
Repères chronologiques
1- 1er novembre 1954- Déclenchement de l’insurrection armée par le F.L.N.
2- 12 mars 1956- L’Assemblée nationale vote la loi sur les « pouvoirs spéciaux » pour l’Algérie. Départ du 1° contigent
– 20 août 1956- Congrès de la Soummam où le F.L.N. définit sa stratégie.
3- La« bataille d’Alger» 7 janvier- 9 octobre 1957– Le gouverneur général Robert Lacoste confie aux parachutistes de Massu les pouvoirs de police dans la ZA
5- 13 mai 1958- Tentative de coup d’état et Comité de salut public à Alger
6- 1er juin 1958 – « Je vous ai compris. »De Gaulle investi pouvoirs spéciaux par l’Assemblée nationale. :
7- 19 septembre 1958- Formation, au Caire, du Gouvernement provisoire de la République algérienne (G.P.R.A.) dirigé par Ferhat Abbas.
– 23 octobre 1958- De Gaulle propose la Paix des Braves: « ceux qui ont ouvert le feu le cessent et qu’ils retournent, sans humiliation, à leur famille et à leur travail ! ».
8- 16 septembre 1959– De Gaulle reconnaît le droit à l’autodétermination du peuple algérien.
9- 22 avril 1961 –Putsch des généraux– Tentative de Salan, Challe, Jouhaud, Zeller.
10- 17 octobre 1961- À Paris, manifestation des « Français musulmans d’Algérie »,
11- 18 mars 1962– Signature des accords d’Évian : cesser le feu et indépendance
12-Avril – Août 1962 – Les Pieds Noirs sont conduits à un « exode brutal »
– 5 juillet 1962- Proclamation de l’indépendance de l’Algérie.
1- 1954 en Algérie
L’Algérie , calme en apparence dans la période 1945-54, se prépare à l’insurrection du 1° novembre 1954. Le Comité révolutionnaire d’unité et d’action (CRUA), ancêtre du FLN, est fondé en mars 1954 par 2 anciens de l’Organisation spéciale (OS) et 2 centralistes L’Organisation Spéciale (OS) était le bras armé du MTLD, de Messali Hadj car à la suite des massacre de Sétif, les partisans d’actions violentes pour l’indépendance de l’Algérie se renforce. Une organisation militaire secrète est mise sur pied en février 1947 avec 2 000 hommes. Elle était axées sur les aspects théoriques et pratiques de la guérilla : l’usage des explosifs et des armes, la tactique de combat, l’art de l’embuscade et des incursions. L’OS avait déjà jeter les bases d’une institution militaire pour la lutte de libération.
Le 23 juin 1954, dans une modeste villa du Clos Salambier appartenant à Lyès Deriche, un quartier musulman d’Alger, 22 Algériens se prononcent « pour la révolution illimitée jusqu’à l’indépendance totale ». L’engouement des éléments les plus jeunes et les plus radicaux pour l’action, le refus des autorités françaises de toutes réformes politiques et la violence de la répression conduisent les mouvements nationalistes à se rallier au FLN. Les « centralistes » du MTLD se rallient en mars 1955, ceux de l’UDMA en avril 1956, après la fuite de Ferhat ‘Abbas vers l’Egypte. Les élus de la communauté musulmane adhérent au FLN en septembre 1955 et refusent de poursuivre leurs activités au sein des institutions françaises. .Les Oulémas, qui condamnaient la lutte armée, l’intègrent en janvier 1956. Le PCA (Parti Communiste Algérien) constitue d’abord des maquis pour éviter la fuite de ses militants vers le FLN, qui, après accord sont intégrés dans l’ALN (Armée de Libération Nationale) en juillet 1956. Avec la création, début 1956, de l’Union Générale des travailleurs Algériens (UGTA), le FLN s’empare du monde syndical. L’Algérie est découpée en 5 zones, puis en 7:
- « Groupe des six », chefs du FLN Photo prise juste avant le déclenchement de la guerre le 1er novembre 1954. Debout, de gauche à droite : Rabah Bitat, Mostefa Ben Boulaïd, Didouche Mourad et Mohamed Boudiaf. Assis : Krim Belkacem à gauche, et Larbi Ben M’hidi à droite.

