Laboratoire de Recherche interdisciplinaire en didactique des langues et des cultures en Algérie (RIDILCA), Université de Lounici Ali-Blida2 | Algérie
y.bacha@univ-blida2.dz

Dans cet entretien, Abdou Elimam, linguiste, nous livre sa vision des questions linguistiques à partir d’un point de vue des sciences du langage ((socio)linguistique, (socio)didactique, anthropologique, neurosciences cognitives, etc.). En se distanciant de toute projection idéologique superficielle et de toute vision politique déviante, il considère que la question linguistique peut alors devenir un objet d’investigation heuristique. En effet, l’objectif primordial de la linguistique, c’est de parvenir à éclaircir les productions verbales et la signifiance qu’elles génèrent. D’où la saillance dichotomique : SON / SENS. L’objectif assigné à cette entrevue a été d’explorer certains concepts complexes en termes simples et d’expliciter les mécanismes neurosémantiques et neurobiologiques, du magharibi et des variantes amazighes. Cela a donné l’occasion d’insister sur le fonctionnement discursif, sur les retombées socioculturelles de ces langues, sans exclure la dimension variationnelle des systèmes linguistiques et l’apprentissage des autres langues, dans une visée sociodidactique.
Mots-clés : Magharibi, tamazight, polynomie, neurosciences, variétés sociolinguistiques,  impact (socio)didactique, langue(s)/culture(s)   

Abdou (Abdel Jlil) ELIMAM  né le 22 octobre 1949 à Oran, est un linguiste algérien parmi ceux du courant énonciatif français, qui assument l’héritage de Gustave Guillaume et d’Émile Benveniste. Sur les traces d’Antoine Culioli, Henri Adamczewski et de Robert Lafont, il soutient une thèse de doctorat de 3e cycle à l’université Sorbonne Nouvelle – Paris 3 (en linguistique anglaise en 1981) et une thèse de doctorat d’État à Rouen (linguistique générale). Trois phases ont ponctué ses centres d’intérêt : la sociolinguistique du Maghreb et la défense du maghribi ; la didactique des langues secondes (dont le FLE) ; les retombées des sciences cognitives sur la théorie du langage. Actuellement, il travaille sur les bases méthodologiques et théoriques d’un rapprochement entre Ray Jackendoff et Noam Chomsky, d’un côté et Antoine Culioli, de l’autre. Parmi ses ouvrages, nous citerons, entre autres, Le maghribi, langue trois fois millénaire. (ANEP) (1997), Le maghribi, alias “ed-darija”- La langue consensuelle du Maghreb. (Dar El-Gharb) (2003), Langues maternelles et citoyenneté. (Dar El-Gharb) (2004), L’exception linguistique en didactique. (Dar El-Gharb) (2006), De l’à-dire au dit (Amazon DKP) (2021), etc.

1 – Vous identifiez le maghribi (darija) comme langue consensuelle, issu du punique, ayant sa grammaire, sa syntaxe et son lexique. Cela est illustré par les multiples exemples des règles de négation, de déclinaison, de désinence, etc, dans votre ouvrage Le maghribi, alias « ed-derija » (la langue consensuelle du Maghreb), 2015. 

À votre avis, cette unification terminologique sous le label du maghribi (isoglossie) ne nuit-elle pas à la variation linguistique co-existante (polyglossie) ?

A.E. – La formulation de votre question donne l’impression que vous questionnez l’existence même de la langue consensuelle des Maghrébins, dans leur quasi majorité. En effet vous semblez dire que la variation linguistique serait occultée dès lors que la présence d’une langue largement partagée serait affirmée.

Quelques clarifications conceptuelles nous seront utiles pour mieux nous entendre. Les isoglosses sont des territoires caractérisés par certains traits linguistiques emblématiques (accents, par exemple) à l’intérieur d’un même système linguistique. C’est le cas entre le parler kabyle de Tizi Ouzou par rapport à celui de Djijel, par exemple. Quant à la polyglossie, c’est un concept descriptif qui rend compte de la présence de plusieurs systèmes linguistiques.

