
On parle de l’Espagne franquiste pour désigner le régime politique fondé par le général Francisco Franco, de 1936/1939 (guerre civile) jusqu’en 1977 (1° élections libres). On le nomme aussi le national-catholicisme, qui s’incarne dans des institutions autoritaires (parti unique, censure, juridictions d’exception).
Ce régime ne repose pas sur une idéologie, mais plutôt sur le personnage qui réussit à conserver un pouvoir quasiment sans limite jusqu’à sa mort en 1975. Pendant les 39 ans de son régime, il n’y a pas de constitution formelle, seulement un petit nombre de textes de rang constitutionnel. Le ”Caudillo” tient dans ses mains toutes les rênes, nommant les titulaires de tous les postes politiquement importants sur la base de ses rapports de confiance personnels, jusque dans les provinces. En outre, il garde le contrôle sur les institutions auxquelles il a donné des délégations de pouvoir ou qu’il ne peut ignorer: le parti unique Movimiento Nacional, l’Église catholique et l’armée, en jouant sans cesse l’une contre l’autre, imposant sa conception manichéenne d’une lutte entre la « nation » et ses « ennemis ». Il opère une identification totale entre l’État et la nation espagnole monolingue et catholique. Aux yeux de ses élites, le franquisme tire sa légitimité de sa victoire militaire en 1939, victoire d’une vision du monde, et défense de la civilisation et des cultures espagnole et occidentale. Dans la mesure où le catholicisme constitue une partie intégrante de la culture espagnole, on parle de national-catholicisme, dont l’acteur principal est l’Opus Déï (ou l’Oeuvre).
3 phases en 40 ans
1-Le franquisme triomphant de 1939 (despotisme pendant lequel des représailles massives sont exercées sur les populations appartenant au courant des vaincus), en ayant des traits d’économie planifiée, et se nourrit des vertus martiales et des mythes impérialistes.
2- Une étape moralisante et pieuse qui fait du prêtre le héros espagnol . Avec la fin de la 2° Guerre mondiale, les phalangistes les plus radicaux sont écartés, au profit des conservateurs plus traditionnels. Après la guerre, dans le cadre de la guerre froide, les impératifs diplomatiques et économiques mettront un terme à l’autarcie, tandis que l’Espagne se place aux côtés des États-Unis : la croissance économique succède à une longue phase de stagnation. Mais ces progrès ne sont accompagnés d’aucune ouverture politique.
3- Après quelques tentatives de libéralisation dans les années 1960, les années 1970 voient le régime se crisper avant de s’achever dans une nouvelle vague de répression.

Le Fascisme, une tradition espagnole ?
La dictature de Primo de Rivera- 1923-1930- est le régime politique de l’Espagne depuis son coup d’État. En dépit des progrès réalisés dans le domaine des infrastructures et de la stabilisation d’une situation politique chaotique, la dictature ne put se maintenir après la crise politique qui décrédibilise le roi Alphonse XIII aux yeux de l’opinion publique, ouvrant le chemin à la 2° République espagnole.
Sa dictature a été considérée comme « la 1° tentative d’institutionnalisation consciente du nationalisme autoritaire espagnol » dont l’instrument était l’Armée. Ce fut l’un des 1° régimes européens à créer un parti unique (création du Parti Nazi en 1920). Sa relation avec le fascisme, arrivé au pouvoir en Italie en 1922 serait un abus. En revanche, il cadre avec plusieurs régimes dictatoriaux existant en Europe de l’Est, comme celui du général Metaxas en Grèce, de Milan Stojadinovic en Yougoslavie, de Pilsudski en Pologne et de Horthy en Hongrie.
La révolution industrielle ratée
Dans l’Europe du Nord et de l’Ouest, la naissance des régimes parlementaires qui préfigurent les gouvernements démocratiques reflète l’émergence d’une nouvelle élite économique puis politique – la bourgeoisie – capable de ravir le pouvoir à des élites plus anciennes. Systématiquement, le développement agricole, puis industriel, y assure le bien-être croissant des masses. Dans cette perspective, il apparaît que, si l’industrialisation réussie entraîne la protestation ouvrière et la radicalisation politique, elle contient en même temps l’antidote d’une contestation trop violente des prolétaires qu’elle libère peu à peu de leur misère séculaire. La conjonction de ces 2 aspects de la révolution capitaliste induit le mariage possible de l’élitisme parlementaire et du suffrage universel, par-delà le progrès d’une certaine démocratie.
