1° partie- Inspirée d’ INITIATIVE COMMUNISTE (Revue mensuelle du Pôle Renaissance du Communisme en France)- De Hubbard-

Le texte ci-dessous ( en 2° partie) nous a été transmis par des représentants au sein de la diaspora malgache du Mouvement GenZ. Ce mouvement, plutôt spontané, semble s’être inspiré par l’émulation des évènements au Népal. Il travaille bien heureusement à son organisation. Quelques éléments apparaissent indispensables à la bonne compréhension des évènements

La décolonisation inachevée se manifeste sur le plan économique. Madagascar figure parmi les seuls pays au monde à s’être appauvris sans discontinuer ces dernières décennies. Aujourd’hui, + de 60% de sa population vit sans électricité et 80% sous le seuil de pauvreté.

Son économie présente les traits typiques d’une néo-colonie. Elle reste majoritairement agricole (4/5 malgaches sont paysans). Son agriculture est largement tournée vers l’exportation: girofle, vanille (1° producteur mondial), cacao (non transformé sur l’île) , sucre,  poivre, café. Elle peine à assurer la subsistance de sa propre population, ce qui oblige l’Etat à importer du riz de qualité douteuse alors que la plupart des Malgaches ne mangent qu’ une fois par jour, du riz juste accompagné de sel. La pêche aussi et l’élevage crevettiers – les fameuses “crevettes roses de Madagascar” – sont en grande partie tournée vers l’exportation.

Le désengagement de l’Etat dans les raffineries de sucre en a fait chuter la productivité, et en 2019 la production locale ne couvrait qu’à peine 50% de la demande. Sous la pression des institutions financières impérialistes, le secteur du coton a été privatisé en 2004, Il n’y a pas d’ entreprise malgache, même privée, pour s’occuper de l’exploitation minière d’un sous-sol bien garni…

Donc, les 2 personnages politico-financiers (Andry Rajoelina, président de la République et Mamy Ravatomanga, 2e plus riche du pays, très proches), fustigés par les manifestants ont fini par prendre leurs jambes à leur cou: Les Malgaches ne s’y sont pas trompés en ciblant ces classiques relais de l’impérialisme, qui parlent de développement mais qui ont bien pris soin d’éviter l’industrialisation, pour se consacrer soit au tertiaire, soit à la gestion locale de l’exploitation des petits paysans.

Avant de devenir maire d’Antanarivo, la capitale, en 2007, puis président de la République, Andry Rajoelina était DJ, puis s’occupait d’affichage publicitaire, avant de lancer sa propre chaîne de télévision. Mais, il se heurte à la fermeture de sa chaîne de télévision par le gouvernement, ce qui le poussera à s’associer à un mouvement de contestation dont le caractère composite empêchait toute rupture sérieuse, mais qui le portera au pouvoir une 1° fois, dans un scénario typique de confrontation entre 2 factions de bourgeoisie compradore, le président de l’époque étant plutôt proche des américains et Andry Rajoelina des français. Il acquiert donc la nationalité française en 2014, ce qui lui a beaucoup coûté en terme de popularité, peut-être par la prévoyance d’un départ forcé… Rajoelina a instauré un système autoritaire avec emprisonnement arbitraire politique, basé sur une corruption intégrale et une garde prétoriennene issue de la Gendarmerie – celle qui a tué les manifestants.

Mamy Ravatomanga est à la tête d’un empire financier s’occupant aussi bien de sous-traitance pétrolière, de BTP, de presse, d’hôtellerie, de tourisme et de santé (poly-cliniques privées, monopole du transport routier, et d’aérodromes. Ses pratiques monopolistes dans l’exportation agricole de rente rendent toute production concurrente impossible, le marché lui est fermé, ce qui achèvent de le faire détester par une population majoritairement paysanne. Il a également été dans le viseur des justices malgaches et françaises, et aujourd’hui dans celui de la justice mauricienne, pour divers délits financiers et de la fraude fiscale. L’enquête ouverte à son encontre par le Parquet National Financier (français) a été annulée en 2023…Pierre Bleue, comme on l’appelle à Mada(gascar), a placé rien qu’à Maurice, 28 milliards d’euros volés au peuple tandis que la dette Malgache est de 10 milliards.

