France qui vit pratiquement en grande partie à leurs dépens.Les anciennes colonies sont désormais dirigées par des élites bourgeoises créées et mises sur place par les puissances néocoloniales. Les tentatives d’émancipation de cette domination sont instantanément réprimées par la force et le cas échéant par l’assassinat : Patrice Lumumba, Ahmed Sékou-Touré et Thomas Sankara, assassinés par l’impérialisme, sont les symboles de la lutte et du combat contre ce système de domination.
Le processus de décolonisation est encore à ses débuts quand un nouveau courant politique apparait sur le plan international et s’inscrit dans des principes de neutralité par rapport à la logique des blocs (occidental et soviétique). Ce neutralisme est l’expression première de ce qui sera par la suite l’esprit du Non-alignement. Le mouvement des Pays Non-alignés débute avec la Conférence afro-asiatique de Bandoeng (Indonésie) d’avril 1955 et regroupe 29 pays déjà indépendants, nouvellement indépendants ou sur le chemin de l’indépendance[18]. Le principe premier et fondamental du mouvement[19] est le refus de toute association ou collaboration avec l’un des deux blocs et la mise au point d’un projet de lutte contre le sous-développement.
Le mouvement n’est cependant pas exempt de contradictions puisque dès le début certains pays dépendent déjà de la tutelle de l’un des blocs, entre autre l’Arabie Saoudite qui est liée aux USA par l’Accord du Quincy de 1945 ou l’Irak dans un premier temps par le pacte de Bagdad de 1955.Contexte régional avant 1967
La Palestine

La partition de la Palestine historique, décidée et entérinée par l’Assemblée générale de l’ONU[20] en 1947, octroyait aux Palestiniens (deux-tiers de la population globale) un État de 11.500 km² soit 43% de la superficie totale et le reste, à un État juif de 14.000 km², soit 56% à la population juive (un tiers de la population globale), enfin avec statut international, 1% de la superficie totale pour Jérusalem et les Lieux Saints. La soi-disant « guerre d’indépendance » de 1948 des sionistes, lors du conflit arabo-israélien, a amputé la partie destinée aux Palestiniens d’une superficie ultérieure[21] de 6.000 km².
En définitive, en 1948, les Palestiniens n’auraient à disposition que 22% de la superficie totale de la Palestine historique.Les Accords d’armistice israélo-arabes de 1949 à Rhodes, établissent des frontières provisoires (lignes d’armistice « DE FACTO ET NON DE JURE ») entres les États. Les accords se font séparément entre Israël et les pays arabes à l’issue desquels Israël conserve les nouveaux territoires conquis au mépris du droit international, l’Egypte conserve le contrôle sur la Bande de Gaza, la Transjordanie[22] sur la Cisjordanie et une zone démilitarisée est créée entre la Syrie et Israël.
La Résolution 181 de l’ONU, sur le partage et la création des trois États (État juif, État arabe et État de Jérusalem sous administration internationale), est rejetée par les Palestiniens et acceptée par les Sionistes.
la Palestine n’existe pas à la veille de 1967 et le problème palestinien, devenu désormais un problème humanitaire depuis 1949 (800.000 réfugiés, plus de 500 villages détruits), demeure toujours à l’ordre du jour. Les réfugiés palestiniens sont pris en charge par l’UNRWA (l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) dans le cadre de la Résolution 194 du 11 décembre 1948.
L’Egypte et la Jordanie qui occupent respectivement la Bande de Gaza et la Cisjordanie, en contact avec les populations palestiniennes, font recours à l’élite et aux notables palestiniens, réintégrés dans les administrations égyptienne et jordanienne, pour mieux les contrôler. Tous deux rejettent violemment l’idée du libanais Pierre Gemayel et de l’irakien, le général El Kassem, de créer un État palestinien en Cisjordanie et à Gaza. Dans un tel climat et devant l’incapacité arabe de formuler une issue au drame palestinien, nait, sous l’impulsion de Yasser Arafat et de Farouk Kaddoumi, le Fatah, une première organisation palestinienne qui se fixe comme objectifs la lutte pour la libération de la Palestine, pour l’émancipation de la tutelle arabe et une forme de distanciation des idéaux du Panarabisme.
L’OLP et la Résistance palestinienne
L’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) nait le 30 mai 1964 à l’issue du premier Congrès national palestinien qui s’est tenu à Jérusalem-Est et nomme l’avocat Ahmed El Choukeiry[23], coopté par l’Egypte, à la tête de l’organisation. L’OLP devient le représentant du peuple palestinien et le seul porte-voix de la cause palestinienne. C’est le début d’une affirmation des dirigeants palestiniens au sein des pays arabes et pour lesquels l’Egypte de Nasser occupe une place prépondérante, suivi de l’Arabie saoudite.
Cette affirmation se concrétise avant tout sur le plan politique, stratégique et celui de la communication, dans la recherche de soutiens à la cause palestinienne.
La Révolution algérienne et l’organisation du FLN (Front de libération nationale) sont les références premières pour l’OLP qui reste cependant encore au centre des rivalités et des intérêts divergents des pays arabes.
Les décisions les plus importantes sont contenues dans les articles 2 et 18 de la Charte[24] de l’OLP. Le 1er janvier 1965 est perpétré le 1er attentat du Fatah en Israël. Le Fatah rejoindra l’OLP en 1967.
L’Egypte
Suite à sa victoire politique écrasante lors de la Guerre de Suez en 1956, le président Nasser jouit d’un énorme capital de sympathie et d’un prestige considérable auprès des masses populaires aussi bien en Égypte qu’à travers le Monde arabe. Il est l’un des organisateurs de la Conférence de Bandoeng en 1955 et l’un des leaders à la tête du Mouvement des Pays non-alignés, lequel prône une troisième voie pour les pays nouvellement indépendants ou du Tiers-monde en général.
Au sein de cette matrice et suivant la pensée du syrien et chrétien orthodoxe, Michel Aflaq[25], fondateur du mouvement politique, laïque et séculier du Baath, Nasser met en avant un projet de fédération des Pays arabes, arrimée à la langue, à l’histoire, à la culture et à la civilisation arabes, le Panarabisme, qui conteste tant l’impérialisme occidental que les régimes monarchiques mis en place par l’impérialisme franco-britannique et Israël. Le mouvement, proche de l’Union soviétique, s’inscrit dans la mouvance socialiste spécifique à la culture arabe.L’ambition de Nasser, artisan de la première nationalisation réussie du Tiers Monde, le Canal de Suez, d’affirmer un modèle républicain au sein des pays arabes va le conduire, à partir de 1962, à mener une guerre au Yémen[26] qui sera considérée comme le Vietnam égyptien. Dans les faits, il s’agit d’un conflit entre l’Arabie Saoudite qui soutenait les forces royalistes et l’Egypte qui soutenait les forces républicaines.

Le tout dans un climat de guerre froide, les occidentaux appuyant l’Arabie Saoudite et l’Union soviétique appuyant l’Égypte. Selon Alexandre Aoun[27], des mercenaires israéliens, britanniques et français sont partie prenante dans le conflit, ce que confirme par ailleurs Ariel Sharon[28] dans ses mémoires pour ce qui est de la participation israélienne. Nasser engage un contingent de 70.000 soldats.
L’Égypte abrite le 5 octobre 1964, au Caire, la Conférence des Pays Non-alignés et sera liéà la Syrie par le traité de coopération militaire du 4 novembre 1966.
Algérie
L’Algérie arrache son indépendance le 5 juillet 1962 après près de huit années de guerre contre le colonialisme français et après avoir payé un très lourd tribut de 1.500.000 morts.
L’armée française, sous un gouvernement socialiste, et l’armée israélienne, sous un gouvernement travailliste, ont combattu les mouvements de libération nationale, de l’Egypte en 1956 (Guerre de Suez) et de l’Algérie. L’Algérie meurtrie et exsangue en 1962, s’engage dès son indépendance dans le soutien à la cause palestinienne. L’OLP choisit comme modèle d’organisation politique celle du Front de libération nationale (FLN) et sur le plan militaire celle de l’Armée de libération nationale (ALN).Le Mossad était présent en Algérie pour combattre le FLN. Un congrès juif mondial s’est tenu à Alger les 7, 8 et 9 juin 1952 (voir photo ci-dessus). Le portail juif francophone ‘JForum.fr’ a publié un texte en date du 28 mai 2019 qui relate, à travers le témoignage de l’agent du Mossad Ibrahim Barzilai[29], honoré par le président israélien Reuven Rivlin et le chef du Mossad Yossi Cohen en 2016 pour services rendus, le travail accompli par le Mossad. Dans le texte, on peut lire entre autre : « … Le Mossad était actif en Afrique du Nord, il (Barzilai) avait armé et réactivé des cellules dormantes à Constantine pour combattre le FLN… que tous les agents du Mossad étaient mariés et envoyés en couple dans les communautés de Constantine, Marrakech, Casablanca, Tanger, Alger, Oran et Tunis… ».
Comme évoqué plus haut, des scientifiques israéliens étaient présents au cours des essais nucléaires français dans le Sud algérien, sur le site de Reggane[30], au début des années soixante. Le Mossad ne pouvait laisser passer une telle occasion et a sans doute prospecté toute la région.
Les rapports entre l’Algérie et l’Égypte ne sont pas au beau fixe après la déposition du président Ben Bella par le colonel Houari Boumediene le 19 juin 1965. L’élan de solidarité, intéressé ou présumé de Nasser pour l’Algérie, a été interrompu par ce « redressement révolutionnaire ».
La politique de Boumediene de soutien aux mouvements indépendantistes du Tiers-Monde et de lutte contre l’impérialisme dans le monde fait cependant redémarrer les relations entre les deux pays. L’Algérie fait connaitre ses positions concernant la Palestine et offre son soutien à la cause palestinienne, position confirmée par la fameuse expression du président Houari Boumediene : « Maa Filastin, dhalima aou madhlouma ! » (Avec la Palestine, coupable ou non coupable!).Avec le président Houari Boumediene, prend forme un combat nouveau, basé non plus sur la seule lutte pour l’indépendance politique des pays du Tiers-monde mais sur l’instauration d’un nouvel ordre économique mondial fondé sur la justice et le droit des peuples et non plus sur la prédation et le pillage des pays du Sud par ceux du Nord.
En ce sens, il prononce un discours mémorable et historique à l’Assemblée générale de l’ONU, le 10 avril 1974.Maroc
Le Maroc, protectorat français depuis 1912, est indépendant en 1956 et devient le Royaume chérifien en 1957.
Peu de temps après, des revendications territoriales marocaines de Allal El fassi (Parti Istiqlal), contestant les frontières entre le Maroc et l’Algérie fixées par le Traité de Lalla-Maghnia en 1845 entre le Maroc et la France, sont formulées/exprimées auprès des autorités coloniales françaises, encore présentes en Algérie. En 1962, juste après l’indépendance de l’Algérie, le roi Hassan II, succédant à son père Mohamed V, décédé en 1961, renoue avec les revendications territoriales et déclenche même les hostilités en octobre 1963. C’est la Guerre des sables: elle ne prendra fin qu’après obtention d’un cessez-le-feu en février 1964, décrété par l’Organisation de l’Unité africaine et laissant le tracé des frontières inchangé.
Au mois de septembre 1965, a lieu la Conférence des États arabes à Casablanca. Dans un article paru dans le journal[31] Times of Israël du 16 octobre 2016, et selon l’ancien directeur des services de renseignement israéliens, le Général Shlomo Gazit, le chef du Mossad de l’époque, Meir Amit, est entré en possession des enregistrements des discours prononcés par les chefs d’États arabes lors de cette conférence.Ces enregistrements ont révélé entre autres les divisions au sein des États arabes et leur impréparation à la guerre. Le 28 octobre 1965, Igal Bin-Nun, dans son article sur le site de de ‘Maghreb[32] online’, s’efforce par tous les moyens de minimiser l’importance du contenu des enregistrements. Il déclare :

« …Je tiens à préciser que ces enregistrements de la Conférence interarabe à Casablanca n’avaient rien d’exceptionnel, pour la simple raison que les relations israélo-marocaines dans le domaine diplomatique, débutèrent déjà le 7 janvier 1963… Par la suite, après l’aide fournie par Israël au Maroc dans le cadre de la Guerre des Sables (NdA : guerre d’agression contre l’Algérie) au mois d’octobre de la même année, les relations marocco-israéliennes prirent une ampleur considérable… formation des services secrets, communication, entrainement militaire, coopération diverses… Ceci explique comment les services de sécurité d’Oufkir ont permis aux agents du Mossad en fonction au Maroc d’installer eux-mêmes du matériel d’écoute dans la salle de réunion de la Conférence de Casablanca de septembre 1965… ».
Le Mossad était présent au Maroc après la fin du protectorat français.
Israël
Le gouvernement de l’entité sioniste s’emploie à la recherche du maximum de soutien dans le domaine militaire. En 1962, Ben Gourion effectue une visite officielle en France. Il est reçu par le général de Gaulle comme le représentant d’un État ami et allié. En 1962, la vente de missiles US à Israël est autorisée par le président Kennedy.
Le mouvement migratoire de Juifs vers Israël, en majorité à partir de l’URSS et de Pologne, se poursuit sans interruption. Ce qui représente, outre la croissance de la population juive, aussi un renforcement consistant des effectifs militaires.
Dans le Monde diplomatique, de juillet 1969, le journaliste israélien de gauche, Amnon Kapeliouk, nous informe que les dépenses militaires d’Israël constituent 37,5% du budget total. Et en guise de réponse à Kapeliouk (en novembre 1969), le major-général soviétique de réserve Sviatoslav Kozlov[33] affirme : « … que ce chiffre doit être revu à la hausse car l’Etat tout entier, et les faits allégués dans son article (de Kapeliouk) le prouvent, est orienté vers la guerre ».
A la veille de la guerre de 1967, beaucoup d’officiers et de généraux, nés en Israël, sont très aguerris et ont envie de faire leur première expérience et de combattre leurs ennemis, les Arabes. Dans une campagne médiatique sans précédent, le président égyptien Nasser est mis à l’index et est considéré comme le nouveau « Hitler », en voie de provoquer un nouvel Holocauste. La rhétorique délirante du « petit David face au géant Goliath », est véhiculée par la machine médiatique occidentale. Des hommes illustres de la culture française y prennent part, tel Jean Paul Sartre et sa compagne Simone de Beauvoir.Lors d’un sondage IFOP effectué durant la guerre, 58 % de Français expriment leur sympathie envers Israël contre seulement 2 % aux pays arabes. Le rejet des Arabes est entre autres dû aux retombées et aux conséquences de la Guerre d’Algérie (1954-1962). En mai 1967, des manifestations en faveur de la cause sioniste sont organisées sur tout le territoire français.
Pour Yvan Gastaut[34] il y a un seul facteur d’explication : « … le poids du passé nourrit le vaste élan populaire de sympathie en faveur du « jeune » État d’Israël permettant d’évacuer tout ou partie de la culpabilité diffuse née de l’indifférence et des complicités françaises dans la destruction des Juifs d’Europe… ».
Pour rappel, l’Union soviétique et les partis communistes européens dont le PC français et le PC italien avaient farouchement défendu en 1947 le partage de la Palestine historique et la création de l’État d’Israël, sous prétexte de lutte contre l’impérialisme britannique qui selon eux opprimait les Juifs en Palestine. Une lecture historique totalement erronée. À la veille de la guerre de 1967, les partis communistes français et italien ont modifié un tant soit peu leur position vis-à-vis d’Israël en s’alignant sur la politique de l’Union soviétique à la suite de la guerre impérialiste du triumvirat France-Grand Bretagne-Israël de 1956 contre l’Égypte de Nasser. L’agression impérialiste a été interrompue sur injonction soviétique sous peine d’usage de l’arme atomique, une injonction qui fut toutefois appuyée par les États-Unis.

Par contre les partis socialistes français et italien affichaient sans hésitation leur soutien à l’entité sioniste.
Pour les socialistes italiens, en opposition avec la Démocratie chrétienne centriste qui affichait une certaine ouverture, surtout avec Aldo Moro, vers les États arabes, le soutien aux sionistes durera jusqu’à l’arrivée, en 1976, de Bettino Craxi (en photo avec Yasser Arafat), élu secrétaire du PSI. Bettino Craxi[35], change de politique par rapport à son prédécesseur Pietro Nenni et déclarera plus tard, en tant que Premier ministre italien, en 1985 : « La lutte armée palestinienne est légitime ».
La problématique de l’eau
Nous rappelons que lors de la Conférence de Paix de Paris de 1919, la délégation sioniste avait présenté une documentation cartographique qui illustrait éloquemment, non seulement les ambitions territoriales sionistes mais aussi la volonté de mainmise sur les ressources hydriques situées en Syrie, au Liban et en Transjordanie. Les réserves et cours d’eau[36] sont inclus dans le tracé censé représenter le futur État sioniste. Les frontières entre ces pays ne seront définies de manière irrévocable qu’avec l’instauration des mandats britannique et français. Les Britanniques ont bien pris le soin d’assurer les ressources hydriques adéquates et nécessaires aux régions sous leur propre administration et pour le Foyer national juif, en phase de construction. Le Lac Tibériade (Mer de Galilée pour les Israéliens) et ses rives orientales furent inclus à l’intérieur des frontières de la Palestine (futur Israël).
Les conflits commencent avec le lancement, en 1948, du ‘National Water Project’ israélien, un canal qui devait relier le fleuve Jourdain au désert du Néguev. Le territoire israélien est délimité par la fameuse ‘Ligne verte’ par les Sionistes, à l’intérieur de laquelle d’autres sources hydriques furent inclues.
Le fleuve Jourdain qui prend sa source au Mont Hermon libanais, est à cette époque l’une des principales sources d’approvisionnement hydrique pour le Liban, la Syrie, la Jordanie et Israël, la Palestine n’existant pas encore. Pour Israël, pays qui se situe en aval par rapport aux autres pays, toute tentative de détournement des eaux du Jourdain ou de ses affluents représente une atteinte à sa sécurité hydrique. En 1965, une attaque aérienne israélienne détruit des installations jordano-syriennes, érigées dans le but de détourner les eaux du Jourdain.
Une série de plans ont été élaborés pour le partage des eaux, celui de Walter Lowdermilk[37] en 1944 (il était déjà question d’immigration massive), le Plan unifié de la Vallée du Jourdain de Eric Johnston[38] en 1953 et d’autres encore. Aucun de ces plans ne sera approuvé ni n’apportera de solutions avant le conflit de 1967.
D’autre part la donnée démographique[39] acquiert une importance majeure. Israël, soucieux de faire accroitre sa population pour avoir une assise démographique à même de faire face à la ‘menace arabe’, fait venir entre 1948 et 1951 près de 700.000 immigrés juifs d’URSS. Ils seront près de 1.300.000 Juifs provenant seulement d’URSS entre 1948 et 1968. D’autres Juifs vont rejoindre depuis de nombreux pays d’Europe, d’Asie, d’Afrique et des pays arabes. Les besoins en eau vont tripler sinon quadrupler dans une région qui souffre déjà de stress hydrique.
Dans le journal The Times of Israël du 5 décembre 2015, la journaliste Simona Weinglass[40] nous tient un discours dithyrambique et apologétique sur Israël qui a réussi à satisfaire les besoins en eau d’une population qui a décuplé depuis 1948 et qu’il en exporte même chez ses voisins. Il n’est jamais question, dans cet article, d’occupation du Golan syrien, ou du contrôle presque total sur les ressources hydriques superficielles et souterraines en Cisjordanie.
La guerre des Six Jours – 1967

L‘idée reçue au sein de l’opinion publique internationale (entendre occidentale) est qu’en juin 1967 Israël a été attaqué par les États arabes et qu’il a été mis dans l’obligation de riposter à la menace d’anéantissement de l’Etat hébreu.
Bien avant les gesticulations et surenchères verbales des dirigeants arabes, l’aviation israélienne lance une attaque en Syrie et abat sept avions syriens. Ces provocations haussent le niveau de tension et mettent en alerte tout le Moyen-Orient. L’Egypte est liée à la Syrie par un pacte d’alliance en cas d’agression sioniste. En réalité l’Egypte n’est pas intéressée à une confrontation avec Israël. Dans le cadre d’une rencontre avec l’envoyé du président Johnson, Robert Anderson, Nasser[41] propose de dépêcher son vice-président Zakaria Mohiédine à Washington. Nasser serait d’accord pour permettre aux navires israéliens, avec cargaison non stratégique, de rejoindre le port d’Eilat et affirme même envisager un règlement global du conflit israélo-arabe. Mais Nasser ignorait que les États-Unis avaient avalisé la guerre israélienne.
Selon l’historien Henry Laurens, les proches du président Johnson lui auraient aussi suggéré qu’une défaite égyptienne pourrait avoir des conséquences bénéfiques pour les USA et signifier un affaiblissement certain de l’influence soviétique dans la région.
L’idée reçue, dans l’opinion internationale de l’époque et colportée aujourd’hui par nombre de médias et d’hommes politiques, est que l’entité israélienne s’est vue contrainte à se défendre des volontés exterminatrices des États arabes.
Les Israéliens savent pertinemment, depuis 1956, qu’ils sont militairement supérieurs aux États arabes et que leur victoire dans le cas d’un conflit armé est plus que certaine d’autant plus qu’ils sont en possession d’informations sensibles obtenues dans le cadre d’une opération secrète d’agents du Mossad en septembre 1965 à Casablanca ( le général-major Shlomo Gazit[42] -1926/2020- fait une révélation explosive dans le journal Yedioth Ahronoth concernant l’enregistrement des réunions de chefs d’États arabes).
Sur le plan technico-militaire, Israël disposait d’informations recueillies par les agents du Mossad dans l’opération dite « Opération Diamond[5] » commencée à la mi-1963 et conclue le 16 Août 1966, date à laquelle un Mikoyan-Gourevitch MiG-21 des forces aériennes irakiennes, l’avion de combat supersonique le plus produit avec 14.000 exemplaires, piloté par le transfuge Mounir Redfa, atterrit à la base militaire israélienne à Hatzor. Le célèbre MiG 21 n’a plus de secrets pour l’aviation israélienne.
Reuven Weiss[43], dans un article publié le 29 mai 2007, décrit ainsi le fleuron soviétique:
« …Pour l’Occident, c’était un rêve devenu réalité. Le MiG-21 était considéré comme l’avion de chasse numéro un pendant la guerre froide, et les États-Unis n’avaient aucune idée de la façon dont il avait été construit, quelles étaient ses faiblesses et quelles armes devaient être développées contre lui… ».
Si Nasser n’avait pas ordonné un mouvement de troupes vers le Sinaï, il aurait été accusé de lâcher la Syrie, de l’offrir en proie à la machine de guerre israélienne. Il a envisagé un acte de dissuasion contre Israël, mais l’état hébreu s’en est servi comme piège.
Nasser ordonna alors la fermeture totale du Golfe d’Akaba faisant valoir «les impératifs de la guerre». Le président égyptien n’avait pas pris l’exacte mesure des conséquences de cette décision. Une telle erreur de jugement est à mettre à son passif, La 3eme depuis le début de la crise.
Pire, le Haut Commandement Egyptien n’a pas pris au sérieux les avertissements du président égyptien et à ce titre, commandant suprême des forces armées égyptiennes. La désinvolture du Haut commandement a été le 4eme grief à mettre au passif de Nasser.
Jamais dans l’histoire, un pays vaincu et humilié, son orgueil national blessé, n’a fait le pari de confier à nouveau son destin à son chef vaincu et de placer à nouveau sa confiance en lui pour récupérer les territoires occupés. Nasser en était lui-même surpris qu’il s’imaginait finir sur une potence, lynché sur la place publique.
René Naba a relevé des erreurs d’appréciation dans la démarche de Nasser :
- Le Haut Commandement égyptien ignore les avertissements répétés de Nasser sur l’imminence d’une attaque israélienne.
- L’état d’impréparation de l’armée.
- L’erreur d’appréciation de Nasser quant aux conséquences de sa double décision d’ordonner la fermeture du Golfe d’Akaba et le retrait des «casques bleus» de l’ONU, des lignes de démarcation israélo-égyptienne
- L’inconsistance du Maréchal Abdel Hakim Amer, ministre des armées, qui survolera le Sinaï, sans la moindre protection, quelques heures avant le déclenchement de l’attaque israélienne.
Le président Charles de Gaulle, avait averti le président Nasser, via l’ambassadeur égyptien à Paris, Abdel Moneim Najjar, d’une attaque israélienne planifiée pour le 5 juin 1967. Charles de Gaulle aurait même conseillé à Nasser de ne pas attaquer en premier et de ne riposter qu’en tant que victime d’agression pour bénéficier du soutien de la France. Le président Nasser avait décidé de la fermeture du Golfe d’Akaba sous-estimant vraisemblablement l’attitude israélienne face à cette décision.
Matti Peled, de l’État-major de Tsahal en 1967 et Yitzhak Rabin, chef d’État-major, ont dévoilé le bluff sioniste échafaudé autour de la menace arabe. Une vraie et authentique falsification de l’histoire au service, non seulement d’une occupation illégale de territoires palestiniens, mais de l’instauration d’un État d’apartheid pour la population palestinienne (Le ministre israélien de la Santé compare son obligation de vacciner les Palestiniens contre la responsabilité des Palestiniens de s’occuper des « dauphins en Méditerranée » – Mondoweiss).
Ce qui avait manqué aux Israéliens pour le conflit de 1956, l’adhésion totale des USA pour la poursuite de l’occupation israélienne des territoires égyptiens (Dwight D. Eisenhower, président US, avait envoyé à Israël un ultimatum : « sortez ou alors… ») sera amplement garantie en 1967 et cela avant même le début du conflit.
En 1967 les choses se passent différemment : le Général Major Meir Amit[44] se trouve le 1er juin 1967, à Washington, pour s’entretenir avec le Secrétaire d’État américain Mc Namara au sujet du déclenchement de la guerre (voir extrait de mémorandum ci-dessous). L’aval américain est total.