Par conséquent admettre et reconnaître que nos langues natives (dites «maternelles») constituent des systèmes linguistiques dignes de considération, ne fait que renforcer notre détermination à les défendre toutes. De ce fait on ne peut opposer les isoglosses aux systèmes linguistiques dans lesquels se reconnaissent des millions de locuteurs natifs.

Comme on dit, «appelons un chat un chat» : les systèmes linguistiques natifs en Algérie sont soit amazighs, soit magharibis (appartenant au Maghreb). La première souche est afro-asiatique, la seconde sémitique. La première hérite du libyque, la seconde hérite du punique – bien qu’elle ait beaucoup emprunté à l’arabe. Le reste, tout le reste n’est tout simplement pas natif.

2 – La polynomie désignant le maghribi est pléthorique : appelé darija, l’arabe algérien (Rabeh Sebaa), langue impure, langue de la rue, langue de la quotidienneté ou langue tchouktchouka (pour reprendre ici le terme cité par Abderrazak Dourari dans son dernier ouvrage (Penser les langues en Algérie (2022), publié chez Frantz Fanon).

Pourquoi cette foultitude des unités dénominatives renvoyant à la même langue ? Comment positiver les représentations des locuteurs envers le maghribi ?

A.E. – L’absence d’une fixité terminologique pour désigner des symboles nationaux d’une aussi grande portée trouve son explication dans l’hétéronomie induite par les colonialismes qui ont imposé leurs diktats à nos ancêtres, pendant des siècles. Les nominations pérennes ne peuvent s’envisager qu’à partir de l’émergence de la nation en tant que singularité politique jouissant d’une totale souveraineté. Voilà pourquoi les questions linguistiques ne deviennent mûres que lorsque les anciens colonisés entament leurs mutations dans les catégories sociopolitiques de la citoyenneté et de sujets de droit dans un État de droit. C’est donc bien dans une Algérie indépendante que le débat linguistique peut prendre corps et ouvrir les perspectives d’une société s’assumant dans les évolutions naturelles de langues natives multimillénaires (punique/libyque).

Le débat linguistique est concomitant de celui de l’émancipation citoyenne et de l’universalisation de l’État. Voilà pourquoi la question des langues maternelles a été posée dès les premiers jours de l’Assemblée Constituante (1962-1963) et un consensus commençait à émerger en faveur de la «darija» – qui, de fait, était la langue de la résistance et du combat anti-colonial victorieux. La revendication berbérophone n’occupe le devant de la scène qu’à partir du «printemps berbère», le 20 avril 1980, bien que ses défenseurs aient profondément documenté les enjeux.

Les deux entités linguistiques natives de la nation (variantes amazighes et magharibi) se sont vues botter en touche par la domination administrative et politique de compatriotes «moyen-orientalisés». L’arabisme – qu’il fût linguistique ou culturel/religieux – s’est ainsi imposé à une société assoiffée de liberté et d’émancipation.

Il est bon de rappeler ces contextes de luttes pour nos émancipations linguistiques car c’est cela qui va éclairer la polynomie entourant nos langues. En effet la notion de berbère glisse, lentement, vers celle de tamazight et les langues locales (kabyle, chaoui, mozabite, etc.) perdent progressivement leurs étiquettes ancestrales. Parallèlement, la langue magharibie est réduite à un «dialecte» arabe affublé de toutes sortes d’appréciatifs (langue de la rue, patois, tchouktchouka, parlé arabe, etc.). Les militants linguistiques issus du Mouvement Culturel Berbère ont continué à élargir le débat et même à intégrer la revendication de «l’arabe dialectal» ; jusqu’à un certain stade de leurs luttes. C’est dans un tel contexte que, parallèlement à mon soutien public et argumenté en faveur de la revendication  berbérophone, j’ai interrogé l’histoire de la darija avant l’arrivée des Arabes (VII/VIII è siècle). Je découvre alors le substrat punique de la langue et comprends que les langues sémitiques partagent de larges pans linguistiques. Mieux, encore, je découvre (mais plus récemment (A. Elimam, 2023) que le terme de Maure ou de Mauritanie que les Romains utilisèrent pour désigner la population et l’espace maghrébins est une transcription latine d’un mot punique. L’ouest, en punique se dit «maghari(b)» et les habitants de l’ouest, les «magharim». La transcription latine (de l’époque) donna : «ma’ari/mauri» et le pays des mauri, «mauritania». Il est même précisé par le géographe grec Strabon (60 à 20 de l’ère chrétienne) que c’est ainsi que la population se désignait elle-même. Les Maures s’appelaient eux-mêmes les Magharim, en langue punique ; soit Magharibis, en langue contemporaine. En appelant notre langue consensuelle le magharibi (plutôt que maghribi, d’ailleurs), je ne fais que renouer avec notre histoire commune.