On comprend donc que la plaine était prête à s’embraser à la moindre étincelle! Ce furent les insuffisances aberrantes de la Jirama, la compagnie nationale de production d’eau. Le lobby des importateurs de carburant avait forcé la JIRAMA, à s’en tenir aux couteuses et peu écologiques centrales thermiques aux dépens des centrales hydrauliques plus économes. L’État devait ainsi subventionner la JIRAMA qui devint un gouffre financier dans lequel puisaient ces prédateurs incarnés par Rajoelina au pouvoir. La JIRAMA, sensée fournir eau et électricité à la population de Madagascar ( à une partie), mais qui soumettait le peuple à des coupures de plus en plus longues, jusqu’à 12 heures par jour!

A Madagascar comme dans beaucoup de pays d’Afrique soumis à la poigne de fer impérialiste, subsiste une entreprise publique chargée de fournir l’énergie; ce qui peut paraître fantaisiste au regard de la frénésie privatisante des organismes financiers qui dictent leur loi, mais qui s’explique aisément par 2 fonctions:1-Fournir en énergie les monopoles étrangers opérant sur le territoire à un prix d’autant plus sympathique qu’il est subventionné par l’Etat 2-Offrir une source d’enrichissement aux membres de la clique dirigeante compradore à qui l’on confie l’entreprise, qui peuvent détourner une partie des fonds d’aide internationaux destinés à financer le développement promis….

La Gen Z est constituée des – de 30 ans (nés entre 1990 et 2010), soit la majorité de la population. L’équipe initiatrice de la Gen Z fait partie des classes moyennes prolétarisées, les étudiants des universités qui vivent et travaillent dans des conditions misérables. Un des signes visibles de cette misère sont les coupures d’électricité et d’eau dont sont victimes 30 % de Malgaches qui y ont accès, soit tous des citadins.

Le chef de l’État voyant ses réseaux sociaux se retourner contre lui, chaque ministère en vint à alimenter de faux comptes pour désinformer ou attaquer les facebookers rebelles. Ces derniers ne manquèrent pas de révéler les scandales de plus en plus nombreux causés par les tenants du régime : l’arrestation en flagrant délit à Londres de Romy Voos, la chef du cabinet du président, accusée de tentative de corruption ; les certificats de complaisance accordés aux Iraniens pour l’achat de 5 Boeings américains, impliquant l’un des fils du Président ; sans parler des frasques d’une sénatrice qui fit emprisonner son propre mari…

C’est dans ce contexte que les amateurs de réseaux sociaux suivirent à partir du 8 septembre les pérégrinations de la GenZ népalaise. Un petit groupe de jeunes étudiants et lycéens appelèrent à manifester dans les rues des grandes villes contre les coupures d’électricité et d’eau. Les étudiants furent les premiers à répondre à l’appel. La répression fut brutale.

La situation se tend rapidement et la présidence, arguant de très louches pillages nocturnes effectués tranquillement sous les yeux de la police, fait donner la troupe: + de 22 morts, et des dizaines de blessés. Le tournant sera la participation de certaines divisions de l’armée à des manifestations: le 11 Octobre, la CAPSAT refuse de tirer et rejoint le cortège, le lendemain Rajoelina est exfiltré par l’armée française.

“Encore” les militaires ! disent les « Occidentaux ». Oui mais dans un pays où la bourgeoisie a renoncé à toute dignité nationale, où les artisans, qui compose avec le manque d’électricité qui fait tourner ses archaïques outils de travail, où il ny a pas d’organisation nationaliste populaire, les masses peuvent certes déclencer la crise; mais pour la sortie, c’est le coup d’Etat militaire ou l’intervention étrangère (les 2 ne s’excluant pas). L’ ex président, déjà hors du territoire, annonce prendre un décret dissolvant une Assemblée où il dispose d’une large majorité. En réponse, elle décide de le destituer par 130 voix sur 163 députés..et lui a retiré sa nationalité Malgache en vertu de la Constitution, il n’a donc même plus le droit de revenir ! 

Alors, Hourra! pour les fils du peuple, ces militaires qui ont arraché le pouvoir au tyran.

N’oublions pas que c’est de Madagascar que Sankara était revenu initié au marxisme à l’occasion d’une formation militaire; où le bouillonnement révolutionnaire agitait le milieu des sous-officiers à l’époque. Le nouvel homme fort du régime, Michael Randrianirina, a étudié à l’Université d’Antsirabe, la même que le dirigeant burkinabé avait fréquenté. Michael Randrianirina avait été sanctionné en 2023 pour incitation à la mutinerie et préparation d’un Coup d’Etat. Pourtant il avait été nommé à la tête de la fameuse CAPSAT grâce à sa forte popularité au sein de l’armée et, en 2009, avait joué le même rôle pour l’installer à la tête du pays. D’ailleurs, il n’y a pas eu d’affrontement entre factions des forces armées suite à sa prise de pouvoir en tant que chef d’Etat-Major puis en tant que dirigeant national.

