
Séparer l’algérianité de la francité n’est pas simple
L’émigration a fortement reflué à partir de 1974, bloquée conjointement par les autorités française et algérienne. La rupture ne se fait pas avec l’indépendance de l’Algérie mais en 1973-1974. Depuis, de masculine qu’elle était surtout, elle a évolué avec les regroupements familiaux, mais elle n’a jamais cessé et elle tend à reprendre depuis la dernière décennie. En 1968, des accords franco-algériens imposent aux Algériens vivant en France une carte de résidence lié à un contrat de travail (même déterminée). On l’a vu, + de 90% des immigrés ont opté pour la nationalité algérienne.
Tout de suite après l’Indépendance, les émigrés sont très mobiles. Le retour est difficile. Le départ d’1 M de “pieds-noirs” désorganise l’économie (petits commerces, agences banquaires). Les terres qui ont été bombardées au napalm, doivent attendre que la Révolution agraire portent ses fruits. L’industrialisation lourde engagée par le régime Boumediene avec l’aide d’ingénieurs russes, la reconstruction de village modernes dit « socialistes » avec l’aide temporaire des émigrés revenus, les obligent à retourner en France pour continuer avec leur salaires d’aider la nouvelle Algérie qui ne peut se priver de la manne financière de l’émigration.
En 1973, c’est président Boumédiène (1932-1978), qui prend l’initiative de “suspendre l’immigration” afin de protéger ses ressortissants de la “flambée raciste”, marquée par de nombreux homicides dans la région de Marseille. Cette déclaration permet d’anticiper les annonces du gouvernement français. En juillet 1974, il étend cette mesure de manière “provisoire” (alors que cette “fermeture des frontières” devint le pilier des politiques migratoires successives) et sous couvert de dégradation de la situation du marché du travail. 1974 marque un tournant : c’est la fin de l’immigration de travail. Mais, les Algériens demeurés durablement en France sont les plus nombreux parmi cette population et, à compter des années 1970, ils y deviennent la communauté la plus représentée, avec les Portugais.
Aujourd’hui, les 700 foyers de travailleurs migrants français, occupent des bâtiments qui souffrent souvent d’avoir été construit et entretenus aux moindres frais. Les plus insalubres restent exclusifs aux ressortissants d’Afrique subsaharienne, d’autres accueillent des gens de toutes origines dont des nationaux. Les Maghrébins forment encore en 2004, 48 % des résidents contre 84 % en 1977, surtout des retraités.
Le choix des nationalités
L’indépendance algérienne a été un événement de résonance mondiale et une véritable rupture géopolitique :la France devient européenne avec le Marché Commun ; l’Algérie est à l’avant-garde du Tiers monde. De plus, en même temps, les indépendances nationales de dizaines de millions de personnes (Vietnamiens, Sénégalais, Maliens, Algériens) perdent la nationalité française. Ces pays nouvellement indépendants devaient se doter de leur code de la nationalité.
Dans le cas algérien, en raison de son statut de colonie de peuplement, départementalisée, les Algériens présents dans l’hexagone, étaient Français Musulmans (pas les Tunisiens et Marocains sous protectorats). La fin de la période de 5 ans 1962-1968, pendant laquelle ils purent choisir, fut loin de clarifier les choses. Les agents des services publics, hospitaliers ou municipaux, perdirent le statut de fonctionnaires voire leur emploi (les fonctionnaires y compris territoriaux, devaient être de nationalité française (contournée par l’auxiliariat et les contrats de droit privé). – de 100 000 anciens “Français musulmans”, surtout des “harkis”, optèrent pour la nationalité française.
Les enfants nés avant 1962 étaient certes devenus algériens en même temps que leurs parents, mais ceux nés après cette date étaient français (par le double droit du sol) et algériens (par filiation) de naissance. Aucun des 2 codes de la nationalité n’empêchait ces situations de double nationalité. Donc dans la même famille, cohabitent des membres de nationalité française ou/et algérienne. Cela montre la pluri-appartenance et les histoires mêlées.

Politique migratoire des gouvernements de 1974 à 2017
A partir de 1974, Valéry Giscard d’Estaing adopte une politique de maîtrise des flux migratoires: arrêt de toute nouvelle immigration, contrôle rigoureux des entrées et des séjours, encouragement à des retours volontaires et programme d’insertion pour ceux qui sont établis en France. L’immigration de travailleurs reste suspendue, celle des familles est re-autorisée en 1975. Une loi permet aux immigrés d’être élus comme représentants des salariés dans leur entreprise.