L’ALN – À partir de novembre 1954, la lutte fut menée dans les grandes villes algériennes, dans les endroits les plus reculés de l’intérieur (les maquis). Elle passe d’une armée de partisans de 3 000 hommes mal armés et mal préparés mais déterminés à une armée classique quand la guerre se prolonge. Les combattants ne sont plus les guerriers des tribus, chargés de la défense d’une petite « patrie », comme au moment de la conquête. Ce sont des professionnels, souvent issus de l’armée française (les Tirailleurs) comme Hocine Aït Ahmed, Ahmed Ben Bella, Krim Belkacem ou Mohamed Boudiaf. Après Nov. 54, des cadres désertent l’armée française pour les maquis ou surtout pour l’armée des frontières. Ils proviennent des garnisons de France ou d’Allemagne.. D’autres, ont été formés dans des camps d’entraînement en Égypte ou en Libye. Avec le concours d’Égyptiens, de Syriens, d’Irakiens, voire d’Européens, le FLN a pu organiser au Maroc et en Tunisie ses propres centres d’instruction. Ainsi Ahmed Bencherif, ancien officier de l’armée française formé au sein de l’École nationale des sous-officiers, se rend en Tunisie où, entre 1958 et 1959, il commande l’école d’officiers de l’ALN.
Le combattant algérien fait l’admiration du général Maurice Challe : « Il est capable de se déplacer à une allure considérable. Sa vitesse dans ses djebels était 3 fois supérieure à la nôtre ; il est très vite renseigné par les villageois, sur les déplacements de l’ennemi. Il refuse toujours le combat, son but étant de durer ». Parallèlement, des formations tiennent le maquis, composés de « fellagas »
1- et 1954 en France
Le recensement de 1954 comptabilise 210 000 FMA (Français Musulmans d’Algérie) sur le sol français et le ministère de l’Intérieur les estime à 436 000 en 1962 soit le double durant les 6 ans de guerre. En 1964, 43 % des Algériens de France vivent dans des bidonvilles ; celui de Nanterre, l’un des 89 de la région parisienne, abrite 14 000 personnes. Cette concentration n’est pas sans importance dans la lutte pour l’indépendance.
Alors que le contrôle du réseau des cafés-hôtels par le mouvement messaliste puis par le FLN a assuré une base au nationalisme algérien en métropole, le développement des bidonvilles en périphérie de Paris, Lyon et Marseille y fait craindre par la France, la naissance d’un 2° front. La guerre d’Algérie donc va permettre le contrôle de «l’ordre public» par l’intermédiaire du logement.
Au lendemain du 1er novembre 1954, et après le découpage de l’Algérie en wilayas, la création d’un 7° front au cœur de la France devient une nécessité pour le FLN du fait de l’importance de la communauté qui y est établie.
Du bassin minier, une bonne partie des émigrés repart. Les Messalistes et le FLN ont des positions divergeantes sur l’ndépendance et s’opposent, La communauté connaît une véritable guerre civile et nombreux sont ceux qui partent dans d’autres régions de France ou en Belgique, en Suisse et en Allemagne. pour échapper à la vague de violences. À sa création, en 1955, la Fédération de France du FLN, entreprend la lutte selon un processus militaro-politique doté d’une véritable administration dont la force de frappe allait s’avérer efficace et donner un 2° souffle à la lutte de libération

2- Mars 56 – Les « pouvoirs spéciaux »
Ce décret voté en Conseil des ministres, sous le gouvernement Guy Mollet, accorde à l’armée française des pouvoirs très étendus. Il marque le début d’un état d’exception en Algérie française, par le transfert à l’armée, des pouvoirs de police, la suspension des libertés individuelles, et la généralisation du recours à la justice militaire. Il débouche sur l’envoi massif du contingent en Algérie, les effectifs de l’armée passant de 200 000 à 400 000 hommes en janvier 1957. Ces pleins pouvoirs sont votés avec l’approbation des communistes. L’action contre-révolutionnaire des partis de gauche pour empêcher la classe ouvrière de réaliser l’unité avec les paysans colonisés est évidente.