Il était justement question, pour Israël, de conquête de nouveaux territoires. Israël déclenche l’offensive le 5 juin et défait au bout de 6 jours les armées arabes avec une victoire retentissante.
Israël, outre à faire valoir le sempiternel principe d’autodéfense[45], affiche les quatre raisons qui l’ont amené à lancer, le premier, l’offensive:
- Le retrait des forces de l’ONU (UNEF- United National Emergency Force), déployées depuis 1957 à la frontière –coté égyptien- entre l’Égypte et Israël, voulu et demandé par Nasser au Secrétaire général de l’ONU, U. Thant.
- Attaque imminente des forces arabes contre Israël.
- La fermeture du Détroit de Tiran (Mer Rouge) à la navigation des navires israéliens par Nasser le 22 mai 1967.
- Les attaques des commandos palestiniens depuis la Syrie et la Jordanie.
— Aucun de ces arguments ou leur somme ne sont juridiquement valables pour en faire un casus belli —
Premier point :
Israël considère le coup d’état syrien de février 1966, perpétré par des officiers du parti Baath, comme une menace pour sa sécurité, en raison aussi des multiples opérations menées par les commandos Palestiniens en Israël. L’entité sioniste répond en avril 1967 par une attaque aérienne israélienne contre la Syrie durant laquelle plusieurs avions syriens sont abattus.
L’URSS informe les autorités syrienne et égyptienne d’une attaque imminente de l’armée israélienne.
Un climat de tension se met en place et porte le président Nasser (dans les faits c’est le Général Amer l’auteur de cette demande, Nasser aurait demandé un redéploiement des forces de l’ONU) à demander, le 16 mai, le retrait des forces de l’ONU installées depuis 1956, du côté égyptien entre l’Egypte et Israël. Ce dernier mobilise ses troupes à partir du 18 mai.
Israël saisit l’occasion au vol pour pouvoir mener une guerre dont il est plus que convaincu d’en sortir victorieux. Les forces de l’ONU, retirées du Sinaï, auraient pu être déployées, à sa demande, du côté israélien et ainsi éviter un affrontement avec l’Egypte.
Deuxième point :
Les gesticulations des chefs d’États arabes n’étaient que des gesticulations.
Le premier ministre israélien de l’époque, le travailliste Levi Eshkol, déclarait à l’issue de la guerre : « L’existence d’Israël ne tenait qu’à un fil. Mais les espoirs des dirigeants arabes de l’anéantir ont été anéantis ».Cette affirmation est contredite, de manière sonore, cinq années plus tard, par un certain nombre de généraux[46] israéliens dont nous évoquons les prises de position :
- L’ex-chef d’état-major adjoint Ezer Weizman (futur président) tirait le premier : « L’hypothèse de l’extermination n’a jamais été envisagée dans aucune réunion sérieuse » (Haaretz, 29 mars 1972)
- Chaïm Herzog, ex-chef des renseignements militaires et lui aussi futur président, de déclarer : « Il n’y avait aucun danger d’annihilation. Le quartier général israélien n’y a jamais cru. » (Maariv, 4 avril 1972)
- Le général Haïm Bar-Lev, successeur au poste de Yitzhak Rabin : « Nous n’étions pas menacés de génocide à la veille de la guerre des Six-Jours, et nous n’avons jamais pensé à une telle possibilité » (Ibid.).
- Le général Matti Peled, chef de la logistique, allait résumer de manière radicale l’avis de ces généraux : « Prétendre que les forces égyptiennes massées à la frontière étaient en mesure de menacer l’existence d’Israël constitue une injure non seulement à l’intelligence de toute personne capable d’analyser ce genre de situation, mais avant tout une injure à l’armée israélienne ». Et d’ajouter : « Toutes ces histoires sur l’énorme danger que nous courions (…) n’ont jamais été prises en considération dans nos calculs avant les hostilités »
Avant juin 1967, presque tous les généraux israéliens manifestaient une confiance quasi absolue dans leur future victoire.Troisième point :
La fermeture du Détroit de Tiran à la navigation des navires israéliens et d’atteindre le port d’Eilat, soi-disant ligne rouge à ne pas franchir (un casus belli), est un autre prétexte pour pouvoir déclencher les hostilités. Le port d’Eilat existe depuis à peine une dizaine d’années et n’a pas du tout cette importance qui lui est faussement attribuée, vu son éloignement du centre névralgique économique israélien. Les ports de Haïfa et d’Ashdod installés au nord sont de loin les plus importants pour l’économie israélienne.
La question, au même titre que celle concernant les forces de l’ONU au Sinaï, relève du domaine des institutions et juridictions internationales et devrait être débattue dans un tel cadre.
Moins de deux semaines s’écoulent depuis la fermeture du détroit au déclenchement des hostilités.Quatrième point :
Les attaques de commandos palestiniens depuis les territoires syrien et jordanien ne constituent en aucun cas une menace telle à la sécurité d’Israël pour en faire un casus belli. Les deux organisations palestiniennes, laïques, qui existent à ce jour sont le Fatah, crée en 1959 et l’OLP créée en 1964. Le déclenchement de la lutte armée du Fatah contre l’État israélien se limite à des opérations de sabotage et guérilla. Le but principal de ces organisations, conscientes de la puissance militaire israélienne, était de faire connaitre la cause palestinienne sur la scène internationale.
L’agression israélienne
Israël fait le choix de mener une guerre malgré l’absence totale de menaces sérieuses à sa sécurité de la part des pays arabes. Israël déclenche les hostilités le lundi 5 juin à l’aube et détruit au sol, dès le premier jour, presque la totalité de l’aviation arabe.
Un cessez-le-feu israélo-jordanien est effectif à partir du 7 juin. Le 8 juin l’Égypte accepte à son tour un cessez-le-feu. Des bombardements sporadiques se produisent depuis la Syrie.
Dans un article du 10 juin 2013, le Portail[47] juif, en France, précise que les stratèges israéliens avaient préparé le plan d’attaque depuis longtemps.L’agression a bien fait l’objet d’une préparation minutieuse de la part des généraux israéliens. Dans le site Orient XXI de Alain Gresh, le journaliste et écrivain Sylvain Cypel[48], reprend les assertions de Laron dont nous reprenons quelques extraits :
« … le général Mordechaï Hod — dont les forces avaient annihilé l’aviation égyptienne, syrienne et jordanienne en à peine plus d’une heure au matin du 5 juin 1967 — déclara : « Seize ans durant, nous avons planifié ce qui s’est passé pendant ces 80 minutes initiales. Nous vivions avec ce plan, nous dormions avec lui, mangions avec lui. On n’a pas cessé de le perfectionner ». C’est cette préparation minutieuse et ses motivations qu’expose Laron. Le titre du chapitre qu’il consacre au sujet est sans ambiguïté : il s’intitule «Élargir les frontières d’Israël ».
En treize pages denses, l’historien détaille comment, quasiment dès le lendemain de la guerre de 1948, l’état-major israélien a préparé de manière minutieuse l’extension des frontières d’Israël. À son arrivée au pouvoir en 1963, le premier ministre Levi Eshkol rencontre le chef d’état-major, Tsvi Tsour, qui lui explique qu’il faut renforcer la capacité militaire du pays, de sorte que, lors de l’inéluctable prochaine guerre avec ses voisins, Israël soit en mesure de «conquérir le Sinaï, la Cisjordanie et le Sud-Liban». Son adjoint Yitzhak Rabin confirme. Ezer Weizman, chef de l’armée de l’air, le dit de manière plus hautaine encore : «Pour sa sécurité, l’armée devra élargir les frontières, que cela corresponde à l’approche du gouvernement ou pas». Le même Weizman, proche du parti Herout, promoteur historique du Grand Israël, suggère alors au gouvernement de «penser sérieusement à lancer une guerre préventive» dans les cinq ans à venir ! Un autre général, Yeshayahou Gavish, prévient que si le roi Hussein de Jordanie venait à être renversé, Israël devrait immédiatement s’emparer de la Cisjordanie…
… Dès 1950, le département de la planification de l’armée s’attelait donc à travailler sur la mise en place d’autres frontières, plus sécurisantes. Trois «barrières physiques» furent alors visées : le Jourdain face à la Jordanie, le plateau du Golan face à la Syrie, et le fleuve Litani au Sud-Liban. Ces trois barrières étaient perçues par les militaires comme constituant, selon leur expression, « l’espace vital stratégique» du pays. Un document de 1953 leur ajoute le Sinaï, pour assurer à Israël… des ressources pétrolières et minérales…
… Ceux-ci s’accompagnent d’une préparation politique du lendemain de ces conquêtes, montrant qu’Israël, même à l’issue d’une guerre supposément strictement « défensive », n’entend pas se séparer de ses bénéfices. Ainsi, quatre ans avant la guerre «préventive» de juin 1967, le procureur général de l’armée israélienne Meir Shamgar (futur président de la Cour suprême de 1983 à 1995) avait reçu l’ordre de commencer à mettre au point un code juridique qu’Israël appliquerait en cas de conquête de nouveaux territoires…
… Quant aux gouvernements israéliens, à dominante travailliste, ils se divisaient traditionnellement entre « faucons» et «colombes » vis-à-vis de l’espace arabe environnant. Le premier ministre David Ben Gourion faisait figure en leur sein d’arbitre faucon, mais pragmatique. En revanche, ce que montre Laron, c’est quelle idée de «récupérer» par la force les territoires de la Palestine non conquis en1948 et plus généralement d’«élargir» les frontières d’Israël était présente, au niveau de l’état-major, de manière constante entre 1948 et 1967… ».
Le conflit armé a opposé l’entité sioniste et les États arabes limitrophes de la Palestine, l’Égypte, la Syrie et la Jordanie. D’autres pays arabes, dont l’Algérie, ont participé, avec leurs contingents, de près ou de loin aux affrontements.
Le conflit s’est conclu par une défaite manifeste des pays arabes qui s’est traduite dans les faits par une perte outre mesure de territoires arabes, le Sinaï pour l’Egypte et le Golan pour la Syrie, la Cisjordanie ainsi que la Bande de Gaza, zones respectivement sous contrôle jordanien et égyptien.
La Palestine fut ainsi occupée dans sa totalité par l’entité sioniste. Les Palestiniens deviennent prisonniers dans leur propre pays.Après six jours de combat, le 11 juin 1967, les Israéliens occupent le Sinaï égyptien et la Bande de Gaza sous contrôle égyptien, le Golan syrien, une partie du Sud-Liban et la Cisjordanie auparavant sous contrôle jordanien.
Des discussions ont lieu entre dirigeants américains d’une part et dirigeants soviétiques qui prévoyaient même d’intervenir directement dans le conflit si les États-Unis n’exerçaient pas de pressions sur Israël afin d’arrêter les hostilités. Le 10 juin, un cessez-le-feu est mis en place, à l’initiative du Conseil de sécurité de l’ONU. Des cessez-le-feu intermédiaires ont été acceptés par la Jordanie le 7 juin, par l’Égypte le 8 juin. Israël, fort des nouvelles conquêtes territoriales, poursuit le combat jusqu’à la mainmise sur le Golan le 10 juin.
L’État hébreu est cinq fois plus grand qu’il y a moins d’une semaine. C’est le triomphe absolu. Le retentissement de cette victoire se fait sentir dans le monde entier.
Les trois objectifs principaux de l’agression israélienne sont atteints :
- Conquête[49] de nouveaux territoires arabes (voir figure ci-dessous-Source : Haaretz).
- Élimination de Nasser, du Nassérisme et du nationalisme arabe
- Tenir à leur place les pays arabes, Égypte, Syrie etc.
Le projet de conquête de nouveaux territoires faisait bien partie des plans israéliens d’avant 1967

Outre les déclarations du général Mordechaï Hod Outre les déclarations du général Mordechaï Hod sur les 16 années de préparation de l’attaque de juin 1967 (voir chapitre ci-haut), des documents déclassifiés confirment ses affirmations.
L’historien et chercheur à l’insstitut Akevot, Adam Raz (voir photo ci-jointe), a dévoilé leur existence dans un article du 3 juin 2021, dans le journal israélien de gauche Haaretz. Les documents décrivent les préparatifs détaillés qui ont été faits dans l’armée dans les années précédant 1967, avec l’intention d’organiser à l’avance le contrôle des territoires que l’establishment de la défense estimait – avec une grande certitude – être conquis lors de la prochaine guerre. Il souligne également qu’il s’agit encore de documents partiels, faisant partie d’un « large éventail de documents conservés dans les archives gouvernementales relatifs à la conquête des territoires, et qui restent encore classifiés ».Bilan du conflit
Le bilan est catastrophique pour les pays arabes. L’humiliation de la nation arabe est incommensurable. La perte de la partie orientale de Jérusalem est, symboliquement inconcevable pour les Arabes. Israël fait main-basse sur cette partie de la ville et sur plusieurs villages, déplaçant plus de 350.000 Palestiniens qui se retrouvent du jour au lendemain avec un statut de réfugiés.
Des témoignages et de nouvelles révélations ont dénoncé les cruautés et atrocités commises par Israël durant la guerre: exécution sommaire de prisonniers égyptiens et de civils palestiniens. L’incident du navire de guerre américain USS Liberty[50], attaqué et gravement endommagé par les forces aériennes et navales israéliennes (qui a coûté la vie á 34 personnes), a été provoqué par erreur selon les autorités sionistes. Le navire aurait été identifié comme appartenant à la marine égyptienne alors qu’il battait pavillon américain, visible à distance. James Bamford[51], médaille d’or des journalistes et des rédacteurs d’investigation et auteur de l’ouvrage « Body of secrets » paru en 2001, postule que la « motivation de l’attaque israélienne contre l’USS Liberty était de dissimuler le massacre de Ras Sedr[52] (massacre de dizaines de prisonniers de guerre égyptiens) qui a lieu le même jour de l’attaque –délibérée- et que les forces israéliennes se sont inquiétées du fait que le Liberty, un navire spécialisé dans le renseignement, ait pu recueillir des preuves du massacre (un casus belli pour Israël) et a été attaqué dans le but de supprimer ces preuves.
Avec l’élimination symbolique du président Nasser, qui assume la responsabilité de l’échec arabe et dont la démission annoncée le 9 juin fut rejetée par l’opinion publique, c’est l’ensemble du courant progressiste arabe qui s’est exprimé à travers le Nassérisme, le Nationalisme arabe et le Baathisme, qui est pénalisé par cet échec retentissant. Il deviendra la cible principale de la mouvance islamiste.
Le conflit se termine avec 3 000 blessés et 750 morts du côté israélien et environ 20 000 morts du côté arabe. Pendant que un million d’Arabes passent sous administration sioniste, 350.000 Palestiniens sont expulsés des territoires conquis.
La superficie de l’État d’Israël passe de 21.000 km² (correspondant à la Ligne verte de 1948) à près de 90.000 km² avec les territoires nouvellement occupés.
Sur le plan diplomatique il y a rupture des relations diplomatiques des États socialistes avec Israël, ainsi que de la France sous de le président Charles de Gaulle et d’autres nombreux pays du Tiers-monde.Les pays arabes se divisent en deux camps :
- États progressistes : Égypte, Algérie, Irak, Syrie, République du Yémen.
- États conservateurs : Arabie saoudite, Jordanie, Koweït, Oman, Maroc, Yéménites, Libye.

La Palestine historique est totalement occupée par l’entité sioniste.
L’Algérie[53], sortie en 1962 d’une guerre atroce de près de huit ans après 132 ans passés sous une colonisation non moins atroce et un conflit frontalier avec le voisin marocain (Guerre des sables-octobre/novembre 1963), a été présente pendant le conflit avec un contingent de 500 soldats et officiers dont le général Khaled Nezzar et un escadron de MIG-17 quoique son rôle ait été, somme toute, marginal. Le défunt président Houari Boumediene, quelque peu ostracisé par le président Nasser après le coup d’état du 19 juin 1965 contre Ahmed Ben Bella, a trouvé peu après un terrain d’entente avec le président Nasser et a joué, nonobstant l’éloignement de la région, un rôle important sinon primordial lors de la Guerre du Ramadhan de 1973.

