
La guerre, la débâcle, l’occupation, la Résistance, le régime de Vichy. Combien d’euphémismes utilise-t-on pour parler des 4 années de fascisme en France ( du 10 juillet 1940 au 9 août 1944 )? Jusqu’en 2020 au moins, le fascisme sera incarné par Le Pen, le père (de la torture en Algérie colonisée), qui était l’épouvantail pour faire peur à une population qui devait se replier vers la droite libérale.
La guerre
Le 10 mai 1940, l’Allemagne nazi envahit les Pays-Bas, le Luxembourg et la Belgique, traverse le massif des Ardennes, français et encercle l’armée franco-britannique engagée en Belgique. Le gouvernement quitte Paris pour Bordeaux le 10 juin. Les réfugiés qui fuient la Belgique et le Nord de la France sont alors rejoints par 2 M de réfugiés de la région parisienne. Du 15 mai au 10 juin, 6 M de Français abandonnent leur domicile, se retrouvent sur les routes sous les attaques de la Luftwaffe. C’est l’« exode de 1940 ».
La bataille de France est perdue. La campagne militaire cause 120 000 morts côté français (100 000 militaires et 20 000 civils) et 40 000 militaires côté allemand. Les troupes du Reich font 1 800 000 prisonniers (600 000 entre le 10 mai et le 17 juin et 1 200 000 entre le 18 et le 24 juin). 1 500 000 resteront en captivité en Allemagne.
Le 10 juin 1940, Mussolini déclare la guerre à la France mais ne parvient pas à faire avancer ses troupes à travers les Alpes. Franco refuse d’entrer en guerre contre la France, après 3 ans de guerre civile contre le Front Populaire Espagnol. Les politiques et les militaires sont divisés: certains veulent poursuivre la lutte alors que d’autres veulent demander l’armistice.
L’armistice
Paul Reynaud, est sous la 3° République, ministre des Finances en 1938 dans le gouvernement Daladier, puis président du Conseil du 22 mars au 16 juin 1940, en même temps, ministre des Affaires étrangères puis de la Guerre. Après la débâcle de juin, il est pour la poursuite de la guerre (comme De Gaulle), minoritaire, il démissionne et est remplacé par le maréchal Pétain, qu’il a conseillé au Président de la République Albert Lebrun pour lui succéder, lequel signe l’armistice le 22 juin 1940. Voici les clauses:
Les 1,5 M prisonniers de guerre restent en captivité jusqu’aux accords de paix. La moitié nord et la côte atlantique passent en zone occupée (3/5° du territoire). La zone libre (au sud de la Loire) est séparée par la ligne de démarcation, surveillée par l’occupant et les forces de l’ordre françaises. La France doit pourvoir à l’entretien de l’armée d’occupation. L’Empire colonial français reste sous l’autorité du gouvernement français. Les bâtiments de la flotte de guerre rejoignent leurs bases navales (Cherbourg, Brest et Lorient) en zone occupée. La France doit livrer les réfugiés politiques allemands ou autrichiens présents sur son sol.
La France reste indépendante de l’Allemagne. Les décisions politiques internationales ne sont prises que par elle, qui ne suit pas l’Allemagne nazie contre le Royaume-Uni et l’URSS : la France de Pétain est théoriquement neutre L’armée française de la zone libre et des colonies n’est pas dépendante de l’Allemagne nazie, et les parlementaires français ont désigné Pétain comme chef du gouvernement qui n’est pas sous contrôle allemand.
Le nouveau gouvernement et l’Assemblée nationale s’ installent à Vichy début juillet. La ville est choisie car elle est “politiquement correcte” et qu’elle dispose de grandes capacités hôtelières, tout en étant bien reliée à Paris. Le 10 juillet 1940, une proposition de révision de la Constitution, permettant d’attribuer les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, président du Conseil, est soumise à l’Assemblée nationale qui réunit les députés et les sénateurs. Sur 907 parlementaires, 649 suffrages seulement sont exprimés (57 députés et 23 sénateurs votent « non », et 20 s’abstiennent). Après La mention « République française » disparaît des actes officiels ; dès lors le régime s’auto-désigne par le nom d’«État français ».