Si le PCF avait refusé d’envoyer ses fils se faire tuer en Algérie, s’il s’était allié aux partisans algériens et s’il avait coopéré avec eux pour saboter les centres d’approvisionnement de guerre, non seulement la guerre d’Algérie aurait cessé, mais le système politique et social français lui-même serait entré dans une phase de désintégration, provoquant un déséquilibre irréparable dans tous les pays européens

4- La bataille d’Alger-7 janvier au 9 octobre 1957 –
Lacoste, nommé gouverneur de l’Algérie, va opérer une répression gigantesque. Guy Mollet confie au général Massu, les pleins pouvoirs civils et militaires, Il contrôle les pouvoirs de police, régnant sur sa division (4 régiments de parachutistes), sur la police urbaine et judiciaire, la DST, le Groupe de renseignements et d’exploitation (GRE), le SDECE (service de contre-espionnage) et son bras armés (3 200 parachutistes), le 9e régiment de zouaves implanté dans la Casbah, 350 cavaliers du 5e régiment de chasseurs d’Afrique, 400 hommes du 25e régiment de dragons, 650 hommes des 2 détachements d’intervention et de reconnaissance, et 1 100 policiers, 55 gendarmes, 920 CRS, et 1 500 hommes des unités territoriales (UT), composées de pieds-noirs ultras. Le 7.Janvier, 8 000 hommes de retour d’Égypte, (où aux côtés des Britanniques, ils avaient vaincu l’armée du colonel Nasser – allié du FLN – durant la campagne de Suez,) entrent dans Alger avec pour mission de « pacifier ». L’ Escadron de la mort» arrête, 24 000 personnes pendant les 6 mois de la « bataille d’Alger », dont 3 000 disparus.
Les protestations qui s’élèvent en métropole contre les méthodes d’interrogatoire, prennent de l’ampleur à partir de là. Fin janvier, une commission parlementaire enquête mais ne conclut pas à l’usage de la torture, car « les lois exceptionnelles se justifient pleinement en Algérie et on ne saurait les mettre en cause» Le journal Témoignage chrétien lance le débat en février 1957, puis France-Observateur et L’Express. Le 25 mars, René Capitant suspend ses cours de droit à l’Université de Paris, à la suite de la mort suspecte d’un de ses anciens étudiants, Ali Boumendjel, attribuée à un suicide, mort dans des tortures inouïes. ( révélation public en 2021). Le général Jacques Pâris de Bollardière marque sa désapprobation en demandant officiellement le 28 mars 1957 à être relevé de son commandement. Paul Teitgen, secrétaire général de la police à Alger, ancien résistant, catholique, fait de même en septembre. L’écrivain Vercors refuse sa Légion d’honneur. Guy Mollet crée une Commission de sauvegarde des droits et libertés individuels qui rend, un rapport, soulignant l’« atrocité de la rébellion », et conclut à des actes sporadiques, en dépit des consignes, et réfute l’hypothèse d’un « système généralisé ».
Des caches d’armes du FLN sont mises au jour, le réseau est démantelé et les principaux responsables sont identifiés, localisés et arrêtés. Le réseau FLN d’Alger n’existe plus, les membres restants ayant été « retournés », Alger ne connaît plus d’ attentats FLN jusqu’à la fin de la guerre d’Algérie. .
5- Coup d’état du 13 mai 1958 et comité de Salut Public
Le 13 mai 1958, une manifestation, organisée par un comité de vigilance (anciens combattants, formations patriotiques) pour saluer la mémoire de 3 soldats français exécutés par le FLN et s’opposer à la formation d’« un gouvernement d’abandon » (Pierre Pflimlin), tourne à l’émeute à l’initiative de partisans de l’Algérie française (Pierre Lagaillarde). Les manifestants se dirigent vers le Gouvernement Général, siège de l’autorité parisienne en Algérie,où ils fraternisent avec les parachutistes qui le protégent. Vers 18h15, Lagaillarde sur un camion de l’armée, en force l’entrée. Cette prise de pouvoir s’accompagne du pillage du bâtiment. Quand le général Massu arrive, il se fait huer par la foule.
