
Le fascisme se situe au stade impérialiste du capitalisme. Il est né dans les années 1920, en même temps que le communisme. Dans chacun des pays où il s’est installé, il a pris en compte son histoire, sa situation économique si bien que les régimes politiques paraissent différents, mais le but est le même: empêcher les victimes de la misère de se révolter et de prendre le pouvoir politique.
Etymologie : de l’italien fasci, (faisceau: emblème de l’autorité de la Rome antique, utilisé par les milices de Mussolini), avec le suffixe -isme , pour qualifier une attitude, un comportement, une doctrine, un dogme, une idéologie.
Au sens strict, le fascisme est le régime politique né de la crise qui a suivi la 1° Guerre Mondiale, établit par Benito Mussolini en Italie de 1922 à 1945, fondé sur la dictature d’un parti unique anticommuniste., l’exaltation nationaliste et le corporatisme. On trouve aussi: doctrine visant à installer un régime autoritaire qui affirme la supériorité de l’État sur l’individu et l’extension illimitée de son pouvoir. « Pour le fascisme, tout est dans l’État et rien d’humain ou de spirituel n’existe ou n’a de valeur en dehors de lui ».
Le régime fasciste entend faire de la nation une communauté unique, rassemblée derrière un seul homme (culte de la personnalité et importance de la hiérarchie), les individus devant s’effacer devant l’Etat. Ignorant les Droits de l’Homme, il s’accompagne d’un Etat policier fort et sécuritaire, d’une organisation verticale des métiers en corporation, d’une méfiance envers les étrangers et d’une politique réactionnaire.
Au-delà du régime mussolinien, le terme « fasciste » sert souvent à qualifier des régimes autoritaires, Outre les nationaux-socialistes (Nazis), le fascisme de Mussolini a influencé d’autres mouvements en Europe :Phalange en Espagne, Garde de fer de Codreanu en Roumanie, Oustachi de Pavelitch en Croatie, Croix-Fléchées de Szalasi en Hongrie..

A partir de la définition très simple du fascisme italien, on va reprendre les mots qui sont des « synonymes » ou qui sont en rapport étroit avec le concept.
Le lexique autour du « fascisme »
- La dictature est un régime politique dans lequel une personne ou un groupe exercent tous les pouvoirs de façon absolue, sans qu’aucune
loi ou institution ne les limitent ; Au contraire, un régime autoritaire peut avoir des lois, des institutions, voire un parlement avec des
députés élus, mais pas librement donc pas de contre-pouvoir.
L’origine du terme remonte à Rome.
Le terme apparaît pour la 1° fois chez Cicéron dans De Republica, sous le terme de dictator, dérivé du verbe dictare « dire en répétant souvent, ordonner, commander » avec le suffixe d’agent -tor, pour désigner un magistrat par un mot au sens non-défini pour les formes spéciales de gouvernance de certaines villes du Latium.
A Rome, la dictature était un moment de la République où un magistrat (le dictateur) se voyait confier de manière temporaire et légale les pleins pouvoirs en cas de troubles graves, d’une situation de crise, nommé par le Sénat, et investi par les Consuls pour les remplacer. Il était muni des pleins pouvoirs, excepté le pouvoir financier qui demeurait sous la coupe du Sénat, pendant un mandat, qui ne pouvait, à l’origine excéder 6 mois, mais évoluera. 4 dictateurs se distinguent : Marius, Sylla, Pompée et César. Cette 1° forme de dictature tombe en désuétude à la fin du –iiie siècle; elle est abolie à la mort de César. Cette « magistrature républicaine extraordinaire » n’ est pas péjorative, au contraire, elle est valorisé par Tite-Live et Cicéron.
Le mot dictateur désigne pour la période contemporaine, ce que l’on appelait tyran dans l’Antiquité ou despote dans l’Ancien Régime.

La tyrannie est un régime où seul l’intérêt du tyran compte. Il se sert des sujets de façon abusive afin de satisfaire son propre intérêt, et non pour le bien commun, par la force, servitude, autocratie, absolutisme, despotisme, domination, oppression, hégémonie. Etymologie: : du grec turannos, maître, dominateur..Dans l’Antiquité grecque, la tyrannie est un pouvoir absolu conquis par la force et illégalement, après un coup d’Etat, usurpant l’autorité légale, souvent grâce à la faveur, la sympathie populaire.