Et c’est bien en assumant notre histoire effective (et non pas fantasmée) que nous nous retrouverons et que nous pourrons alors accéder à la catégorie de citoyens et sujets de droit.

3 – Dans votre ouvrage de 2015, vous récusez le terme langue-véhicule[2], car la langue n’est pas un outil extérieur à l’individu mais elle l’habite : dans laquelle se forge l’intellect et se loge l’affect.

Est-ce l’introduction du maghribi, que vous défendez, comme une langue d’enseignement (objet didactique) ou une langue servant à l’enseignement (tremplin pour enseigner les autres langues) ?

A.E. – En tant qu’anciens colonisés, nous n’avons pas eu le bonheur de découvrir le rôle déterminant que joue la langue native dans la scolarisation. Une scolarisation entamée en kabyle, en mozabite, en chaouia, en magharibi, etc. nous aurait ouvert la porte du bonheur d’apprendre et de s’émanciper. Malheureusement, nous avons, tous, dû laisser nos langues à la porte des classes pour accéder à des savoirs à double détente cognitive : la langue d’enseignement et la discipline enseignée. À la différence de tous les enfants qui accèdent à l’école primaire dans leurs langues natives pour réserver leur attention aux savoirs nouveaux, les jeunes Algériens doivent traduire, dans le secret de leur intimité, la langue d’enseignement et, en parallèle, tenter d’accéder aux autres savoirs. C’est donc bien pour contourner l’obstacle qu’il est fait appel à la mémorisation («parcoeurisme») comme moyen d’apprentissage/dressage exclusif … ce qui exclut, de fait, le raisonnement critique, bien entendu[3].  

Mon argument ne conteste pas l’apprentissage des langues étrangères, bien au contraire. Ce qui me pousse à privilégier la place de la langue native dans les premiers pas de la scolarisation, c’est que la langue native se met en place, naturellement, sans aucune forme d’enseignement. À l’âge de quatre ans, l’enfant est un locuteur expert dans sa langue de naissance. À l’âge de six/sept ans – au moment où il entame sa scolarisation – nous avons affaire à un véritable locuteur qui a besoin de s’ouvrir sur la connaissance à partir du socle cognitif que la nature (et la socialisation, bien sûr) lui ont permis d’acquérir préalablement. Voilà pourquoi toute stratégie didactique doit ab-so-lu-ment intégrer la langue native en tant que paramètre essentiel. Exclure ce dernier, c’est refuser à l’apprenant sa qualité intrinsèque de personne portant un potentiel cognitif déjà balisé par la langue native. C’est comme si on asséchait une plante dans son pot de terre pour privilégier l’implantation d’artefacts en plastique.

On le voit, l’école doit non pas «enseigner la langue» native, ce que la nature sociale a parfaitement réussi déjà, mais prendre appui sur le déjà-là linguistique pour s’ouvrir sur d’autres types de savoirs – par des processus cognitifs de type transferts et analogies. Il faut donc enseigner non pas la langue native, mais dans la langue native. Stratégiquement, il convient de penser en terme de bilinguisme positif. Par ce terme j’entends l’appui sur la langue native pour apprendre d’autres disciplines, y compris les langues non natives (ou «secondes», comme disent les Anglo-saxons). Comme on le voit, le paramètre langue native doit constituer une visée stratégique dès le départ. Et rien n’empêche, après les quatre premières années d’enseignement, par exemple, d’introduire une langue étrangère qui devienne la langue médium des enseignements. C’est ce qui se passe en Suède avec le suédois, puis l’anglais. Ou à Malte avec le maltais (une branche du magharibi), puis l’anglais.

Notons que la Banque Mondiale et l’UNESCO préconisent cela depuis des années.