(Depuis le 18 juin, De Gaulle a lancé un appel pour rassembler les partisans de la France Libre)

La Révolution nationale
Dans son message aux Français du 25 juin 1940, Pétain annonce un « ordre nouveau ». « C’est à un redressement intellectuel et moral que d’abord, je vous convie ». La devise républicaine « Liberté, Égalité, Fraternité » est remplacée le 15 septembre, par le slogan « Travail, Famille, Patrie ». Cette devise était celle des Croix-de-feu dans les années 1930, et du Parti social français (PSF) dès 1933. .Auparavant, dès 1902, celle de la Fédération nationale des Jaunes de France, syndicat antisémite, collaborateur de classe qui tente de s’opposer à la CGT,
Le slogan traduit la politique réactionnaire, nationaliste et nataliste du régime. La francisque, symbole du chef de l’État à titre personnel, sert d’emblème au régime sur les documents officiels ainsi que sur la monnaie nationale. Cet insigne prétend rappeler la forme de la hache de guerre des Francs et des Germains. Or, la francisque était en réalité une arme de jet à un seul fer, la hache à double tranchant est appelée labrys. L’un des principaux piliers du régime est
Les fondements idéologiques, «le rejet de la démocratie », de cet « ordre nouveau » sont précisés dans le discours du 11 octobre 1940 :
« Le désastre n’est, en réalité, que le reflet, sur le plan militaire, des faiblesses et des tares de l’ancien régime politique […] Jamais, dans l’histoire de la France, l’État n’a été plus asservi qu’au cours des 20 dernières années […] par des coalitions d’intérêts économiques et par des équipes politiques ou syndicales, prétendant fallacieusement représenter la classe ouvrière. Il faut aujourd’hui reconstruire la France […] On ne saurait davantage y découvrir les traits […] d’une revanche des événements de 1936 […] L’ordre nouveau est une nécessité française. Nous devrons tragiquement réaliser, dans la défaite, la révolution que dans la victoire, dans la paix, dans l’entente volontaire de peuples égaux, nous n’avons même pas su concevoir. »
« Le régime nouveau sera une hiérarchie sociale. Il ne reposera plus sur l’idée fausse de l’égalité naturelle des hommes, mais sur l’idée nécessaire de l’égalité des « chances » données à tous les Français de prouver leur aptitude à « servir ». Seuls le travail et le talent redeviendront le fondement de la hiérarchie française. Aucun préjugé défavorable n’atteindra un Français du fait de ses origines sociales, à la seule condition qu’il s’intègre dans la France nouvelle et qu’il lui apporte un concours sans réserve. On ne peut faire disparaître la lutte des classes, fatale à la nation, qu’en faisant disparaître les causes qui ont formé ces classes et les ont dressées les unes contre les autres. Ainsi renaîtront les élites véritables que le régime passé a mis des années à détruire et qui constitueront les cadres nécessaires au développement du bien-être et de la dignité de tous. »
En 1940, l’immense majorité des Français qui était pour que les combats cessent, reconnaissent l’homme providentiel dans ce « beau vieillard » de 84 ans, auréolé dans son prestige de vainqueur de Verdun, dont la vénération sera entretenue par la Légion française des combattants, créée en août 1940.et la droite cléricale, conservatrice, antidreyfusarde, antirépublicaine.
Paul Claudel écrit dans son journal :
« La France est délivrée après 60 ans de joug du parti radical et anticatholique (professeurs, avocats, Juifs, francs-maçons). Le nouveau gouvernement invoque Dieu … Espérance d’être délivré du suffrage universel et du parlementarisme. »

Charles Maurras, fondateur de la revue royaliste L’Action française, salue, le 9 février 1941, la disparition de la « gueuse » (la République) en parlant d’une « divine surprise ». Il avait forgé sa doctrine antisémite en s’inspirant des écrits de son « maître à penser » René de La Tour du Pin, l’un des chefs de la droite catholique. Dans son « programme social » de 1889, La Tour du Pin envisage de « dénationaliser » les juifs français. Il précise sa pensée en 1898, durant l’affaire Dreyfus : les juifs seraient mis sur le « même pied que les indigènes de nos colonies » ; leur nouveau statut de « sujets français », inférieur à celui des citoyens de « souche française », leur garantirait la protection des autorités tout en leur interdisant l’accès aux fonctions publiques; À son tour, Maurras va prôner pour les Juifs un statut personnel les excluant des fonctions publiques.
La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 est remplacée par les Principes de la Communauté. Il rétablit les « délits d’opinion et d’appartenance » dans la législation pour poursuivre tous ses adversaires qui sont, soit envoyés dans des camps ou emprisonnés, soit soumis à une épuration administrative. Les lois d’exclusion des Juifs d’août et octobre 1940, qui frappent francs-maçons et juifs font figure d’interdictions professionnelles. La chasse aux communistes, entamée sous le gouvernement Daladier (à la suite de la signature du pacte germano-soviétique, le 23 août 1939), était une priorité du régime de Vichy, avant même que les Allemands ne s’en occupent.
