Quoi donc qu’on ne saurait prétendre….Philippe Tancelin

Photo Ernest Puerta – Palestine résistante
Que de mots n’ai-je pas écrit, publié depuis cinq décennies en l’honneur des palestiniennes.iens qu’ils soient des camps oubliés, de Ghaza la suppliciée, de Jordanie, de Cisjordanie occupée ou de la diaspora….Qu’ils soient enfants, adultes, à quelque classe qu’ils appartiennent…Qu’ils soient artistes, poètes ou non, pourvu que j’entende et sache reconnaître leur pas dans la commune histoire de libération des peuples.
Chaque fois j’ai cherché, j’ai espéré, j’ai voulu sculpter des mots à la taille des résonances de leur ferveur en moi.
Aujourd’hui, cinquante ans plus tard, tandis que « l’inchangé » de leur vie d’opprimés, de pourchassés demeure par toute l’étendue criminelle du colonialisme et des néo-colonialistes de ce monde,je persévère sans réserve dans une expression librement consentie en soutien certes et solidarité avec la justesse de leur cause…Mais pas seulement… !… ?
Je m’exclame et je me, nous pose questions :
Depuis tous ces ans, nous artistes, poètes, indignés devant cette hypocrisie politique, morale,intellectuelle d’un Occident dans le déni de ses fondamentaux,…NOUS:qu’en reflétons-nous encore qui nous place au mieux dans les rangs d’un humanisme orphelin de la lumière voire trop souvent d’un humanitarisme avilissant ?
Qu’est-ce qui dans nos écritures, notre travail de la langue, nos multiples expressions-expériences artistiques y compris critiques, résonne profondément avec les valeurs en devenir pour la libération et toutes leurs représentations d’avenir lointain comme de futurs proches ?
En quelle proximité nôtre avec la liberté parfois lointaine de l’autre, situons-nous contenus et formes de nos expressions-créations ?
A-travers les nombreuses œuvres de résistance culturelle artistique que les palestiniens créent depuis la « Nakba » qu’est-ce qui dans nos propres formes de solidarité artistique avec eux a changé ? Qu’est-ce qui s’est transformé, voire, fut bouleversé dans nos œuvres et les représentations que nous nous faisons et livrons de la chair sensible de leur combat ?
A quelle figure de compassion renonçons-nous, tandis que les artistes palestiniens ne s’expriment avec aucun des accents victimaires qu’on voudrait insolemment leur prêter ?
Qu’est-ce qui depuis leur être de sérénité dans l’épreuve de l’intolérable, bouleverse nos propres catégories esthétiques-politiques ?
Qu’est-ce que d’un poème du poète Refaat Alareer (assassiné par l’occupant) et de tant d’autres artistes disparus sous les décombres ou survivants ce jour, retenons-nous par cette citation « Que ma mort apporte l’espoir » ?
Quel espoir dressons-nous en « Commune » aspiration de nos œuvres pour les leurs, de sorte que vivions tous hors des cendres, hors de la mort programmée par l’usurpateur ?
Ces quelques interrogations sans prétention de réponse mais plutôt de recherche, s’adressent à nous, artistes musiciens, plasticiens, sculpteurs, danseurs, gens de théâtre, poètes, cinéastes…, nous tous et chacun.e depuis une confrontation sincère des effets de résonances de nos écritures avec la liberté défendue là-bas chairs à chairs..
Que ne considérons-nous la montagne depuis la surrection nos propres œuvres !
En serais-je là, moi-même à l’instant de l’ECRIRE,…Il faudrait que sitôt s’en suive l’autre poème, poèmement autre….

Philippe Tancelin
2 Décembre 2025
Illustrations Ernest Puerta