Néanmoins, il va falloir manoeuvrer avec tact pour garder à la fois le soutien populaire sans brusquer un appareil d’Etat quasi intact. La rapidité du processus de rupture des 2 derniers mois laisse des lignes de front politiques chaotiques. Le nouveau dirigeant a pu montrer d’ores et déjà une certaine habileté puisqu’il a obtenu sa nomination à la tête de la “Transition” par la Haute Cour Constitutionnelle après avoir menacé de la dissoudre. Il a en revanche du donner des gages aux institutions politiques internationales, comme l’Union Européenne ou l’Union Africaine, qui agitent la menace d’une suspension de l’aide internationale. Bref, les recettes habituelles de l’impérialisme pour reprenne la main.

Les militants de la GenZ ont donc raison de s’activer pour leur organisation et de revendiquer une vigilance sourcilleuse envers le pouvoir dit “de Transition”. Comme on dit: “la confiance n’exclut pas le contrôle”.

2° partie- Repela Manankasy-Madagascar : une décolonisation inachevée

(25 octobre 2025)

65 ans après son indépendance, Madagascar reste prisonnière des structures héritées du colonialisme français. Si la décolonisation a bien été amorcée, elle n’a jamais été pleinement accomplie. Derrière l’image d’une souveraineté retrouvée, persiste une dépendance profonde — politique, économique et intellectuelle.

L’histoire coloniale de Madagascar commence officiellement le 6 août 1896, lorsque la France met fin à la monarchie malgache et installe son administration. Cette île, riche en ressources naturelles et stratégiquement très bien située, a depuis toujours attiré les convoitises.

À la fin des années 1950, alors que soufflent les vents des mouvements anti-impérialistes et anticoloniaux, le général Charles de Gaulle comprend que la France ne peut contenir à la fois la guerre d’Indochine et la montée des revendications dans ses colonies africaines. Il choisit alors de promouvoir une indépendance négociée, sous la forme d’une continuité institutionnelle: la Communauté française. Le référendum du 14 octobre 1958 marque l’entrée de Madagascar dans cette Communauté, une autonomie sous tutelle où la France conserve la haute main sur l’économie, la défense et la diplomatie.

Les colonisateurs avaient déjà préparé des élites locales à prendre la relève. Ces collaborateurs, formés ou encadrés par l’administration française, prennent le pouvoir lors de l’accession à l’ indépendance. Les observateurs et chercheurs de la Françafrique parleront de « gouverneurs noirs » : les colons s’en vont, mais leurs relais demeurent.

Philibert Tsiranana en est l’exemple emblématique. Il a lui-même dit avec fierté qu’il était formé par le Général De Gaulle. Il fut l’un des fondateurs du PADESM, un parti politique soutenu par la France pour rivaliser avec le MDRM, mouvement nationaliste réprimé lors de l’insurrection de 1947. Derrière la façade de l’indépendance, la France maintient son influence à travers une série d’accords de coopération dans des secteurs clés : défense, justice, ressources stratégiques, enseignement supérieur et politique étrangère.

Le 26 juin 1960, Madagascar proclame son indépendance. Mais, comme le soulignait Frantz Fanon dans Les Damnés de la Terre (1961), « la violence est nécessaire à la libération totale ». Autrement dit, il n’y a pas de rupture véritable sans conflit de fond. Or, l’indépendance malgache fut négociée, pacifique, et donc incomplète. Il ne faut pas non plus oublier le détachement arbitraire des Îles Éparses, acté par décret le 1er avril 1960? la veille même de la signature des accords d’indépendance. Cet épisode, souvent passé sous silence, montre combien cette indépendance fut juridiquement et symboliquement incomplète. Les luttes populaires, de 1947 à la révolution de 1972, ont exprimé le désir d’émancipation, sans toutefois renverser les structures profondes de dépendance. Même après la signature de nouveaux accords par Didier Ratsiraka en 1973, la présence française demeure visible dans la vie politique, économique et culturelle du pays. Madagascar continue d’évoluer dans un cadre institutionnel et mental largement hérité du modèle colonial. Cette dépendance, parfois invisible, s’est simplement adaptée aux temps modernes.