1977- Retours volontaires/retours forcés. L’aide au retour volontaire des immigrés dans leur pays d’origine avec une prime de 10 000 francs, le « million Stoléru », sera supprimée en nov 1981. (Elle donne lieu à la sortie en 1982, du film algéro–français réalisé par Mahmoud Zemmouri, Prends 10 000 balles et casse toi qui résume avec humour, son ineptie.) L’objectif est de 500 000 retours forcés sur 5 ans (surtout du Maghreb) installée régulièrement, et depuis longtemps. 1980- L’entrée ou le séjour irréguliers devient un motif d’expulsion pour éloigner les « clandestins » ou ceux dont le titre de séjour n’a pas été renouvelé, avec reconduite à la frontière ou détention dans un établissement pénitentiaire.
1981- François Mitterrand avec Gaston Defferre, ministre de l’intérieur suppriment les expulsions avec autorisation provisoire de séjour pour les étrangers nés ou entrés en France avant l’âge de 10 ans, et l’expulsion ne peut être que si l’étranger est condamné à un an de prison ferme (la double peine). Ils régularisent « les clandés » s’ils fournissent la preuve de l’occupation d’un emploi stable d’une validité d’un an, qui donne droit à une carte de travail et de séjour valable 3 ans et 3 mois pour les Algériens. En 1982, la régularisation des « sans-papiers » a permis de délivrer 105 000 cartes de travail et de séjour valables 1 an. Adoption d’une loi garantissant la liberté d’association des étrangers En 1983- Parallèlement, ils luttent contre l’immigration illégale : contrôle systématique et lutte contre leurs employeurs ; réduction du nombre des travailleurs saisonniers (surtout pour les Maghrébins) ; l’obtention du titre de travail ; lutte contre l’intolérance, le racisme, la violence.
En avril 84, . la création du titre unique de séjour et de travail de 10 ans reconnaît le caractère durable de l’installation et dissocie le droit au séjour d’avec l’occupation d’un emploi, doublée de l’intensification de la surveillance de l’entrée sur le territoire (centralisation des données, accroissement des moyens de la police de l’air et des frontières). En juin 1985, l’accord de Schengen porte sur la suppression graduelle des contrôles aux frontières intérieures de l’espace.
Mars 1986 : 1° cohabitation entre 1986 et 1988 avec Jacques Chirac, 1° ministre, lance le rapport « Être Français aujourd’hui et demain », pour une réforme du code de la nationalité visant à faciliter son acquisition pour les jeunes de 16 à 21 ans, nés en France de parents étrangers et y résidant depuis 5 ans,
8 Mai 1988- François Mitterrand est réélu. Pierre Joxe, ministre de l’intérieur, assure la protection contre l’expulsion des personnes ayant des attaches personnelles ou familiales en France mais renforce les conditions de délivrance des certificats d’hébergement. La loi instaure des sanctions contre les « passeurs » qui débarquent en France des personnes sans passeport ou visa.
Mars 1993 –:2°cohabitation 93-95. Réforme du code de la nationalité, pour les enfants nés en France, de parents nés à l’étranger, allongement à 2 ans du délai d’acquisition de la nationalité pour un étranger marié avec une Française (lutte contre les « mariages blancs »). Refus de la délivrance d’une carte de résident à un étudiant.
1998 : Jean-Pierre Chevènement, ministre de l’intérieur, annonce la régularisation de 15 700 sans papiers. L’Office des migrations internationales (OMI) est chargé du retour des non régularisés : financement du voyage et aide psychologique et sociale. Le certificat d’hébergement de 1982, est remplacé par une attestation d’accueil, certifiée soit par la mairie, soit par le commissariat pour vérifier l’identité du signataire et les justificatifs du logement d’ accueil 2002- Ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy, lutte contre l’immigration clandestine.

La notion d’immigration choisie
2005- 2006- Dominique de Villepin, 1° Ministre, axe sa lutte contre l’immigration irrégulière vers une « immigration choisie », qui institue un contrat d’accueil et d’intégration. Le regroupement familial est la principale source de l’ « immigration subie », ainsi que les mariages mixtes. « Passer d’une immigration subie à une immigration choisie » est conditionné par l’obtention d’une carte de séjour salarié (contrat de travail) et à l’obtention d’un visa long séjour. Une forme de sélection de la main d’œuvre est prévue : des listes de secteurs tendus où les employeurs pourront faire appel à des étrangers sont établies. Est instituée une carte « compétence et talents » valable 3 ans et renouvelable, pour les étrangers dont « le talent constitue un atout pour le développement et le rayonnement de la France ». Le principe de la régularisation systématique après 10 ans de présence sur le territoire est supprimé. Un texte vise à lutter contre les « mariages de complaisance » avec renforcement du contrôle d’identité et audition des futurs époux.