Or, les conditions de ce progrès ne se trouvent pas réunies en Espagne avant 1950. En 1936 encore, ce pays se caractérise par un retard économique à 2 visages. Il rate sa révolution industrielle : si l’industrie textile est à sa mesure et permet la consolidation d’un îlot économique moderne en Catalogne, l’essor de l’industrie lourde – sidérurgie – y est freiné par l’étroitesse de son marché et le repli des détenteurs de capitaux. Donc, une bourgeoisie conquérante sur le plan politique n’ émerge pas, pour se transformer en ferment d’un parlementarisme. Ou plutôt, cette classe libérale se circonscrit-elle aux régions périphériques modernisées que sont la Catalogne et le Pays basque. D’où le conflit qui se déclenche entre le pouvoir politique madrilène, crispé sur les attributs d’un centralisme étatique, et le pouvoir économique basco-catalan. La revendication autonomiste de ces 2 provinces, assez indifférente à l’avenir du pays.
1930: 25 M d’habitants en Espagne dont 8 M touchés par la misère; 2 M d’agriculteurs sont sans terre alors que 20 000 personnes possèdent la 1/2 de l’Espagne ; 50 ans d’espérance de vie; entre 30 et 48 % de la population est analphabète le clergé est constitué de 31 000 prêtres, 20 000 moines et 60 000 religieuses et 5 000 couvents soit 1 religieux pour 500 habitants. L’armée compte 15 000 officiers et 800 généraux ; soit un général pour 100 hommes.
1931: aux élections, victoire de la coalition des républicains et des socialistes, avec une participation de 65 % de l’électorat. La nouvelle composition des Cortès implique une rupture radicale avec le système des partis de la Monarchie.
1934: entre temps, la grève générale révolutionnaire a eu lieu dans les Asturies en octobre sous de la 2° République à majorité de droite et du centre. Ce mouvement est lancé depuis de nombreux secteurs: industrie, mines, agriculture, par d’importants dirigeants du PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol) et de l’UGT et par la CNT (Confédération nationale du travail), par la FAI (Fédération anarchiste ibérique) et par le PCE. Les principaux foyers de la rébellion se situent en Catalogne et dans les Asturies, avec une grève générale insurrectionnelle qui est brutalement réprimée par le général Francisco Franco. Les bassins miniers de Castille-et-León et les villes de la province de Valladolid ont également été mobilisés. Une forme de collectivisme s’est mis en place, dans les Asturies où un gouvernement provisoire s’est installé sur le modèle de la commune de Paris.
1936: le Front populaire, formé par les républicains, les socialistes et les communistes gagnent les élections. Il s’agit d’un retournement du panorama politique espagnol. Le taux de participation est le plus haut (73 %). La campagne se déroule dans un climat de violence autour de fraudes potentielles (41 morts et 80 personnes grièvement blessées) mais le Front populaire conforte une majorité absolue. Manuel Azaña, élu président de la République, forma le nouveau gouvernement et prit un décret d’amnistie au bénéfice des condamnés de 1934, puis rétablit le statut de la Catalogne et donna un coup d’accélérateur à la réforme agraire. Le PSOE en tête, ne participe pas au cabinet.
L’État républicain, rejeté par les forces conservatrices, l’Église, l’armée, l’oligarchie, pour son impuissance à maintenir l’unité de la Nation, et par, les forces populaires, qui n’y voient qu’un État oppressif, doit faire face aux affrontements armés et aux émeutes révolutionnaires.

La Phalange espagnole est une organisation politique nationaliste fasciste fondée en1933 par José Antonio Primo de Rivera, fils de Miguel. Elle tire son nom des formations militaires de la Grèce antique et s’inspire du fascisme italien (faisceaux de la Rome antique). Elle fusionne avec las Juntas de Ofensiva Nacional-Sindicalista (FE de las JONS). Àu début, les militants de la Phalange s’illustrent dans les combats de rue contre les militants révolutionnaires. Lors des élections de février 1936, ce parti refuse de rejoindre le Front national dirigé par la CEDA, et recueille -de 1 % des voix Mais il rejoint au dernier moment la conspiration militaire de Mola et la rébellion nationaliste qui tente un coup de force le 17 juillet 1936, marquant le début de la guerre civile espagnole.