Les historiens distinguent les tyrannies;
- Des -VIIe et -VIe siècles, le tyran disposa du soutien des classes populaires qui cherchent à limiter la domination des riches propriétaires terriens. La tyrannie a pour but de lutter contre les excès de l’aristocratie, de l’oligarchie, Exemples : Phidon à Argos, Cypsélos à Corinthe et Pisistrate ( -600 à -527) à Athènes. Ayant souvent favorisé l’activité économique, ces tyrannies préparent la transition de la royauté vers la démocratie.
- Du -IVe siècle avec Denys l’Ancien (-430 à -367) et son fils Denys le Jeune à Syracuse qui établissent leur pouvoir par la menace des armes contre toute forme d’opposition démocratique. Par extension de celle-ci, la tyrannie désigne de nos jours, tout pouvoir injuste, cruel, ne respectant pas les lois.
Il est repris au xx° siècle, durant l’entre-deux-guerres, pour forger un nouveau concept avec l’apparition concomitante des régimes nazi et stalinien. Il signifie que le système s’exerce dans les sphères privées, quadrillant toute la société et tout le territoire, en imposant à tous les citoyens l’adhésion à une idéologie obligatoire, hors de laquelle ils sont considérés comme ennemis.
Les caractéristiques retenues pour le définir sont :
* un monopole idéologique, une vérité qui ne tolère aucune critique, est imposée à tous et lutte contre les ennemis du régime,
* un parti unique qui contrôle la totalité de l’appareil étatique, qui dispose de tous les moyens de communication de masse utilisés comme des instruments de propagande,
*Ce parti crée des structures d’embrigadement de chaque catégorie de la société et dispose d’une direction centrale de l’économie. Le parti unique est dirigé par un chef charismatique, un guide autour duquel est formé un « culte».
* Un monopole de la force armée, un système policier qui a recours à la terreur avec un réseau omniprésent d’agents de surveillance des individus, basé sur la suspicion, la dénonciation et la délation ; et concentrationnaire afin de pouvoir se prémunir contre tout individu « suspect ». Il a recours à l’emprisonnement, la torture et l’élimination physique des opposants et à la déportation des groupes de citoyens jugés « inutiles » ou « nuisibles ».

Le potentat (du latin potentatus puissant) est un Souverain (roi) qui, dans un État, détient le pouvoir absolu. Il dispose de toute l’autorité importante en raison desa richesse et en use de façon despotique.
Le despote (du grec maître) est un chef d’État qui rassemble tous les pouvoirs pourgouverner entre ses mains. Il s’appuie sur la contrainte policière et la terreur. Aristote jugeait le despotisme comme une forme de gouvernement propre aux « sociétés serviles», où l’autorité règne avec le concours et la crainte de la loi religieuse. Dans sa forme classique, le despote est pour ses sujets, tel le père de famille pour ses enfants. Il œuvre pour leur bien. Despote était un titre légitime dans l’Empire byzantin, transmis à la descendance mâle de l’empereur, et à partir du xiiie siècle à des princes étrangers. Ils régnaient sur des parties de l’empire.
Le despotisme éclairé, dans l’Europe du xviiie siècle, désigne des chefs d’État qui passent outre les droits de débat, d’opposition ou de remontrance des pouvoirs constitués, pour imposer des réformes sur le système politique et/ou la société de leur pays. Frédéric II de Prusse, aidé par Voltaire, rédigea un ouvrage, inspiré par les idéaux des “Lumières”
Le mot « totalitarisme » a été inventé par Mussolini, qui lui donnait un sens positif. Il visait l’unité de la nation. Le totalitarisme est un régime et système politique dans lequel existe un parti unique, n’admettant aucune opposition organisée, et où l’ État tend à exercer une mainmise sur la totalité des activités de la société. Un tel système restreint l’opposition à l’État qui exerce un contrôle important sur la vie publique et privée. Dans les États totalitaires, le pouvoir politique est souvent détenu par des autocrates (dictateurs, monarques) qui utilisent la propagande, diffusée par les médias de masse contrôlés, incarnée dans l’État.
Le terme de « totalitarisme » désigne aussi l’utilisation de « tous les moyens » pour parvenir au but que s’est assigné l’État. Dès lors, il implique d’assurer un despotisme politique, de contraindre des intérêts divergents à une politique économique définie par l’État, d’imposer des normes idéologiques uniformes. Il concerne tous les aspects de la vie, l’État et son idéologie, exerçant sa mainmise sur les individus.
Il est repris au xx° siècle, durant l’ entre-deux-guerres, pour forger un nouveau concept avec l’apparition concomitante des régimes nazi et « stalinien« . Il signifie que le système s’exerçe dans les sphères privées, quadrillant toute la société et tout le territoire, en imposant à tous les citoyens l’adhésion à une
idéologie obligatoire, hors de laquelle ils sont considérés comme ennemis.