La « révolution nationale » privilégie le mythe d’une société rurale, corporative et religieuse, où le folklore paysan et le régionalisme sont partie intégrante de son projet culturel.
L’obsession de la discipline qui caractérise les sermons moralisateurs du maréchal ne s’est pas traduite par une militarisation comme dans d’autres pays fascistes, les conditions de l’armistice limitant les forces armées. L’embrigadement dans les Chantiers de la Jeunesse, un « service national civil » accueillent, dès août 1940 les 100 000 jeunes de la classe 1940 qui ne peuvent pas être incorporés l’armée. Les partis fascistes: le Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot, le Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat sont restés marginaux . Ce n’est qu’en 1944 que les Allemands ont imposé l’entrée au gouvernement de Joseph Darnand, chef de la Milice, et de Philippe Henriot (6 janvier 1944), puis de Marcel Déat (16 mars 1944).
La « révolution nationale » affiche des proximités idéologiques avec l’Église catholique et reçoit, dès la signature de l’armistice du 22 juin 1940, le soutien des instances catholiques. Le 20 novembre 1940, lors de la visite de Pétain à Lyon, Pierre Gerlier, archevêque de Lyon et primat des Gaules, à la primatiale Saint-Jean, affirme: “Pétain c’est la France ; et la France, aujourd’hui, c’est Pétain !” Mais à l’été 1942, l’Église se démarque en protestant contre les rafles contre les Juifs et l’instauration du service du travail obligatoire(STO)
Les hommes du gouvernement
Pétain, le chef d’État et ses 2 premiers ministres, Laval et l’amiral Darlan, (qui n’ont que le rang de vice-président du Conseil), Laval (de juillet à décembre 1940 et d’avril 1942 à août 1944) et Darlan (de février 1941 à avril 1942) sont entourés de
Raphaël Alibert, proche de l’Action française ; Joseph Barthélemy, parlementaire de la droite libérale, qui a été membre de l’Alliance démocratique ; Philippe Henriot qui avait été vice-président du parti de droite traditionnelle (la Fédération républicaine), Jean-Louis Tixier-Vignancour (Croix-de-feu), député des Basses-Pyrénées en 1936. On trouve aussi une composante chrétienne, les « nouveaux croisés », pas vraiment fasciste-cléricale, mais très réactionnaire: le cardinal Baudrillart, Alphonse de Châteaubriant.Mais on trouve aussi une affiliation proprement fasciste : Jacques Doriot, Simon Sabiani, passés du communisme au fascisme dès 1930 ; Eugène Deloncle et Jean Filiol, fondateurs de la Cagoule. Les activistes de l’extrême droite comme les national-collectivistes Pierre Clémenti, Jean Boissel ou le franciste Marcel Bucard jouent un rôle dans les instances du gouvernement, dans la Milice fondée par Joseph Darnand, ancien responsable de la Cagoule, ou la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF). Comme Darnand, beaucoup d’autres membres de l’extrême droite antisémite des années 1920 et 1930 sont actifs dans le régime de Pétain: Louis Darquier de Pellepoix et Philippe Henriot.
Les phases du fascisme
Régime autoritaire dès sa création, il connaît plusieurs phases vers une nette radicalisation :
Le Vichy antiparlementariste (1940-1941) Toutes les tendances hostiles au parlementarisme de la IIIe République sont présentes dans le 1° gouvernement Laval : les ultras assagis du PPF (Doriot), des maurrassiens (Yves Bouthillier), des libéraux (Lucien Romier), divers réactionnaires (général Weygand), et René Belin, traitre à la CGT.
Le Vichy des technocrates (1941-1942) Un personnel plus jeune, des technocrates, entre en politique : Pierre Pucheu, ministre de l’Intérieur, François Lehideux, à la production industrielle, proches de la banque Worms, René Bousquet à la police.
Le “plus de collaboration” de Laval (1942-1943) Pierre Laval a l’objectif de donner des gages à l’Allemagne par sa collaboration pour obtenir une plus grande autonomie et une bonne place dans l’Europe nouvelle. Il réhabilite les départements républicains contre le régionalisme du Vichy de 1940
Le « Vichy milicien » (1944) Les, sympathisants du nazisme entrent en force au gouvernement : Philippe Henriot, Marcel Déat. L’ influence de la Milice française de Joseph Darnand s’accroît et il entre au gouvernement.