Mai 2007 Nicolas Sarkozy, président de la République s’attaque à l’immigration familiale. Pour toute personne étrangère demandant un visa de long séjour pour rejoindre en France, un membre de sa famille, on s’assurera de son « degré de connaissance de la langue française ». Sinon, il devra suivre des cours sur place pendant 2 mois, avec attestation obligatoire pour un visa de long séjour. Il créée un fichier avec empreintes digitales et photographies des bénéficiaires de l’aide au retour.
A partir de 2008, c’est l’Union Européenne qui décide par un Pacte européen pour l’immigration et l’asile avec 3 directives: sur les conditions d’entrée et de séjour des immigrés pour un emploi hautement qualifié, sur les sanctions à l’encontre des employeurs de main d’œuvre sans papier, sur le retour des immigrés en situation irrégulière (expulsions avec interdiction de retour sur le territoire français de 3 à 5 ans). 2009 Eric Besson, ministre de l’immigration, de l’identité nationale et du développement solidaire, lance « un grand débat sur l’identité nationale » Flop !
2011 . « La France accueille chaque année 200 000 étrangers. Il est décidé de réduire ce flux. 2012- Le ministre de l’Intérieur Valls définit les conditions d’examen des demandes de titre de séjour : « vie privée et familiale », « salarié », « travailleur temporaire ».
Novembre 2015- À la suite des attentats perpétrés à Paris (Charly Hebdo) et à Saint-Denis, la France rétablit les contrôles à ses frontières, comme le code Schengen lui en donne la possibilité.
2018- Le Conseil constitutionnel consacre pour la 1° fois, un principe à valeur constitutionnelle de fraternité, créant une protection des actes de solidarité. Il est désormais acquis que chacun a « la liberté d’aider autrui, dans un but humanitaire, sans condition de la régularité de son séjour sur le territoire national ». Passé inaperçu

Le fameux accord franco-algérien de 1968
La circulation, le séjour et le travail des Algériens en France sont régis de manière complète dans cet accord. Ils relèvent d’un régime spécifique. Le droit commun ne leur est pas appliqué, à l’exception des dispositions de procédure. L’accord prévoit les règles concernant la nature et la durée de validité des titres de séjours délivrés. Ils portent le nom de « certificats de résidence » et leur durée de validité est soit d’1 an soit de 10 ans.
Les principales spécificités de ce régime : l’entrée régulière des Algériens en France est facilitée ; les Algériens bénéficient de la liberté d’établissement pour exercer une activité de commerçant ou une profession indépendante ; les ressortissants algériens peuvent accéder plus rapidement que les autres à un titre de séjour de 10 ans. Ainsi, le conjoint algérien d’un Français se voit délivrer un certificat de résidence de 10 ans après un an de mariage et le parent d’un enfant français l’obtient à l’échéance d’un 1° certificat de résidence d’1 an. Les membres admis au titre du regroupement familial reçoivent un titre de séjour de même durée que celui qu’ils rejoignent, donc de 10 ans si l’accueillant en est porteur. S’ils ne l’ont pas déjà, les ressortissants algériens peuvent solliciter un certificat de résidence de 10 ans après 3 ans de séjour, sous condition de ressources suffisantes. Mais les titres de séjour créés par les lois de 2003, 2006, 2018 ne leur sont pas applicables la carte portant la mention « passeport talent » ou celle portant la mention « étudiant programme de mobilité ». S’il souhaite exercer une activité salariée en France, l’ « étudiant » algérien titulaire de ce certificat de résidence doit solliciter une autorisation provisoire de travail et ne peut travailler au maximum 50 % de la durée annuelle de travail pratiquée dans sa branche.