Au-delà de la domination politique, la colonisation a profondément marqué les mentalités. Elle a ancré dans la conscience collective une hiérarchie symbolique : le colon “supérieur”, le colonisé “inférieur”. Cette fracture, transmise de génération en génération, se manifeste encore dans la culture, la langue et les représentations. Les penseurs postcoloniaux, tels qu’Edward Saïd (L’Orientalisme, 1978), ont appelé à une décolonisation intellectuelle : déconstruire le regard occidental, redonner voix et dignité à ceux qui ont été réduits au silence. Il faut déconstruire le regard binaire qui fixe de façon déséquilibrée et inégalitaire les identités entre l’Occident et l’Ailleurs. Comme le rappelait Saïd, les intellectuels ont la responsabilité de retrouver la mémoire, de réhabiliter l’histoire et de transmettre un savoir libéré des logiques coloniales. Fanon, de son côté, parle de désaliénation : un processus qui exige l’abandon du mode de pensée hérité du colon. Les intellectuels doivent combattre l’oppression culturelle et psychologique en changeant radicalement de perspective, en s’ancrant aux côtés du peuple dans sa lutte pour l’émancipation. Ce n’est qu’à cette condition que les séquelles psychosociales laissées par le système colonial, véritables pathologies de la domination, pourront être surmontées.

Pour la philosophe Seloua Luste Boulbina, spécialiste en études post-coloniales, « l’hégémonie n’a pas disparu : l’indépendance n’a pas mis fin à l’inégalité entre les nations ». Elle rappelle que « l’indépendance n’est pas la fin de la décolonisation, mais le début ». Cette réflexion souligne que la décolonisation n’est pas un événement ponctuel mais un processus, une transformation lente, politique, économique, culturelle et psychologique.

Comme le rappellent plusieurs juristes, la décolonisation véritable consiste à bâtir les conditions d’une souveraineté effective, et non une indépendance formelle. Le juriste Carré de Malberg affirmait déjà en 1920 que la souveraineté externe est «en essence, synonyme d’indépendance». Pourtant, comme l’a montré Stephen Krasner (1999), cette conception relève d’une « hypocrisie organisée » : les États invoquent la souveraineté dans le discours, mais son application dépend toujours des rapports de force et des intérêts stratégiques.

Les anciennes puissances coloniales, dont la France, conservent une influence mondiale durable, par leur rôle au Conseil de sécurité de l’ONU ou à travers leurs réseaux économiques et culturels. On parle de leur puissance pérenne. Mais cette asymétrie ne saurait condamner Madagascar à la soumission. Si le monde est régi par un rapport de forces, Madagascar doit s’allier avec une puissance capable d’équilibrer celle de la France sur le plan géopolitique, mais dans un esprit de coopération équitable.

La colonisation fut violente, et le néocolonialisme l’est encore, sous des formes plus subtiles. La France continue de tirer profit de la faiblesse institutionnelle, du désintérêt des élites intellectuelles et de la corruption des responsables politiques, tandis que la majorité du peuple reste enfermée dans la pauvreté et le désenchantement. Ainsi, la révolution actuelle à Madagascar, depuis le 25 septembre 2025, s’inscrit dans une volonté profonde de rupture totale, tant vis-à-vis du colonisateur que de ses relais locaux. Il est temps de prendre une décision claire et ferme : réaliser enfin cette rupture totale.

L a conscience populaire se réveille. Les Malgaches réclament aujourd’hui une libération réelle, fondée sur la dignité, la mémoire et la justice. L’avenir du pays dépendra de sa capacité à penser par lui-même, à coopérer sans se soumettre, et à bâtir une force collective capable d’imposer le respect. Ce n’est qu’à ce prix que Madagascar pourra tourner la page du passé colonial et écrire enfin sa propre histoire, libre et souveraine.

3° partie-Les îles Éparses : un enjeu géopolitique crucial entre la France et Madagascar

Les Îles Éparses, un archipel méconnu de l’océan Indien, sont aujourd’hui au cœur d’une intense crise diplomatique entre la France et Madagascar. Véritables trésors géographiques, ces îlots inhabités cachent des enjeux stratégiques, environnementaux et économiques considérables. Ce territoire, sous administration française depuis les années 1960, suscite des revendications de souveraineté de la part de Madagascar qui s’appuie sur des arguments historiques et juridiques. Alors que la France prône une cogestion des îles, Madagascar demande leur restitution complète. En effet, les ressources maritimes abondantes associées sont récemment qualifiées par les Malgaches d’« or bleu », révélateur de la valeur économique, écologique et politique de ces espaces marins.