4 – Dans un article publié en 2019 dont l’intitulé est : « Faire émerger la nation algérienne sans sa darija ?»[4], vous y expliquez que le maghribi n’est pas seulement une langue de socialisation mais aussi de scolarisation, établissant le lien entre le social et le scolaire et entre le dedans et le dehors. Cette position défendue depuis plus de trois décennies par les pionniers de la sociodidactique : Marielle Rispail, Louise Dabène, Michel Dabène, Philippe Blanchet, etc. Pour étayer cette thèse, nous reprenons ici vos propos : « […] « centrer l’enseignement sur l’apprenant », comme le préconisent tous les didacticiens du monde, revient à respecter et à honorer la langue maternelle de ce dernier et d’y prendre appui pour développer de nouvelles connaissances et de nouveaux savoir-faire.» 

Comment expliquez-vous l’arrière plan de vos propositions et vos positions épistémo-pédagogiques ?

A.E. – Ainsi que nous venons de le voir, la langue native est un paramètre incontournable en vue de la réussite de la scolarisation. Or ce paramètre est exclu de l’école, non seulement pour le magharibi, mais également pour les variantes amazighes natives. La conception moderne des apprentissages est un processus de construction et d’associations (Cf. Vygotski et Piaget) qui a, obligatoirement, la langue maternelle comme matrice ou socle. Voyons cela d’un point de vue plus scientifique.

Les neurosciences cognitives des vingt dernières années ont pu rendre compte des mécanismes neuronaux qui interviennent en tant que substrats neurobiologiques, lors du passage à la parole (J.P. Changeux, 2002). Le cerveau humain est doté de fonctions qui font intervenir plusieurs zones corticales donnant vie à nos activités cognitives. Ces fonctions sont activées dès lors qu’une intention de dire est programmée. Cela déclenche une série de mécanismes non conscients car de nature neurobiologique. Sur l’essentiel, il y a d’abord (1) les processus de construction d’une image mentale (A. Damasio,2010) – ce que d’autres appellent des «concepts» ou mieux encore, une conceptualisation. Cette phase fait appel à des mécanismes de gestion neurosémantique qui reposent sur des routines ou schèmes déjà tracés physiologiquement. S’y élaborent une collecte de traits neurosémiques puis leur assemblage (des «familles de neurones») qui vont former une représentation – encore abstraite, d’une certaine manière, car il n’y a pas encore de mots (A. Damasio, 2017.). Disons que ce processus est celui de la formation des idées ou des pensées. Ce passage par la neurosémantique est incontournable chez tout humain et l’évolution du nourrisson repose précisément sur la mise en place neurophysiologique de ces fondations de la cognition. Ces mécanismes ou routines cognitives sont, par conséquent, des matrices propres aux activités cérébrales des humains. Elles sont de nature purement neuronale.

À ces fondations purement biologiques – donc propres à notre espèce humaine – viennent se greffer (2) des filtres culturels que la socialisation et l’éducation (au sens large) vont formater. Les productions neurosémantiques propres à la conceptualisation se voient  filtrer par le processus universel de catégorisation (E. Rosch, 1973). Il s’agit d’un réflexe naturel de création de classes d’objets à partir du moment où ces objets partagent des traits communs. Il en est ainsi de la classe des animaux ou bien celle des plantes, etc. Les classes d’objets ou domaines sémantiques sont des productions culturelles qui se nourrissent de la neurosémantique afin de se localiser dans des scénarios propres à tel ou tel domaine. Par exemple la «pomme de terre» renvoie, non seulement, à la catégorie des légumes, voire un représentant des solanacées, mais également à une série d’associations. Citons pêle-mêle : l’agriculture, la gastronomie, l’économie, la biochimie, le coût de la vie, une région particulière (où elle est plus particulièrement cultivée), etc. Les scénarios à l’intérieur d’un domaine vont permettre de lever les équivoques et cerner une praxis ; voire des habitus (Charles J. Fillmore, 2006). Ces mémoires collectives sont essentiellement de nature narrative où les processus envisagés renseignent sur un point de départ, un point d’arrivée et des situations impliquant des intervenants à plusieurs niveaux (G. Lakoff, 2004). Demander des pommes de terre lorsque l’on est dans un restaurant ne produit pas les mêmes effets lorsque cette demande est faite dans un laboratoire de biochimie ou dans un marché de gros.