L’immigration algérienne aujourd’hui
En 2019, l’INSEE recensait 846 400 immigrés algériens résidant sur le territoire français et l’INED estime à 1 207 000 le nombre d’enfants d’immigrés algériens résidant en France. Les médecins algériens représentent 25 % du nombre total de médecins étrangers exerçant dans les hôpitaux français, selon le Conseil National de l’Ordre des Médecins . Selon Le Parisien, 800 Algériens sur les 10 471 étrangers ont été expulsés par les autorités françaises vers leur pays d’origine en 2015, La nationalité algérienne est la 3° en termes de personnes reconduites à la frontière après la Roumanie (2 422), la Tunisie (772) et le Maroc (731).
L’ATTENTAT CONTRE CHARLIE HEBDO 11 janvier 2015

Pourquoi un tel attentat est-il possible à Paris?
Depuis les attentats du 11 septembre 2001, la légitimation des guerres est construite sur le « danger islamiste » développant d’une islamophobie à grande échelle au sein des puissances occidentales. A l’inverse, ces guerres produisent une solide « haine de l’occident » dans les peuples victimes. On trouve les causes de l’attentat dans la longue durée et la dimension internationale. La France est une des puissances les plus en guerre sur la planète. De l’Irak à la Syrie, en passant par la Libye et l’Afghanistan pour le pétrole, du Mali à la Centrafrique, en passant par le Congo pour les minerais stratégiques, les soldats français contribuent à semer la mort et le désastre aux 4 coins de la planète. Les stratégies des puissances occidentales, françaises en particulier, se déploient sur 2 axes : le renforcement d’Israël comme base et pivot du contrôle de la région, et le soutien aux pétromonarchies réactionnaires du golfe.
L’attentat contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo a marqué notre histoire contemporaine. Comment? Dans le contexte actuel de « guerre contre le terrorisme » et d’islamophobie d’Etat, les artisans de cet acte ont (consciemment ou non) accéléré la stigmatisation et l’isolement de la composante musulmane des couches populaires.
Ses conséquences politiques, désastreuses pour elles avec la fameuse «Union Nationale » se renforcent de jour en jour. En effet, la manière dont les médias français et une écrasante majorité de la classe politique ont réagi est criminelle et dangereuse Comprendre est la seule posture qui permette d’éviter l’ instrumentalisation et le dévoiement d’une émotion, d’une colère et d’une révolte légitime.
Le facteur interne d’une islamophobie banalisée a des effets décuplés dans le contexte de fragilisation économique, sociale et politique générale des classes populaires. La paupérisation et la précarisation massive sont devenues insoutenables dans les quartiers populaires. Il en découle des rapports sociaux marqués par une violence grandissante contre soi-même et contre son entourage . A cela, se combinent le déclassement d’une part importante des couches moyennes, ainsi que la peur de ceux chez qui tout va encore bien, mais qui ne sont pas « à l’abris ». Ceux-là, se sentant en danger, disposent d’une cible désignée médiatiquement et politiquement comme légitime: les musulmans. La fragilisation touche encore plus fortement les émigrés, confrontée aux discriminations racistes systémiques (dans la formation, dans l’emploi, dans la recherche du logement, dans le rapport à la police et aux contrôles au faciès, etc.). qui produisent des trajectoires de marginalisation. Le clivage entre les 2 composantes des classes populaires dans la logique de «diviser pour régner» est réussi et l’union des adversaires de classe est en bonne voie.
Déchaînement islamophobe
La tuerie à Charlie Hebdo est l’émergence de trajectoires nihilistes extrêmement minoritaires, mais qui, sans les excuser, sont une production de notre système d’inégalités et de discriminations massives Les réactions à l’attentat, sont très nombreuses. Marine Le Pen exigent un débat national contre le « fondamentalisme islamique », le bloc identitaire déclare la nécessité de « remettre en cause l’immigration massive et l’islamisation » pour lutter contre le « djihadisme ».
A ces propos, se joignent des passages à l’acte: une Femen se filme en train de brûler et de piétiner le Coran, des coups de feu sont tirés contre la mosquée d’Albi, des tags racistes sont peints sur les mosquée de Bayonne et Poitiers, des grenades sont lancées contre une autre au Mans, des coups de feu sont tirés contre une salle de prière à Port la Nouvelle, une autre est incendiée à Aix les Bains, une tête de sanglier et des viscères sont accrochés devant celle de Corte en Corse, un restaurant-snack-kebab est l’objet d’une explosion à Villefranche sur Saône, un automobiliste est la cible de coups de feu dans le Vaucluse, un lycéen d’origine maghrébine de 17 ans est molesté lors d’une minute de silence à Bourgoin-Jallieu en Isère, etc.