Le 17 novembre 1936, José Antonio Primo de Rivera est jugé pour rébellion militaire, puis est condamné à mort par un tribunal populaire. Il est exécuté 3 jours plus tard, Le fondateur des JONS, ayant été exécuté en octobre, c’est donc l’ensemble du triumvirat qui fut éliminé par les républicains durant les 1° mois de la guerre civile. Primo de Rivera devient le principal martyr du régime franquiste, la figure du martyr étant moins encombrante que celle du dirigeant politique. Primo de Rivera fut alors comme « vivant mais absent ». Ce personnage charismatique avait cotoyé Federico Gacia Lorca et Salvador Dali. La Phalange n’essaya pas de se doter d’un nouveau chef, obéissant à la volonté de Franco de concentrer l’ensemble du pouvoir et du potentiel nationaliste entre ses mains
Ainsi la voie libre pour la conversion de la Phalange en parti unique du régime, établi par un décret du général Franco en avril 1937, regroupait la FE de las JONS, les traditionalistes carlistes ( mouvement royaliste, traditionaliste absolutiste et légitimiste du XIXe siècle ) et le reste des forces politiques qui avaient appuyé le soulèvement militaire du 18 juillet 1936. Cette Phalange domestiquée devint la branche politique d’un plus vaste Movimiento Nacional, l’appareil d’Etat dont Francisco Franco était le chef national.
Le coup d’État de juillet 1936 provoque l’effondrement de l’État républicain. L’ampleur même du conflit et du mouvement révolutionnaire qu’il entraîne, lui donnent des dimensions imprévisibles. L’Espagne devient le lieu d’affrontement des grandes puissances. Les conflits majeurs de l’Espagne avec la lutte autour de la Constitution, la montée de l’agitation ouvrière et de l’anticléricalisme, les guerres coloniales et les régionalismes sont à l’origine de la guerre civile. Le PSOE, converti à la dictature du prolétariat, croyait à la valeur du modèle russe et n’avait pas l’expérience suffisante pour la direction des affaires. Les communistes, dont l’influence se développait, étaient dépendants de Moscou. Beaucoup d’hommes de droite, d’une affligeante myopie politique, se prétendaient catholiques, mais jetaient aux orties les encycliques pontificales dès qu’elles contrariaient leurs intérêts immédiats, et voyaient d’un œil sec l’inhumaine condition des déshérités. Les militants d’extrême droite qui étaient sensibles aux outrances de l’injustice sociale, ne croyaient qu’à la force pour faire prévaloir leurs solutions.
Déroulement
Elle commence en juillet 1936 par un coup d’État militaire organisé par le général Mola (qui meurt dans un accident d’avion) Franco ne s’y rallie qu’après. Les putschistes ne veulent pas renverser la République, mais le gouvernement du Front populaire. Le coup d’État échoue : les insurgés n’arrivent pas à dominer l’ensemble du territoire mais provoque l’effondrement du gouvernement de Madrid.
Dès le 19 juillet, les organisations ouvrières armées des partis socialistes, communistes et des anarcho-syndicalistes (milices confédérales), ainsi que les autonomistes basques et catalans exercent la réalité du pouvoir et assument la défense du Front populaire. Commence alors la guerre civile . Le Parti communiste, appuyé par les Soviétiques, combat autant les dissidents républicains (la CNT et le POUM) que les nationalistes. Entre l’été 1936 et le printemps 1937, se développe la révolution sociale, avec des groupes politiquesqui commettent des exactions “la terreur rouge”, et le gouvernement est dépassé et envoie à l’URSS l’intégralité des réserves d’or de la Banque d’Espagne, soit 510 T .Du côté des opérations de guerre, le débarquement républicain à Majorque conduit à un échec militaire dès septembre mais les nationalistes disposent ainsi au plus tôt d’une base de guerre précieuse en face de Barcelone.
Dans le camp des nationalistes, Franco est élu le 1er octobre 1936 « chef du gouvernement de l’État espagnol » par une junte qui le choisit parce qu’il n’est pas trop marqué par ses affinités avec l’un ou l’autre des clans. Aidé par l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste, il parvient à opérer la jonction des 2 secteurs pris dès juillet par la rébellion, le Sud de l’Andalousie et une partie du Nord-Ouest, séparant ainsi le Pays basque du reste du territoire républicain.