Cette phase d’affinage de la cible mentale va, à son tour (3) recourir à une disposition naturelle capable de transformer cet acquis de cognition en une entité sonore (ou phonologique) ayant la particularité de transférer à autrui l’image mentale de la narration en germe. Cet interface entre le cognitif et le phonologique, c’est précisément l’organe du langage qui le permet (E. Benveniste, 1970).

Précisons, tout de même que de manière rigoureuse, le langage est un ensemble d’articulations neuronales disponibles, sur un plan purement biologique (et génétique), chez les êtres humains. Ces mécanismes langagiers (et non pas linguistiques – A. Culioli, 1992) sont internes. Ce sont eux qui préparent le formatage de la production sonore verbale (c’est une sorte de démodulateur non pas de satellites, mais d’impulsions neuronales). Nous naissons avec ce dispositif neurobiologique. Je précise que je n’assimile pas cette instance à celle de «grammaire universelle» posée par N. Chomsky.

Cette interface va déclencher (4) une motricité verbale qui apparaît chez le nourrisson très tôt. L’instinct de parole, activé par la zone Broca du cerveau, va intégrer des sonorités verbales associées à des situations ou configurations narratives (A. Elimam, 2021). Cette association SON/SENS est précisément ce sur quoi reposent les développements de la linguistique contemporaine. Les nourrissons captent ces phonèmes en situation et leur organe du langage interface cela aux mécanismes ou schèmes qui lui sont propres. C’est ainsi que l’enfant ré-invente la langue des adultes. Il la réinvente non pas en imitant les adultes (sinon nous commencerions tous par le mode impératif, ce qui n’est pas le cas!), mais en acquérant les associations sons-sens propres aux expériences de l’enfant (M. Tomasello, 2003). Jusqu’à l’âge de trois/quatre ans, l’enfant accumule ces phonèmes associatifs et les reproduit selon ses propres compétences phonétiques. C’est ainsi que la langue de naissance prend forme et se matérialise à travers la voix de l’enfant. Le plus extraordinaire dans cette évolution, c’est de constater une stabilisation des schémas grammaticaux et morphologiques sans aucun apprentissage de ces «règles» (S. Pinker, 1999.).

Voilà donc le processus – bien plus complexe que cette brève présentation, certes – par lequel la langue native matérialise les mécanismes (naturels et universels) du langage. En somme des mécanismes qui traduisent le rapport à la cognition, à une cognition sans fin (A. Damasio, 2010). Faire obstruction à tout cela, à l’arrivée de l’enfant à l’école, est non seulement un gâchis immense, mais, pire, une contrainte à la nature, une atteinte violente au développement cognitif de la personne humaine. Si les courants psychologiques et didactiques anglo-saxons insistent sur ces fondations, les socio-pédagogues que vous mentionnez en font l’économie. Il suffit de voir l’état de l’enseignement du FLE pour s’en rendre compte.

En résumé, on ne peut faire l’économie de la langue native dans tout processus d’enseignement/apprentissage.

5 – L’observateur du contexte sociolinguistique algérien est frappé d’emblée par la coprésence des langues ou un plurilinguisme de fait où chaque zone revêt des variétés et variantes sociolinguistiques.

Pensez-vous que le maghribi est suffisamment unifié (corpus représentatif) pour prétendre au statut d’une langue unique ?