Il existe « un usage fasciste des émotions politiques de la foule » – Sophie Wahnich

Les émeutes urbaines dans les banlieues françaises
Elles sont définies comme un trouble à l’ordre public violent et collectif, Alors que des émeutes importantes ont lieu depuis 1979, la 1° couverte par des médias d’envergure nationale se déroule en 1990, comme souvent en banlieue lyonnaise, et marque le début des émeutes dans le reste de la France, en Île-de-France. Les plus exceptionnelles par leur durée ont été les émeutes de 2005, puis par leur ampleur, celles de 2023. L’urbanisme industriel capitaliste veut que les ouvriers, les pauvres, les indésirables, soient rassemblés loin des centres villes: les fortif’, les corons, puis les cités HLM avec une densité de population impressionnante ( la cité des 4000 logements à La Courneuve). Elles sont considérées comme des ghettos, espace de réclusion et d’exclusion. Dans ces guettos de misère et de chômage (un taux d’inactivité situé au-dessus de la moyenne nationale, avec des quartiers à plus de 50 % de chômage au sein de la population active), il faut bien manger , s’habiller, acheter de quoi s’équiper, si bien que des trafics en tout genre s’y développent, chapeautés par la grande délinquance qui elle, est peu inquiétée (trafic de drogue internationale). Si en Île-de-France, la proportion des moins de 20 ans en 1992 est de 27 %, dans les quartiers en développement social, c’est 40 %. Sans structures, les jeunes conduisent leurs activités sociales dans la rue, sur la « dalle ».Les violences urbaines s’appuient sur l’intégration par le travail remise en cause par des taux élevés de chômage, des politiques répressives et l’inexistance de politiques publiques de prévention à l’adresse des jeunes. Les travailleurs sociaux des quartiers estiment que « les gens de terrain ont l’impression d’être abandonnés par les institutions ». Dans les quartiers excentrés du centre-ville, on trouve au mieux une antenne ou une annexe de l’administration plutôt qu’un bâtiment dédié. En 1992, La Poste n’a de bureau que dans la ½ de ces quartiers, peu de transports en commun, Seule la police représente la présence de l’État.Les 1° émeutes urbaines ont lieu en 1979 à Vaulx-en-Velin, dans la banlieue de Lyon. Les jeunes d’origine maghrébine se soulèvent contre les forces de l’ordre en condamnant le « harcèlement policier » dont ils estiment être victimes. A Villeurbanne, à côté, le maire, Charles Hernu, qualifie la cité Olivier-de-Serres, qui contient 336 logements habités par 2 300 personnes, de « vivier à délinquance ». Puis 1981, aux Minguettes, un gendarme en civil et un CRS sont blessés ; des centaines de voitures sont incendiées. les maires locaux et le ministre de l’Intérieur Gaston Defferre appellent à la répression policière pour combattre le banditisme.
Fin 1990, Thomas Claudio meurt ; c’est la 11° victime en lien avec la police ou avec des vigiles depuis 1980. Délinquants peut-être, mais la peine de mort est-elle rétablie en France pour les enfants d’émigrés ?
Le scénario est toujours le même. Un cadavre, celui d’Ibrahim Sy ou Nahel Merzouk par exemple, est retrouvé Sa mort déclenche de violentes émeutes durent trois jours: pillage de centres commerciaux, de bâtiments publiques, affrontements avec les forces de l’ordre, voitures sont brûlées, incendies de commissariats. En 2005, des violences urbaines qui ont commencé à Clichy-sous-Bois à la suite de la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré, électrocutés dans l’enceinte d’un poste électrique alors qu’ils cherchaient à échapper à un contrôle de police ; et 3 jours plus tard, le jet d’une grenade lacrymogène à l’entrée de la mosquée par des forces de l’ordre. Les émeutes, d’abord limitées à Clichy-Montfermeil, s’étendent à plusieurs banlieues parisiennes, puis gagnent la France entière. L’état d’urgence est déclaré, puis prolongé de 3 semaines consécutives, s’accompagnant d’un couvre-feu. Ces mouvements ne sont pas organisés, ni soutenus, seulement réprimés sévèrement. Ils ne durent qu’une semaine au plus.
Sources :Emmanuel Blanchard. Les Algériens en France: de la condition coloniale à celle d’étrangers stigmatisés (1900-1986). Delphine Diaz. Exilés, réfugiés, étrangers. France, 1848-1986, Saïd Bouamama-Blog