Échouant à prendre Madrid en 1936-1937, il conquiert le Pays basque en octobre 1937. La guerre se concentre ensuite sur l’Aragon et la Catalogne. Barcelone tombe en janvier 1939 et Madrid en mars. Le 25 février 1939, le Gouvernement français (Daladier) signe, à Burgos, les accords Bérard-Jordana, reconnaissant la légitimité de Franco, obtenant ainsi la neutralité espagnole en cas de guerre. Le 31 mars 1939 les forces militaires du général Franco contrôlent l’ensemble du territoire.

Il y aura 28.000 exécutions après la fin de la guerre civile et de nombreux Espagnols croupiront en prison durant des années .
Dans certains territoires sous contrôle républicain, une révolution sociale aboutit à la collectivisation des terres et à l’auto-gestion des usines, et expérimenta différentes sortes d’organisations en faveur du travailleur, de type socialiste(soutenues notamment par des anarchistes de la CNT).Il eut un retentissement médiatique et culturel très important (et donna notamment lieu à des œuvres telles que L’Espoir d’André Malraux, Hommage à la Catalogne de George Orwell, Pour qui sonne le glas d’Ernest Hemingway ou encore Guernica de Pablo Picasso et la trilogie autobiographique d’Arturo Barea). Sanjurjo et Franco se haïssaient. C’est pourquoi il se refuse à prendre part au complot. Tous les conjurés espèrent le persuader de les rejoindre. Ils convainquent un financier espagnol, de déposer 500 000 pesetas à son nom dans une banque française, un montant similaire à celui destiné à Mola. Il finance aussi la location d’un avion britannique. Les conjurés feront escale à Casablanca sans être inquiétés.
En tentant ce coup d’État, les militaires ont déclenché la révolution dans le pays. Voyant les travailleurs armés, bien des patrons s’enfuient ou rejoignent le camp des nationalistes. En réaction, la population ouvrière saisit les entreprises, 70 % d’entre elles en Catalogne, 50 % dans la région de Valence, et instaure un contrôle sur les autres. Les paysans collectivisent les 3/4 des terres. L’ensemble des biens de l’Église est saisi, les couvents deviennent des réfectoires pour les miliciens, des écoles, des salles de bal, etc. Les autorités légales ont perdu tout pouvoir, ne disposent plus,de forces de police et militaires. À la place, les syndicats et les partis de gauche mettent en place les organes d’un nouveau pouvoir, organisent des milices pour combattre les nationalistes, réorganisent les transports, l’approvisionnement des villes, transformant des usines pour les besoins de la guerre.

Mais ils ( PCE, PSOE, UGT, CNT et POUM) laissent le gouvernement en place : début septembre, Francisco Largo Caballero qui donne 2 ministères aux communistes ; en novembre, ce sont des anarchistes qui entrent au gouvernement ; peu à peu, il reconstitue une armée qui va s’opposer aux milices et supprimer les comités mis en place par les organisations ouvrières. En novembre 1936, tous les ministres (y compris les anarchistes) signent un décret sur la dissolution des milices et leur incorporation dans les forces de l’armée régulière. Celles qui refusent d’entrer dans l’armée du gouvernement ne reçoivent plus d’armes, ce qui a pu faciliter la victoire des nationalistes sur plusieurs fronts ; les tribunaux révolutionnaires sont remplacés par les tribunaux du régime précédent. Ainsi, si l’énergie de la gauche révolutionnaire dans les 1° jours du soulèvement avait tenu en échec les militaires, la révolution est peu à peu désarmée, sans qu’aucun parti ouvrier ne s’y oppose.
Sa politique étrangère : l’anticommunisme
Dès le début, les Italiens fournissent un appui aérien pour transporter des troupes nationalistes du Maroc espagnol sur le continent. Mais Mussolini ne considère pas Franco comme compatible avec le fascisme. Son objectif est économique par la vente d’armes: envoi de matériel de guerre, des chars, des avions, et d’un important contingent (le Corps des troupes volontaires). Afin de contrebalancer cette aide, Franco demande celle de l’Allemagne nazie. Cela permet aux nazis de tester leurs nouveaux matériels (chars et avions). Hitler en profite pour prendre le contrôle d’ entreprises espagnoles.
En mars 1939, l’Espagne adhère au pacte anti-Komintern. En juillet 1940, Franco explique que son pays n’est pas neutre, mais qu’il ne fait pas la guerre. Toutefois, il met à la disposition de l’Allemagne des points d’appui de sous-marins et du matériel de transmissions. Mais l’intervention italienne, qui a coûté 10 000 hommes et 4,5 milliards de lires, n’est soutenue par Franco que par 100 000 T de fer. L’Espagne sera une station sur la route des rats, voie de fuite des nazis haut placés qui conduit jusqu’en Amérique du Sud.