Le gouvernement de l’entité sioniste met déjà en place en juillet 1967 un plan d’occupation de la Cisjordanie et de Ghaza.
C’est le Plan Allon, du nom du général Igal Allon, qui servira de base aux futurs plans d’Oslo. Le plan prévoit la division de la Cisjordanie et de Ghaza, chacune en 2 zones distinctes, dont l’une est sous contrôle total sioniste (zone bleue sur la carte ci-dessous), avec le rôle de zone tampon entre la Jordanie et Israël et entre l’Egypte et Israël.Les Plans d’Oslo de 1993 prévoyaient une ultérieure division de la zone jaune du Plan Allon en 2 zones (A et B), l’une avec une autonomie limitée et l’autre avec une administration mixte. La 3ème zone restera toujours sous contrôle total israélien et correspond presque parfaitement à la zone C du Plan d’Oslo.
Ceci porta au nettoyage ethnique de cette partie de la Cisjordanie.
Résolution de Khartoum – 1er septembre 1967
La résolution de Khartoum du 1er septembre 1967 est une charte de solidarité affirmée par les dirigeants des pays arabes en conclusion d’une réunion à la suite de la guerre des Six Jours. Les pays signataires étaient: l’Égypte, la Jordanie, le Liban, l’Irak, le Maroc, le Koweït, et le Soudan.
L’Algérie et la Syrie ont refusé de participer à la rencontre. Les « trois non » ont été prononcés lors de ce sommet :
- Pas de paix avec Israël
- Pas de reconnaissance d’Israël
- Pas de négociation avec Israël
La Syrie n’a pas assisté à ce sommet arabe mais a approuvé plus tard les décisions prises tout en rejetant la résolution 242 du Conseil de Sécurité.
La Ligue arabe évoque mais ne choisit pas l’outil de l’embargo pétrolier. Financement de l’Egypte et de la Jordanie pour les efforts de guerre.
Une rencontre des pays arabes qui s’est tenue à Bagdad du 15 au 20 août 1967, voit apparaitre les premières divisions entre États arabes. La proposition d’un blocus des exportations d’hydrocarbures vers les pays qui soutenaient Israël est écartée per les pays producteurs, dont principalement l’Arabie saoudite. Le seul moyen de pression « arabe » sur le plan économique est délaissé.
La question palestinienne était considérée encore comme un chapitre dans la plus globale confrontation entre Israël et États arabes.
La Résolution 242 du Conseil de Sécurité – 22 novembre 1967
Le 22 novembre 1967, le Conseil de sécurité de l’ONU adopte la résolution 242 qui se fonde sur l’illégitimité de l’occupation de territoires par la force.
Le Conseil de sécurité,
Exprimant l’inquiétude que continue de lui causer la grave situation au Moyen-Orient :
Soulignant l’inadmissibilité de l’acquisition de territoire par la guerre et la nécessité d’œuvrer pour une paix juste et durable permettant à chaque État de la région de vivre en sécurité;
Soulignant en outre que tous les États membres, en acceptant la Charte des Nations unies, ont contracté l’engagement d’agir conformément à l’article 2 de la Charte.
1. Affirme que l’accomplissement des principes de la Charte exige l’instauration d’une paix juste et durable au Moyen-Orient qui devrait comprendre l’application des deux principes suivants :
i) Retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés lors du récent conflit ;
ii) Cessation de toutes assertions de belligérance ou de tous états de belligérance et respect et reconnaissance de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de chaque État de la région et leur droit de vivre en paix à l’intérieur de frontières sûres et reconnues à l’abri de menaces ou d’actes de force.
2. Affirme en outre la nécessité :
a) De garantir la liberté de navigation sur les voies d’eau internationales de la région ;
(b) De réaliser un juste règlement du problème des réfugiés ;
(c) De garantir l’inviolabilité territoriale et l’indépendance politique de chaque État de la région, par des mesures comprenant la création de zones démilitarisées.3. Prie le secrétaire général de désigner un représentant spécial pour se rendre au Moyen-Orient afin d’y établir et d’y maintenir des rapports avec les États intéressés en vue de favoriser un accord et de seconder les efforts tendant à aboutir à un règlement pacifique et accepté, conformément aux dispositions et aux principes de la présente résolution.
4. Prie le secrétaire général de présenter aussitôt que possible au Conseil de sécurité un rapport d’activité sur les efforts du représentant spécial.
Adoptée à l’unanimité à la 1382e séance.
La Résolution 242 de l’ONU du 22 novembre 1967 est acceptée par l’Egypte, la Jordanie, le Liban, le Soudan, la Libye, le Maroc et la Tunisie mais rejetée par l’Arabie saoudite, l’Algérie, l’Irak, le Koweït, le Yémen du Nord et du Sud, la Syrie et les Palestiniens.
La solidarité arabe n’est plus au rendez-vous.La résolution 242 a été écrite dans les langues de travail au sein de l’ONU, l’anglais et le français bien qu’il y ait six langues officielles, l’anglais, l’arabe, le chinois, l’espagnol, le français et le russe.
La résolution 242 contient une ambiguïté qui va peser de tout son poids sur le futur du Moyen-Orient. Le texte qui évoque le retrait israélien ne précise pas de quels territoires il s’agit : la version anglaise parle « ‘de’ territoires occupés lors du récent conflit» (« from territories occupied in the recent conflict) tandis que la version française parle « « ‘des’ territoires occupés lors du récent conflit ».
La version anglaise qui arrange le plus l’entité sioniste, est utilisée par Israël pour justifier son action et pour décider unilatéralement de quels territoires il aurait consenti à se retirer, à quel prix et au bout de combien de concessions de la part des pays arabes.
Mohamed Taleb
02.06.2025
[1] – Voir Link : Il prof. palindromo non abiura – Tempi
L’article est une attaque de l’ex. Président de la Communauté juive de Milan, Jasha Reibman, au Prof. Asor Rosa.
[2] – Voir Link : Gaza, Canfora sul Nove: « Lo Stato di Israele è l’erede del Terzo Reich e produce una politica di genocidio come facevano i nazisti » – Il Fatto Quotidiano
[3] – Voir Link : Compter les morts à Gaza : difficile mais essentiel – The Lancet
[4] – Voir Link : EUROPA – L’expiration du traité de la CECA
[5] – Avoir en la CEE un seul interlocuteur, serait tout à fait à l’avantage des USA.
[6] – Voir Link : 70e anniversaire de la Déclaration du 9 mai 1950 | Fondation Jean Monnet pour l’Europe (jean-monnet.ch)
Extrait : « … Les Américains pressent les États de l’Ancien Continent à trouver des réponses : que faire pour régler le différend franco-allemand ? Comment faire cessez les disputes ? Comment mettre de côté les orgueils nationaux et s’entendre pour faire bloc devant les Soviétiques… »
[7] – Voir Link (texte en Italien) : La storia di Gladio – Il Post
Voir aussi : Microsoft Word – OK GLADIO (relazione Andreotti).doc (misteriditalia.it)
Voir aussi: 24 ottobre 1990: Andreotti ammette l’esistenza di Gladio (lalottacontinua.it)
[8] – Voir Link: Gladio — Wikipédia (wikipedia.org)
[9] – Voir Link: Israel, Germany to sign $3.5bn missile defence deal after US approval – Middle East Monitor
[10] – Voir link : Luxemburger Abkommen – Wikipedia
[11] – La Jewish Claims Conference fut accusée, en 2000, par Norman Finkelstein, de ne pas avoir effectué de paiements aux victimes juives. Voir l’ouvrage: l’Industrie de l’Holocauste de Norman Finkelstein
[12] – Voir lien: Programme nucléaire israélien — Wikipédia (wikipedia.org) – … Parallèlement à la construction du site de Dimona, à laquelle des ingénieurs français ont participé, des scientifiques israéliens sont soupçonnés d’avoir été conviés à participer aux essais nucléaires français dans le désert algérien.
[13] – Voir Link: Programme nucléaire israélien — Wikipédia (wikipedia.org)
[14] – Voir Link: Feinberg, Abraham (jewishvirtuallibrary.org)
[15] – Deux destroyers américains auraient été attaqués entre l 2 et l4 août 1964 par les Nord-Vietnamiens. Voir link : Incidents du golfe du Tonkin — Wikipédia (wikipedia.org) .
[16] – Voir link: Records Show Doubts on ’64 Vietnam Crisis – The New York Times (nytimes.com). Voir aussi link En francais : ReOpen911 – News » Opérations sous fausse bannière: le Sénat américain déclassifie les débats sur l’incident du Golfe du Tonkin le 4 août 1964
[17] – La résistance algérienne à la colonisation française a commencé depuis le jour du débarquement des troupes françaises, en juillet1830, n’a jamais cessé et a abouti à la lutte armée avec le déclenchement de la révolution du Premier novembre 1954.
[18] – 24 nations participèrent à ce premier rendez-vous : l’Afghanistan, l’Arabie Saoudite, la Birmanie, le Cambodge, Le Ceylan, Cuba, Chypre, l’Éthiopie, le Ghana, la Guinée, l’Inde, l’Indonésie, l’Irak, le Liban, le Mali, le Maroc, le Népal, la Somalie, le Soudan, la Tunisie, la République arabe unie, le Yémen, la Yougoslavie, et l’Algérie (représentée que par le GPRA). Le Brésil, la Bolivie et l’Équateur y ont pris siège en tant qu’observateurs.
[19] – Mouvement consacré lors de la Conférence de Belgrade en 1961 (25 pays sont présents dont le représentant du GPRA algérien).
[20] – Résolution 181 de l’ONU du 29 novembre 1947 pour la création d’un État arabe, un État juif et une Zone internationale comprenant Jérusalem et les Lieux Saints en Palestine historique. 33 pays ont voté pour, 13 contre (dont 6 pays arabes, les 14 autres sont encore sous domination coloniale) et 10 se sont abstenus. L’ONU comptait 57 États membres conte 192 actuellement.
[21] – Voir Ouvrage : The Birth of Israel: Myths and Realities by Simha Flapan
Voir aussi link: Birth of Israel: A History Is Revisited – The New York Times (nytimes.com)
La frontière de ces territoires nouvellement conquis avec ceux destinés aux Palestiniens sera définie par les sionistes comme étant la ligne verte.
[22] – Voir Link : Le Royaume-Uni a empêché l’établissement d’un État palestinien et soutenu son annexion par la Transjordanie à condition que celle-ci n’attaque pas Israël.
[23] – Ahmed El Choukeiry-Membre de la délégation syrienne de 1949 à 1951 à l’ONU. Secrétaire général auxiliaire pour la Ligue arabe de 1950 à 1956. Ambassadeur saoudien à l’ONU de 1957 à 1962. Nasser le nomme représentant de la Palestine à la Ligue arabe et l’impose comme président de l’Organisation de libération de la Palestine de 1964 à 1967.
[24] – Art. : 2. La Palestine, avec ses frontières de l’époque du mandat britannique, constitue une unité régionale indivisible.
Art. : 18. La Déclaration Balfour, le Mandat et tout ce qui en a résulté sont des impostures. Les revendications au sujet des liens historiques et spirituels entre les Juifs et la Palestine ne sont pas conformes avec les faits historiques ou avec les bases réelles d’un Etat. Ce n’est pas parce que le judaïsme est une religion divine qu’il engendre une nation ayant une existence indépendante. De plus, les Juifs ne forment pas un peuple doté d’une personnalité indépendante parce qu’ils sont citoyens des pays auxquels ils appartiennent.
[25] – Michel Aflaq (1910-1989) fut le fondateur et le chef spirituel du parti de la résurrection socialiste arabe, appelé le parti Baath, pendant plus de 25 ans. Il a vécu en Syrie jusqu’en 1966 et, après avoir été contraint à l’exil, il a pris le pouvoir au sein du parti Baath en Irak. Il a conduit les masses arabes pendant des décennies dans leur lutte contre l’impérialisme et pour l’unité arabe.
Il s’est fixé pour but l’unification des États arabes.
[26] – Conflit qui oppose, à la suite d’un coup d’État de Abdallah Al-Sellal qui a destitué le roi Mohammed en 1962, de 1962 à 1970, les forces royalistes aux forces républicaines.
[27] – Voir : Alexandre Aoun, « La guerre au Yémen 1962-1970 » [archive], sur Orient XXI, 14 septembre 2020
[28] – Mémoires, Ariel Sharon, éditions Stock, 1990, pp. 506
[29] – Voir Link: https://www.jforum.fr/comment-le-mossad-a-gagne-la-bataille-de-constantine-et-dautres.html
[30] – La zone de Reggane a été pratiquement rasée pour faire place aux installations nucléaires. Les conséquences de ces essais s’en ressentent encore aujourd’hui auprès des populations locales.
Revanche de l’histoire, la France est rattrapée par son passé, au mois de février 2021, des poussières de sable de cette région, transportée par le vent et contenant des particules radioactives, dont le césium 137, ont atteint le territoire français.[31] – Voir Link : https://fr.timesofisrael.com/le-maroc-a-aide-israel-a-gagner-la-guerre-des-six-jours-en-prevenant-les-renseignements/
[32] – Voir Link : Guerre des Six Jours : Le Maroc a-til fait perdre les armées arabes ? – Maghreb Online (moroccomail.fr)
[33] – Voir Link : Le rôle de l’armée en Israël (Le Monde diplomatique, novembre 1969)
[34] – Voir Link : La Guerre des Six jours et la question du racisme en France (openedition.org)
[35] – Voir Link : Bettino Craxi nel 1985: « La lotta armata palestinese è legittima, vogliono liberare il Paese da un’occupazione straniera » – VIDEO – Il Giornale d’Italia
[36] – Le chef de la délégation sioniste, Chaim Weizmann, a intégré la Vallée du fleuve Litani du Sud-Liban à la Palestine.
[37] – Voir Link : Jüdische Rundschau :: 8 (60) August 2019 :: Walter Lowdermilk – ein Super-Ökologe für Israel (juedischerundschau.de)
[38] – Voir : Plan de dérivation des sources du Jourdain — Wikipédia (wikipedia.org)
[39] – En 1948 la population juive était de 806.000, en 1965 elle est de 2.598.000 habitants Juifs. (Voir : Wikipédia – Israël).
[40] – Voir Link: https://fr.timesofisrael.com/comment-israel-est-devenu-une-superpuissance-de-leau/
[41] – Voir Link : Retour sur une offensive qui a brisé le Proche-Orient (orientxxi.info)
[42] – Il révéla qu’en septembre 1965, Meir Amit, chef du Mossad à l’époque, a réussi à recevoir les enregistrements des discours des chefs d’Etats arabes, réunis au Maroc à la Conférence de Casablanca (septembre 1965) présidée par Djamal Abdenasser (juin 1956 – septembre 1970). Voir :
Guerre des Six Jours : Le Maroc a-til fait perdre les armées arabes ? – Maghreb online (moroccomail.fr)
Guerre des Six-Jours : Nouvelles révélations sur le rôle de Hassan II dans la victoire d’Israël – Tribune Juive[43] – Voir Link : The Blue Bird legend (ynetnews.com)
[44] – Voir Link : https://history.state.gov/historicaldocuments/frus1964-68v19/d124
[45] – Voir Link: 1967 la guerre des 6 jours – YouTube
[46] – Voir Link : Comment les généraux israéliens ont préparé la conquête bien avant 1967 (orientxxi.info)
[47] – Voir Link : https://www.jforum.fr/HISTOIRE-Guerre-des-Six-Jours-il-y-a-46-ans-VIDEOS.html
[48] – Voir Link: https://orientxxi.info/magazine/comment-les-generaux-israeliens-ont-prepare-la-conquete-bien-avant-1967,1892
[49] – Voir Link : Israel claimed its 1967 land conquests weren’t planned. Declassified documents reveal otherwise – Israel News – Haaretz.com
[50] – Voir Link : CNN.com – L’attaque d’Israël en 1967 contre un navire américain délibérée, selon un livre – 23 avril 2001
Voir aussi : Nouvelles révélations dans l’attaque d’un navire espion américain (chicagotribune.com)
[51] – Voir Link: James Bamford – Wikipedia
[52] – Voir Link : Ras Sedr massacre – Wikipedia
[53] – Voir Link : Akram Belkaid (orientxxi.info)
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سامية أولاد ضياف-ردا على الاستاذ الأكاديمي الذي يدعي ان هواري بومدين كان يريد السلطة وانقلب على الشرعية

ردا على الاستاذ الأكاديمي الذي يدعي في مداخلة له ان هواري بومدين كان يريد السلطة وانقلب على الشرعية : سامية أولاد ضياف
…. يجب التذكير بأهم نقطة في ما يخصّ الشرعية. في تلك الحقبة لم تكن توجد إلاّ شرعية واحدة وهي الشرعية الثورية المتمثلة في المجلس الوطني للثورة الجزائرية. هو الذي يعين الحكومة وقيادة الجيش ويقرر في كل المسائل المصيرية تتعلق بالثورة. فبعد إتفاق إفيان، كان على الحكومة المؤقتة ان تقدم محتواه أمام مؤتمر مجلس الثورة الذي إجتمع في طرابلس في أواخر مايو 1962 للتصويت عليه. وينصّ الإتفاق على ان تعوض الحكومة المؤقتة الجزائرية والحكومة العامة الفرسية للجزائر بحكومة إنتقالية واحدة يرأسها فارس عبدالرحمان الذي اختاره ديغول وكذلك انشاء قوة « محلية » متكونة من عناصر الحركة والخونة من أعوان فرنسا لتحلّ مكان الجيش والشرطة الفرنسية من جهة، و جيش التحرير الوطني الذي قرروا حلّه ! جيش جبهة التحرير قاهر فرنسا بموجب إفيان، اليست هاته اكبر خيانة ؟ إجتمع مجلس الثورة وصادق على الإتفاقيات بإستثناء هواري بومدين و قيادة الجيش الذين اعتبروا الإتفاق بمثابة خيانة لدم الشهداء لانه استقلال صوري ، لكنه قبل قرار الأغلبية بكل ديمقرطية .
تم التصويت بالإجماع علي نظام الحزب الواحد والنموذج الإقتصادي الإشتراكي الذين ستعمل به الدولة المستقلة ؛ نعم بالإجماع الكامل. وبدأت المشاكل مع قضية تشكيل المكتب السياسي للحزب(يعني قضية الكرسي)، وهي الهيأة التنفيذية التي تعين الحكومات في المستقبل، وتعوّض الحكومة المؤقتة المنحلة قانونيا بموجب قبول القرار الدولي المبرم والذي وُضِعَ سندا و قُدِّم لبركة وضمان الأمم المتحدة. ففي الدور الأول من التصويت، فازت مجموعة تلمسان ب37 صوت فيما حصّلت كتلة تيزي وزو على 35 صوت في الدور الأول، لكنهمم طعنوا في التصويت. ثم بدأت المناورات ، مجموعة تلمسان جمعت ما يقارب من 80 صوت للدور الثاني، أرادت مجموعة تيزي وزو تعطيل التصويت، فطلبت تعليق الجلسة مدته ثلاثة أيام للتشاور . لكن بن خدة، وجماعته، غادروا المؤتمر خلسة في الصبيحة وفرّوا إلى الجزائرالعاصمة لينصب نفسه رئيسا بالقوة بأسم « الشرعية » رغم انه اصبح لا يمثل أي شيء، اولا بموجب الإتفاق الذي أبرمه والذي يشترط حلّ الحكمومة المؤقتة وتعويضها بحكومة فارس عبدالرحمان؛ وثانيا، أن مجلس الثورة قد حلّ الحكومة المؤقتة وعوضها بمكتب سياسي المكلف بتعيين الحكومة الجديدة. إذا هو من تمرد على إرادة المؤتمر ومجلس الثورة. بن خدة وأصحابه هم الخارجين عن الشرعية الثورية وبالدليل. ولو كان له شرعية لصمد واخذ الحكم. واضيف ان رابح بطاط كان كذلك ضمن مجموعة تلمسان وان بن خدة طردته القوات الثورية الموجودة في العاصمة تحت قيادة ياسف سعدي، بعد ثلاثة أيام طالبين العودة إلى الشرعية الثورية. و بن خدّة : حين مروره بتونس بعدما ترك مؤتمر طرابلس، طلب من بورقيبة القبض على قيادة الجيش وجرّها إلى السجن ويوجد الفيديو الذي ذكرهم بالاسم علنا وتجريدهم من رتبهم وعزلهم ، وطلب من قائد القوات الفرنسية المشرفة على السلك الحدودي إعادة تفعيل خط موريس لمنع جيش الحدود من العودة إلى أرض الوطن سارع بعض اعضاء الحكومة المؤقتة بالدخول إلى الجزائر قبل الإعلان عن نتائج استفتاء تقرير المصير رغم أن اتفاقيات ايفيان والتي أمضوا عليها وشروط وقف اطلاق النار منها البند رقم 3 ينص على عكس ذلك منهم كريم بلقاسم الذي اتصل بالحاكم العام للعاصمة ليخبره أنه اخذ إجازة وان الدخول لأمور شخصية …


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الطاهر المعز-جنوب إفريقيا في مواجهة الكيان الصهيوني والولايات المتحدة وأحفاد المُسْتعمِرِين البيض

جنوب إفريقيا في مواجهة الكيان الصهيوني والولايات المتحدة وأحفاد المُسْتعمِرِين البيض : الطاهر المعز
يواجه الشعب الفلسطيني عمليات قتل جماعي موثقة، مع أكثر من خمسين ألف حالة وفاة في غزة منذ أواخر سنة 2023، وفقًا لتقارير الأمم المتحدة، إلى جانب التدمير المتعمد للبنية التحتية والمستشفيات والمدارس والمساكن، وسياسات التهجير القَسْرِي والتّجْويع التي تتناسب مع التعريف القانوني للإبادة الجماعية.
كانت جنوب إفريقيا من الدّول المُبادرة لاتهام الكيان الصهيوني بارتكاب الإبادة الجماعية، وقدّمت طلبًا رسميًا إلى محكمة العدل الدوليّة يوم 29 كانون الأول/ ديسمبر 2023 وسببت مبادرة قضية جنوب أفريقيا غضب الكيان الصهيوني وحلفائه في أمريكا الشمالية وأوروبا وأستراليا وغيرها، وخصوصًا الولايات المتحدة التي أصدر رئيسها دونالد ترامب، يوم السابع من شباط/فبراير 2025، أمْرًا بوقف المساعدات ( خصوصًا في مجالات الصّحّة) لجنوب إفريقيا، ضمن خفض ميزانية « التّعاون الدّولي »، وأعلنت الإدارة الأمريكية دعم أحفاد المستوطنين البيض في إفريقيا الجنوبية الذين يرفضون قانون إعادة توزيع الأراضي التي استحوذ عليها أجدادهم بالقوة وأبادوا أصحابها من السّكّان الأصليين أو هجّروهم إلى مَعازل، واعتبرت الولايات المتحدة هذا القرار « إبادة جماعية للبيض »، وردًّا على دعوى الإبادة الجماعية التي يرتكبها العدو الصهيوني، وأعلن دونالد ترامب، خلال لقاء رئيس جنوب إفريقيا يوم 21 أيار/مايو 2025 « منح اللجوء إلى السكان البيض الذين يهربون من جنوب أفريقيا حفاظا على سلامتهم، حيث تُصادر أراضيهم، وفي كثير من الحالات، يُقتلون »، ويَهْدِف القانون الجديد للإصلاح الزراعي، الذي وقّعه رئيس جنوب إفريقيا يوم 24 كانون الثاني/يناير 2025، معالجة مظالم الفصل العنصري، ويُقر مصادرة الأراضي البُور ( غير المُستصلحة) دون تعويض ولكن لم تُنفذ أي عملية مصادرة من هذا القبيل، ويمكن الطعن في أي أمر أمام القضاء، وصدَر هذا القانون ليَحُلّ محل قانون المصادرة لنظام الفصل العنصري للعام 1975.
استمر دونالد ترامب منذ أشهر في انتقاد قانون الإصلاح الزراعي وقضية الإبادة الجماعية التي رفعتها جنوب أفريقيا على الكيان الصهيوني في محكمة العدل الدولية بتهمة الإبادة الجماعية، وألغى ترامب المساعدات إلى جنوب أفريقيا وأمر بطرد سفيرها وقرر منح اللجوء للأقلية البيضاء بناء على مزاعم التمييز العنصري التي تنفيها بريتوريا.
أما حلفاء ترامب فهم من « الأفريكانز » البيض أي أحفاد المستعمِرِين الأوروبيين الذي أرسوا نظام الميز العنصري وحكموا البلاد حتى أول انتخابات ديمقراطية سنة 1994، وهم لا يمثلون أكثر من 7% من السكان ( من إجمالي حوالي 64 مليون نسمة) ويستحوذون على أكثر من 70% من أراضي السكان الأصليين التي صادرها المُستوطنون الأوائل بالقوة، ورغم انتهاء نظام الميز العنصري، على المستوى السياسي، لا يزال البيض يمتلكون نفوذًا اقتصاديّا كبيرًا، حيث لم يتم نقل الملكية من المستوطنين البيض إلى السّكّان الأصليين الذين تتجاوز نسبة الفَقْر بينهم 55% فضلا عن حرمان الفقراء من الكهرباء والمياه النّقيّة ومن الرّعاية الصحية والسّكن اللائق…
قررت الإدارة الأميركية ( بداية شباط/فبراير 2025) وقف المساعدات المقدمة لجمهورية جنوب إفريقيا في إطار مقاومة مرض نقس المناعة ( إيدز)، بسبب « قانون مصادرة الأراضي 2024″، وقضية « الإبادة الجماعية » المرفوعة ضد الكيان الصهيوني لدى محكمة العدل الدّولية و »علاقاتها الوثيقة مع إيران » ووعد ترمب بأن الولايات المتحدة « ستشجع إعادة توطين اللاجئين الأفريكانيين الهاربين من التمييز العنصري الذي ترعاه حكومة جنوب إفريقيا »، على حد تعبيره، وبعد اتهام ترمب، استخدم إيلون ماسك، الملياردير المولود في جنوب إفريقيا وهو من أقرب مستشاري ترمب منصة « إكس » التي يملكها، واتهم حكومة جنوب إفريقيا باتباع « قوانين ملكية عنصرية علنية »، على حد تعبيره، واتّهَمَ وزير الخارجية الأمريكي ماركو روبيو حكومة جنوب إفريقيا بامتلاك أجندة « معادية لأميركا »، وقاطعت الولايات المتحدة ( وبعض الدّول الحليفة) اجتماعاً لوزراء خارجية مجموعة العشرين يومي 20 و21 شباط/فبراير 2025 في جوهانسبرغ، حيث تتولى جنوب إفريقيا رئاسة مجموعة العشرين من بداية كانون الأول/ديسمبر 2024 وحتى الثلاثين من تشرين الثاني/نوفمبر 2025.
نشرت وكالة أسوشيتد برس يوم 25 شباط/فبراير 2025 صورًا ونصًّا قصيرًا بشأن مظاهرة نظّمها عدد صغير من السكّان البيض في جنوب إفريقيا، أمام السفارة الأمريكية في جوهانسبورغ دعمًا لدونالد ترامب ويدعونه للتّدخّل السياسي وربما العسكري في جنوب إفريقيا لنصرة هؤلاء الذين لا يمثلون سوى 7% من السكان ويمتلكون أكثر من 70% من الأراضي الصالحة للزراعة بالبلاد، ويُسيطرون على اقتصاد البلاد، ويعتبرون أنفسهم « ضحايا الميز العنصري » من خلال قوانين « إعادة توزيع الأراضي »، من قِبَل حكومتهم التي يُشكّل السّود أغلبيتها، ورفع المتظاهرون لافتات حملت عبارات مثل « شكراً لله على الرئيس ترامب »، والسّكّان البيض في جنوب إفريقيا هم أحفاد المستوطنين الهولنديين ( أفريكانرز ) الذين ركز عليهم ترامب في أمر تنفيذي أصدره مؤخراً، يقضي بقطع المساعدات عن حكومة جنوب إفريقيا، متهماً إياها بمصادرة أراضي هذه الفئة بموجب قانون جديد، وأعلنت حكومة جنوب إفريقيا إن القانون لا يستهدف مجموعة عرقية بعينها، بل يسعى إلى معالجة التفاوت الكبير في ملكية الأراضي، حيث لا تزال الأقلية البيضاء ( أحفاد المُستعمِرِين) تمتلك معظم الأراضي الزراعية، بشكل لا يتناسب مع عددهم وحاجياتهم، وأعلن دونالد ترامب مَنْح الأفريكانرز حق اللجوء إلى الولايات المتحدة، واصفاً إياهم بأنهم « مُلّاك أراضٍ يعانون من التمييز »، كما يحتج البيض على سياسات العمل التفضيلي التي تبنتها الحكومة منذ إنهاء نظام الفصل العنصري سنة 1994، والتي تهدف إلى تعزيز فرص العمل والتنمية الاقتصادية للسود، أو « تمكين السود اقتصادياً »، وتعتبر الأقلية البيضاء » إن هذه القوانين تؤثر سلباً على فرص البيض في العمل والتملك »، وباختصار يريد البيض الذين لا يتجاوز عددهم 300 ألف نسمة الإحتفاظ بالإمتيازات التي حصلوا عليها زمن الفصل العنصري…
جاء ردّ الفعل الأمريكي منتاغما مع رد الفعل الصهيوني على موقف جنوب إفريقيا من الإبادة الجماعية التي بدأت يوم السابع من تشرين الأول/اكتوبر 2023 والتي لا تزال مستمرة إلى غاية اليوم (نهاية أيار/مايو 2025) من جهته تعهد وزير خارجية جنوب إفريقيا رونالد لامولا بالمضي قدماً في قضية « الإبادة الجماعية »، التي رفعتها بلاده ضد إسرائيل أمام محكمة العدل الدولية، رغم الأمر التنفيذي الذي وقعه الرئيس الأميركي دونالد ترمب، لمعاقبة جنوب إفريقيا على تبني موقف « عدائي » تجاه الحليف الأميركي، وقال وزير خارجية جنوب إفريقيا رونالد لامولا لصحيفة « فاينانشيال تايمز » البريطانية، إنه « لا توجد أي فرصة » لسحب القضية من المحكمة الدولية، رغم التهديدات التي وجّهها دونالد ترامب لحكومة جنوب إفريقيا ولأعضاء المحكمة الجنائية الدّولية التي نددت بقرار الرئيس الأميركي دونالد ترمب فرض عقوبات اقتصادية ومنع السفر على موظفيها وعلى الأفراد الذين يساعدون في تحقيقات للمحكمة الجنائية الدولية التي سبق أن أصدرت مذكرة اعتقال بحق بنيامين نتن ياهو ووزير حربه السابق يوآف غالانت بسبب العدوان الوحشي على قطاع غزة، وللتذكير فقد فرضت إدارة دونالد ترمب خلال ولايته الأولى ( سنة 2020) عقوبات على المحكمة الجنائية الدولية، رداً على تحقيقات في مزاعم جرائم حرب في أفغانستان منها التعذيب على يد مواطنين أميركيين…
تُعَدّ المحكمة الجنائية الدولية محكمة دائمة تضم 125 دولة عضو، يمكنها محاكمة الأفراد في ارتكاب جرائم الحرب والجرائم ضد الإنسانية والإبادة الجماعية وجريمة العدوان في الدول الأعضاء أو من قبل مواطنيها.
أكّدت منظمة العفو الدولية ( وهي عادة شديدة التّحفُّظ ) اتّهام الكيان الصهيوني – من خلال تقرير شديد اللهجة – بارتكاب إبادة جماعية ضد الفلسطينيين خلال حربها المستمرة على قطاع غزة منذ السابع من تشرين الأول/اكتوبر 2023 وعلقت حكومة الكيان الصهيوني « إنه تقرير كاذب » رغم تأكيد منظمة العفو الدّولية على استناد التقرير إلى « أبحاث ميدانية مكثفة وشهادات ناجين من الإبادة الجماعية والدمار والإعاقات الدّائمة التي سببها استهداف المناطق المكتظة بالسكان بأسلحة متفجرة ضخمة، ما أدى إلى مسح أحياء كاملة، والتصميم على تدمير الفلسطينيين جسدياً ».
وصل البوير، المنحدرون من البيض من المستوطنين الهولنديين والألمان والفرنسيين، إلى جنوب أفريقيا خلال القرنين السابع عشر والثامن عشر، وومعظمهم يؤمن بالعقيدة الكالفينية ( فرع من البروتستنتية) ويتحدّثون اللغة الأفريكانية ( خليط من اللغات الأوروبية الأنغلوسكسونية)، واستولوا على الأراضي الخصبة للسكان الأصليين وأنشأوا مجتمعات زراعية، وشكلوا العمود الفقري للسكان الأفريكانيين، وأسّسوا، خلال عملية « الارتحال الكبير » (القرن التاسع عشر)، جمهوريات البوير، وحاربوا البريطانيين في حروب الأنغلو-بور 1880 – 1881 و 1899 – 1902، والتي شكلت إلى حد كبير تاريخ جنوب أفريقيا، وكان البريطانيون قد أنشأوا بعضًا من أوائل معسكرات الاعتقال الحديثة في تاريخ البشرية خلال الحرب الأنغلو-بويرية الثانية (1899-1902) لاحتجاز المدنيين البوير وخاصة النساء والأطفال والسيطرة على السكان، وقد أدت هذه المعسكرات، التي كان الهدف منها عرقلة حرب العصابات البويرية إلى وفاة الآلاف بسبب المرض وسوء الأحوال الصحية…
لم يتضرّر سوى القليل من هؤلاء البيض من سياسات « الفصل العنصري العكسي » أو « الميز الإيجابي »، ومن التغيير الاجتماعي والاقتصادي في جنوب أفريقيا الجديدة، ومعظم المتضررين البيض هم من العاملين غير المهرة والمستويات التعليمية المُتدنّية، وعموما لا يزال البيض في جنوب أفريقيا يُعامَلُون بشكل أفضل بكثير من السود، ويظل ادّعاء دونالد ترامب وجود « الإبادة الجماعية » مجرد مزاعم مُبالغ فيها بشكل كبير، لتحقيق مكاسب سياسية، لأن تقرير اتحاد المزارعين الذي يُسيطر عليه البيض في جنوب إفريقيا يُؤَكّد قَتْلَ 1170 مزارعًا أبيض بين سنتَيْ 1990 و2024، وأقل من مائتين من البيض الآخرين (من غير المزارعين) ويمثل هذا العدد نسبة ضئيلة جدّا من جرائم القتل التي وقعت في جنوب أفريقيا سنة 2024 لوحدها، والبالغة 26232 جريمة وفق الإحصاء الرّسمي.
يمثل موقف دونالد ترامب موقف اليمين المتطرف في الولايات المتحدة وأوروبا وجنوب إفريقيا وغيرها، وهو الإتجاه السياسي لمعظم مُؤيّديه وناخبيه من القوميين البيض العنصريين ومن المسيحيين الصهاينة الذين يستهدفون مواقف جنوب إفريقيا من عمليات الإبادة الجماعية وتدمير البنية التحتية في غزة والضفة الغربية، ويتماشى تركيز دونالد ترامب على قضية البويرز ( الأقلية البيضاء في جنوب إفريقيا) مع أهداف الكيان الصهيوني في تشويه أي طرف ينقد ممارساته، فضلا عن محاولة الولايات المتحدة والكيان الصهيوني ( وحلفائهما) عرقلة الجهود المبذولة لمعالجة عدم المساواة الموروثة من نظام الفصل العنصري، ومن هؤلاء الحٌلفاء إيلون ماسك الملياردير المولود في جنوب أفريقيا، وهو من أقرب مستشاري الرئيس ترامب، ونُذكّر مرة أخرى إن الأقلية البيضاء في جنوب أفريقيا – التي تشكل أقل من 7% من سكان البلاد منذ الفترة الاستعمارية- تستحوذ على أكثر من 70% من الأراضي الصالحة للزراعة، وفق موقع إنفو بريكس بتاريخ 28 أيار/مايو 2025
عندما تفاوض نظام الميز العنصري مع قيادات المؤتمر الوطني الإفريقي بشأن « الإنتقال السياسي السّلِس » بواسطة الإنتخابات لم يتم حل المسائل الإقتصادية، وبقيت ملكية الأرض ووسائل الإنتاج والسلطة الإقتصادية والمالية بيد أحفاد المُستعمِرِين المُستوطنين الأوروبيين البيض، وارتقى جزء صغير من السّود ( أبناء وأحفاد المواطنين الأصليين) في درجات السُّلّم الطّبَقِي والإجتماعي، فيما بقيت أغلبية السّكّان الأصليين الأفارقة تُعاني من الفقر وانعدام المرافق الضرورية كالمياه النّقِيّة والطاقة الكهربائية والرعاية الصحية والسّكن والعمل اللاّئِقَيْن…
إن شعار » إنهاء المَيْز العنصري » صحيح ولكنه لا يحل سوى جزءًا من المشكلة، ولا يضع حدًّا للتفاوت ولا يحل مسألة استيلاء المستوطنين على الأرض وعلى البلاد وثرواتها في جنوب إفريقيا أو إيرلندا أو كاليدونيا أو فلسطين…
الطاهر المعز
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Diagne Fodé Roland-Hommage à Ngugi Wa Thiong’o géant de la décolonisation de la littérature africaine