Dans la confusion, un « comité de salut public civil et militaire », rassemblant des Gaullistes et des activistes, est constitué sous la présidence du général Massu. Vers 20h45, Massu annonce la liste des membres du Comité et lit le télégramme envoyé au Président de la République, René Coty, qui exige la création d’un gouvernement de salut public, à Paris :
« Vous rendons compte création comité de salut public et militaire à Alger en raison gravité situation et nécessité absolue maintien ordre pour éviter effusion de sang, exigeons création à Paris d’un gouvernement de salut public, seul capable de conserver l’Algérie comme partie intégrante de la métropole ».
Le comité d’Alger n’ayant reconnu, le 14 mai, que l’autorité du général Salan, il s’adresse le lendemain à la foule massée sur le Forum ; il achève son allocution par un « Vive de Gaulle ! » impulsé par Léon Delbecque. Considérant cet hommage comme un appel, de Gaulle réplique le soir même par un communiqué dans lequel il se dit « prêt à assumer les pouvoirs de la République ».
La crise de mai 1958 fait naître chez des Pieds Noirs, la crainte d’une « politique d’abandon »; contre cette angoisse existentielle, se cristallise un mouvement nationaliste d’envergure. Sa composition est hétérogène avec des pro et anti-gaullistes et comprend des courants issus de l’aile droite française, du gaulliste Jacques Soustelle et le Comité de vigilance du gaulliste Léon Delbecque qui représente 17 associations prônant le maintien de l’Algérie française (anciens résistants gaullistes, poujadistes, royalistes, radicaux, des «harkis ». .Des militants d’extrême droite, de l’Association Générale des Étudiants d’Algérie (AGEA) et « Le Groupe des Sept » sont sous la direction de Pierre Lagaillarde.

6- De Gaulle
1° juin 1958- Rappelé au pouvoir par Massu, le général de Gaulle doit résoudre de façon prioritaire la question de l’Algérie. D’abord, dans le cadre de la confiance dont il jouit, il propose de maintenir l’Algérie dans le cadre français, en mettant fin au conflit. Mais, au Forum d’Alger du 4 juin, les Pieds Noirs et une partie de l’armée se radicalisent autour de l’idée d’Algérie française. Ils espèrent que de Gaulle, indécis, devienne leur avocat. Investi des pleins pouvoirs, il s’était rendu à Alger avec 3 objectifs : éviter la révolte de la population européenne ; dire son respect au peuple musulman en guerre ; affirmer sa légitimité. Son « Je vous ai compris » est un appel au retour au calme, sans s’engager ; son discours est ambigu, afin que chacun s’y reconnaîsse et y projete ses espérances.
Lors de sa 2° visite en Algérie, de Gaulle annonce à Constantine, capitale de l’Est algérien, le lancement de son plan de développement économique et social qui vise à réduire, en 5 ans, les inégalités entre musulmans et Européens.
7- En juin 1946, Ferhat Abbas est élu député de Sétif.
Après le refus à 2 reprises de son projet sur le statut de l’Algérie, il démissionne de l’Assemblée en 1947. Il durcit ses positions dans l’hebdomadaire l’Égalité République algérienne où il y annonce en 1953 une rupture imminente et définitive. Le FLN lance le début de la « Révolution algérienne ». Il le rejoint, secrètement, en mai 1955, puis publiquement au Caire len1956. A l’issue du Congrès de la Soummam, il devient membre titulaire du Conseil national de la Révolution algérienne (CNRA), puis entre au Comité de coordination et d’exécution (CCE) en 1957. Il devient président du 1° gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) à sa création en septembre 1958, puis du 2° GPRA, en janvier 1960. En août 1961, considéré comme n’étant pas assez ferme face au gouvernement français, il est écarté.