En 1946, l’Espagne est considérée comme l’alliée des vaincus; presque tous les États retirent leur ambassadeur de Madrid, mais les États-Unis et la Grande-Bretagne laissent entrevoir qu’elles n’approuvent pas; la France ferme sa frontière pyrénéenne. Franco passe cette crise avec d’importantes livraisons de blé du président argentin Juan Perón.
Mais avec le début de la guerre froide, en 1950, l’OTAN (il n’est pas question d’ adhésion) repère que l’Espagne est stratégiquement importante car ses terrains d’aviation sont situés hors de portée des soviétiques. À partir de centres près de Séville, Saragosse et Madrid, le Strategic Air Command, avec ses avions-citernes et sa protection par la chasse, peut entrer en action. Le paiement des soutiens américains, mettent fin aux années de la faim. Un traité apporte 1,5 milliard de dollars à l’économie espagnole. Ses effets auraient contribué au changement d’opinion des élites, qui découvrent que de plus hauts profits et un développement plus soutenu sont possibles, au lieu de la politique d’autarcie suivie jusqu’alors.

Sur le plan économique : installation du néolibéralisme
Comme en politique étrangère, on peut aussi distinguer 2 phases : d’abord l’autarcie pendant et après la guerre civile et, dés la fin des années 1950, les réformes d’économie libérale.
L’autarcie est un système économique sur un territoire géographiquement défini, l’État espagnol. Habité par des acteurs économiques (propriétaires des terres, des mines et des usines qui font travailler des paysans et des ouvriers), la production devrait suffire à tous leurs besoins et permettrait de vivre seulement de ces ressources, réduisant des importations au strict minimum, pour établir un équilibre économique à l’intérieur du pays. Des facteurs d’isolement peuvent expliquer l’absence d’échanges économiques et/ou la volonté d’indépendance de l’étranger. Protégée par l’interventionnisme de l’État (droits de douane), elle reste le point central du programme idéologique de la Phalange, ce qui permet le maintien de la vieille « élite » au pouvoir, voire le développement d’une petite bourgeoisie nationale, toute acquise à sa politique. L’Espagne reste un pays essentiellement agricole avec une stagnation durable, et les symptômes d’une économie de carence (le marché noir, le chômage), le népotisme et la fabrication de marchandises de mauvaise qualité. Pendant toutes les années 1950, l’État espagnol frôle la banqueroute.
La Phalange est abandonnée au profit d’un libéralisme économique, bien vu par les USA. À l’occasion d’un remaniement du gouvernement en 1962, Franco installe une équipe de technocrates de l’Opus Dei. L’Espagne entre au FMI, à la Banque mondiale et à l’OCDE,
La paix retrouvée et la liberté religieuse rétablie, Franco, tenant pour valable le concordat de 1851 dénoncé par la 2° République, obtiendra de présenter lui-même les candidats à l’épiscopat. Après 10 ans d’incubation, l’Opus Dei a pris son essor, coïncidant avec la victoire du franquisme. La consigne fut alors l’engagement des élites catholiques dans les affaires publiques,
L’abbé Escriva, son fondateur, mort en juin 1975,sera victime d’une campagne de dénigrement. En ces temps de patriotisme exacerbé, toute suspicion de tiédeur vis-à-vis du régime peut avoir des conséquences graves. Des membres de l’Opus Dei accepteront des responsabilités ministérielles dans le gouvernement franquiste, tandis que d’autres, exprimant leurs réserves, voire leur opposition au régime, en subiront durement les conséquences.

Qu’est-ce que l’Opus Dei ?
L’Opus Dei, l’« Œuvre de Dieu » en latin, est une institution de l’Église catholique fondée en 1928 par Josemaría Escrivá de Balaguer. Cette organisation a d’abord été une pieuse union, puis un institut séculier (en dehors des monastères). Elle promeut la sainteté au milieu du monde, aussi bien pour les laïcs que pour leurs prêtres. Son principal message est que chacun peut transformer son travail, ses loisirs et sa vie de famille en des moments de rencontre avec Dieu.
Son but est de diffuser le message évangélique en encourageant chacun personnellement, à chercher à devenir « saint » et à lutter contre tout ce qui ne correspond pas aux valeurs de l’Évangile. Elle encourage des initiatives à caractère social ou éducatif à but non lucratif prenant en charge leur orientation chrétienne.