Les caractéristiques retenues pour le définir sont :
*un monopole idéologique, une vérité qui ne tolère aucune critique, est imposée à tous et lutte contre les ennemis du régime,
*un parti unique qui contrôle la totalité de l’appareil étatique, qui dispose de tous les moyens de communication de masse utilisés comme des instruments de propagande,
*Ce parti crée des structures d’embrigadement de chaque catégorie de la société et dispose d’une direction centrale de l’économie. Le parti unique est dirigé par un chef charismatique, un guide autour duquel est formé un « culte».
*Un monopole de la force armée, un système policier qui a recours à la
terreur avec un réseau omniprésent d’agents de surveillance des individus, basé sur la suspicion, la dénonciation et la délation ; et concentrationnaire afin de pouvoir se prémunir contre tout individu « suspect ». Il a recours à l’
emprisonnement, la torture et l’élimination physique des opposants et à la
déportation des groupes de citoyens jugés « inutiles » ou « nuisibles ».
5- L’autocratie est un régime politique où un seul individu détient le pouvoir, alors qualifié de pouvoir personnel et absolu, « qui tire son pouvoir (cratie) de lui-même (auto) ». L’autocrate n’a d’autre justification et légitimité que lui-même. Sans caractère officiel, une dictature peut être décrit comme une « dérive autocratique ». Ce mot est utilisé pour qualifier certains régimes africains: « la démesure autocratique et la cruauté d’un Idi Amin Dada en Ouganda (1971-1980), d’un Bokassa en Centrafrique (1965-1979). En Afrique « depuis le début des années 1990, 24 chefs d’État ont tenté de modifier les constitutions afin de se maintenir au pouvoir au-delà de leur double mandat ». Il s’agit de “coups d’État constitutionnels, qui s’accompagnent d’une répression contre ceux qui s’y opposent “.

6- Le populisme – Formé sur le radical populus ( peuple) , ce substantif est apparu, en français en 1912. Il désigne des mouvements politiques du xixe siècle, promus par les petits fermiers et ouvriers agricoles américains. Le Parti populiste voulait que le peuple se réapproprie ce que lui avait volé Wall Street et le capitalisme. En 2020, 5 éléments constituent le populisme :
- une conception du peuple (le peuple-Uni) ;
- une théorie de la démocratie (préférence pour la démocratie directe, rejet des corps intermédiaires et expression spontanée de la volonté générale;
- une modalité de la représentation (mise en avant d’un homme-peuple) ;
- une politique et une philosophie de l’économie (national-protectionnisme dans une vision souverainiste attentive à la sécurité de la population) ;
- un régime de passions et d’émotions (sentiment d’abandon, d’invisibilité, besoin d’un monde plus lisible comblé par des récits complotistes, volonté d’agir par le dégagisme).
En 1995, Umberto Eco publiait dans la New York Review of Books un essai intitulé Ur-Fascism ( fascisme éternel )
Adapté d’un discours qu’il avait tenu à la Columbia University, il revenait sur son expérience personnelle du fascisme italien, et avançait une grille d’analyse des signes avant-coureurs du basculement d’un régime politique vers le fascisme.
Dans l’esprit d’Eco, ces attributs ne peuvent s’organiser en système, beaucoup sont contradictoires entre eux et sont aussi typiques d’autres formes de despotisme. Mais il suffit d’un seul pour que le fascisme puisse se concrétiser. Voici les 14 points
- La première caractéristique du fascisme éternel est le culte de la tradition. Il ne peut y avoir de progrès dans la connaissance. La vérité a été posée une fois pour toutes, et on se limite à interpréter toujours plus son message obscur.
- Le conservatisme implique le rejet du modernisme. Le rejet du monde moderne se dissimule sous un refus du mode de vie capitaliste, mais il a principalement consisté en un rejet de l’esprit de 1789 (et de 1776, bien évidemment [Déclaration d’indépendance des États-Unis]). La Renaissance, l’Âge de Raison sonnent le début de la dépravation moderne.
- Le fascisme éternel entretient le culte de l’action pour l’action. Réfléchir est une forme d’émasculation. En conséquence, la culture est suspecte en cela qu’elle est synonyme d’esprit critique. Les penseurs officiels fascistes ont consacré beaucoup d’énergie à attaquer la culture moderne et l’intelligentsia libérale coupables d’avoir trahi ces valeurs traditionnelles.
- Le fascisme éternel ne peut supporter une critique analytique. L’esprit critique opère des distinctions, et c’est un signe de modernité. Dans la culture moderne, c’est sur le désaccord que la communauté scientifique fonde les progrès de la connaissance. Pour le fascisme éternel, le désaccord est trahison.