Hommage à Ngugi Wa Thiong’o géant de la décolonisation de la littérature africaine par Diagne Fodé Roland
31/05/25
Ngugi Wa Thiong’o nous a quitté ce 28 mai 25 pour son repos éternel. Ecrivain kenyan qui a été emprisonné au Kenyan pour avoir écrit en langue Kikuyu et fait jouer des pièces de théâtre engagées aux ouvriers et paysans avant d’être contraint à l’exil. Il a été un précurseur des écrits littéraires dans les langues africaines, notamment sa langue maternelle.
La Maison d’édition Présence Africaine lui a rendu un vibrant hommage après avoir publié ses œuvres « Pétales de sang, 1985 (Petals of Blood, 1977) », « La Rivière de vie, 2000, (The River Between, 1965) », « Les Neuf Parfaites : L’épopée de Gĩkũyũ et Mũmbi, 2023, (The Perfect Nine: The Epic of Gĩkũyũ and Mũmbi, 2020), une relecture de la mythologie Gikuyu ». Honte aux États néocoloniaux africains qui ne font rien pour que Présence Africaine retrouve ses heures d’utilité publique et de gloires de la période de son fondateur Alioune Diop.
Ngugi wa Thiong’o est l’une des figures littéraires les plus importantes d’Afrique et un théoricien majeur critique du néocolonialisme post-colonialisme. Ce géant littéraire a consacré aux combats de la renaissance africaine contre le néocolonialisme dominant ainsi que la revalorisation des langues des nationalités africaines. Il a œuvré à « décoloniser l’esprit » titre d’un de ses opuscules que tout Africain devrait lire. Il laisse un immense héritage à la jeunesse artistique littéraire militante de l’actuelle seconde phase de la libération anti-néocoloniale africaine.
Lors d’une table ronde organisée par le Parti Communiste Sud Africain (PCSA), voilà quelques morceaux choisis des réponses de Ngugi Wa Thiong’o :
– Sur le rapport entre littérature et engagement : « Le Kenya moderne est le produit de deux processus dialectiques opposés : celui de l’impérialisme ou de la domination impérialiste et celui de la résistance à la domination, c’est-à-dire le mouvement de libération nationale. Comme tu le sais, le Kenya fut intégré dans le système impérialiste britannique vers 1888, d’abord propriété d’une compagnie, puis comme colonie de peuplement. Cela signifie que la terre a été prise par la force au peuple pour être donnée à une minorité de colons blancs. Le paysan kenyan travaille sur cette même terre qui lui a été volée. Les gens payèrent aussi des taxes ce qui a permis la construction d’une activité économique réelle. Ainsi notre travail, notre capital, notre terre, tout a contribué au développement de l’économie coloniale. Cela fut permis grâce à la conquête militaire et à la domination et la répression politiques qui ont suivi. Mais la domination et l’oppression culturelles furent nécessaires au contrôle politique et économique. Chansons, poésies, danses, langues, enseignement furent attaqués et souvent violemment supprimés. L’impérialisme britannique a pris pour nous la forme concrète de l’occupation coloniale économique, politique et culturelle. La racisme est devenu l’idéologie dirigeante dominante. Mais l’autre processus, le plus important pour la construction du Kenya moderne, fut celui de la résistance nationale. Ainsi, l’occupation britannique du Kenya, à la fin du 19ème siècle, rencontra la résistance du peuple kenyan des différentes nationalités. Cette résistance s’est poursuivie dans les années 1920, 1930, 1940 et 1950, prenant différentes formes, mais avec un caractère de lutte de libération nationale influencée par l’intervention de la classe ouvrière en développement. Le point culminant de cette résistance anti-coloniale fut le mouvement Mau-Mau ou l’Armée pour la terre et la liberté du Kenya, dirigée par Dedan Kimathi, et qui mena la lutte armée contre l’occupant colonial de 1952 à 1962. Je suis allé à l’école pendant cette période de lutte intense. Certains de mes parents combattaient aux côtés de l’Armée pour la terre et la liberté du Kenya, mais d’autres comme collaborateurs loyalistes du colonialisme britannique. Dans une période de lutte politique exacerbée, les liens traditionnels du sang et de la région sont déchirés et ce fut le cas de Limuru et du Kenya qui m’ont vu grandir. Et en aucune manière cela n’aurait pu se faire sans laisser de traces dans ma vie. Et donc, quel est le lien entre la littérature et cette expérience, du moins dans mon cas ? Il est évident que la littérature anglaise, la littérature formelle que j’ai lue dans les écoles et les collèges, ne parlait pas de l’expérience que nous vivions au Kenya. En étudiant la littérature anglaise, je vivais dans un mode en trompe-l’œil par rapport à mon environnement immédiat. Non que la littérature anglaise était entièrement inutile. Tu vois, cette littérature a deux traditions. l’une exprime la culture de lutte, la culture de la classe ouvrière, les aspirations démocratiques à un changement et à un vie meilleure dans une société meilleure, l’autre exprime des sentiments réactionnaires anti-peuple, avec une stagnation et une décadence, plus que la lutte sociale considérée comme davantage en harmonie avec la condition humaine. Une partie de cette littérature. particulièrement lorsqu’elle décrit les gens des colonies, devient carrément raciste et anti-humaine. Mais pour moi-même, la littérature qui révèle les sentiments démocratiques pour le changement a fait de l’expérience de l’histoire britannique et européenne son cadre de référence. La découverte de la littérature africaine et caribéenne fut pour moi une redécouverte du monde qui m’entourait, un monde de lutte active, un monde résonnant des exigences du changement. La trahison, le mensonge, mais aussi l’héroïsme et la gloire – ces thèmes du théâtre de ma vie quotidienne – étaient distillés dans la littérature que j’avais découverte. J’étais venu d’un monde où les travailleurs ordinaires – les paysans et les ouvriers de Limuru – avaient atteint des sommets de gloire dans leur lutte contre le géant colonial et cela allait être confirmé dans les mots et les images des nouveaux écrivains. En bref, cette littérature africaine était largement anti-impérialiste et clairement en harmonie avec les valeurs qui avaient conduit des milliers de paysans dans les forêts et les montagnes pour chasser l’ennemi colonialiste britannique de leur terre ».
– sur la culture comme arme de libération nationale et sociale : « La littérature fait partie de la culture. Et la culture est un produit des luttes jumelles contre la nature et contre d’autres hommes pour assurer la survie. Mais si la culture est un produit de notre histoire – c’est-à-dire qu’elle évolue historiquement- elle reflète aussi cette histoire et tout le système de valeurs né de cette histoire. Maintenant, dans une situation où une classe ou une nation en domine une autre économiquement et politiquement, la culture et le système de valeurs nés de cette situation sont eux-mêmes conditionnés par la classe et porteront les marques de la domination et de l’oppression. Mais aussi, les marques de la résistance. En d’autres termes, dans un monde de nations et de classes opprimantes d’un côté et de classes et de nations opprimées de l’autre, la littérature et la culture émergentes reflètent la lutte intense entre nations et classes. Il y a deux types de valeurs ou idées inhérentes à cette situation : celles du côté de la domination et de la répression et celles de la résistance. Aujourd’hui, toute littérature née de cette situation exprimera et reflétera une idée qui est plus proche ou de la nation et de la classe opprimantes, ou de la nation et de la classe combattantes. Et dans ce sens, aucune littérature et aucun écrivain ne peut échapper à la prise de position dans les luttes sociales de notre temps. Un écrivain peut bien sûr prétendre qu’il ou qu’elle ne prend pas partie, mais quel que soit le degré de conscience de ses intentions, ce que livrera sa plume n’y échappera pas. En second lieu, l’écrivain lui-même, en tant qu’être humain, vit dans une société de classes et qu’il le veuille ou non, il est lui-même conditionné par la position qu’il ou elle occupe dans la société. Sa propre pensée est déjà affectée par son éducation de classe et sa conscience, ses sympathies ou habitudes de classe conscientes ou inconscientes, Une fois de plus, la littérature qu’il ou elle produit sera affectée par ses habitudes de pensée et de pratique de classe, conditionnée, et donc prendra partie dans la lutte sociale entre classes et nations ou bien dans notre monde d’aujourd’hui, dans la lutte mondiale contre l’impérialisme. La littérature devient une arme de lutte encore plus efficace quand un écrivain est conscient ou a connaissance des idéologies de lutte dans le monde. Bien sûr, la littérature est une arme puissante. Je crois que nous, en Afrique ou ailleurs, pour cette mission, nous devons utiliser délibérément et consciemment la littérature comme une arme de lutte de deux manières : d’abord, en essayant autant que possible de refléter correctement le monde de lutte dans toute sa réalité, et deuxièmement en mettant toute notre sympathie du côté de ces forces qui luttent contre l’oppression nationale et de classe, contre, disons, tout le système de l’impérialisme dans le monde aujourd’hui. Je crois que plus un écrivain est conscient des forces sociales en œuvre dans sa société et dans le monde, plus il a de chances d’être efficace en tant qu’écrivain. Nous les écrivains nous rejetons l’image bourgeoise de l’écrivain génie au-dessus de tout ».
– Sur la reconnaissance sociale et internationale de l’artiste : « La nature de la lutte contre l’impérialisme change tout le temps, vu que l’impérialisme change ses formes et ses caractéristiques suivant le lieu et la période. L’écrivain doit avoir conscience des conditions de changement et agir en conséquence. Dans les années 1950, et avant, le peuple kenyan combattait contre la phase coloniale de l’impérialisme. Durant cette période, l’écrivain en général était en accord avec la poussée anti-impérialiste de la lutte du peuple. L’ennemi apparaissait clairement. Le racisme du colon garantissait cette clarté. La couleur de la peau marquait la limite entre le colonisateur et le colonisé. Même les collaborateurs africains du régime – les Buthélezi du Kenya colonial – étaient touchés par le racisme. L’artiste oral était en première ligne; il articule les sentiments anti-coloniaux du peuple kenyan. Adaptées aux besoins de la lutte, les chansons et la poésie de la tradition orale de la paysannerie devinrent un moyen très puissant de rassembler les gens contre les colonialistes. Avec l’indépendance, en 1963, l’impérialisme au Kenya changea simplement d’apparence. Il prend alors la forme d’un arrangement néo-colonial. Aujourd’hui, au Kenya, les plus grandes institutions de banques et de finance sont la propriété des monopoles occidentaux. La plupart des industries et du gros commerce sont entre les mains des États-Unis et des transnationales occidentales. L’économie du Kenya est, comme vous pouvez le voir, une succursale de l’impérialisme occidental. Mais la classe dirigeante visible n’est pas une bourgeoisie internationale. Elle est kenyane. Elle est visiblement africaine. Mais c’est une bourgeoisie compradore locale contrôlant les rouages de l’État au nom de l’impérialisme. Et comme SON équivalent, le colon, cette classe est devenue très répressive. Dans le Kenya néo-colonial, il n’y a pas d’uniformité, pour ce qui concerne l’écrivain. Il y a aujourd’hui des écrivains et des artistes qui sont du côté de la machine d’État, de la répression coloniale. Mais il y en a d’autres – et heureusement la majorité – qui essaient d’articuler le cri du peuple. La responsabilité de l’écrivain progressiste dans un État néo-colonial est d’autant plus difficile qu’une vision claire, de qui est ennemi ou qui ne l’est pas, est troublée par l’uniformité de la couleur entre dirigeants et dirigés. Mais pour qu’un tel écrivain soit efficace, il/elle doit être conscient, qu’un tel écrivain soit efficace, il/elle doit être encore plus conscient du rapport des forces sur la scène nationale et internationale. Tout comme la question de la célébrité. Je crois absolument et sans aucune honte à l’alliance entre paysans kenyans et classe ouvrière dans la lutte pour créer réellement un nouveau Kenya. Ils ont affronté le colonialisme britannique et l’ont forcé à la retraite. En tant qu’écrivain, j’ai toujours essayé d’exprimer cette position d’alliance de façon aussi efficace que possible dans mes limites en tant qu’artiste. Les écrivains progressistes doivent particulièrement faire attention à la forme. Si je crois en une chose, je veux la transmettre de façon la plus convaincante. Je crois que le pouvoir, la beauté et le courage, l’héroïsme et la véritable humanité sont du côté de ceux qui luttent pour changer les forces sociales qui déforment l’humanité. Une partie de la responsabilité de l’artiste progressiste est de trouver le langage approprié avec lequel exprimer les sentiments du peuple. Un écrivain ne doit pas écrire avec pour objectif la célébrité ou la reconnaissance internationale ».
– Sur un réactionnaire peut-il être un bon écrivain : « Difficilement. On peut être capable de manier des mots mais qui expriment une vision du monde qui renforce les forces réactionnaires. En littérature, il y a de nombreux exemples. Mais ce ne sont pas forcément de bons écrivains et de grands artistes. Oui, ils peuvent utiliser des mots, ils peuvent raconter des histoires avec une fin inattendue ou qui garde le lecteur pendu au bout de la plume de l’écrivain. Mais à la fin, le mensonge qu’ils essaient d’exprimer vient miner leur efficacité en tant qu’artistes du théâtre de l’âme humaine. Les écrivains qui impressionnent le plus comme artistes créatifs, démontrent une force même lorsqu’il y a contradiction dans leur œuvre car ils ne glissent pas sur les contradictions réelles au cœur de notre être social. Certaines tendances dans leur œuvre peuvent être rétrogrades mais pour le principal le poids de leur sympathie en tant qu’écrivains est du côté de la liberté humaine et du progrès.Ben, je ne sais pas grand-chose sur Kipling mais je dirais que certaines de ses poésies et histoires ne sont vivantes que lorsque malgré ses sympathies pour l’impérialisme, elles expriment les contradictions de l’Impérialisme. Prenez un écrivain comme Tolstoï. Certaines tendances de sa vision sont rétrogrades mais le poids de sympathie humaine dans ses nouvelles est en faveur de la paysannerie. Ou un écrivain apparemment très réactionnaire comme Dostoïevski, il se place du côté de la souffrance humaine, de l’immense besoin d’y mettre fin. L’artiste a la capacité de réfléchir sur le monde dans lequel il vit, comme un miroir. On peut dire qu’un écrivain est bon ou mauvais dans la mesure où il ou elle est capable de réfléchir effectivement ce monde avec toutes ses contradictions, quelle que soit l’idéologie consciente de ce ou cette artiste, de réfléchir une certaine réalité, disons de la vie, avec toutes les contradictions. Mais l’autre côté de la pièce, c’est qu’en réfléchissant sur le monde, un écrivain exprime aussi une attitude envers le monde. Dans la situation, disons d’impérialisme et de lutte anti-impérialiste, il ou elle prend une position à l’égard de l’une ou l’autre. Parfois, il peut y avoir des contradictions entre le réalisme social de l’image, d’un côté, et le poids et les sympathies ou les attitudes conscientes envers ce qui est reflété. Il peut y avoir une divergence apparente ».
– Sur la dialectique entre ancienne et nouvelle éthique et esthétique : « Il y a toujours une nouvelle esthétique dans le sens que les sources de la vie sont là en permanence. Mais dans certaines situations, il y a une lutte entre la nouvelle esthétique et l’ancienne. Le système d’apartheid, par exemple, porte en lui l’esthétique d’un monde agonisant. d’un monde mort, un système social putréfié, qui ne peut vous inspirer que du dégoût. Ceux qui combattent en Afrique du Sud portent dans leur lutte les germes d’une nouvelle esthétique. La nouvelle esthétique et l’ancienne sont finalement en lutte et ce que l’on veut vraiment voir dans les œuvres d’art c’est la beauté de la résistance, car il y a une infinie beauté dans la résistance. Dans une situation coloniale, la lutte de libération nationale est la base du développement d’une nouvelle éthique ou esthétique. Le concept de la création de l’homme nouveau ou la femme nouvelle en nous contient la nouvelle éthique ou esthétique. Il n’y a pas un divorce total avec l’ancienne. La nouvelle société se crée à partir de l’ancienne, naît de la lutte contre l’ancienne. La nouvelle éthique se construit à partir du processus historique. Les gens créent dans la lutte, ils élèvent l’esthétique ou l’éthique progressiste à un niveau supérieur, tout comme eux-mêmes s’élèvent à un nouveau niveau de conscience en tant qu’êtres humains ».
Sur les langues nationales et la littérature : « La question de la langue dans la littérature africaine doit être considérée dans un contexte historique. Nous devons partir de la langue de la paysannerie et de la classe ouvrière en Afrique. Les langues africaines sont utilisées par la majorité des nationalités du continent et les langues des peuples doivent être notre point de départ. Je considère comme une limite le fait de ne pas intervenir auprès des gens dans leur propre langue, celle qu’ils parlent et utilisent. C’est pourquoi, après avoir travaillé avec des paysans à Kamirihu, à Limuru en 1977, dans des langues qu’ils pouvaient comprendre et donc permettant de développer un nouveau type de théâtre avec un nouveau type d’impact qui reflétait leur condition en tant qu’ouvriers agricoles, je pense que je ne peux plus revenir en arrière. Une fois mes yeux ouverts, il m’était impossible de revenir à l’ancienne situation où j’étais prisonnier de la langue anglaise. Je me sens libéré car je peux écrire dans mes langues: mes nouvelles peuvent être lues par les ouvriers qui comprennent ces langues. Ce travail peut être traduit dans d’autres langues africaines si nécessaire, et en anglais, russe, allemand, japonais et être à la disposition de n’importe quel autre peuple du monde. Je me sens donc libre, libéré et pour la première fois, je sens qu’en tant qu’écrivain j’ai obtenu mon audience, ma relation avec mon audience de classe est d’une certaine manière complète. Bien sûr, cela n’est pas sans conséquence. Je peux donner deux exemples récents. J’ai été placé en détention politique de 1977 à 1978, précisément parce que je m’engageais dans un théâtre progressiste dans une langue que mon peuple pouvait comprendre et donc avait la possibilité de débattre de questions de libération et de concepts par lesquels les gens pouvaient comprendre une situation et la combattre. Après ma mise en liberté, je suis resté au Kenya quelque temps, mais tout travail me fut interdit et finalement je fus forcé à l’exil. Cela fait cinq ans que je vis ici à Londres. Ironiquement, le fait de vivre en exil en Grande-Bretagne m’a rendu encore plus sensible au problème de la langue et c’est pourquoi j’ai récemment écrit un livre intitulé -Decolonising The Mind (Décoloniser l’esprit), qui pose toute la question de la langue dans la littérature africaine. Le problème d’être en exil est que l’on se trouve loin des bases matérielles de son imagination. On a besoin d’être dans ce bus, d’entendre cette phrase prononcée par une personne qui se dispute ou rit ou n’importe quoi d’autre. On a besoin d’être près d’une usine pour entendre ces petites choses qui permettent à l’imagination de démarrer. Ces images que l’on rencontre lorsqu’on se promène, ces gestes, ce rire, tout cela vous manque lorsque vous êtes en exil. Si vous utilisez une certaine langue, il vous manque une situation avec laquelle vous intervenez avec une nouvelle évolution dans cette langue, etc. Quoi qu’il en soit. ici en exil, j’ai écrit une nouvelle en Kikuyu, Matigari Ma Njiruungi. C’est difficile à traduire en anglais. Cela signifie quelque chose comme ceux qui survivent aux balles, les patriotes qui survivent à la lutte de libération mais dans un sens aussi ceux qui continuent cette lutte. Je l’ai écrite en 1983 mais elle a été publiée en octobre 1986 en langue Kikuyu. En février 1987, il y a eu une opération du gouvernement contre elle ! La branche spéciale, c’est-à-dire la police politique du Kenya, est allée dans toutes les librairies et a saisi les copies. Ils sont aussi allés chez l’éditeur avec un camion et ont chargé tous les livres en stock. La nouvelle écrite en Kikuyu en exil en Grande-Bretagne ne peut donc être vendue au Kenya. Mais mes nouvelles en langue anglaise sont vendues, et je considère donc cette question de langue comme très importante pour moi ».
A sa famille éplorée et à l’ensemble des écrivains qu’il a inspiré, nous adressons nos condoléances.
Diagne Fodé Roland
Source : Fernent organe officiel de l’Union libre des peuples libres d’Afrique. Solidarité internationaliste des travailleurs »
Juin 2025
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Emmanuel Todd-Bons baisers de Russie