Même dans la presse « collaborationniste » ( terme est employé dans Je suis partout), en octobre 1943, on constate (pour le déplorer) qu’ ils sont minoritaires dans l’opinion, qui attend majoritairement la Libération par les Alliés.

La collaboration économique
Collaborer signifie « travailler ensemble ». « Enrichissement de l’Allemagne nazie » serait plus juste.
La dette de guerre théoriquement fixée par l’armistice de juin 1940 mais pratiquement fixée de façon unilatérale par les Allemands qui établissaient arbitrairement le taux du franc par rapport au mark. Cette dette, censée correspondre à l’entretien des troupes d’occupation, l’équivalent de 4 M de salaires journaliers d’ouvriers. L’emploi de l’expression « collaboration économique » signifie que la politique prédatrice de l’Allemagne s’est effectuée sous administration française comme conséquence désastreuse de l’armistice de 1940.
Pour 1943, elle représente 36 % du revenu national et la 1/2 de la dépense publique française. Les dépenses du budget ordinaire de l’État en 1941 s’élevaient à 97 milliards de francs, celles du budget extraordinaire (convention d’armistice) à 129 milliards. On peut ajouter les 1,8 M prisonniers de guerre, qui travaillent pour l’Allemagne
En octobre 1940, on comptait en France 1 M de chômeurs, conséquence de la la débâcle. Le gouvernement de Pétain autorise les entreprises françaises à accepter des contrats avec les Allemands, moteur du redémarrage de l’économie française. L’Allemagne arrive à faire travailler l’agriculture et l’industrie française en grande partie pour son compte : toute l’industrie aéronautique et la grosse forge, 80 % des BTP, 60 % de l’industrie du caoutchouc « Au printemps de 1942, 170 000 Français travaillaient sur place dans les services de la Wehrmacht […], 275 000 à la construction d’aérodromes et de fortifications comme le mur de l’Atlantique, 400 000 enfin à la fabrication d’armements ».
Cette contribution économique s’inscrit dans le cadre d’une politique de Pétain, qui souhaite obtenir une insertion économique dans la nouvelle Europe allemande, car au début du conflit, les Allemands démontent usines et machines-outils pour les transporter outre-Rhin, pillent les stocks. L’équipe de Darlan, en avril 1941, propose un « plan d’un ordre nouveau » avec union douanière entre la France et l’Allemagne. Se montrant intéressées, les autorités allemandes, alors que le front méditerranéen se développe, négocient un accès aux bases syriennes. Darlan rencontre Hitler le 14 mai 1941, puis l’ambassadeur Otto Abetz avec lequel il signe les accords de Paris qui prévoient, entre autres, de façon explicite, l’utilisation des bases françaises en Syrie.
La fin de la campagne de Syrie puis l’ouverture du front russe avec l’opération Barbarossa marque le retour de l’ indifférence allemande.
Entre 1942 et 1944, le commissaire général du Reich pour l’emploi et la main d’œuvre, exige que la France envoie 2 M de travailleurs au STO. Les travailleurs français sont requis par les lois de leur propre État (loi du 16 février 1943). 600 000 partent auquels s’ajoutent 700 000 travailleurs volontaires, tous plus ou moins rémunérés. Les réfractaires au STO vont rejoindre les maquis de la résistance.
Sans le potentiel économique de la France, Hitler n’aurait pas pu faire durer la guerre aussi longtemps.