A.E. – En faisant l’effort de décoloniser nos esprits – encore une fois – nous allons vite nous rendre compte que le magharibi est loin de se réduire aux formes issues du contact avec le français hérité de la période coloniale (du genre : «krazatou tomobile»). Le magharibi a été la langue du zajel, du melħûn, du 3robi, du cha3bi. Depuis mille ans, le magharibi nous a laissé une masse immense de quasayed, de contes, de diwans poétiques, de correspondances diverses. Ce patrimoine linguistique est bizarrement occulté par la sociolinguistique qui s’accroche aux emprunts latins et aux code-switchings bien sélectifs comme seuls ressors linguistiques d’une société (la société maghrébine) à l’espace culturel multimillénaire. Si nous voulons étudier la langue maghribie d’un point de vue linguistique et décider si elle est suffisamment unifiée ou non, il nous faut donc prendre appui sur son corpus historiquement élaboré. En figeant l’observation sur des corpus contemporains et oraux – relevant souvent de registres populaires informels – on s’empêche de retrouver la réalité de la production linguistique de cette langue. C’est malheureusement la tendance dominante des «dialectologues» des langues du Maghreb – qui sous les noms de D. Caubet, Louis-Jean Calvet et autres, s’inscrivent dans la trajectoire de W. Marçais et de son parti pris colonial. Comment une langue qui a une histoire millénaire, qui a un territoire, qui a un patrimoine littéraire (oral et écrit) multiséculaire et qui est la langue de naissance de millions de locuteurs peut-elle soudainement devenir défectueuse ? On le voit, seule des préoccupations (malsaines) idéologiques/politiques peuvent continuer de semer le doute sur le réel linguistique magharibi.

Débarrassés de nos oripeaux coloniaux, il nous sera possible de penser notre réalité à travers sa profondeur anthropologique et historique, loin des fantasmes hétéronomes et contre-productifs. La linguistique maghrébine sera celle que ses locuteurs natifs auront à cœur de prendre en charge, en commençant par étudier le système linguistique qu’il ne faut pas confondre avec les isoglosses (comme je l’indiquais au début de cet entretien). Pour ma part, voilà plus de quarante ans que je m’y efforce – me confrontant à des raidissements idéologiques. Mais le réel linguistique nous rattrape – il suffit de constater le succès des séries télévisuelles du mois de ramadan, toutes produites en langue magharibie.

Alors oui, le magharibi est une langue suffisamment unifiée. À la fois du point de vue de la science du langage et de celui de l’anthropologie linguistique et de la culture authentiquement nationale.

6 – Vous expliquez dans une intervention[5] que ce ne sont pas les langues qui produisent la parole mais bien l’inverse, étant donné que cette dernière est à la fois un organe physiologique (organe phonatoire) et une entité cognitive (construction du MOI dans le dire). Cela étant dit, la langue native (pour reprendre le terme cher à Stephen Krashen : Théorie de l’acquisition naturelle du langage 1980) est constructrice des langues étrangères au corps social. Votre militantisme linguistique – pour parodier en partie le fameux titre de l’ouvrage de L.-J. Calvet « Linguistique et colonialisme (1974) » – conteste la projection idéologique d’une langue unique et unifiée. Cela s’explique à la fois par votre salutation / contestation du projet de l’officialisation du tamazight.

Comment expliquez-vous cette standardisation linguistique de tamazight ?

A.E. – En fait, lorsque je dis «ce ne sont pas les langues qui produisent la parole mais bien l’inverse», je veux surtout souligner le fait que la langue est une pure abstraction alors que la parole est un acte de communication verbale matérialisé par des émissions vocales perceptibles. Par conséquent c’est la parole (une fois produite) qui invite à l’inscrire dans une catégorie (encore une!) linguistique qui fait consensus : la langue. Voilà pourquoi, le corpus effectif et attesté est pour nous, linguistes, la seule matière. C’est à partir du corpus que les études morphosyntaxiques et/ou stylistiques peuvent se faire. C’est à partir du corpus qu’une norme linguistique peut s’élaborer (A. J. Fishman, 1991). Il ne faudrait donc pas poser la charrue avant les bœufs, comme on dit.

Ce qui nous conduit à la question de tamazight. Partant des présupposés scientifiques (exposés plus haut) sur lesquels je fonde mon approche des langues natives, tamazight ne peut être considérée comme une langue de naissance de quiconque. Mieux, tamazight est un mythe contre-productif. Je ne suis pas le seul à le rappeler et à l’argumenter. D’autres (berbérophones, de surcroît) le disent également. Je pense à A. Dourari (2014) qui la décrit de «novlangue» ou de S. Chaker (2006) qui lui reproche d’être «un « berbère commun » de laboratoire.».