Bons baisers de Russie par Emmanuel Todd
Après Budapest, Moscou : Voici le texte de la conférence que j’ai donnée à l’Académie des Sciences de Russie le 23 avril 2025, sous le titre «Anthropologie et réalisme stratégique dans les relations internationales» :
Faire cette conférence m’impressionne. Je fais souvent des conférences en France, en Italie, en Allemagne, au Japon, dans le monde anglo-américain – en Occident donc. Je parle alors de l’intérieur de mon monde, dans une perspective certes critique, mais de l’intérieur de mon monde. Ici, c’est différent, je suis à Moscou, dans la capitale du pays qui a défié l’Occident et qui va sans doute réussir dans ce défi. Sur le plan psychologique, c’est un exercice tout à fait différent.
Autoportrait anti-idéologique
Je vais d’abord me présenter, non par narcissisme, mais parce que très souvent les gens venus de France ou d’ailleurs qui parlent de la Russie avec compréhension, ou même avec sympathie, ont un certain profil idéologique. Très souvent, ces gens viennent de la droite conservatrice ou du populisme et ils projettent sur la Russie une image idéologique a priori. Leur sympathie idéologique est à mon avis un peu irréaliste et fantasmée. Je n’appartiens pas du tout à cette catégorie.
En France, je suis ce qu’on appellerait un libéral de gauche, fondamentalement attaché à la démocratie libérale. Ce qui me distingue des gens attachés à la démocratie libérale, c’est que, parce que je suis anthropologue, parce que je connais par l’analyse des systèmes familiaux la diversité du monde, j’ai une grande tolérance pour les cultures extérieures et je ne pars pas du principe que tout le monde doit imiter l’Occident. Le biais de donneur de leçons est particulièrement traditionnel à Paris. Je pense moi que chaque pays a son histoire, sa culture, sa trajectoire.
Je dois quand même avouer qu’il y a en moi une dimension émotionnelle, une vraie sympathie pour la Russie, qui peut expliquer ma capacité à écouter ses arguments dans l’affrontement géopolitique en cours. Mon ouverture ne résulte pas de ce qu’est la Russie sur le plan idéologique mais d’un sentiment de reconnaissance envers elle pour nous avoir débarrassé du nazisme. C’est le moment de le dire, alors que nous approchons du 9 mai, le jour de la célébration de la victoire. Le premiers livres d’histoire que j’ai lus, quand j’avais 16 ans, racontaient la guerre menée par l’armée rouge contre le nazisme. J’ai le sentiment d’une dette qui doit être honorée.
J’ajoute que je suis conscient de ce que la Russie est sortie du communisme par elle-même, par ses propres efforts, et qu’elle a énormément souffert dans la période de transition. Je trouve que la guerre défensive à laquelle l’Occident a contraint la Russie, après toutes ces souffrances, au moment même où elle se relevait, est une faute morale de l’Occident. Voilà pour la dimension idéologique, ou plutôt émotionnelle. Pour le reste, je ne suis pas un idéologue, je n’ai pas de programme pour l’humanité, je suis historien, je suis anthropologue, je me considère comme un scientifique et ce que je peux apporter à la compréhension du monde et en particulier à la géopolitique vient pour l’essentiel de mes compétences de métier.
Anthropologie et politique
J’ai été formé à la recherche en histoire et en anthropologie à l’université de Cambridge, en Angleterre. Mon directeur de thèse s’appelait Peter Laslett. Il avait découvert que la famille anglaise du XVIIe siècle était simple, nucléaire, individualiste. Ses enfants devaient se disperser très tôt. Ensuite, j’ai eu comme examinateur de thèse à Cambridge un autre grand historien anglais qui est toujours vivant, Alan Macfarlane. Lui avait compris qu’il existait un rapport entre l’individualisme politique et économique des Anglais (et donc des anglo-saxons en général) et cette famille nucléaire identifiée par Peter Laslett dans le passé de l’Angleterre.
Je suis l’élève de ces deux grands historiens britanniques. J’ai, au fond, généralisé l’hypothèse de Macfarlane. Je me suis aperçu que la carte du communisme achevé, vers le milieu des années 1970, ressemblait beaucoup à celle d’un système familial que j’appelle communautaire (que d’autres ont appelé famille patriarcale, ou joint-family), système familial qui est en quelque sorte l’opposé conceptuel du système familial anglais. Prenons la famille paysanne russe par exemple. Je ne suis pas spécialiste de la Russie, ce que je connais vraiment de la Russie, ce sont des listes nominatives d’habitants du XIXe siècle qui décrivaient des familles de paysans russes. Ce n’étaient pas, comme les familles des paysans anglais du XVIIe siècle de petites familles nucléaires (papa, maman, les enfants) mais d’énormes ménages avec un homme, sa femme, ses fils, les femmes de ces fils, et des petits-enfants. Ce système était patrilinéaire parce que les familles échangeaient leurs femmes pour en faire des conjointes. On trouve la famille communautaire en Chine, au Vietnam, en Serbie, en Italie centrale, une région qui votait communiste. L’une des particularités de la famille communautaire russe, c’est qu’elle avait conservé un statut élevé des femmes parce que son apparition était récente.
La famille communautaire russe est apparue entre le XVIe et le XVIIIe siècle. La famille communautaire chinoise est apparue avant le début de l’ère commune. La famille communautaire russe avait quelques siècles d’existence, la famille communautaire chinoise avait deux millénaires d’existence.
Ces exemples vous révèlent ma perception du monde. Je ne perçois pas un monde abstrait mais un monde dans lequel chacune des grandes nations, chacune des petites nations, avait une structure familiale paysanne particulière, structure qui explique encore beaucoup de ses comportements actuels.
Je peux donner d’autres exemples. Le Japon et l’Allemagne, qui se ressemblent tellement sur le plan industriel et par leurs conceptions de la hiérarchie, ont aussi en commun une structure familiale, différentes des types familiaux nucléaires et communautaires, la famille souche, dont je ne parlerai pas dans cette conférence.
Si vous regardez aujourd’hui les médias, les journalistes et les politiques vous y parlent de Donald Trump et de Vladimir Poutine comme s’ils étaient les agents fondamentaux de l’histoire, ou même des gens qui façonnent leur société. Je les vois d’abord comme l’expression de cultures nationales qui peuvent être elles, soit en expansion, soit stables, soit décadentes.
Je tiens à préciser une chose qui concerne ma réputation. 95% de ma vie de chercheur a été consacrée à l’analyse des structures familiales, sujet sur lequel j’ai écrit des livres de 500 ou 700 pages. Mais je ne suis pas connu surtout pour ça dans le monde. Je suis connu pour trois essais de géopolitique dans lesquels j’ai utilisé ma connaissance de cet arrière-plan anthropologique pour comprendre ce qui se passait.
En 1976, j’ai publié La chute finale, Essai sur la décomposition de la sphère soviétique dans lequel je prédisais l’effondrement du communisme. La chute de la fécondité des femmes russes montrait que les Russes étaient des gens comme les autres, en cours de modernisation, et qu’aucun homo sovieticus n’avait été fabriqué par le communisme. J’avais surtout identifié une hausse de la mortalité infantile, entre 1970 et 1974, en Russie et en Ukraine. La hausse de la mortalité des enfants de moins d’un an montrait que le système avait commencé de se détériorer. J’ai écrit ce premier livre très jeune, j’avais 25 ans, et j’ai dû attendre 15 ans à peu près pour que ma prédiction se vérifie.
En 2002, j’ai écrit un deuxième livre de géopolitique, qui s’appelait en français Après l’Empire, à l’époque où tout le monde ne parlait que de l’hyperpuissance américaine. On nous expliquait que l’Amérique allait dominer le monde pour une période indéfinie, un monde unipolaire. Je disais, à l’opposé : non, le monde est trop vaste, la taille relative de l’Amérique se réduit sur le plan économique et l’Amérique ne pourra pas contrôler ce monde. Ça s’est avéré vrai. Dans Après l’Empire, il y une prédiction particulière correcte qui me surprend moi-même. Un chapitre s’intitule «Le retour de la Russie». J’y prévois le retour de la Russie comme une puissance importante mais à partir de vraiment très peu d’indices. J’avais seulement observé une reprise de la baisse de la mortalité infantile (entre 1993 et 1999, après une hausse entre 1990 et 1993). Mais je savais d’instinct que le fond culturel communautaire russe, qui avait produit dans une phase de transition le communisme, allait survivre à la période d’anarchie des années 1990, et qu’il constituait une structure stable qui allait permettre de reconstruire quelque chose.
Il y a toutefois une erreur énorme dans ce livre : j’y prédis un destin autonome pour l’Europe occidentale. Et il y a un manque : je n’y parle pas de la Chine.
J’en viens à mon dernier livre de géopolitique, qui sera le dernier je pense, La Défaite de l’Occident. C’est pour parler de ce livre que je suis ici à Moscou. Il prédit que, dans l’affrontement géopolitique ouvert par l’entrée de l’armée russe en Ukraine, les Occidentaux vont subir une défaite. J’y apparais à nouveau en opposition avec l’opinion générale de mon pays, ou de mon camp puisque je suis un occidental. Je vais d’abord dire pourquoi il m’a été facile d’écrire ce livre mais je voudrais ensuite essayer de dire pourquoi, maintenant que la défaite de l’Occident paraît certaine, il m’est devenu beaucoup plus difficile d’expliquer à court le processus de dislocation de l’Occident, tout en restant capable d’une prédiction à long terme sur la continuation du déclin américain.
Nous sommes à un tournant : nous passons de la défaite à la dislocation. Ce qui me rend prudent, c’est mon expérience passée du moment de l’effondrement du système soviétique. J’avais prédit cet effondrement mais je dois admettre que quand le système soviétique s’est effectivement effondré, je n’ai pas été capable de prévoir l’ampleur de la dislocation et le niveau de souffrance que cette dislocation entraînerait pour la Russie.
Je n’avais pas compris que le communisme n’était pas seulement une organisation économique mais qu’il était aussi un système de croyance, une quasi-religion, qui structurait la vie sociale soviétique et la vie sociale russe. La dislocation de la croyance allait entraîner une désorganisation psychologique bien au-delà de la désorganisation économique. Nous atteignons une situation de ce type en Occident aujourd’hui. Ce que nous vivons n’est pas simplement un échec militaire et un échec économique mais une dislocation des croyances qui organisaient la vie sociale occidentale depuis plusieurs décennies.
De la défaite à la dislocation
Je me souviens très bien du contexte dans lequel j’ai écrit La Défaite de l’Occident. J’étais dans ma petite maison bretonne à l’été 2023. Les journalistes de France et d’ailleurs s’excitaient les uns les autres en commentant les «succès» (fantasmés) de la contre-offensive ukrainienne. Je me vois très bien, écrivant calmement : «la défaite de l’Occident est certaine». Ça ne me posait absolument aucun problème. Par contre, quand je parle aujourd’hui de la dislocation, j’adopte une posture d’humilité devant les événements. Le comportement de Trump est une mise en scène de l’incertitude. Le bellicisme de ces Européens qui ont perdu la guerre aux côtés des Américains et qui parlent maintenant de la gagner sans les Américains est quelque chose de très surprenant.
Ça, c’est le présent. Les évènements de court terme sont très difficiles à prévoir. En revanche, le moyen terme et le long terme de l’Occident, particulièrement ceux des États-Unis, me paraissent plus accessible à la compréhension et à la prévision- sans certitude évidemment. J’avais eu très tôt, dès 2002, une vision de moyen terme et de long terme positive pour la Russie, comme je l’ai dit. Mais j’ai aujourd’hui une vision de moyen ou long terme très négative pour les États-Unis. Ce que nous vivons n’est que le début d’une chute des États-Unis et nous devons être prêts à voir des choses beaucoup plus dramatiques encore.
La défaite de l’Occident : une prédiction facile
Je vais d’abord rappeler le modèle de La Défaite de l’Occident. Ce livre a été publié, tout le monde peut vérifier ce qui y est écrit. Je vais dire pourquoi il était relativement simple de concevoir cette défaite. Dans les années qui avaient précédé, j’avais déjà longuement analysé le retour de la Russie à la stabilité.
Je ne vivais pas dans le fantasme occidental d’un régime Poutine monstrueux, d’un Poutine qui serait le diable et de Russes qui seraient des idiots ou des soumis, ce qui était la vision occidentale dominante. J’avais lu Russie, le retour de la puissance, excellent livre d’un Français trop peu connu, David Teurtrie, publié peu de temps avant l’entrée des troupes russes en Ukraine. Il y décrivait le redémarrage de l’économie russe, de son agriculture, de ses exportations de centrales nucléaires. Il expliquait que la Russie s’était depuis 2014 préparée à la déconnexion du système financier occidental.
J’avais de plus mes indicateurs habituels qui sont de stabilité sociale plus que de stabilité économique. J’avais continué de suivre le taux de mortalité infantile, l’indicateur statistique que j’utilise le plus. Les enfants de moins d’un an sont les êtres les plus fragiles dans une société et leurs chances de survie sont l’indicateur le plus sensible de cohésion et d’efficacité sociale. Durant les 20 dernières années, le taux de mortalité infantile russe a baissé à un rythme accéléré, même si la mortalité globale russe, particulièrement celle les hommes, n’est pas satisfaisante. Depuis plusieurs années, le taux de mortalité infantile russe était passé au-dessous du taux de mortalité infantile américain.
Le taux de mortalité infantile américain est l’un des indicateurs qui nous permet de voir que l’Amérique ne va pas bien. Malheureusement, je crois qu’en ce moment, le taux de mortalité infantile français, qui remonte, est en train de passer au-dessus de celui de la Russie. C’est une douleur pour moi, qui suis Français, mais je dois être capable, en tant qu’historien, de voir et d’analyser des choses qui ne me plaisent pas. L’histoire qui se déroule n’est pas là pour me faire plaisir. Elle est là pour être étudiée.
Évolution économique satisfaisante de la Russie, stabilisation sociale. Il y avait aussi la chute rapide du taux de suicide et du taux d’homicide dans les années 2000-2020. J’avais tous ces indicateurs et je gardais de plus ma connaissance du fond familial communautaire russe, d’origine paysanne, qui n’existe plus de façon visible mais continue d’agir. Bien entendu, la famille paysanne russe du dix-neuvième siècle n’existe plus. Mais ses valeurs survivent dans les interactions entre les individus. Il existe toujours en Russie des valeurs régulatrices d’autorité, d’égalité, de communauté, qui assurent une cohésion sociale particulière.
C’est une hypothèse qui peut être difficile à accepter pour des hommes et des femmes modernes insérés dans la vie urbaine. Je viens d’arriver à Moscou, que je redécouvre, en 2025, transformée depuis mon dernier voyage en 1993. Moscou est une ville immense et moderne. Comment puis-je imaginer dans un tel contexte matériel et social la persistance de valeurs communautaires venues du dix-neuvième siècle ? Mais je le fais comme je le fais ailleurs. C’est une expérience que j’ai faite, par exemple, au Japon. Tokyo, aussi est une ville immense, en vérité, avec ses 40 millions d’habitants, deux fois immense comme Moscou. Mais il est facile de voir et d’accepter l’idée qu’un système de valeurs japonais, hérité d’une structure familiale ancienne, s’y est perpétué. Je pense de la même manière pour la Russie, avec cette différence que la famille communautaire russe, autoritaire et égalitaire, n’était pas la famille souche japonaise, autoritaire et inégalitaire.
Économie, démographie, anthropologie de la famille : en 2022 je n’avais pas le moindre doute sur la solidité de la Russie. Et j’ai donc observé, depuis le début de la guerre en Ukraine, avec un mélange d’amusement et de tristesse, journalistes, politiques et politologues français émettre leurs hypothèses sur la fragilité de la Russie, sur l’effondrement à venir, de son économie, de son régime, etc.
Autodestruction des États-Unis
Ça me gêne un peu de le dire ici, à Moscou, mais je dois avouer que la Russie n’est pas pour moi le sujet important. Je ne dis pas que la Russie n’est pas intéressante, je dis qu’elle n’est pas au cœur de ma réflexion. Le cœur de ma réflexion, il est désigné dans le titre mon livre, La Défaite de l’Occident. Ce n’est pas la victoire de la Russie, c’est la défaite de l’Occident que j’étudie. Je pense que l’Occident se détruit lui-même.
Pour émettre et démontrer cette hypothèse, j’avais aussi un certain nombre d’indicateurs. Je vais me contenter ici de parler des États-Unis. Je travaillais depuis longtemps sur l’évolution des États-Unis.
Je savais la destruction de la base industrielle américaine, particulièrement depuis l’entrée de la Chine en 2001 dans l’Organisation Mondiale du Commerce. Je savais la difficulté qu’auraient les États-Unis à produire suffisamment d’armements pour nourrir la guerre.
J’avais réussi à évaluer le nombre d’ingénieurs – de gens qui se consacrent à la fabrication de choses réelles – aux États-Unis et en Russie. J’étais arrivé à la conclusion que la Russie, avec une population deux fois et demi moins importante que celle des États-Unis, arrivait à produire plus d’ingénieurs qu’eux. Tout simplement parce que parmi les étudiants américains, 7 % seulement font des études d’ingénieurs alors que le chiffre en Russie est proche de 25 %. Bien entendu, ce nombre d’ingénieurs doit être considéré comme un chiffre phare, qui évoque, plus en profondeur, les techniciens, les ouvriers qualifiés, une capacité industrielle générale.
J’avais d’autres indicateurs de longue durée sur les États-Unis. Je travaillais depuis des décennies sur la baisse du niveau éducatif, sur le reflux de l’éducation supérieure américaine en qualité et en quantité, reflux qui avait commencé dès 1965. La baisse du potentiel intellectuel américain est quelque chose qui remonte très loin. Cette baisse cependant, ne l’oublions bas, survient après une ascension qui s’était étalée sur deux siècles et demi. L’Amérique fut une immense réussite historique avant de s’enfoncer dans son échec actuel. La réussite historique des États-Unis fut un exemple, parmi d’autres mais le plus massif, de la réussite historique du monde protestant. La religion protestante fut le cœur de la culture américaine comme elle fut celui de la culture britannique, des cultures scandinaves, et de la culture allemande, puisque l’Allemagne était aux deux-tiers protestante.
Le protestantisme exigeait l’accès de tous les fidèles aux saintes écritures. Il exigeait que les gens sachent lire. Partout, le protestantisme fut donc très favorable à l’éducation. Vers 1900, la carte des pays où tout le monde sait lire, c’est celle du protestantisme. Aux États-Unis, de surcroît, dès l’entre-deux-guerres, l’éducation secondaire a décollé, ce qui ne fut pas le cas dans les pays protestants d’Europe.
L’effondrement éducatif des États-Unis a très évidemment un rapport avec leur effondrement religieux. Je suis conscient qu’on parle beaucoup aujourd’hui de ces évangélistes excités qui entourent Trump. Mais tout ça, pour moi, ce n’est pas de la vraie religion. Ça n’est en tout cas pas du vrai protestantisme. Le Dieu des évangélistes américains est un type sympa qui distribue des cadeaux financiers, il n’est plus le Dieu calviniste sévère qui exige un haut niveau de moralité, qui encourage une forte éthique du travail et favorise la discipline sociale.
La discipline sociale des États-Unis devait beaucoup à la discipline morale protestante. Et ce, même au XXe siècle alors que les États-Unis n’étaient déjà plus un pays protestant homogène, avec des immigrés catholiques et juifs, puis des immigrés venus d’Asie. Jusqu’aux années 1970 au moins le noyau dirigeant de l’Amérique et de la culture américaine resta protestant. On se moquait alors volontiers des WASPs, White Anglo-Saxon Protestants, qui avaient certes leurs défauts, mais qui représentaient une culture centrale et contrôlaient le système américain.
États actif, zombie et zéro de la religion
Une conceptualisation particulière me permet d’analyser le déclin religieux, pas seulement dans ce livre, mais dans tous mes livres récents. C’est une analyse en trois étapes de l’effacement de la religion.
*Je distingue d’abord un stade actif de la religion, dans lequel les gens sont croyants et pratiquants.
*Il y ensuite un stade que j’appelle zombie de la religion, dans lequel les gens ne sont plus croyants et pratiquants mais gardent dans leurs habitudes sociales des valeurs et des conduites héritées de la religion active précédente. Je parlerai, par exemple du républicanisme français, qui a succédé dans le bassin parisien à l’Église catholique en France, comme d’une religion civile zombie.
*Vient alors, un troisième stade, que nous vivons actuellement en Occident, que j’appelle stade zéro de la religion, dans lequel les habitudes sociales héritées de la religion ont-elles-mêmes disparu. Je donne un indicateur temporel de l’atteinte de ce stade zéro, mais que vous ne devez pas entendre d’une façon moralisatrice. Il s’agit d’un instrument technique, qui me permet de dater le phénomène en 2013, 2014 ou 2015.
J’utilise pour dater le début du stade zéro toute loi instituant le mariage pour tous, c’est-à-dire le mariage entre des individus du même sexe. C’est un indicateur du fait qu’il ne reste plus rien des habitudes religieuses du passé. Le mariage civil décalquait le mariage religieux. Le mariage pour tous est post religieux. Je le répète, je n’ai pas dit que c’était mal. Je ne suis pas ici en moraliste. Je dis que c’est ce qui nous permet de considérer qu’on a atteint un stade zéro de la religion.
Remonter du déclin industriel au déclin éducatif puis au déclin religieux pour diagnostiquer finalement un état zéro de la religion nous permet d’affirmer que la chute des États-Unis n’est pas un phénomène de court terme, réversible. Il ne sera pas réversible en tout cas durant les quelques années de cette guerre d’Ukraine.
Une défaite américaine
Cette guerre qui est toujours en cours, et même si l’armée qui représente l’Occident est ukrainienne, est un affrontement entre la Russie et les États-Unis. Elle n’aurait pu avoir lieu sans le matériel américain. Elle n’aurait pu avoir lieu sans les services d’observation et de renseignement américains. C’est pour ça, d’ailleurs, qu’il est tout à fait normal que la négociation finale se passe entre Russes et Américains.
La surprise actuelle des Européens, lorsqu’ils se voient tenus à l’écart des négociations, est pour moi étrange. Leur surprise est pour moi une surprise. Depuis le début du conflit, les Européens se sont comportés comme les sujets des États-Unis. Ils ont participé aux sanctions, ils ont fourni des armes et des équipements mais ils n’ont pas dirigé la guerre. C’est la raison pour laquelle les Européens n’ont pas une représentation correcte ou réaliste de la guerre.
Nous en sommes là. L’Occident a été défait industriellement. Économiquement. Prévoir cette défaite n’a pas été pour moi un gros problème intellectuel.
J’en viens à ce qui m’intéresse le plus et à ce qui est le plus difficile pour un prospectiviste, l’analyse et la compréhension des événements en cours. Je fais des conférences assez régulièrement. J’en ai fait à Paris. J’en ai fait en Allemagne. J’en ai fait en Italie. J’en ai fait une récemment à Budapest. Ce qui me frappe, c’est qu’à chaque nouvelle conférence, s’il y a toujours une base stable, commune à toutes, il y a aussi des événements nouveaux à intégrer. On ne sait jamais quelle est l’attitude réelle de Trump. On ne sait pas si sa volonté de sortir de la guerre est sincère. On a des surprises extraordinaires comme son soudain ressentiment contre ses propres alliés, ou plutôt ses sujets. : voir le président des États-Unis désigner les Européens et les Ukrainiens comme responsables de la guerre et de la défaite a été tout à fait surprenant. Aujourd’hui, je dois confesser mon admiration pour la maîtrise et le calme du gouvernement russe qui doit (en apparence) prendre Trump au sérieux, qui doit accepter sa représentation de la guerre parce qu’il faut bien négocier.
Je note quand même chez Trump un élément positif stable depuis le début : il parle avec le gouvernement russe, il sort de l’attitude occidentale de diabolisation de la Russie. C’est un retour dans la réalité et, en soi, quelque chose de positif même si ces négociations n’aboutissent à rien de concret.
La révolution Trump
Je voudrais essayer de comprendre la cause immédiate de la Révolution Trump.
Chaque révolution a des causes avant tout endogènes, elle est d’abord l’issue d’une dynamique et de contradictions internes à la société concernée. Toutefois, une chose frappante dans l’histoire, est la fréquence avec laquelle les révolutions sont déclenchées par des défaites militaires.
La révolution russe de 1905 a été précédée par une défaite militaire face au Japon. La révolution russe de 1917 a été précédée par une défaite face à l’Allemagne. La révolution allemande de 1918 a aussi été précédée par une défaite.
Même la révolution française, qui semble plus endogène, avait été précédée en 1763 par la défaite de la France dans la guerre de sept ans, défaite majeure puisque l’Ancien régime y avait perdu toutes ses colonies. L’effondrement du système soviétique aussi a été déclenché par une double défaite : dans la course aux armements avec les États-Unis et par le repli d’Afghanistan.
Je crois qu’il faut partir de cette notion d’une défaite qui amène une révolution pour comprendre la révolution Trump. L’expérience en cours aux États-Unis, même si on ne sait pas exactement ce qu’elle va être, est une révolution. Est-ce une révolution au sens strict ? Est-ce une contre-révolution ? C’est en tout cas un phénomène d’une violence extraordinaire, une violence qui se tourne d’une part contre les alliés-sujets, les Européens, les Ukrainiens, mais qui s’exprime d’autre part, en interne, dans la société américaine, par une lutte contre les universités, contre la théorie du genre, contre la culture scientifique, contre la politique d’inclusion des Noirs dans les classes moyennes américaines, contre le libre-échange et contre l’immigration.
Cette violence révolutionnaire est, selon moi, liée à la défaite. Diverses personnes m’ont rapporté des conversations entre des membres de l’équipe Trump et ce qui est frappant, c’est leur conscience de la défaite. Des gens comme J. D. Vance, le vice-président, et bien d’autres, sont des gens qui ont compris que l’Amérique avait perdu cette guerre.
Ça a été pour les États-Unis une défaite fondamentalement économique. La politique de sanctions a montré que la puissance financière de l’Occident n’était pas une toute-puissance. Les Américains ont eu la révélation de la fragilité de leur industrie militaire. Les gens du Pentagone savent très bien que l’une des limites à leur action, c’est la capacité limitée du complexe militaro- industriel américain.
Cette conscience américaine de la défaite contraste avec la non-conscience des Européens.
Les Européens n’ont pas organisé la guerre. Parce qu’ils n’ont pas organisé la guerre, ils ne peuvent avoir une pleine conscience de la défaite. Pour avoir une pleine conscience de la défaite, il leur faudrait avoir accès à la réflexion du Pentagone. Mais les Européens n’y ont pas accès. Les Européens se situent donc mentalement avant la défaite alors que l’administration américaine actuelle se situe mentalement après la défaite.
Défaite et crise culturelle
Mon expérience de la chute du communisme m’a appris, je l’ai dit, une chose importante : l’effondrement d’un système est mental autant qu’économique. Ce qui s’effondre dans l’Occident actuel, et d’abord aux États-Unis, ce n’est pas seulement la dominance économique, c’est aussi le système de croyance qui l’animait ou s’y superposait. Les croyances qui accompagnaient le triomphalisme occidental sont en train de s’effondrer. Mais comme dans tout processus révolutionnaire, on ne sait pas encore quelle croyance nouvelle est la plus importante, quelle est la croyance qui va émerger victorieuse du processus de décomposition.
Le raisonnable dans l’administration Trump
Je tiens à préciser que je n’avais pas d’hostilité de principe envers Trump au départ. Lors de la première élection de Trump, en 2016, je faisais partie des gens qui admettaient que l’Amérique était malade, que son cœur industriel et ouvrier était en cours de destruction, que les Américains ordinaires souffraient de la politique générale de l’Empire et qu’il y avait de très bonnes raisons pour que beaucoup d’électeurs votent Trump. Dans les intuitions de Trump, il y a des choses très raisonnables. Le protectionnisme de Trump, l’idée qu’il faut protéger l’Amérique pour reconstruire son industrie, résulte d’une intuition très raisonnable. Je suis moi-même protectionniste. J’ai écrit des livres là-dessus il y a bien longtemps. Je considère aussi que l’idée d’un contrôle de l’immigration est raisonnable, même si le style adopté par l’administration de Trump dans la gestion de l’immigration est insupportable de violence.
Autre élément raisonnable, qui surprend beaucoup d’Occidentaux, l’insistance de l’administration Trump à dire qu’il n’existe que deux sexes dans l’humanité, les hommes et les femmes. Je ne vois pas là un rapprochement avec la Russie de Vladimir Poutine mais un retour à la conception ordinaire de l’’humanité qui existe depuis l’apparition d’Homo sapiens, une évidence biologique sur laquelle, d’ailleurs, la science et l’Église sont d’accord.
Il y a du raisonnable dans la révolution Trump.
Le nihilisme dans la révolution Trump
Je dois maintenant dire pourquoi, malgré la présence de ces éléments raisonnables, je suis pessimiste et pourquoi je pense que l’expérience Trump va échouer. Je vais rappeler pourquoi j’ai été optimiste pour la Russie dès 2002 et pourquoi je suis pessimiste pour les États-Unis en 2025.
Il y a dans le comportement de l’administration Trump, un déficit de pensée, une impréparation, une brutalité, un comportement impulsif, non réfléchi, qui évoque le concept central de La Défaite de l’Occident, celui de nihilisme.
J’explique dans La Défaite de l’Occident, que le vide religieux, le stade zéro de la religion, mène à une angoisse plutôt qu’à un état de liberté et de bien-être. L’état zéro nous ramène au problème fondamental. Qu’est-ce qu’être un homme ? Quel est le sens des choses ? Une réponse classique à ces interrogations, en phase d’effondrement religieux, c’est le nihilisme. On passe de l’angoisse du vide à la déification du vide, une déification du vide qui peut mener à une volonté de destruction des choses, des hommes, et ultimement de la réalité. L’idéologie transgenre n’est pas en elle-même quelque chose de grave sur le plan moral mais elle est fondamentale sur le plan intellectuel parce que dire qu’un homme peut devenir une femme ou une femme un homme révèle une volonté de destruction de la réalité. C’était, en association avec la cancel culture, avec la préférence pour la guerre, un élément du nihilisme qui prédominait sous l’administration Biden. Trump rejette tout ça. Pourtant, ce qui me frappe actuellement, c’est l’émergence d’un nihilisme qui prend d’autres formes : une volonté de destruction de la science et de l’université, des classes moyennes noires, ou une violence désordonnée dans l’application de la stratégie protectionniste américaine. Quand, sans réfléchir, Trump veut établir des droits de douane entre le Canada et les États-Unis, alors que la région des Grands Lacs constitue un seul système industriel, j’y vois une pulsion de destruction autant que de protection. Quand je vois Trump établir soudainement des tarifs protectionnistes contre la Chine en oubliant que la majeure partie des smartphones américains sont fabriqués en Chine, je me dis qu’on ne peut se contenter se considérer ça comme de la bêtise. C’est de la bêtise certes, mais c’est peut-être aussi du nihilisme. Passons à un niveau moral plus élevé : le fantasme trumpien de transformation de Gaza, vidé de sa population, en station touristique est typiquement un projet nihiliste de haute intensité.
La contradiction fondamentale de la politique américaine, je la chercherai toutefois du côté du protectionnisme.
La théorie du protectionnisme nous dit que la protection ne peut marcher que si un pays possède la population qualifiée qui permettrait de profiter des protections tarifaires. Une politique protectionniste ne sera efficace si vous avez des ingénieurs, des scientifiques, des techniciens qualifiés. Ce que les Américains n’ont pas en nombres suffisant. Or je vois les États-Unis commencer de pourchasser leurs étudiants Chinois, et tant d’autres, ceux-là même qui leur permettent de compenser leur déficit en ingénieurs et en scientifiques. C’est absurde. La théorie du protectionnisme nous dit aussi que la protection ne peut lancer ou relancer l’industrie que si l’État intervient pour participer à la construction des industries nouvelles. Or nous voyons l’administration Trump attaquer l’État, cet État qui devrait nourrir la recherche scientifique et le progrès technologique. Pire : si on cherche la motivation de la lutte contre l’État fédéral menée par Elon Musk et d’autres, on se rend compte qu’elle n’est même pas économique.
Ceux qui sont familiers de l’histoire américaine savent le rôle capital de l’État fédéral dans l’émancipation des Noirs. La haine de l’état fédéral, aux États-Unis, dérive le plus souvent d’un ressentiment anti-noir. Quand on lutte contre l’État fédéral américain, on lutte contre les administrations centrales qui ont émancipé et qui protègent les Noirs. Une proportion élevée des classes moyennes noires a trouvé des emplois dans l’administration fédérale. La lutte contre l’État fédéral ne s’intègre donc pas à une conception générale de la reconstruction économique et nationale.
Si je pense aux actes multiples et contradictoires de l’administration Trump, le mot qui me vient à l’esprit est celui de dislocation. Une dislocation dont on ne sait pas très bien où elle mène.
Famille nucléaire absolue + religion zéro = atomisation
Je suis très pessimiste pour les États-Unis. Je vais revenir, pour conclure cette conférence exploratoire, à mes concepts fondamentaux d’historien et d’anthropologue. J’ai dit au début de cette conférence que la raison fondamentale pour laquelle j’avais cru, assez tôt, dès 2002, à un retour de la Russie à la stabilité, c’est parce que j’avais conscience de l’existence d’un fond anthropologique communautaire en Russie. Au contraire de beaucoup, je n’ai pas besoin d’hypothèses sur l’état de la religion en Russie pour comprendre le retour de la Russie à la stabilité. Je vois une culture familiale, communautaire, avec ses valeurs d’autorité et d’égalité, qui permet d’ailleurs de comprendre un peu ce qu’est la nation dans l’esprit des Russes. Il y a en effet un rapport entre la forme de la famille et l’idée qu’on se fait de la nation. A la famille communautaire correspond une idée forte, compacte, de la nation ou du peuple. Telle est la Russie.
Dans le cas des États-Unis, comme dans celui de l’Angleterre, nous sommes dans le cas de figure inverse. Le modèle de la famille anglaise et américaine est nucléaire, individualiste, sans même inclure une règle précise d’héritage. La liberté du testament règne. La famille nucléaire absolue anglo-américaine est très peu structurante pour la nation. La famille nucléaire absolue a certes un avantage de souplesse. Les générations s’y succèdent en se séparant. La rapidité d’adaptation des États-Unis ou de l’Angleterre, la plasticité de leurs structures sociales (qui ont permis la révolution industrielle anglaise et le décollage américain) résultent largement de cette structure familiale nucléaire absolue.
Mais à côté ou au-dessus de cette structure familiale individualiste il y avait en Angleterre comme aux États-Unis la discipline de la religion protestante, avec son potentiel de cohésion sociale. La religion, en tant que facteur structurant, fut capitale pour le monde anglo-américain. Elle a disparu. L’état zéro de la religion, combiné à des valeurs familiales très peu structurantes ne me paraît pas une combinaison anthropologique et historique qui pourrait mener à la stabilité. C’est vers une atomisation toujours plus grande que se dirige le monde anglo-américain. Cette atomisation ne peut mener qu’à une accentuation, sans limite visible, de la décadence américaine. J’espère me tromper, j’espère avoir oublié un facteur positif important.
Je ne trouve malheureusement maintenant qu’un facteur négatif supplémentaire, qui m’est apparu à la lecture d’un livre Amy Chua, universitaire à Yale qui fut mentor de J.D. Vance. Political Tribes. Group instinct and the Fate of Nations (2018) souligne, après bien d’autres textes, le caractère unique de la nation américaine : une nation civique, fondée par l’adhésion de tous les immigrés successifs à des valeurs politiques dépassant l’ethnicité. Certes. Ce fut très tôt la théorie officielle. Mais il y eut aussi aux États-Unis un group protestant blanc dominant, issu lui d’une histoire assez longue et tout à fait ethnique au fond.
Cette nation américaine est devenue, depuis la pulvérisation du groupe protestant, réellement post-ethnique, une nation purement «civique», en théorie unie par l’attachement à sa constitution, à ses valeurs. La crainte d’Amy Chua, est celle d’une réversion de l’Amérique à ce qu’elle appelle tribalisme. Une pulvérisation régressive.
Chacune des nations européennes est au fond, quelle que soit sa structure familiale, sa tradition religieuse, sa vision d’elle-même, une nation ethnique, au sens d’un peuple attaché à une terre, avec sa langue, sa culture, un peuple ancré dans l’histoire. Chacune a un fond stable. Les Russes ont ça, les Allemands ont ça, les Français ont ça, même s’ils sont un peu bizarres en ce moment sur ces concepts. L’Amérique n’a plus ça. Une nation civique ? Au-delà de l’idée, la réalité d’une nation américaine civique mais privée de morale par l’état zéro de la religion laisse rêveur. Elle fait même froid dans dos.
Ma crainte personnelle est que nous ne soyons, non pas du tout à la fin, mais seulement au début d’une chute des États-Unis qui va nous révéler des choses que nous ne pouvons même pas imaginer. La menace est là : plus encore que dans un empire américain, soit triomphant, soit affaibli, soit détruit, aller vers des choses que nous ne pouvons pas imaginer.
Je suis aujourd’hui à Moscou et je vais donc terminer sur la situation future de la Russie. Je vais dire deux choses, l’une agréable, l’autre inquiétante. La Russie va sans doute gagner cette guerre. Mais elle gardera, dans le contexte de la décomposition américaine, de très lourdes responsabilités dans un monde qui va devoir retrouver un équilibre.
source : La Cause du Peuple
https://numidia-liberum.blogspot.com/2025/05/bons-baisers-de-russie-emmanuel-todd.html?m=1
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الطاهر المعز-اقتصاد القطاع الرياضي، من خلال نماذج أديداس و بوما