Les Îles Éparses englobent plusieurs îlots : Europa, Juan de Nova, Bassas da India et les Glorieuses. Chacune de ces îles présente des caractéristiques uniques qui participent à leur attrait géopolitique et leur valeur stratégique. Administrées par la France dans le cadre des Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF), ces îles sont situées stratégiquement dans le canal du Mozambique, à proximité de la route maritime principale entre l’Afrique et l’Asie.

  • Europa : S’étendant sur environ 30 km², cet îlot est particulièrement connu pour sa biodiversité et son écosystème fragile. Peu de personnes y résident, sauf pour des missions scientifiques et des patrouilles militaires.
  • Juan de Nova : Avec une superficie d’environ 5 km², cet îlot est également une réserve naturelle qui abrite une faune marine diversifiée, notamment des espèces migratrices.
  • Bassas da India : Cet atoll, difficile d’accès en raison de ses récifs coralliens, soulève des questions de sécurité maritime. Sa localisation est favorable pour la surveillance des voies maritimes.
  • Les Glorieuses : Ce groupe d’îles, bien moins connu, est d’une importance cruciale pour les recherches maritimes et abrite un nombre diversifié d’espèces d’oiseaux et de poissons.

L’intérêt de la France pour ces îles n’est pas seulement d’ordre militaire, mais également économique. Les zones économiques exclusives (ZEE) liées à ces îlots couvrent environ 640 000 km², faisant de cet espace un lieu privilégié pour l’exploitation des ressources maritimes. À ce titre, le thon représente une ressource vitale pour la pêche à Madagascar, mais également pour l’économie française, renforçant ainsi la tension entre les deux pays.

Les Îles Éparses se trouvent au cœur de préoccupations environnementales croissantes. La majorité de ces îlots sont classés comme réserves naturelles, représentant ainsi une immense valeur en matière de biodiversité. Des espèces tropicales protégées ainsi que des récifs coralliens y sont présents, éléments cruciaux pour l’équilibre écologique de la région.

À ce titre, la gestion durable de ces territoires est impérative. La protection des écosystèmes menacés est l’un des principaux arguments pour la cogestion entre la France et Madagascar. Les associations de protection de l’environnement à Madagascar craignent que la pêche excessive et l’exploitation des ressources maritimes, si ces îles étaient intégralement sous contrôle français, entraînent une destruction potentielle des habitats marins et d’importantes pertes de biodiversité.

Un rapport de 2025 spécialement sur l’impact des actions humaines sur ces îles souligne l’importance d’une approche collaborative. Les experts avertissent que sans un dialogue constructif, les maigres ressources naturelles pourraient devenir un fardeau économique pour les générations futures. L’inclusion d’expertises locales dans la gestion de ces îles est indispensable pour assurer la pérennité de leur environnement fragile.

Le cœur du contentieux entre la France et Madagascar réside dans la question de la souveraineté. Alors que le gouvernement français évoque une gestion partagée, Madagascar revendique fermement le retour des îles au sein de son intégrité territoriale. Ce clash est alimenté par un enracinement historique des luttes anticoloniales et des principes de souveraineté nationale.

Les deux parties s’appuient sur des arguments juridiques pour défendre leurs positions. Pour Madagascar, les résolutions de l’ONU des années 1970 ayant traité de la décolonisation sont une référence clé. Ces résolutions ont en effet demandé la restitution des territoires séparés lors de la colonisation, renforçant leur revendication sur les îles Éparses. En réponse, la France cite les accords bilatéraux qui, selon elle, donnent à Paris le droit d’administrer ces territoires.

Cette dispute trouve également un écho dans la mobilisation de la société civile malgache, de plus en plus active. Environ 800 ONG se sont fédérées pour marquer leur opposition à la présence française sur ces îles. Ces organisations exigent non seulement la reconnaissance de la souveraineté d’Antananarivo, mais aussi une prise en compte de la voix des Malgaches dans les discussions concernant ces territoires.