- En outre, le désaccord est synonyme de diversité. Le fascisme éternel se déploie et recherche le consensus en exploitant la peur innée de la différence et en l’exacerbant. Le fascisme éternel est raciste par définition.
- Le fascisme éternel puise dans la frustration individuelle ou sociale. C’est pourquoi l’un des critères les plus typiques du fascisme historique a été la mobilisation d’une classe moyenne frustrée, une classe souffrant de la crise économique ou d’un sentiment d’humiliation politique, et effrayée par la pression qu’exerceraient des groupes sociaux inférieurs.
- Aux personnes privées d’une identité sociale claire, le fascisme éternel répond qu’elles ont pour seul privilège, plutôt commun, d’être nées dans un même pays. C’est l’origine du nationalisme. En outre, ceux qui vont absolument donner corps à l’identité de la nation sont ses ennemis. Ainsi y a-t-il à l’origine de la psychologie du fascisme éternel une obsession du complot, potentiellement international. Et ses auteurs doivent être poursuivis. La meilleure façon de contrer le complot est d’en appeler à la xénophobie. Mais le complot doit pouvoir aussi venir de l’intérieur.
- Les partisans du fascisme doivent se sentir humiliés par la richesse ostentatoire et la puissance de leurs ennemis. Les gouvernements fascistes se condamnent à perdre les guerres entreprises car ils sont foncièrement incapables d’évaluer objectivement les forces ennemies.
- Pour le fascisme éternel, il n’y a pas de lutte pour la vie mais plutôt une vie vouée à la lutte. Le pacifisme est une compromission avec l’ennemi et il est mauvais à partir du moment où la vie est un combat permanent.
- L’élitisme est un aspect caractéristique de toutes les idéologies réactionnaires. Le fascisme éternel ne peut promouvoir qu’un élitisme populaire. Chaque citoyen appartient au meilleur peuple du monde; les membres du parti comptent parmi les meilleurs citoyens; chaque citoyen peut ou doit devenir un membre du parti.
- Dans une telle perspective, chacun est invité à devenir un héros. Le héros du fascisme éternel rêve de mort héroïque, qui lui est vendue comme l’ultime récompense d’une vie héroïque.
- Le fasciste éternel transporte sa volonté de puissance sur le terrain sexuel. Il est machiste (ce qui implique à la fois le mépris des femmes et l’intolérance et la condamnation des mœurs sexuelles hors normes: chasteté comme homosexualité).
- Le fascisme éternel se fonde sur un populisme sélectif, ou populisme qualitatif pourrait-on dire. Le Peuple est perçu comme une qualité, une entité monolithique exprimant la Volonté Commune. Étant donné que des êtres humains en grand nombre ne peuvent porter une Volonté Commune, c’est le Chef qui peut alors se prétendre leur interprète. Ayant perdu leurs pouvoirs délégataires, les citoyens n’agissent pas; ils sont appelés à jouer le rôle du Peuple.
- Le fascisme éternel parle la Novlangue. La Novlangue, inventée par Orwell dans 1984, est la langue officielle de l’Angsoc, ou socialisme anglais. Elle se caractérise par un vocabulaire pauvre et une syntaxe rudimentaire de façon à limiter les instruments d’une raison critique et d’une pensée complexe.

Synthèse d’un siècle d’expérimentation du fascisme
Du premier fascisme en Italie en Europe à celui du Chili en Amérique du Sud, ces régimes ont les mêmes caractéristiques, plus ou moins marquées en fonction des circonstances qui les a instaurés.
- Des mesures draconiennes prises par une bourgeoisie effrayée par une potentielle révolution populaire “communiste”
- La Nation dénonce avec violence un ou des ennemis intérieurs et/ou extérieurs. Une propagande médiatique incite à la délation, voire aux passages à l’acte.
- Un peuple uni qui est guidé par un Etat fort de sa police et de son armée, avec à sa tête, un Chef. Le contrôle et la répressions sont sanguinaires.
- Le travail est divisé en corporations de métiers, comprenant les patrons jusqu’aux apprentis. Les richesses produites sont gérés par les patrons et l’état. Le mode de production suit les grandes phases du capitalisme par l’implantation du modèle américain.
- L’Eglise catholique est une aide précieuse. L’école lui est confiée. Les gouvernements des USA ferment les yeux officiellement, mais les soutiennent indirectement
- Des groupes armés font règner la terreur dans les rues.
Dans les articles suivants, nous examinerons les spécificités de quelques uns