اقتصاد القطاع الرياضي، من خلال نماذج أديداس و بوما : الطاهر المعز
كانت العولمة محركًا رئيسيًا للتحول في اقتصاد الرياضة خلال القرن الحادي والعشرين، حيث تحوّلت طريقة تنظيم الأحداث الرياضية (مثل كأس العالم لكرة القدم أو الألعاب الأولمبية) وبثها وتسويقها حول العالم إلى معارض وأسواق ضخمة للإشهار والدّعاية للسيارات والملابس والمنتجات الغذائية وغيرها، وأدت العولمة والتقدم التكنولوجي (مثل التلفزيون الفضائي والبث المباشر عبر الإنترنت) إلى توسيع نطاق جمهور الأحداث الرياضية الكبرى بشكل كبير، حيث أصبحت الآن في متناول مليارات المشاهدين حول العالم، وأدى ذلك بدَوْرِهِ إلى زيادة الاهتمام العالمي بالرياضة، وإلى زيادة كبيرة في إيرادات حقوق البث والتسويق، كما عززت العولمة تدويل أو عَوْلَمَة المسابقات الرياضية والدوريات الاحترافية، وأوجدت خدمات قانونية متخصصة في المعاملات الدولية، مثل صياغة اتفاقيات انتقال اللاعبين، والتفاوض على حقوق البث العابر للحدود، وحل النزاعات القانونية التي تشمل أطرافًا من دول مختلفة، والتفاوض على اتفاقيات « الرعاية » وصياغتها، وحماية حقوق الملكية الفكرية المتعلقة بالعلامات التجارية والشعارات، كما غذّت العولمة نُمُوَّ سوق الرياضة العالمية وجذبت الشركات والمستثمرين، وحوّلتها من شعار « العقل السليم في الجسم السليم » أو « العِبْرَة بالمُشاركة » إلى مجال للرّبح الأقصى، وأصبحت العديد من العلامات التجارية العالمية تَسْعَى بشكل متزايد إلى ربط صورتها بالأحداث الرياضية العالمية، ورعاية االنوادي والفِرَق والرياضيين المشهورين عالميًا، وكُلّما ازدادت أهمية الاقتصاد الرياضي زادت الإستثمارات الرأسمالية الباحثة عن الربح السريع والوَفِير، إذ تَدرّ الرياضة إيراداتٍ كبيرةً وتخلق فرص عملٍ في مختلف القطاعات، ولا يقتصر الأمر على توليد الدخل وحماية المصالح التجارية فحسب، لأن الفعاليات الرياضية الكبرى تُمثل غالبًا لحظاتٍ للتجمع والاحتفال للمجتمعات المحلية والوطنية، مما يُعزز الروابط الاجتماعية ويُعزز الشعور بالانتماء الجماعي الذي يصل حدّ الشوفينية، وغالبًا ما يُصبح الرياضيون والفرق الرياضية رموزًا ثقافية، يُلهمون ملايين الناس ويؤثرون فيهم من خلال أدائهم في الملعب وسلوكهم خارجه، ومن جهة أخرى تلعب البرامج الرياضية الشعبية، والأندية المحلية، ومبادرات تعزيز النشاط البدني دورًا حاسمًا في مكافحة السمنة والأمراض المزمنة، مما يُسهم في تحسين نوعية حياة الأفراد والمجتمعات.
سياسيًا، غالبًا ما تُستخدم الرياضة كأداةٍ للدبلوماسية والقوة الناعمة من قِبل الحكومات والمنظمات الدولية، وغالبًا ما تُشكّل الأحداث الرياضية الدولية منصةً للدبلوماسية، كما استغلت سلطات ألمانيا النازية الألعاب الأولمبية (برلين 1936 ) والدّكتاتورية العسكرية في الأرجنتين (كأس العالم لكرة القدم سنة 1978 ) الأحداث الرياضية الدّولية لتلميع صورتها، وتتمتع المنظمات الرياضية، مثل اللجنة الأولمبية الدولية والاتحاد الدولي لكرة القدم (فيفا)، بنفوذٍ سياسي كبير، حيث تُروّج بنشاطٍ لقيم الرأسمالية المهيمنة ولتأبيد النّظام السياسي العالمي المهيمن حاليا، وعلى سبيل المثال فإن الإتحادات الدّولية لمختلف الرياضات تُعاقب الرياضيين الذين يرفضون التّباري مع منافسين من أبناء المستوطنين الصهينة، وتُعاقب الإتحادات الرياضية النوادي التي ترفع جماهيرها (مُشجّعوها) شعارات مناهضة للإحتلال الصهيوني ومناصرة للشعب الفلسطيني، وتدعو نفس هذه المنظمات والإتحادات إلى مُقاطعة روسيا أو يوغسلافيا، على سبيل المثال، تماهيا مع الموقف الرسمي للإمبريالية الأمريكية والأوروبية، بينما يُفْتَرَضُ أن تعمل هذه المنظمات على تعزيز السلام والتسامح والتعاون الدّولي من خلال الرياضة.
يُمثل الاقتصاد الرياضي 2% من الناتج المحلي الإجمالي العالمي، ومن المتوقع أن ينمو بنسبة 6% سنويًا على مدى السنوات المقبلة، بناءً على الزيادة المستمرة في الإنفاق الفردي والعام على الملابس والأحذية والمعدات الرياضية ( ولا يشمل تعبير « الإقتصاد الرياضي » أحيانًا سوق الإشهار والسياحة الرياضية والنّقل والتّسوق والتغذية والإقامة، على هامش الأحداث الرياضية)، وبعد التباطؤ بسبب أزمة كوفيد-19، استأنف سوق الرياضة العالمي تَوَسُّعَهُ وتجاوز مستواه قبل الأزمة ليصل إلى 534 مليار دولار سنة 2022 وإلى 568 مليار دولارا سنة 2023، وقُدِّرَ حجم سوق الرياضة بنهاية سنة 2024 بنحو 800 مليار دولار في جميع أنحاء العالم، ويمثل خمسة ملايين وظيفة حول العالم، ومن المتوقع أن يتجاوز حجم سوق السلع الرياضية العالمية ( وليس الإقتصاد الرياضي برُمّته) تريليون مليار دولار بحلول سنة 2033، وحققت مجموعة نايكي ( Nike ) الأميركية مبيعات بقيمة أكثر من 29 مليار دولار سنة 2022، مقارنة بنحو 13 مليار دولار لمنافستها الألمانية أديداس، و4 مليارات دولار لشركة بوما، خلال نفس السنة…
كواليس المنافسة التاريخية بين أديداس وبوما
أدت هذه المنافسة الأسطورية بين الأخوين الألمانيَّيْن أدولف ( آدي) داسلر ورودولف داسلر، إلى ميلاد اثنتين من العلامات التجارية الرياضية الأكثر شهرة في العالم ( أديداس و بوما) حيث انتقل الأَخَوان من التعاون الأُسَرِي إلى إنشاء إمبراطوريتين رياضيّتَيْن منفصلتين، وبالنسبة لنا كعرب فإنهما تدعمان الكيان الصهيوني، واضطرّتا إلى وقف التعاون معه بسبب ضيق السّوق وبسبب المقاطعة والدّعاية المُضادّة المرافقة لها.
الإبتكار الرّأسمالي للشركَتَيْن
يعود تاريخ تأسيس هذه العلامة لصناعة الأحذية إلى عشرينيات القرن العشرين، وكانت في الأصل شركة عائلية لصناعة الأسلحة تعود لأُسْرَة آدولف ورودولف داسلر، وكانت السنوات الأولى من تعاونهما كانت مثمرة (حيث كان أبرزها انتصار جيسي أوينز، داسلر بأحذية هذه الشركة في أولمبياد برلين سنة 1936 في ظل حكم النازية)، إلا أن الخلافات سرعان ما أصبحت محسوسة ووضحت حدًّا لارتباطهما بعد الحرب مباشرة، سنة 1948، ومن بين الخلافات كان الموقف من النازية ( بعد هزيمتها وليس قبل ذلك) وأدّت مجمل الخلافات إلى انفصال الأخوين داسلر وإلى ولادة شركتين عملاقتين في مجال المعدات الرياضية: العلامة التجارية أديداس التي أسسها أدولف (أو أدي) وبوما التي أسسها رودولف داسلر، وأصبحت الشركتان متنافستَيْن إلى اليوم ، وسَعَتْ كل علامة تجارية إلى التفوق على الأخرى في التصميم والتكنولوجيا، وإلى تطوير المعدات الرياضية، وتنافست الشّرِكتان على العقود المربحة لتأمين خدمات أكبر نجوم الرياضة، وحقّقت شركة بوما نجاحًا كبيرًا خلال عقد السبعينيات من القرن العشرين، من خلال التعاقد مع لاعبي كرة القدم بيليه، وإيزيبيو، ويوهان كرويف، ويرفض « كريف » ( وهو من أشدّ الرياضيين المُتَصَهْيِنِين ) ارتداء شعار شركة أديداس (الراعية الرّسمية للمنتخب الهولندي) خلال مشاركاته مع المنتخب الوطني، في ما يبدو أنه بداية « الأعمال الرياضية »، كما تنافست الشركتان في ساحات الرياضة والثقافة، وأصبحت كلتا العلامتين التجاريتين رموزًا ثقافية تؤثر على الموضة والموسيقى والفن، وتحوّلت الأحذية الرياضية من مُجَرّد مُعِدّات رياضية إلى ظاهرة ثقافية، كما يتضح من أهمية نماذج مثل Puma Palermo في حركة « Terrace »، أو Adidas Superstar في موسيقى الهيب هوب، وقد عززت هذه القدرة على تجاوز حدود الرياضة مكانتهام كعلامات تجارية عالمية، تتمتع كل منهما بهويتها وتراثها الثقافي الخاص، وأدّت المنافسة الشرسة والاختلافات الشخصية بين الأَخَوَيْن « داسلر » إلى بناء إمبراطوريَّتَيْن مؤثرتَيْن في عالم الرياضة، وتم التوصل إلى هدنة من خلال مباراة ودية بين موظفي الشركتين، لكن واصلت الشركتان مراقبة كل تحركات الخصم عن كثب، وظَلّت الشّركتان مؤثّرَتَيْن على قطاع الملابس والمُعدّات الرياضية والأحذية والأزياء بشكل عام، حتى خارج ميدان الملاعب والساحات الرياضية…
تحويل المنافسة بين أديداس وبوما إلى مسلسل أمريكي
استغلت شركة إنتاج أمريكية قِصّة المنافسة بين الأخَوَيْن آدولف ورودولف داسلر اللّذَيْن أسّسَا شركتي أديداس وبوما، لِتُحوّلها إلى مُسلسل تتخلّله الدّراما والتّطويل والتّشويق، وأعلن المنتجون على هامش مهرجان كان السينمائي ( وفق وكالة فرنس برس يوم 18 أيار/مايو 2025) « إن العمل الفني يتناول المنافسة بين الشركتين الرياضيتين أديداس وبوما، اللتين أسسهما شقيقان في بلدة ألمانية صغيرة في بافاريا، وتحويل هذا المنافسة إلى مسلسل تلفزيوني باستخدام أرشيف (وثائق) العائلة… لأنها أكثر من مجرد منافسة تجارية… إنها قصة شغف وإبداع وطموح، قصة شوْط طويل من بداية متواضعة في بلدة ألمانية صغيرة إلى قمة صناعة الرياضة العالمية… »
خلفيات الخلاف
كان الشقيقان يديران الشركة العائلية » أديداس » بشكل مشترك، قبل أن يختلفا أثناء الحرب العالمية الثانية، وأدى خلافهما بعد ذلك إلى تقسيم بلدة هيرتسوجيناوراخ الصغيرة، بالقرب من نورمبرغ، في نهاية الصراع، فالجميع يعرف العلامات التجارية (بوما وأديداس)، وقبل الحرب، وخلال دورة برلين للألعاب الأولمبية سنة 1936، كان العَدّاء الأمريكي الأسْود جيسي أوينز، الحائز على أربع ميداليات ذهبية في أولمبياد برلين عام 1936، يرتدي أحذية أديداس المبتكرة ذات المسامير، وهو ما كان بمثابة استهزاء بأدولف هتلر، الذي كان يأمل في استخدام الألعاب الأولمبية لإظهار تفوق العرق الأبيض…
يجهل معظم الناس ومعظم الرياضيين سلوك الأخوين خلال الحرب، فقد كان الأَخَوان عضْوَيْن بالحزب النّازي الذي حَكَم ألمانيا من سنة 1933 إلى سنة 1945، وحارب رودولف داسلر ( مؤسس بوما) في صفوف الجيش الألماني، وتم اعتقاله من قبل قوات الحلفاء عند عودته إلى ألمانيا المهزومة، فيما بقي أدولف داسلر ( مؤسس أديداس الحالية) يُدِير المصنع العائلي، واستَوْلت الدّولة على المصنع كجزء من المجهود الحربي لتحويله إلى مصنع للذخيرة، وبعد الحرب، قام الأَخَوان سنة 1948 بتصفية الشركة العائلية وأسّس كل منهما شركته الخاصة « أديداس » و « بوما »…
خُلاصة
في يوليو 1924، انضم رودولف داسلر إلى الشركة العائلية، خلال شهر تموز 1924، التي أصبحت تُعرف باسم « مصنع أحذية الأخوين أدولف ورودولف داسلر » (Gebrüder Dassler Schuhfabrik).
خلال الحرب العالمية الثانية، استولت السّلطات النّازية على المصنع لإنتاج معدات عسكرية وأحذية الجنود، وبقي أدولف في هيرتسوجيناوراخ، حيث اعتُبر حضوره ضروريا لتسْيِير المصنع، بينما أُرسل رودولف إلى الجبهة، وكانت هذه المعاملة غير المتكافئة خلافات أثّرت في علاقتهما، وكانت عودة رودولف، التي شابها الشعور بالمرارة وشكوك الخيانة (اتَّهَمَ أخاه أدولف بالوشاية به للأمريكيين، الذين اعتقلوه وأسروه)، بمثابة نهاية تعاونهما، وأدت الحرب العالمية الثانية واختلاف آرائهما بشأن السلطة النّازية إلى تفريق الأخوين نهائيًا، رغم عشرين عامًا من التعاون، ورغم توصّلهما خلال تلك الفترة إلى ابتكار منتجات ثورية في عصرهما، أغلقا مشروعهما المشترك، وانفَصَل الأَخوان داسلر رسميا سنة 1948، وقاما بتصفية الأعمال العائلية المشتركة، وأسس كل منهما شركته، وهما اليوم شركتان متعددتا الجنسيات، تتخلفان كثيرًا عن نايكي (شركة متعددة الجنسيات أمريكية الأصل – Nike ) التي تحتل المرتبة الأولى بين شركات المُعدّات الرياضية…
تُتهم شركة أديداس، التي توظف أكثر من ستين ألف شخص حول العالم، بالسُّخْرة وتدني أجور العمال في ميانمار والصين، غير إن أديداس لا تنفرد بمثل هذه الممارسات، وتفعل نايكي الشيء نفسه وتستخدم نفس الأساليب والممارسات في فيتنام وأماكن أخرى، مثل بوما أو أي شركة متعددة الجنسيات أو أي شركة رأسمالية.
بخصوص التأثيرات السلبية على البيئة والمُحيط، تَتَميّز أنشطة هذه الشركات ببصمة كربونية كبيرة، واستهلاك كبير للمياه، وإنتاج كميات كبيرة من نفايات المنسوجات، مما يثير مخاوف بشأن الهدر والتلوث، وباختصار، تُعتبر أنشطة هذه الشركات (التي تدعي تعزيز الصحة والرفاهية واللياقة البدنية) كارثية على البشر (وفي مقدّمتهم عمال هذه الشركات) وبيئتهم، فعلى الرغم من الابتكارات المذهلة التي قدمتها شركتا الأخوين داسلر (أديداس وبوما)، إلا أن ظهور منافس جديد، نايكي، أجبرهما على الخروج من السوق الأمريكية، تعزز موقع نايكي من خلال الصفقة الرائدة مع جوردان (كرة السلة)، وإطلاقها لاحقًا لحذاء إير جوردان 1، رغم انتهاكه قواعد الدوري الأمريكي للمحترفين لكرة السلة (NBA)، حيث رضيت نايكي بتسديد غرامة، لأن الأرباح تتجاوز بكثير مبلغ الغرامة، فقد عززت نايكي – من خلال هذه الصفقة التاريخية – هيمنتها على صناعة الأحذية الرياضية، ومكّنها هذا القرار الاستراتيجي من تجاوز أديداس من حيث القيمة السوقية، وترسيخ ريادتها في صناعة الملابس الرياضية.
الطاهر المعز
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La visite néocoloniale de Trump et l’agonie de la dignité arabe