À l’indépendance, lors de la « Crise de l’été 1962 », opposant le GPRA et le bureau politique du FLN, Ferhat Abbas rallie les partisans d’Ahmed Ben Bella, mais désapprouve le principe de parti unique retenu par le congrès de Tripoli. Il devient le président de l’exécutif provisoire, élu à la 1° Assemblée nationale constituante en tant que député FLN de Sétif. Le 25 septembre 1962, il proclame la naissance de la République algérienne démocratique et populaire.
8- Le refus de l’autodétermination
Devant le refus de la « paix des braves », l’impossibilité d’une solution militaire (qui rétablirait la sécurité) et la poursuite des attentats, de Gaulle propose une solution qui signifie le rejet de l’intégration, thème majeur des partisans de l’Algérie française.
En pleine période de « décolonisation » depuis la débâcle de Dien Bien Phu (1954), à Saint-Louis du Sénégal, le général de Gaulle exhorte les pays africains à rester unis, et à rester étroitement liés à la France dans la Communauté. Pour l’Algérie, il propose des réformes et la fin du conflit: l’égalité entre Européens et musulmans au sein d’un collège électoral unique; la promotion et l’accession à la fonction publique de la population musulmane. Quel destin pour l’Algérie ? Peu de précisions dans ses propos sauf une place de choix dans la Communauté, avec sa personnalité propre.
Le 16 septembre 1959, De Gaulle dévoile son plan, longuement médité, pour une solution politique du problème « difficile et sanglant » de l’Algérie, et pose le principe de l’autodétermination. Il appelle le peuple algérien lui-même à choisir lors d’un référendum entre 3 voies :
La « sécession » entre les 2 pays, ou la « francisation », soit l’intégration pleine et entière de l’Algérie à la métropole ou une solution intermédiaire qui laisserait une large autonomie interne au pays, à l’intérieur de la Communauté française. C’est le choix du général.Il insiste sur la pacification du territoire algérien avant tout: la « paix des braves »,
Le refus est double, celui du FLN qui entend constituer en gouvernement légitime de l’Algérie, redoutant qu’elle n’aboutisse qu’à un simple statut d’autonomie. Et celui des activistes de l’Algérie française qui s’estiment trahis par de Gaulle et déclenchent la semaine des barricades. Alger est en état d’insurrection
Dans son discours du 29 janvier 1960,. il renvoie dos à dos les « rebelles » du FLN et les « ultras » de l’Algérie française, qui refusent « la seule politique qui soit digne de la France ». Il s’adresse ensuite avec fermeté aux Français d’Algérie, puis à l’armée, enfin à la France elle-même,
Pas plus que la « paix des braves », l’autodétermination ne met fin à la guerre d’Algérie
De Gaulle considère désormais que la question d’Algérie n’est qu’un élément parmi d’autres du mouvement mondial de décolonisation qui paraît irrépressible.

9- Massacre à Paris – 17 octobre 1961
Afin de soustraire les immigrés algériens à l’influence du FLN, les pouvoirs publics mettent en place des services sociaux spécialisés destinés uniquement aux Algériens qui camouflent mal l’ objectif d’ acquisition de renseignements pour la répression. Elle est confiée, à Paris et sa petite couronne, à la préfecture de police où Maurice Papon est nommé en mars 1958 importe sa stratégie appliquée en Algérie. Y est associée une répression violente, aidée de la Force de police auxiliaire ou « harkis de Paris »
A l’automne 1961, des négociations sont ouvertes entre le GPRA et le gouvernement français. Mais l’été, la recrudescence d’attentats du FLN en métropole avait tué 22 policiers. Le préfet de police intensifie donc les arrestations et les perquisitions. Parallèlement, des policiers pratiquent des « ratonnades » en dehors de leur temps de service. Maurice Papon répond lors de leurs obsèques « pour un coup reçu, nous en porterons 10». Puis, il assure aux policiers que s’ils tirent les 1°, ils seront couverts. Le 5 octobre, à sa demande, un couvre-feu pour les FMA de la région parisienne est instauré entre 20h30 et 05h30. En réponse, le FLN en organise le boycott. Dans le respect d’une rupture avec la stratégie des attentats, il prend la forme d’une grande manifestation pacifique, rassemblant hommes, femmes et enfants dans les rues de la capitale au soir du 17 octobre 1961. Les manifestants, sans aucune arme conformément à la consigne (son service d’ordre procède à des fouilles pour s’en assurer), se rassemblent au cœur des lieux du pouvoir politique et culturel de la capitale : les Grands Boulevards, les Champs-Elysées, les boulevards St Michel et St Germain.