S. Chaker, en tant que linguiste berbérisant, est une référence internationale fort légitime[6]. Il a récemment rendu publiques (S. Chaker (2006)) ses réflexions critiques sur ce qu’il appelle «le mythe du berbérisme» en des termes décisifs (Il précise : «Le « berbère commun » est une abstraction, certes linguistiquement concevable, mais qui n’aurait aucun ancrage culturel et qui ne pourrait être qu’une nouvelle « langue de bois » pour bureaucrates et académiciens. S’engager dans la voie d’un berbère commun standard aboutirait à recréer dans le champ berbère la situation de diglossie catastrophique et bloquante de l’arabe.». Il regrette l’aveuglement idéologique derrière la production de ce mythe : «Dans la militance berbère, on ne parle plus « kabyle », « rifain », « chleuh »… mais toujours tamazight, langue mère, langue matrice, langue de l’unité.».

En fait ce qui est reproché, d’un point de vue linguistique et non pas politique, c’est qu’ils ont posé une abstraction (tamazight) en dehors des corpus qui auraient pu lui donner une consistance et une profondeur culturelle et historique. Ils veulent créer la langue-mère à partir de leurs projections idéologiques … ce qui est une aberration logique. Or si nous voulons retrouver le corpus effectif, il ne peut être que régional. S. Chaker le précise dans ces termes : «il s’agit désormais de fournir les réponses et les outils pour une diffusion large et un enseignement de masse, en tant que langue maternelle (c’est nous qui soulignons, A. E.). Ce qui implique une réponse claire à la question préalable difficile, voire douloureuse, « une ou des langues berbères ? ». Et, dans ces conditions nouvelles, il est en fait devenu impossible d’envisager, un standard de langue unique : le projet unificateur bute à chaque instant sur la dure réalité. Les dynamiques culturelles et linguistiques réelles, aisément observables, montrent chaque jour que le projet est intenable. Tous les créateurs, écrivains ou chanteurs, produisent dans leur variété régionale et il ne peut en être autrement s’ils veulent être compris et reçus – au plan linguistique, comme au plan culturel.». En effet, le constat le plus prosaïque nous conduit, dit S. Chaker, à réaliser que «la réalité des échanges communicatifs et culturels établit sans discussion possible qu’il n’y a pas une, mais des communautés berbérophones : il y a une aire d’échanges linguistiques kabyle, une aire chaoui, une aire chleuh…, qui sont globalement étrangères les unes aux autres». Et de conclure: «la réalité sociolinguistique qui montre que les espaces de communication réels sont strictement régionaux. … il ne peut y avoir d’autre objectif stratégique que l’élaboration de standards régionaux.».

Comme la référence à la Constitution est convoquée pour légitimer certains actes de planification linguistique, essayons de relire, ensemble, l’article IV :

Art. 4.Tamazight est également langue nationale et officielle. L’État œuvre à sa promotion et à son développement dans toutes ses variétés linguistiques en usage sur le territoire national.

Il est créé une Académie algérienne de la langue Tamazight, placée auprès du Président de la République.

L’Académie qui s’appuie sur les travaux des experts, est chargée de réunir les conditions de la promotion de Tamazight en vue de concrétiser, à terme, son statut de langue officielle.

Les modalités d’application de cet article sont fixées par une loi organique.

(Les soulignements sont les miens, A.E.)

Si l’officialité nationale de tamazight y est bel et bien annoncée, elle est tout de même soumise à une réserve de fond. En effet, ce n’est qu’au terme de la réunion des «conditions de la promotion» devant déboucher sur sa «concrétisation» que la langue pourra acquérir «son statut de langue officielle». L’ambiguïté est entretenue dans l’énoncé suivant : «L’État œuvre à sa promotion et à son développement dans toutes ses variétés linguistiques en usage sur le territoire national.». En d’autres termes tamazight est un terme générique enveloppant «toutes ses variétés». Notons, au passage qu’il aurait été plus rigoureux de parler de «variantes» plutôt que de «variétés», comme me le faisait remarquer mon ami A. Dourari. Le paradoxe est que les acteurs officiels de la planification linguistique amazighe ont commencé par la fin du processus : poser la langue (fût-elle de laboratoire et non native) avant même que les conditions de son officialité n’aient été réunies. Par ailleurs, une telle posture présente le risque de phagocyter les (authentiques) langues maternelles amazighes dans la mesure où, inéluctablement, nous nous trouverions confrontés à une «situation de diglossie catastrophique et bloquante», pour reprendre S. Chaker.