Fabrizio Calvi et Marc Masurovsky, montrent dans un ouvrage, Le Festin du Reich (2006), que des banques américaines à Paris « avaient continué à faire commerce avec les nazis pendant toute la guerre » malgré les « lois, ordonnances [américaines] réprimant le commerce avec l’ennemi » et qu’elles ne furent guère inquiétées par la mission Matteoli (mission d’étude sur la spoliation des Juifs de France),
À l’automne 1940, Laval avait cédé les intérêts français dans les mines d’or de Bor, en Yougoslavie, et les réserves d’or que les Belges lui avaient confiées en mai. C’est un beau cadeau car à l’époque, la monnaie était encore indexée sur l’or
La collaboration conduit par ailleurs à une perte importante du patrimoine architectural. Le 11 octobre 1941, un décret est publié dans la presse parisienne, annonçant l’enlèvement de monuments, dans le but affiché de réinjecter les métaux dans le circuit de la production industrielle et agraire. L’étendue des pertes subies par le patrimoine national est énorme : selon certaines estimations des conservateurs, 1 700 statues furent détruites sur ordre du gouvernement fasciste français, dont + de 100 pour Paris;

La collaboration policière
Le gouvernement de Pétain met en place dès 1940 « une politique répressive au nom de l’ordre et de la lutte contre « l’Anti-France » ». Il étatise les polices municipales (avril 1941) et institue des polices parallèles spécialisées: le Service de police anticommuniste (SPAC) ou la Police aux questions juives (PQJ). Le capitalisme naissant est traumatisé par la Commune de Paris de 1871, autant que les Allemands par la Révolution Spartakiste. Plus jamais ça ! L’affaire Dreyfus porte à son comble l’antisémitisme catholique carolingien, né en partie avec les Croisades. Le ministre de l’Intérieur Pierre Pucheu crée dès 1941 les Groupes mobiles de réserve (GMR) pour lutter contre les maquis aux côtés de la Milice.
Joseph Darnand, vétéran de la 1° Guerre mondiale et de la campagne de France de 1940, activiste d’extrême droite et ancien « cagoulard », prend la tête de la Légion française des combattants dans les Alpes-Maritimes. Après son, Remarqué par les ministres Darlan et Pucheu, Darnand bénéficie de leur soutien pour développer son organisation paramilitaire, ouverte aux jeunes partisans du régime de Pétain qui n’ont jamais combattu, le Service d’ordre légionnaire (SOL) en août 1941. Ancêtre de la Milice, le SOL s’étend à l’ensemble de la zone Sud et réunit un effectif de 15 000 hommes issus pour la plupart de l’extrême droite.
La Milice est fondée sur 21 points qui donnent sa matrice idéologique: « contre le capitalisme international, pour le corporatisme français », « contre la condition prolétarienne, pour la justice sociale », « contre la lèpre juive, pour la pureté française », « contre la franc-maçonnerie païenne, pour la civilisation chrétienne». La Milice française est la police supplétive de la Gestapo.
En mai 1944, + de 120 000 hommes participent au maintien de l’ordre.
Dans les régions françaises occupées, le gouvernement français invite toutes les autorités et tous les services administratifs à se conformer aux règlementations des autorités militaires allemandes et à collaborer avec elles.
Dès l’armistice, les Allemands sont venus chercher dans les camps de prisonniers de guerre, les républicains espagnols, sans que l’« État français » proteste. La plupart d’entre eux sont déportés dans le camp de concentration de Mauthausen.pour entraîner l’Espagne de Franco dans la guerre]. La lutte anticommuniste n’est pas une priorité pour l’Allemagne nazie, mais l’Etat français continue la chasse aux communistes de Daladier. Lorsque les communistes commencent à mettre sur pied diverses formes de résistances, arrêtés par la police française, ils sont livrés aux Allemands
René Bousquet nommé au secrétariat général à la police par Pierre Laval en avril 1942, animé de la même volonté que Pierre Pucheu de disputer aux occupants l’exercice de la répression, en phase avec Heydrich, décide de jouer la carte de la police française. Lui confier davantage d’autonomie et de responsabilité, comportait des avantages : une efficacité supérieure, l’économie de réactions patriotiques de la population, un engagement plus net de policiers désormais compromis.
Les « accords » Bousquet-Oberg de juillet 1942 prévoit donc que ce soit la police française qui prenne en charge les rafles de Juifs, 1° étape vers la déportation dans des camps d’extermination. Aux gendarmes français sera confiée la surveillance des voies d’accès et des abords limitrophes du camp de Drancy. Le « fichier Tulard », recensant les Juifs du département de la Seine, constitué par la préfecture de police à partir d’octobre 1941, sert à préparer les rafles qui sont opérées à partir de juillet 1942 par la police parisienne. La police française doit pourchasser tous les résistants. A partir de 1943, la charge de la lutte contre les résistants est transférée à la Milice de Darnand, pour la lutte contre les maquis,.
Une des dernières opérations d’envergure menée par la police française sera la rafle du Vieux-Port de Marseille organisée les 22, 23 et 24 janvier 1943.


La propagande et les médias
Dès le 18 juillet 1940 le commandement militaire allemand met en place la Propaganda abteilung qui a un rôle de contrôle et de censure sur la presse écrite, la radio, la littérature, le cinéma et l’ensemble des manifestations culturelles et bénéficie de larges moyens. La presse travaille avec les informations de l’Office français d’information. France-Actualités–Pathé–Gaumont qui diffuse dans les cinémas de la zone libre et Les Actualités mondiales, version française de la Deutsche Wochenschau diffusée en zone occupée, intensifient leurs échanges d’actualités filmées à partir de janvier 1941.