Immédiatement, ils font face à un déchaînement de violence policière. Des coups de feu sont tirés sur le pont de Neuilly, les charges et matraquages sont incessants sur le boulevard Bonne-Nouvelle, des hommes sont précipités dans la Seine. Les exactions se poursuivent à l’abri des regards dans les centres de détention où sont envoyés les 11 538 hommes arrêtés, sur un total de 22 000 manifestants. Le bilan s’élèverait à 100 morts pour la nuit du 17.+ toutes les autres victimes “disparues”. Mais le drame sombre dans l’oubli.
Cet événement peut être relu comme visant à l’anéantissement, de la part algérienne de la société française. Certes le but était d’éradiquer le FLN mais le plus haut sommet de l’État considérait normale, l’expulsion en masse des émigrés vers l’ Algérie, leur préférant d’autres étrangers (les Portugais arrivent).
10- Le putsch des généraux – la réponse des partisans de l’Algérie française :
Le référendum du 8 janvier 1961 porte sur un projet de loi, prétexte, pour obéir à l’article 11 de la Constitution, mais la véritable question est l’autodétermination des populations d’Algérie. Il s’agit pour De Gaulle d’obtenir le soutien explicite de l’opinion publique. La solution qu’il appelle alors de ses voeux pour l’Algérie est celle d’une « Algérie algérienne’ où les 2 communautés cohabiteraient,
L’approbation de 75% des votants provoque une tentative de putsch en avril 1961 sous la direction de 4 généraux de haut rang (Challe, Salan, Zeller et Jouhaud), La condamnation des putschistes et l’appel à l’obéissance aux pouvoirs légaux par la ferme allocution du 23 avril 1961, font s’effondrer le putsch. De Gaulle, en uniforme militaire à la télé, informe la Nation qu’il assume les pleins pouvoirs prévus par l’article 16 de la Constitution. Diffusé par la radio via les transistors en Algérie, ce discours encourage la désobéissance des soldats du contingent aux officiers putschistes. Discours capital, l’allocution du 23 avril fait tourner court la rébellion. avec l’annonce de la négociation avec le FLN à Evian

11- Les accords d’Evian, accords de cessez le feu du 19 mars 1962
Ils mettent fin à 132 années de colonisation française et à 7 ans et 5 mois de guerre, ayant opposé 130 000 combattants algériens à 400 000 combattants français et ayant causé la mort d’1 M 1/2 d’Algériens ; et celle de 28 500 soldats français, 60 000 harkis, 5 000 civils européens(et 65 000 blessés)
Ils seront ratifiés, côté français, par le référendum du 8 avril donnant à 91 %, les pleins pouvoirs au gouvernement, et côté algérien, par le référendum du 1er juillet à 99,72 % pour l’indépendance. Le 18 mars 1962, le président Charles de Gaulle annonce à la télévision le cessez-le-feu et la fin des opérations militaires françaises en Algérie. La signature des accords d’Évian, une « utopie juridique », marque le début du processus de sortie de guerre mais, dans l’espace de temps entre le cessez-le-feu et les référendum, on assiste à un déchainement de violence. L’OAS n’est pas signtaire des accords et apparaît comme le défenseur des Français d’Algérie.