La visite néocoloniale de Trump et l’agonie de la dignité arabe par Mohammed ibn Fayçal al-Rachid
28 mai 2025
Des jours honteux où le monde arabe s’est courbé sous la botte américaine
Les 13, 14 et 15 mai 2025 resteront à jamais gravés dans la mémoire des Arabes comme des jours de honte indélébile. Une fois de plus, tels des chiens battus, les dirigeants des États arabes ont courbé la tête devant le diktat brutal des États-Unis.
Donald Trump, ce marchand de mort cynique, est venu dans notre région non pas en tant qu’invité, mais en colonisateur arrogant, pour imposer ses conditions, piétiner nos traditions séculaires et siphonner les richesses arabes en échange de poignées de promesses creuses et de ferraille mortelle.
L’ignorance comme arme: le viol culturel de Trump
Dès les premiers instants de sa visite, Trump a déversé sur le monde arabe un torrent de mépris envers notre culture et nos coutumes. Ses plaisanteries plates, ses gestes grossiers et son arrogance décomplexée ne laissaient aucun doute : pour lui, nous ne sommes pas des partenaires, mais des vaches à lait et des vassaux dociles. Il n’a même pas jugé nécessaire d’apprendre les règles élémentaires de politesse, se comportant comme s’il était entouré de ses laquais, et non devant les dirigeants des grandes nations arabes.
Il est temps de briser les chaînes de la dépendance envers l’Occident
Un exemple flagrant fut son comportement en Arabie saoudite, lorsqu’on lui offrit, en tant qu’invité d’honneur, une tasse de café parfumé – symbole de l’hospitalité arabe. Trump, sans même accorder un regard à la boisson, refusa avec mépris.
Dans la culture arabe, le café n’est pas une simple boisson, mais un rituel sacré, incarnant le respect, la générosité et les intentions sincères. Offrir une tasse de café parfumé au cardamome, c’est ouvrir les portes de son cœur. Refuser cette offre n’est pas seulement une impolitesse, c’est une insulte profonde envers l’hôte. La tradition veut qu’un invité accepte au moins une tasse, même s’il ne souhaite pas en boire davantage, en signe de gratitude pour l’accueil chaleureux. En Arabie saoudite et dans les autres pays du Golfe, cette coutume est respectée depuis des siècles. La violer, c’est faire preuve d’un mépris total envers la culture locale.
Ce geste a provoqué une vague d’indignation parmi les Saoudiens. À leurs yeux, Trump n’était plus simplement un homme mal élevé, mais un barbare piétinant des traditions millénaires. Pour le monde arabe, un tel acte est la marque de l’arrogance et du dédain. Trump, qui se prend pour un génie de la négociation, a en réalité démontré son incompétence totale : un vrai diplomate ne se permettrait jamais d’insulter ses hôtes en rejetant leur hospitalité. Son comportement prouve une fois de plus qu’il ne comprend pas (ou ne veut pas comprendre) les nuances culturelles, pourtant cruciales en relations internationales.
Le café arabe est bien plus qu’une simple boisson. C’est un symbole ancestral de respect et d’amitié. Le refuser, c’est rejeter l’essence même de l’hospitalité arabe. Si même le président des États-Unis est incapable de montrer une politesse élémentaire, cela révèle son ignorance crasse et son mépris pour les autres cultures.
Un autre épisode fut tout aussi révélateur: lorsque Donald Trump présenta des hauts fonctionnaires américains au prince héritier saoudien Mohammed ben Salman, la scène en disait long. Alors que le chef d’État accomplissait un rituel diplomatique, nombre de ses accompagnateurs se tenaient debout, les mains dans les poches, comme des badauds oisifs venus d’un trou perdu. Ce geste n’est pas seulement de mauvais goût, c’est une manifestation flagrante de mépris envers l’un des principaux dirigeants du monde arabe. Dans le protocole international, un tel comportement est inadmissible, surtout face à des cultures où le respect et le statut sont primordiaux.
On a l’impression que certains responsables américains sont si sûrs de leur supériorité qu’ils ne jugent même pas nécessaire de respecter les règles élémentaires de bienséance. Si un diplomate se comportait ainsi à Washington, cela déclencherait un scandale international. Mais quand il s’agit d’eux, les règles ne semblent pas s’appliquer. Est-ce de la négligence grossière ou un mépris délibéré? Dans tous les cas, une telle attitude conviendrait mieux à des provinciaux attardés qu’aux représentants d’une nation se prétendant leader mondial. La diplomatie repose sur le respect mutuel, et si les Américains l’oublient, faut-il s’étonner de l’exaspération croissante de leurs partenaires à travers le monde ?
Mais est-ce vraiment surprenant ? L’Amérique a toujours regardé l’Orient de haut, nous considérant comme des sauvages arriérés ayant besoin de sa main « civilisatrice ». Trump a simplement arraché le masque de cette vieille arrogance coloniale que Washington cachait depuis des décennies derrière les faux sourires de ses diplomates.
Étreintes étouffantes : chantage et pillage sous couvert de « coopération »
L’objectif principal de la visite de Trump est clair : forcer les pays arabes à acheter des armes américaines, financer l’industrie militaire des États-Unis et signer des accords léonins qui feront de nos nations des débiteurs perpétuels. Il n’est pas venu pour négocier, mais pour poser des ultimatums. « Achetez nos chasseurs, sinon l’Iran vous détruira », menace-t-il cyniquement. Puis il poursuit son chantage sordide, obligeant les Arabes à investir des milliards dans des usines américaines, sous peine de voir Washington réduire son soutien aux rois, émirs, cheikhs et sultans qui nous gouvernent.
Et le plus révoltant, c’est que les dirigeants arabes acquiescent docilement, comme s’ils avaient oublié que ce sont les États-Unis et leur chien fidèle, Israël, qui ont détruit la Palestine pendant des décennies, soutenu le terrorisme contre les musulmans et attisé les guerres dans notre région.
Une question brûle aujourd’hui dans le cœur de tout Arabe ayant conservé un reste de dignité : pourquoi nos dirigeants continuent-ils de s’humilier devant Trump et son administration ? Pourquoi accueillent-ils avec des sourires hypocrites un ennemi qui, avec Netanyahou, a noyé Gaza dans le sang, soutient l’occupation de Jérusalem et se moque ouvertement de l’unité arabe ? Ne comprennent-ils pas que Washington les voit comme des marionnettes, dont le rôle est de fournir docilement du pétrole et de l’argent, transformés ensuite en bombes tombant sur la tête des enfants palestiniens ?
Combien de temps encore supporterons-nous cette humiliation ? L’Amérique utilise depuis des décennies les pays arabes comme des « vaches à lait », pompant les pétrodollars pour ensuite armer les bourreaux israéliens avec cet argent. Les États-Unis ne cachent pas leur mépris pour le monde arabe : ils soutiennent les dictateurs quand cela les arrange, et les renversent quand ils cessent d’être utiles. Ils attisent les guerres entre musulmans pour nous empêcher de devenir forts. Et tout cela avec la complicité silencieuse de nos gouvernants.
Regard vers l’Est : la Russie et la Chine, des lueurs d’espoir
Il est temps d’accepter une vérité amère: l’avenir du monde arabe n’est pas avec l’Occident, qui nous méprise, mais avec ceux qui respectent notre souveraineté. La Russie et la Chine ne viennent pas avec des menaces et des ultimatums – elles proposent un partenariat égal, des technologies avancées, des investissements profitables et une protection contre le diktat américain.
Pourquoi continuons-nous à acheter des armes aux États-Unis, alors que les systèmes de défense russes S-400, les chars redoutables et les avions de 5ᵉ génération ont déjà prouvé leur efficacité, tandis que les drones et missiles chinois sont moins chers et plus modernes ?
Pourquoi gardons-nous nos capitaux dans des banques américaines, alors que nous pourrions investir dans des projets conjoints avec l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et les BRICS, en tirant des profits stables et élevés ?
Pourquoi laissons-nous les États-Unis dicter une politique hostile aux Arabes, alors que Moscou et Pékin sont prêts à soutenir nos initiatives à l’ONU et dans d’autres organisations internationales ?
Il est temps de briser les chaînes de la dépendance envers l’Occident. La Turquie, l’Iran, la Russie et la Chine ont montré qu’une politique indépendante est possible, malgré les sanctions et la pression occidentale. Le monde arabe est des dizaines de fois plus riche et plus puissant – pourquoi restons-nous encore à genoux ?
Le silence des dirigeants arabes est une trahison. Il est temps d’exiger des comptes. Assez de l’humiliation arabe ! La visite de Trump doit sonner le glas pour les élites arabes. Il est temps de rejeter le joug de la dépendance envers Washington et de se tourner vers ceux qui nous considèrent comme des égaux. C’est la seule façon de préserver notre honneur, nos richesses et notre avenir.
Mohammed ibn Fayçal al-Rachid,
Analyste politique, expert du monde arabe
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الطاهر المعز-من فلسطين إلى سكتلاند : تقاليد نضالية