La mobilisation pour la restitution des îles Éparses à Madagascar a gagné en intensité ces dernières années. La société civile, comprenant des acteurs variés allant des ONG aux syndicats de pêcheurs, a exprimé son indignation face à la position de la France. Le constat des inégalités flagrantes en matière d’exploitation des ressources maritimes a alimenté ce mécontentement général et a ainsi fait émerger des critiques profondes à l’égard de la persistance des structures néocoloniales.

Les luttes pour la reconnaissance de la souveraineté se manifestent également au sein de campagnes médiatiques et auprès des réseaux sociaux. Les auditions organisées par des groupes de réflexion et des forums académiques à Madagascar sont devenues courantes, favorisant une prise de conscience collective sur les enjeux relatifs aux Îles Éparses.

ÉvénementDateImportance
Visite d’État d’Emmanuel Macron à MadagascarAvril 2025Évaluation des relations bilatérales
Réunion de la commission mixte30 juin 2025Discussion sur la souveraineté des îles
Mobilisation de la société civile2025Pression sur le gouvernement malgache

Les îles Éparses sont souvent qualifiées d’or bleu pour les richesses maritimes qu’elles recèlent. Les ressources halieutiques de cette zone sont considérables, variant des poissons de fonds aux crustacés. Ce potentiel a conduit à des investissements croissants des deux côtés de la dispute, accentuant encore les tensions.

Pour Madagascar, la récupération du contrôle sur les îles revêt une importance capitale. La pêche, un secteur clé de l’économie malgache, est directement affectée par le statut des ZEE. La présence de la France dans ces eaux est perçue comme un frein à l’exploitation durable des ressources, limitant ainsi les revenus potentiels pour les pêcheurs malgaches.

  • Pêche durable : La possibilité de réglementer l’exploitation halieutique dans la ZEE augmente si Madagascar obtient la restitution de ces îles.
  • Tourisme écologique : Le développement d’un tourisme responsable pourrait s’épanouir si les îles sont gérées par Madagascar, attirant des investissements et générant des revenus.
  • Exploitation des hydrocarbures : Des gisements potentiels de pétrole et de gaz offshore pourraient être découverts, représentant une opportunité économique majeure pour le pays.

La France, de son côté, se positionne comme un acteur clé dans la région, cherchant à maintenir sa présence pour sécuriser ses intérêts économiques et stratégiques. Le contrôle des ressources maritimes dans ce secteur est vital pour garantir la continuité des approvisionnements en produits de la mer tant pour le marché intérieur que pour l’exportation.

RessourcesImportanceImpact sur l’économie malgache
Poissons (thon, crustacés)Ressources halieutiques majeuresEssentielles pour la subsistance
HydrocarburesPorteurs de revenus économiquesPouvant transformer l’économie nationale
Tourisme écologiqueValorisation des ressources naturellesAmélioration de la visibilité internationale

Alors que la situation actuelle semble stagnante, des voies d’apaisement pourraient émerger à travers des négociations permanentes combinées à un engagement authentique des deux gouvernements. Un dialogue constructif est essentiel pour permettre une gestion multipartite de ces îles, prenant en compte tant les intérêts économiques que les préoccupations environnementales.

Des propositions de cogestion des Îles Éparses pourraient offrir un compromis viable, bien que ces discussions devront pleinement intégrer les avis et les aspirations de la société civile malgache. L’implication de parties prenantes variées dans ces décisions pourrait également enrichir le processus, prévenant des tensions futures.

Parallèlement, il est impératif pour Madagascar de renforcer ses capacités et d’accroître ses compétences en termes d’expertise environnementale et de gestion des ressources. Des collaborations avec des centres de recherche internationaux pourraient conduire à des solutions innovantes adaptées aux spécificités locales.

Les tensions entourant les Îles Éparses illustrent bien plus qu’une simple dispute territoriale. Elles relèvent de problématiques liées à la géopolitique, à la mémoire coloniale ainsi qu’à la construction d’un avenir durable pour les générations futures. Le chemin reste semé d’embûches, mais les choix qui seront faits dans les années à venir façonneront non seulement l’avenir de ces îles, mais aussi les relations entre la France et Madagascar sur une scène internationale fluctuante.

Stratégies de résolutionActeurs impliquésObjectifs
Négociations bilatéralesFrance et MadagascarAtteindre un accord sur la souveraineté
Cogestion des îlesSociété civile, gouvernementsAssurer une gestion durable et équitable
Partenariats en rechercheUniversités, centres de rechercheApporter des solutions scientifiquement fondées