Escriva,« Le Père », comme ils l’appellent, leur dit sans cesse que l’Opus Dei n’a pas été fondé pour telle ou telle classe sociale, à un moment donné : « Nous devons toujours être face à la multitude, car il n’est pas de créature humaine que nous n’aimions, que nous ne nous efforcions d’aider et de comprendre. Toutes nous intéressent, car toutes ont une âme à sauver » .
Prélature personnelle, pourvue de statuts, d’une convention, devient une organisation unique au sein de l’église. Elle ne dépend que du pape Pie XII, antimodernisme, soutien du fascisme italien et lmarqué par la loi française de 1905, séparation de l’Eglise et de l’Etat. Escriva s’installe à Rome en 1946. Son diocèse n’a pas de frontière. C’ est un corps apostolique composé de prêtres et de laïcs, hommes et femmes, organique et indivisible. L’Opus est en relation avec les élites catholiques se distinguant en fonction de leur fortune acquise dans le commerce et l’industrie.
En 1848 Marx et Engel ont publié le Manifeste du Parti Communiste (le Capital en 1867). A travers l’Europe, cette philosophie politique, socialiste,voire athée, captive le monde intellectuel et ouvrier.
L’Espagne est une monarchie catholique, un temps gouvernée par le dictateur, Primo de Rivera, qui protège les Jésuites dont les élites se distinguent par leur naissance noble.
Mais depuis 1881, les professeurs des universités espagnoles se sont arrogés le droit d’avoir des professeur de toute croyance, voire anti-catholique. La France devenant laïque (Loi de1905), le Vatican a conscience de l’anticléricalisme naissant. Les membres de l’Opus pour lutter contre, se considèrent comme les « soldats du Christ ». Cet esprit combatif convient très vite à beaucoup de clercs comme de laïcs. Escriva soigne l’aristocratie, les industriels Il possède le magnétisme du verbe ce qui lui vaut rapidement de nombreux disciples.
Les élections de 1931 en Espagne voit la proclamation de la République. Les Jésuites nobles sont expulsés du pays et leurs biens deviennent propriété de l’Etat. L’anticléricalisme imposé par la République va permettre l’ essor de l’Opus Dei. Semi-clandestin et un peu désemparé face à cette nouvelle situation, Escriva se rétablit en créant des petits groupes de pensée, L’Opus, ne faisant pas de distinction entre les laïcs et les clercs, est plus une congrégation.L’union des deux est enrichissante, même si les prêtres y imposent un esprit très conservateur. Durant la guerre d’Espagne, en danger de mort, Escriva quitte Madrid pour rejoindre les nationalistes du Général Franco
Avec lui, s’installe en Espagne le National-Catholicisme. L’harmonie avec l’Opus devient totale. La religion catholique reprend sa place partout : éducation, université, vie sociale et l’Opus omniprésente, ne rencontre qu’une opposition,: les Jésuites.
Pour rendre sa doctrine universelle, José Maria Escriva s’ installe au Vatican en 1946. Les domaines d’interventions de l’Opus, le plus souvent déguisée par peur de l’anticléricalisme, ont des antennes dans pratiquement tous les pays. Pour la France, l’ancien porte-parole de l’Opus était l’ancien directeur de la communication du CNPF (le MEDEF actuel).
L’Opus Dei a favorisé une certaine modernisation économique, préparé la libéralisation politique, mais elle a son nom mêlé à des « affaires » qui ont défrayé la chronique. Voici l’une d’entre elles.
Paul Marcinkus est un cardinal américain né en Géorgie (USA) qui devient traducteur de Jean XXIII, puis protecteur de Paul VI et enfin directeur de la banque Vaticane l’IOR ainsi que responsable de la banque milanaise Ambrosiano, affiliée à une banque de Genève. Les 2 directeurs précédents sont « suicidés » par la Maffia. En 1966, elle initie Licio Gelli, un ancien des « chemises noires » de la guerre d’Espagne, devenu fasciste en Italie. Pour lutter contre le communisme, la CIA a crée, basee en Italie, une organisation secrète le Gladio. Pour ses « oeuvres » au Chili, au Pérou, au Nicaragua, en Pologne (Solidarnosk), il faut beaucoup d’argent… l’Opus le fournit à l’IOR qui le « lave » avec Banco Ambrosiano et la banque de Genève sous la baguette de Paul Marcinkus.
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