3 phases en 40 ans

3- Après quelques tentatives de libéralisation dans les années 1960, les années 1970 voient le régime se crisper avant de s’achever dans une nouvelle vague de répression.

Dans l’Europe du Nord et de l’Ouest, la naissance des régimes parlementaires qui préfigurent les gouvernements démocratiques reflète l’émergence d’une nouvelle élite économique puis politique – la bourgeoisie – capable de ravir le pouvoir à des élites plus anciennes. Systématiquement, le développement agricole, puis industriel, y assure le bien-être croissant des masses. Dans cette perspective, il apparaît que, si l’industrialisation réussie entraîne la protestation ouvrière et la radicalisation politique, elle contient en même temps l’antidote d’une contestation trop violente des prolétaires qu’elle libère peu à peu de leur misère séculaire. La conjonction de ces 2 aspects de la révolution capitaliste induit le mariage possible de l’élitisme parlementaire et du suffrage universel, par-delà le progrès d’une certaine démocratie.

 L’État républicain, rejeté par les forces conservatrices, l’Église, l’armée, l’oligarchie, pour son impuissance à maintenir l’unité de la Nation, et par, les forces populaires, qui n’y voient qu’un État oppressif, doit faire face aux affrontements armés et aux émeutes révolutionnaires.

Le 17 novembre 1936, José Antonio Primo de Rivera est jugé pour rébellion militaire, puis est condamné à mort par un tribunal populaire. Il est exécuté 3 jours plus tard, Le fondateur des JONS, ayant été exécuté en octobre, c’est donc l’ensemble du triumvirat qui fut éliminé par les républicains durant les 1° mois de la guerre civile. Primo de Rivera devient le principal martyr du régime franquiste, la figure du martyr étant moins encombrante que celle du dirigeant politique. Primo de Rivera fut alors comme « vivant mais absent ». Ce personnage charismatique avait cotoyé Federico Gacia Lorca et Salvador Dali. La Phalange n’essaya pas de se doter d’un nouveau chef, obéissant à la volonté de Franco de concentrer l’ensemble du pouvoir et du potentiel nationaliste entre ses mains

Il y aura 28.000 exécutions après la fin de la guerre civile et de nombreux Espagnols croupiront en prison durant des années .

 Comme en politique étrangère, on peut aussi distinguer 2 phases : d’abord l’autarcie pendant et après la guerre civile et, dés la fin des années 1950, les réformes d’économie libérale.

La paix retrouvée et la liberté religieuse rétablie, Franco, tenant pour valable le concordat de 1851 dénoncé par la 2° République, obtiendra de présenter lui-même les candidats à l’épiscopat. Après 10 ans d’incubation, l’Opus Dei a pris son essor, coïncidant avec la victoire du franquisme. La consigne fut alors l’engagement des élites catholiques dans les affaires publiques,

L’abbé Escriva, son fondateur, mort en juin 1975,sera victime d’une campagne de dénigrement. En ces temps de patriotisme exacerbé, toute suspicion de tiédeur vis-à-vis du régime peut avoir des conséquences graves. Des membres de l’Opus Dei accepteront des responsabilités ministérielles dans le gouvernement franquiste, tandis que d’autres, exprimant leurs réserves, voire leur opposition au régime, en subiront durement les conséquences.

Escriva,« Le Père », comme ils l’appellent, leur dit sans cesse que l’Opus Dei n’a pas été fondé pour telle ou telle classe sociale, à un moment donné : « Nous devons toujours être face à la multitude, car il n’est pas de créature humaine que nous n’aimions, que nous ne nous efforcions d’aider et de comprendre. Toutes nous intéressent, car toutes ont une âme à sauver » .
Prélature personnelle, pourvue de statuts, d’une convention, devient une organisation unique au sein de l’église. Elle ne dépend que du pape Pie XII, antimodernisme, soutien du fascisme italien et lmarqué par la loi française de 1905, séparation de l’Eglise et de l’Etat. Escriva s’installe à Rome en 1946. Son diocèse n’a pas de frontière. C’ est un corps apostolique composé de prêtres et de laïcs, hommes et femmes, organique et indivisible. L’Opus est en relation avec les élites catholiques se distinguant en fonction de leur fortune acquise dans le commerce et l’industrie.
En 1848 Marx et Engel ont publié le Manifeste du Parti Communiste (le Capital en 1867). A travers l’Europe, cette philosophie politique, socialiste,voire athée, captive le monde intellectuel et ouvrier.
L’Espagne est une monarchie catholique, un temps gouvernée par le dictateur, Primo de Rivera, qui protège les Jésuites dont les élites se distinguent par leur naissance noble.
Mais depuis 1881, les professeurs des universités espagnoles se sont arrogés  le droit d’avoir des professeur de toute croyance, voire anti-catholique. La France devenant laïque (Loi de1905), le Vatican a conscience de l’anticléricalisme naissant. Les membres de l’Opus pour lutter contre, se considèrent comme les « soldats du Christ ». Cet esprit combatif convient très vite à beaucoup de clercs comme de laïcs. Escriva soigne l’aristocratie, les industriels  Il possède le magnétisme du verbe ce qui lui vaut rapidement de nombreux disciples.

Les élections de 1931 en Espagne voit la proclamation de la République.  Les Jésuites nobles sont expulsés du pays et leurs biens deviennent propriété de l’Etat. L’anticléricalisme imposé par la République va permettre l’ essor de l’Opus Dei. Semi-clandestin et un peu désemparé face à cette nouvelle situation, Escriva se rétablit en créant des petits groupes de pensée, L’Opus, ne faisant pas de distinction entre les laïcs et les clercs, est plus une congrégation.L’union des deux est enrichissante, même si les prêtres y imposent un esprit très conservateur. Durant la guerre d’Espagne, en danger de mort, Escriva quitte Madrid pour rejoindre les nationalistes du Général Franco
Avec lui, s’installe en Espagne le National-Catholicisme. L’harmonie avec l’Opus  devient totale. La religion catholique reprend sa place partout : éducation, université, vie sociale et l’Opus omniprésente, ne rencontre qu’une opposition,: les Jésuites.

Pour rendre sa doctrine universelle, José Maria Escriva s’ installe au Vatican en 1946. Les domaines d’interventions de l’Opus, le plus souvent déguisée par peur de l’anticléricalisme, ont des antennes dans pratiquement tous les pays. Pour la France, l’ancien porte-parole de l’Opus était l’ancien directeur de la communication du CNPF (le MEDEF actuel).

L’Opus Dei a favorisé une certaine modernisation économique, préparé la libéralisation politique, mais elle a son nom mêlé à des « affaires » qui ont défrayé la chronique. Voici l’une d’entre elles.


Paul Marcinkus est un cardinal américain né en Géorgie (USA) qui devient traducteur de Jean XXIII, puis protecteur de Paul VI et enfin directeur de la banque Vaticane l’IOR ainsi que responsable de la banque milanaise Ambrosiano, affiliée à une banque de Genève. Les 2 directeurs précédents sont « suicidés » par la Maffia. En 1966, elle initie Licio Gelli, un ancien des « chemises noires » de la guerre d’Espagne, devenu fasciste en Italie. Pour lutter contre le communisme, la CIA a crée, basee en Italie, une organisation secrète le Gladio.  Pour ses « oeuvres » au Chili, au Pérou, au Nicaragua, en Pologne (Solidarnosk), il faut beaucoup d’argent… l’Opus le fournit à l’IOR qui le « lave » avec Banco Ambrosiano et la banque de Genève sous la baguette de Paul Marcinkus.