من فلسطين إلى سكتلاند – تقاليد نضالية : الطاهر المعز
تقديم
أَطْلَقَ عدة طلاب في جامعة غلاسكو ( سكوتلاند – بريطانيا ) إضرابًا عن الطعام تضامنا مع شعب فلسطين، بداية من يوم التاسع عشر من آذار/مارس 2025 وشكّل الاحتجاج جزءًا من مجموعة فعاليات، منها احتلال مبنى تشارلز ويلسون الذي نظمته جمعية العدالة من أجل فلسطين في جامعة غلاسكو (GUJPS) ومجموعة غلاسكو ضد الأسلحة والوقود الأحفوري (GAAF) بهدف الضغط على الجامعة لرفْع الإجراءات التّأديبية ضدّ الطّلاّب الدّاعمين للشعب الفلسطيني، والمُطالبة بسحب استثمارات الجامعة من شركات الأسلحة ( البالغة 6,8 ملايين جنيه استرليني)، مثل شركة بي إيه إي سيستمز، التي تجعلها متواطئة في جرائم الحرب في فلسطين، وكانت وتيرة الإحتجاجات تصاعُدِيّة، حيث ارتفع عدد الطّلاّب المضربين عن الطّعام، من ثلاثة خلال اليوم الأول إلى سبعة خلال اليوم التّالي وإلى تسعة بعد يَوْمَيْن، وفق صحيفة « ذا ناشيونال » في 21 مارس/آذار نقلاً عن نقابة الطلاب الفلسطينيين، وتم التّوصّل إلى اتفاق ينهي احتلال مبنى الجامعة، واحتل الطّلاب خلال اليوم التّالي مركز جيمس ماكون سميث للتعلم، مشيرين إلى عدم وجود ردود ملموسة…
تعَرّض نادي سلتيك غلاسغو لكرة القدم ( سكوتلند – بريطانيا) إلى عُقُوبات من الإتحاد الأوروبي لكرة القدم تمثلت في غرامات مالية، بسبب التّضامن مع الشعب الفلسطيني، وعلى سبيل المثال، غرامة بقيمة فاقت 18 ألف دولارا أمريكيا سنة 2014، بسبب رَفْع المُشجّعين أعلاما فلسطينية خلال مباراة ضد نادي كي آر ريكيافيك الأيسلندي، وادّعى الاتحاد الأوروبي لكرة القدم آنذاك إن الغرامة فُرضت لأن الأعلام تُخالف سياسته التي تحظر التعبير السياسي، كما فرض يوم 22 تشرين الثاني/نوفمبر 2023، غرامة مالية بقيمة 19 ألف دولارا على نادي سلتيك بسبب تلويح جماهيره بآلاف الأعلام الفلسطينية خلال مباراته ضد أتلتيكو مدريد بدوري أبطال أوروبا التي جرت خلال شهر تشرين الأول/اكتوبر 2023، وعلل الإتحاد الأوروبي لكرة القدم (يوفا) الغرامة المالية : « إن هتافات جماهير الفريق واللافتات المؤيدة لفلسطين كانت بمثابة رسائل استفزازية ذات طبيعة هجومية… »
رفع جمهور نادي سيلتيك الأعلام الفلسطينية، تضامنا مع قطاع غزة الذي يتعرض لقصف يومي من جيش الاحتلال الصهيوني، خلال مباراة فريقهم أمام أتلتيكو مدريد الإسباني في دوري أبطال أوروبا يوم 25 تشرين الأول/اكتوبر 2023، كما رفع المشجعون لافتاتين كبيرتين في مدرجات « ملعب سلتيك بارك » كتب عليهما » فلسطين حرة » و « الدّعم للمقاومة » ومجموعة « اللواء الأخضر » هي مجموعة من مُشجعي نادي سلتيك الأسكتلندي، تشكلت سنة 2006، وتشتهر بنزعتها الجمهورية الأيرلندية ودعمها الثابت للقضية الفلسطينية، وأصدرت إدارة النادي قبل المباراة بيانا تطالب فيه « بعدم عرض اللافتات والأعلام في الملعب » لكن محاولاته باءت بالفشل، وطالما كان هناك قسم من مشجعي سلتيك مرتبطين بالقضية الفلسطينية، حيث سبق أن تعرض النادي لعقوبات من جانب الإتحاد الأوروبي لكرة القدم (يويفا ) بسبب رفع الجماهير لافتات أو أعلام تظهر الدعم لفلسطين، وتعد جماهير سلتيك أول المتضامنين في الملاعب بعد عملية طوفان الأقصى، إذ رفعت يوم السابع من تشرين الأول/اكتوبر 2023 أعلام فلسطين في مدرجات ملعبها، ورفعت لافتتين كُتب على الأولى « الحرية لفلسطين »، و »النصر للمقاومة » خلال المباراة التي فاز بها « سلتيك » على ضيفه كيلمارنوك في الدوري الأسكتلندي.
جماهير نادي سيلتيك غلاسغو مع فلسطين
أسس مُهاجرون كاثوليك من إيرلندا نادي سيلتيك في غلاسكو ( اسكتلندا)، سنة 1887، ودأبوا على جَمْع الأموال والتّبرّعات للأسر الفقيرة، وكان لمشجعي النادي علاقات طويلة الأمد بالقضايا الاجتماعية والسياسية وبدعم اللاجئين والمُهاجرين والفقراء، وظلت الروابط مع جمهورية أيرلندا قوية بعد 136 عاماً من تأسيس النادي، وأيرلندا بلد لديه ما قد يسميه البعض قرابة طبيعية مع الفلسطينيين (وهناك أيضاً دعم قوي للشعب الفلسطيني بين الجمهوريين في أيرلندا الشمالية)، ولم يتخلف مشجعو سيلتيك الإسكتلاندي أبدًا عن دعمهم للشعب الفلسطيني، حيث يمكن ملاحظة عدد كبير من الكوفيات والرايات الفلسطينية في طوابير الإنتظار قبل الدّخول إلى الملعب وفي المدارج، إلى جانب رايات وألوان نادي سيلتيك غلاسغو ( اللونان الأخضر الدّاكن والأبيض)، وبعد العدوان الصهيوني كان المعلب يعج بالرايات الفلسطينية خلال مباراة يوم السادس والعشرين من تشرين الأول/أكتوبر 2023 التي حضرها نحو 55 ألف متفرّج ومن الشائع رؤية الأعلام الفلسطينية في مباريات كرة القدم في أيرلندا (ليس فقط في مباريات كرة القدم، بل في كرة القدم الغيلية أيضًا)، بما في ذلك آخر مباراة لجمهورية أيرلندا على أرضها، ضد اليونان في دبلن، بعد أسبوع من بدء العدوان الصهيوني، حتى أن أحد أبرز الأندية في أيرلندا، نادي بوهيميانز، ومقره دبلن، يرتدي قميصًا خارجيًا يُطلق عليه « قميص فلسطين الخارجي » ( لدى خوض المباريات خارج ملعبه) ويعتبر أحباء نادي سيلتيك أنفسهم امتدادًا لحركات التضامن مع الفقراء والمهاجرين ومع الشعوب المُضْطَهَدَة وفي مقدّمتها الشعب الفلسطيني، ولا يقتصر الأمر على التلويح بالأعلام فقط، وخاصة فيما يتعلق بمجموعة مشجعين تُسمى اللواء الأخضر ب »منطقة الزاوية الشمالية المنحنية » في سيلتيك بارك، وتأسّسَ « اللواء الأخضر » سنة 2006، وعرض أعضاؤه قمصانًا أو لافتات مؤيدة للجيش الجمهوري الأيرلندي وغنوا هتافات مؤيدة له مما أدّى إلى توجيه اتهامات لهم بدعم الإرهاب من قِبَل الإتحاد الأوروبي لكرة القدم، كما تمت معاقبة النادي إثر رفع لافتات تقارن بين ويليام والاس، أحد القادة خلال الحرب الأولى لاستقلال اسكتلندا في القرن الثالث عشر، وبوبي ساندز، عضو الجيش الجمهوري الأيرلندي الذي توفي مضربًا عن الطعام في السجن سنة 1981 كما رفع المشجعون لافتات مناهضة للإتحاد الأوروبي لكرة القدم، وخلال سنة 2020، نظّم مُشجعوا نادي سلتيك تظاهرة في شوارع مدينة غلاسكو لإضافة أسماء شوارع بديلة إلى الطرق التي سميت على اسم الاسكتلنديين الأثرياء الذين كانوا يمتلكون مزارع في الخارج، واستبدلوا أسماء هؤلاء الأثرياء بأسماء مثل روزا باركس وجوزيف نايت وجورج فلويد في أعقاب وفاة الأخير، قائلين إنهم « يحتفلون بأولئك الذين قاتلوا ضد العبودية »، واشتهرت مجموعة « اللواء الأخضر » بموقفها المناهض للنظام الملكي، وبعد وفاة الملكة إليزابيث الثانية ( 1926 – 2022 )، ظهرت لافتة في قسمهم من ملعب سيلتيك تقول: « أسقطوا التاج » وبعد ساعات قليلة من العملية التي نفذتها المقاومة الفلسطينية يوم السابع من تشرين الأول/اكتوبر 2023، كُتب على لافتة لواء الخضر في مباراة سيلتيك على أرضه ضد كيلمارنوك: « النصر للمقاومة » وكُتب على لافتة أخرى: « فلسطين حرة »، مما أثار غضب إدارة النادي والمدرب، خصوصًا وإن النادي يضم لاعبا صهيونيا متعصبا وعددًا قليلا من المشجعين اليهود الذين يحضرون مبارياته، ويدعمون الكيان الصهيوني، وقدّم المجلس التمثيلي اليهودي ( إحدى المنظمات الصهيونية العديدة ) شكوى إلى النادي، سنة 2021، عندما رُفعت مئات الأعلام الفلسطينية بعد أن سمح النادي للمشجعين بإحضار لافتات تكريمًا لرحيل لاعب خط الوسط المخضرم سكوت براون، وبعد الدعم العلني الذي حظي به الفلسطينيون في أعقاب عملية المقاومة يوم السابع من تشرين الأول/اكتوبر 2023، أصدر النادي بيانا أدان فيه بشدة هذه العملية، بذريعة « إن سلتيك نادٍ لكرة القدم وليس منظمة سياسية (…) ولذلك، لطالما أكد النادي على عدم قبول الرسائل واللافتات السياسية في ملعب سلتيك بارك، أو أي مباراة يشارك فيها نادي سلتيك ».
حاولت إدارة النادي مَنْع دخول أعضاء مجموعة « اللواء الأخضر » إلى الملعب قبل مباراة دوري أبطال أوروبا على أرضهم ضد أتلتيكو مدريد الإسباني ، ولم تفلح، وكان الإتحاد الأوروبي لكرة القدم قد أقَرّ غرامات من بينها غرامة إثر أحداث مباريات خارج أرض النادي ضد فينورد الهولندي في دوري أبطال أوروبا، وضد موذرويل المحلي بقيمة عشرين ألف جنيه استرليني أو ما يعادل 24,3 ألف دولار، ولم يُعرِ المشجعون اهتمامًا للتحذيرات، حيث امتلأت مدرجات النادي بالأعلام الفلسطينية، بل كان حجم الدعم للفلسطينيين أكبر من المتوقع، منذ تكثيف العدوان الصهيوني، وحاولت كاميرات التلفزيون إخفاء هذا الجانب من مدارج الملعب
زارت مجموعة « اللواء الأخضر » الضفة الغربية خلال السنوات الأخيرة، حيث قدمت مساعدات إنسانية، وجمعت تبرعات، وساهمت في إطلاق أكاديمية لكرة القدم في مخيم عايدة للاجئين الفلسطينيين، مما أتاح للشباب والكبار فرصة لعب كرة القدم، وتعاونت فرقة « برايمال سكريم » لموسيقى الروك من غلاسكو مع نادي عايدة سلتيك لكرة القدم، حيث وضعت اسمها على قميص، خصصت عائدات مبيعاته لدعم المخيم، ويعتبر العديد من مُشجعي النادي إن قضية الإستعمار الإستيطاني في فلسطين مُشابهة لقضية إيرلندا، حيث تُعزف في مباريات سلتيك على أرضه أغانيٌ تُعبّر عن الوحدة الأيرلندية وحرب الاستقلال الأيرلندية، مثل « نعمة » و »حقول أثينري » و »هذه الأرض أرضك »، ويُخلّد النادي المجاعة الأيرلندية بانتظام بشعار على قمصان لاعبيه، فقد وُلِد النادي « لأسباب سياسية » وامتدّ الدعم للفلسطينيين إلى عدّة مجموعات أخرى من مُشجّعي النادي، إلى ما هو أبعد من مجموعة « اللواء الأخضر » في ملعب « سلتيك بارك » لأن سلتيك غلاسغو كان دائمًا أكثر من مجرد نادي كرة قدم.
يعد نادي سلتيك أهم نادي كرة قدم في اسكتلندا ويُعتبر جمهوره ( خصوصًا مجموعة « اللواء الأخضر » ) من أكبر داعمي الشعب الفلسطيني، بشكل مُستمر حيث يرتدي آلاف المشجعين الكوفيات في المدارج وخارج الملاعب، ويتناولون الفلافل، ويلوحون بالأعلام الفلسطينية، ونادي سلتيك لكرة القدم، نادي عريق، هو واحد من 23 فريقًا فقط فازوا بدوري أبطال أوروبا (المعروف سابقًا بكأس أوروبا)، البطولة الأوروبية الأبرز للأندية، ويستغل قِسْم من جماهيره المدارج كوسيلةً للتغيير الاجتماعي التقدمي والجذري، بما في ذلك دعم المقاومة الفلسطينية، رغم الخلافات الحادةً بينهم وبين مسؤولي كرة القدم، ففي سنة 2016، استضاف نادي سلتيك مباراةً تأهيليةً لدوري أبطال أوروبا ضد فريق هبوعيل بئر السبع الصهيوني، واحتجاجًا على ممارسات الإحتلال في فلسطين، نظمت « الكتيبة الخضراء » عرضًا حاشدًا للأعلام الفلسطينية، محوّلةً جزءًا كبيرًا من الملعب إلى جدارٍ من الأسود والأبيض والأخضر والأحمر، وعاقب الاتحاد الأوروبي لكرة القدم (UEFA)، نادي سلتيك، بتغريمه 8600 جنيه إسترليني (أكثر من 11 ألف دولار أمريكي)، وردًا على ذلك، أطلق « اللواء الأخضر » حملة « مُضِف الغرامة من أجل فلسطين »، بهدف جمع مبلغ مماثل لصالح جمعية « المساعدة الطبية لفلسطين »، وانتشرت الحملة على نطاق واسع، وجمعت 176 ألف جنيه إسترليني (أكثر من 200 ألف دولار أمريكي) مما يُعتَبَر رسالة سياسية، مثل تلك التي أطلقها المُشجعون خلال نهائي كأس اسكتلندا للعام 2018، لما رفعت الكتيبة الخضراء لافتات عملاقة في الدقيقة السبعين من المباراة، إحياءً للذكرى السبعين للنكبة، كُتِبَ على اللافتات: « أوقفوا الإبادة الجماعية. أوقفوا الصهيونية ».
ازدادت وتيرة المظاهرات التضامنية العلنية مع فلسطين وتنظيمها، منذ السابع من تشرين الأول/اكتوبر 2023، ففي مباريات الدوري، بات من الشائع رؤية جدران من الأعلام الفلسطينية تحمل عبارات مثل « حرروا فلسطين. النصر للمقاومة »، وفي مباراة دوري أبطال أوروبا مع أتلتيكو مدريد، أنشد المشجعون أغنية « لن تمشي وحدك أبدًا »، مُهدين إياها لأهل غزة، ووجّه المشجعون خلال مباراة سلتيك ضد إس كيه سلوفان براتيسلافا السلوفاكي، رسالة دعم للشعب الفلسطيني: « بإمكانهم قمعكم. بإمكانهم سجنكم، لكنهم لن يكسروا معنوياتكم أبدًا »، وفاز سلتيك في المباراة بنتيجة 5-1، لكن تضامن مشجعي سلتيك يتجاوز الشعارات إلى جمع التبرعات وإلى توسيع حيز التضامن مع الشعب الفلسطيني، ففي أعقاب حادثة مباراة هبوعيل بئر السبع ( آب/أغسطس 2016 )، ساهم « اللواء الأخضر » في تأسيس فريق شقيق، « لاجي سلتيك »، لسكان مخيم عايدة للاجئين في بيت لحم، وتضم أكاديمية النادي الجديد أكثر من 80 طفلا مُسجّلين كلاعبين، بالإضافة إلى فريق أول للكبار يسعى لحجز مكان في الدوري الفلسطيني الممتاز، ويرتدي لاعبو « لاجي سلتيك » ألوان العلم الوطني الفلسطيني، بالإضافة إلى حلقات خضراء وبيضاء – تكريمًا لناديهم الاسكتلندي الشقيق، و »لاجي سلتيك » ليس مجرد نادٍ رياضي، بل هو « وسيلة لكسر الحواجز وجلب الأمل » إلى أبناء فلسطين…
لم تتقبل السلطات البريطانية تصرفات مشجعي سلتيك بصدر رحب، وسعت لمعاقبتهم، كما أعربت إدارة نادي سلتيك عن استيائها، بل منعت العديد من أعضاء « اللواء الأخضر » من حضور المباريات، إلا أن تصرفاتهم لاقت إشادة من جميع أنحاء العالم، ورفع نادي غلطة سراي، بطل تركيا ، لافتة ضخمة كُتب عليها: « نشكر جماهير سلتيك على دعمهم الثابت لفلسطين ».
ما الذي يُفسر التقارب بين مشجعي سلتيك والقضية الفلسطينية؟ قالت دانييلا لاتينا، وهي أكاديمية من غلاسكو ومشجعة لسلتيك: « إن فهم جذور النادي هو مفتاح الإجابة على هذا السؤال »، فقد وُلِد النادي من رحم المجاعة الكبرى في منتصف القرن التاسع عشر، وهي إبادة جماعية من صنع الإنسان إلى حد كبير، أدت إلى انهيار محصول البطاطس في أيرلندا، وأصرت السلطات البريطانية – التي كانت ولا تزال تحكم أيرلندا – على استمرار تصدير الإنتاج الزراعي الأيرلندي إلى إنغلترا، وعرقلت جهود الإغاثة من المجاعة، وأوضحت الباحثة « دانييلا لاتينا » أن النتيجة كانت موت نحو مليون شخص ونزوح جماعي لملايين آخرين، ولا تزال المجاعة الكبرى تُخيّم على المجتمع الأيرلندي، ولم يتعافى سكان إيرلندا إلى اليوم من آثار هذه المجاعة، لأن عدد سكان أيرلندا لا يتجاوز المستوى الذي كان عليه خلال ثلاثينيات القرن التاسع عشر، وخلال تلك المجاعة تلقى الشعب الإيرلندى مساعدات غذائية من الشعب الفلسطيني – الذي كان تحت الإحتلال العثماني – بقيمة عشرة آلاف جنيه استرليني وحبوبًا وأغذية وأدوية… ودفعت تلك المجاعة مئات الآلاف من الأيرلنديين إلى الفرار إلى اسكتلندا، وخاصةً إلى مدينة غلاسكو، وكثيرًا ما عومل هؤلاء اللاجئون معاملة سيئة وعاشوا في ظروف بائسة، وتأسس نادي سلتيك لكرة القدم، في تلك الظروف ( سنة 1887) كمؤسسة اجتماعية من قِبَل « قِسّ » كاثوليكي محلي، بهدف استخدام أرباح مبيعات التذاكر لتمويل مطابخ الحساء المجتمعية الكاثوليكية الأيرلندية، وهكذا، مثَّلَ نادي سلتيك، منذ بداياته، اللاجئين والمهاجرين والفقراء والفئات الأكثر تهميشًا في المجتمع، في حين كانت حركة استقلال أيرلندا ( المحتلة من قِبَل انغلترا منذ أكثر من سبعة قُرون) تكتسب زخمًا، خصوصًا بعدما جلبت السلطات البريطانية أعداد كبيرة من المستوطنين البروتستانت إلى الجزيرة، ومُنحوا امتيازاتٍ خاصة وأراضٍ، وطُرد منها السكان المحليون، ورغم حصول جمهورية أيرلندا على استقلالها عام 1921، لا تزال الجزيرة مقسمةً، حيث أصبح البروتستنتيون أغلبية في إيرلندا الشمالية التي لا تزال مُحتلّة، ويشعر سكانها بالتعاطف مع الشعوب المُضطَهَدَة.
حرب صهيونية على كرة القدم
سعى الكيان الصهيوني، في إطار حربه المستمرة ضد الشعب الفلسطيني والشعوب العربية، إلى محو رموز الثقافة والهوية الفلسطينية، بما في ذلك كرة القدم، وخصوصًا منذ 7 تشرين الأول/اكتوبر 2023، حيث قُتل ما لا يقل عن 700 رياضي وحَكَم ومسؤول رياضي فلسطيني، في غزة وفي الضفة الغربية والقدس، وتم اعتقال وتعذيب العديد منهم، وسبق ان قتل الجيش الصهيوني شقيقَيْن رياضِيّيْن خلال كمين في الضفة الغربية، كما تعمد الجيش الصهيوني إ تدمير الملاعب الفلسطينية، ومنع المنتخب الوطني الفلسطيني من مغادرة البلاد لعقود، مما أجبره على الانسحاب من المسابقات الدولية، ونتيجةً لذلك، أصبح المنتخب الوطني الآن يضم في معظمه لاعبين من جاليات الشتات، وكان أعمال القمع والقتل والتدمير إحدى أسباب احتجاج مُشجعي بعض النوادي على مشاركة النوادي الصهيونية في البطولات الأوروبية، ومن بينهم مشجعو سيلتيك غلاسغو الذين رفعوا خلال مباراة ناديهم في دوري أبطال أوروبا مع بايرن ميونيخ، لافتة ضخمة تطالب السلطات بـ »إظهار البطاقة الحمراء لإسرائيل »، وشهدت مباريات في إيطاليا وإسبانيا وفرنسا واليونان وأيرلندا وتركيا وماليزيا مظاهرات مماثلة، وأوضح متحدّث باسم مجموعة « بطاقة حمراء لإسرائيل » ( Red Card Isrel ) إن تعليق مشاركة الكيان الصهيوني في الأحداث الرياضية من شأنه أن يوضح أن « انتهاك حقوق الإنسان يؤدي إلى الإقصاء على المستوى الدولي وأن الكيان الصهيوني لا يستطيع الاستمرار في تجاهل القانون الدولي بشكل صارخ بينما لا يزال يتمتع بامتياز المشاركة الدولية في الرياضة ».
يشير مؤيدو الحظر إلى أن السلطات تتخذ بانتظام إجراءات ضد الدول القومية، فقد مُنِعَت يوغسلافيا خلال العقد الأخير من القرن العشرين، من المشاركة في كأس العالم 1994 وسط حرب أهلية في البلقان، ومُنعت روسيا، سنة 2022، من المشاركة في كأس العالم والألعاب الأولمبية بسبب غزوها لأوكرانيا، ومع ذلك تقف السلطات الأوروبية والمؤسسات الرياضية الدّولية إلى جانب الكيان الصهيوني الذي يفلت دائمًا من المحاسبة والعقاب، بل تتخذ هذه السلطات والمؤسسات الرياضية الدّولية إجراءات ضد المحتجين على الإبادة الجماعية التي يرتكبها الكيان الصهيوني بدعم من الإمبريالية العالمية، ويبقى مشجعو سيلتيك إلى جانب فلسطين، مهما كانت الظروف، فقد تعاطف مُشجعو نادي سلتيك غلاسغو بالأمس مع شعب إيرلندا ومع شعب جنوب إفريقيا ضدّ الميز العنصري، ويتعاطفون منذ سنوات مع الشعب الفلسطيني، ومع القضية الفلسطينية لأن تاريخ أجدادهم، في معظمه، متشابه، فقد أدى التهجير والمجاعة إلى وفاة أكثر من مليون قتيلـ وأصاب الدمار أراضي الناجين ونفسياتهم مما أدّى إلى نزوح أعداد كبيرة من الأيرلنديين إلى جميع أنحاء العالم…
التضامن بين مُضْطَهَدِي العالم:
إن تضامن مجموعة « اللواء الأخضر » من مُشجعي نادي سلتيك غلاسغو مع المحرومين والمضطهدين أمر طبيعي لأن تاريخ النادي وتاريخ اللاجئين الإيرلنديين يُشبه تاريخ الفلسطينيين في بعض جوانبه، رغم الملاحقات والغرامات من قِبَل الاتحاد الأوروبي لكرة القدم، ورغم التشويه الذي تنشره معظم وسائل الإعلام ضدهم، في ظل صمت نفس هذه المؤسسات ووسائل الإعلام إزاء مجموعات المشجعين في ألمانيا وإيطاليا وفرنسا وهولندا وغيرها المتعاطفة مع الفاشيين واليمين المتطرف، وهي نفس الفئات التي تستهدف مشجعي سلتيك خلال رحلاتهم الأوروبية بسبب آرائهم المناهضة للفاشية ولليمين المتطرف، وقد أثبت التاريخ أن مشجعي سلتيك والفلسطينيين لا يملكون أصدقاءً يُذكرون في وسائل الإعلام، ولا في الإتحاد الأوروبي لكرة القدم الذي أقرّ غرامة باهظة ضد نادي سلتيك لأنه « أثبت إهماله في منع المشجعين من نقل رسالة سياسية » ( خلال مباراة تصفيات أوروبية مع فريق صهيوني – آب/أغسطس 2016)، حيث تحَوّلت أجزاء كاملة من الملعب إلى بحر من الأعلام الفلسطينية احتجاجا على الاحتلال الصهيوني، بمشاركة مناضلين من مجموعة تحالف فلسطين الذين وزّعوا، قبل بدء المباراة، الأعلام والمنشورات حول النكبة واللاجئين الفلسطينيين والمُندّدة « بموقف الإتحاد الأوروبي لكرة القدم الذي يريد الحفاظ على الوضع الراهن ».
اعتاد نادي سيلتيك الاسكتلندي على الغرامات، وتَعَهَّدَ مشجعوه بتعويض النادي عن أي غرامة قد يفرضها الاتحاد الأوروبي لكرة القدم عليه بسبب رفع العلم الفلسطيني، مع إرسال المبالغ الزائدة عن قيمة الغرامات إلى جمعية المساعدة الطبية الفلسطينية وبعض النوادي الثقافية ورعاية الأطفال في مخيمات اللاجدئين بالضفة الغربية وغزة، وفي غضون 24 ساعة تمكّن مُشجعو سلتيك من جمع أربعين ألف جنيه استرليني ( 52700 دولارا) وارتفع المبلغ خلال أيام قليلة إلى 125 ألف دولار، وأعلنت مجموعة « اللواء الأخضر »إن رفع جماهير سيلتيك للعلم الفلسطيني هو لتذكير شعب فلسطين، أينما كانوا في العالم، بأنهم ليسوا وحيدين وأنهم ليسوا منسيين… »، واستخدم مشجعو النادي موقع ( GoFundMe ) لتنظيم حملة التبرعات في محاولة لخلق « مساهمة إيجابية » للشعب الفلسطيني ومعارضة لقرار الاتحاد الأوروبي لكرة القدم، تحت وَسْم ( MatchFineForPalestine ) ويفتخر مُشجّعو نادي سلتيك بالتاريخ الحافل بتحدي قواعد الاتحاد الأوروبي لكرة القدم المتعلقة برفع الأعلام الفلسطينية…
الطاهر المعز
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