En réponse à De Gaulle, le 20 mars, le généralSalan, chef de l’OAS, appelle ses combattants, à « harceler toutes les positions ennemies dans les grandes villes d’Algérie » et les forces armées musulmanes (Harkis) et européens (Pieds-Noirs) à le rejoindre. Son objectif est de contrer la mise en œuvre des accords, en provoquant le soulèvement commun contre la séparation de l’Algérie de la métropole. À Alger, l’OAS se barricade dans le quartier de Bab El Oued et en interdit l’entrée à l’armée française. S’en suit la fusillade de la rue d’ Isly le 26 mars. De Gaulle, feind d’ignorer le massacre, d’autant qu’un décret du 20 mars empêche les Pieds-Noirs de participer au référendum des accords d’Évian. L’OAS poursuit ses violences avec les commandos Delta qui pratiquent la politique de la terre brûlée « pour rendre l’Algérie à son état de 1830», mais n’aura plus de raison d’exister avec le départ massif des Pieds-Noirs.
Certains groupes armés algériens (issus du banditisme ou de l’ALN, les « marsiens » en réaction à l’OAS, ont des attitudes qui dépassent «par leur ampleur, les représailles». Contrairement au GPRA, l’ALN n’aurait pas signé ces accords dont voici les clauses militaires
- la réduction des forces militaires françaises présentes en Algérie à 80 000 hommes dans un délai d’un an après l’indépendance et retrait total dans un délai de 3 ans ;
- concession pour 15 ans renouvelables de la base de Mers-el-Kebir ;
- l’autorisation d’utiliser pendant 5 ans les installations d’In Ecker (Centre d’expérimentations militaires des oasis), de Reggane (Centre saharien d’expérimentations militaires), soit la poursuite des essais nucléaires, de Colomb-Béchar (Centre interarmées d’essais d’engins spéciaux), de Hammaguir (base de lancement de fusées), ainsi que des aéroports.

Le programme de Tripoli établi par le Congrès du FLN de juin 62, les considére comme une plate-forme colonialiste.
Le général de Gaulle souligne que ces accords satisfont 3 « vérités » : l’aspiration des Algériens à disposer d’eux-mêmes, la présence de Français d’origine en Algérie aussi bien que d’Algériens en France, enfin les liens profonds et indissolubles entre les 2 pays. de Gaulle (8 juin 1962). Il fait le bilan de la longue marche qui a conduit à cette issue, grâce aux institutions de la Ve République, qu’il s’agit de consolider
12- L’arrivée des Pieds-Noirs en France
Ils étaient encore 1 M en Algérie en 1959. D’avril à juillet 1962, arrivent par Marseille, des « vagues» massives des Algérois, Constantinois et Oranais connaissant très peu, voire pas du tout, la France. Privés de presque tous leurs biens, affectés par les opérations de police extra-légales de « barbouze »gaullistes, puis exclus du référendum par décret , ils ont un fort ressentiment à l’encontre de Charles de Gaulle, auquel ils imputent de n’avoir pas honoré sa promesse de maintenir l’Algérie française et de les protéger, (comme les harkis).
Fin 1961, 150 000 personnes avaient déjà quitté l’Algérie. Le mouvement s’accélère les mois suivants. Fin 1962, il reste environ 200 000 Pieds-Noirs, qui gardent l’espoir de continuer à vivre en Algérie. Mais la nationalisation des exploitations agricoles sans indemnité, en 1963 par le gouvernement algérien, conduit encore 100 000 d’entre eux à partir en 1963-64. La majorité des juifs a choisi de suivre les Français et de quitter l’Algérie. Ceux qui sont restés n’ont jamais eu de problèmes (jusqu’en 1967). Ils sont à Oran, à Tlemcen, à Mostaganem.
Les principaux points de débarquement des rapatriés ont été Marseille et Nice et Port-Vendres, en Languedoc-Roussillon. Leur arrivée est en général mal perçue par la population et rien n’est prévu pour eux par le gouvernement, à part des places prioritaires dans les HLM de la région parisienne où ils ne séjourneront pas sauf les Juifs, habitués à vivre en harmonie avec les Musulmans. Ils parlent la même langue que les émigrés « arabes ».

Plusieurs camps d’internement sont dévolus de façon durable à l’« accueil » des harkis ; les conditions de vie y restent proches de celles des camps, où ont été internés 14 000 émigrés algériens suspectés d’être membres du FLN.