Un contrôle postal contraint les facteurs à ouvrir 370 000 lettres/sem, soit 2,5 % du courrier; une bonne part des “dénonciations ou délations” viennent des « imprudences » faites dans ces lettres, mais nourrit un climat de méfiance attribué aux “voisins”.
Radio-Paris, dirigée par le Dr Bofinger dés juillet 1940, recrute du personnel français choisi dans les rangs de l’extrême-droite. Jean Hérold-Paquis recruté en 1942, ponctue sa chronique militaire quotidienne par le slogan : « Et l’Angleterre comme Carthage, sera détruite ».
L’affiche est un instrument de propagande utilisé par le régime pour la médiatisation de la révolution nationale. Le Centre d’études antibolchéviques qui dépend du ministère de l’Information a produit la célèbre Affiche rouge en 1944.
La déportation des Juifs va prendre une grande ampleur à partir de la rafle du Vel’ d’hiv, de juillet 1942 : 12 884 Juifs apatrides (3 031 hommes, 5 802 femmes et 4 051 enfants) sont arrêtés par la police française, rassemblés au Vélodrome d’hiver dans des conditions sordides, puis à Drancy, d’où ils seront acheminés vers les camps d’extermination. Fin août 1942, en zone libre, 7 000 Juifs étrangers sont raflés et livrés aux Allemands. Une grande partie des 75 000 Juifs déportés vers les camps de la mort le furent avec la participation de la police du gouvernement de Vichy. Serge Klarsfeld établit que sur 320 000 juifs établis en France avant 1940, 74 150 ont été déportés, Ce taux de survie (75%), parmi les plus forts d’Europe occupée par les Nazis, a été permis grâce aux « réseaux» dans la population française qui quitte son indifférence avec les grandes rafles de l’été 1942.
45 000 malades mentaux succombent à la dénutrition dans les hôpitaux psychiatriques de 1941 et 1943, expliqué par “ ‘oubli “ de leur existance. Des artistes dont Camille Claudel font partie de ces victimes.
La chute
Les forces Alliées, aidées par la Résistance intérieure française, repoussent les Allemands, mais la Milice française combat toujours la Résistance. Créé le 3 juin 1944, juste avant le débarquement des Alliés, le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) installe son autorité sur le territoire libéré et se substitue au régime de Pétain, discrédité dans la population civile.
Malgré cela, adoptant une façade de neutralité, il tente de garder le contrôle:” Nous ne sommes pas dans la guerre », déclare Pétain en demandant aux fonctionnaires de demeurer à leurs postes.
Par son ordonnance du 9 août 1944, relative au rétablissement de la légalité républicaine sur le territoire continental, le GPRF affirme la permanence en droit de la République française et nie toute légitimité au gouvernement de Vichy et de ses actes (constitutionnels ou pas). Le départ de Pétain le 20 août, puis la libération de Paris le 25, achèvent la disparition du régime de Vichy. Le général de Gaulle est président du GPRF. Laval est condamné à mort pour haute trahison et fusillé en octobre 1945. Philippe Pétain, lui aussi condamné à mort, voit, en raison de son grand âge, sa peine commuée par le général de Gaulle en emprisonnement à perpétuité.

L’héritage
Elaborés sous Vichy, plusieurs mesures sont demeurées par l’ordonnance du 9 août 1944 relative au rétablissement de la légalité républicaine sur le territoire continental
la carte nationale d’identité (obligatoire jusqu’au 22 octobre 1955). la Police nationale créée le 23 avril 1941
- la loi de non-assistance à personne en danger ;
- la sirène du 1er mercredi (jeudi) du mois, à midi
- le menu au restaurant proposant un plat du jour à prix fixe ;
- l’obligation de paiement par chèque ou virement pour certaines opérations, mais la gratuité des chèques la systématisation des appellations d’origine contrôlée ;
- le Conseil de l’Ordre des médecins, l’ordre des architectes ;
- la généralisation du permis de construire (loi du 15 juin 1943) ; la licence IV pour la vente d’alcool.
- Le général de Gaulle estime que « les doctrines sociales de la révolution nationale: organisation corporative, charte du travail, privilèges de la famille, comportaient des idées qui n’étaient pas sans intérêt