Pour faire court, je dirai que mes prises de position défendent toutes les langues maternelles et tamazight n’en est pas une!

7 – Parler est le propre de l’homme mais parler aussi n’est qu’une modalité de l’humain à communiquer : communiquer suppose des actes linguistiques, symboliques, identitaires, mimiques, kinésiques, etc.

Comment expliquez-vous le rapport dichotomique : langue / culture ? Est-ce cette dualité est-elle fondée sur l’arbitrarité ou la nécessité ? Et quelle(s) culture(s) véhicule le maghribi ? 

A.E. – Oui, la capacité de parole (ou l’instinct de parole, comme je le disais plus haut) est un don de la nature qui fusionne avec la culture (processus de socialisation du pré-locuteur natif qu’est l’enfant). Sans accès à la culture, par conséquent, l’accès à la parole échoue ; tout simplement.

Qu’est-ce que j’entends par culture ? Un imaginaire collectif où se sédimentent – au fil des siècles – des pratiques sociales couvrant toute sorte de domaines : coutumes, cuisine, vêtements, aménagements domestiques, tombes, croyances, littérature, arts divers et artisanat, etc. À ces domaines, il faut ajouter celui de la langue dans laquelle se reconnaissent les locuteurs (J.B. Marcellesi, 1983). Tous ces domaines sont actualisés sous la forme d’artefacts (livres, dessins, plats, architecture, etc.).

Quelle lien s’établit entre la culture et la/les langue-s ? La langue est une abstraction, une catégorisation, dans laquelle nous identifions nos productions verbales – ce que les linguistes appellent le discours. Nous allons identifier telle production au kabyle, telle autre au chaoui, etc. Nos productions verbales – nous l’avons vu plus haut – résultent (1) d’une préparation cognitive (neurosémantique) qui (2) s’inscrit dans les représentations portées par les domaines sémantiques qui composent la culture avant de s’extérioriser (3) sous la forme d’énoncés reconnaissables et interprétables. Le filtre culturel prend donc appui sur la préparation cognitive pour singulariser les portées sémantiques visées. Cette singularisation est précisément celle que la culture dessine. La notion de viande est universelle, certes, mais la viande porcine a une singularité que les cultures (selon que l’on soit musulman ou non, par exemple), délimitent. Les visions du monde, les croyances, les retombées d’histoire, etc. façonnent les contours du filtrage sémantique que la culture opère. Par conséquent, il ne peut y avoir de langue sans culture. C’est même cette dernière qui donne vie à la première.

Cela étant dit, l’imaginaire d’un Algérien (qu’il soit d’expression amazighe ou magharibie) paraît suffisamment unifié en comparaison avec celui d’un Turc ou d’un Saoudien. L’histoire nous enseigne que les représentations symboliques et culturelles des populations du Magharib sont très proches les unes des autres et nos langues maternelles en ont été formatées. Le kabylophone et le maghribiphone partagent un même fond culturel (produit par une histoire commune) car les populations de notre espace géographique se sont toujours mélangées, depuis l’antiquité. Y compris dans le royaume numide qui avait le punique -et non le libyque –  comme langue officielle. La distinction entre Berbères et non-Berbères n’a été introduite qu’autour du XIV è siècle par certains auteurs arabes (dont Ibn Khaldûn) pour distinguer le Arabes « de souche » des autochtones (R. Rouighi, 2019). Cette discrimination aura été reprise avec opportunisme par la colonisation française à partir de 1830. Il est clair, à la lecture de ces textes historiques, que la notion de Berbère ne peut désigner que la population autochtone. Il n’y a pas de Berbère (en tant qu’ethnie ou race), mais bien des Maghrébins berbérophones et non-berbérophone ; les derniers étant bien plus nombreux que les premiers. Une seule et même culture est donc bel et bien inscrite dans les deux formations linguistiques. Malheureusement, les aménageurs de tamazight sont en train de vider la substance culturelle inscrite dans les langues maternelles amazighes. Ainsi que le déplore  A. Dourari, ils expurgent le lexique disponible, à la profondeur historique et sociale, pour lui substituer des néologismes sans vie. Cela saute aux yeux dès la lecture des premières lignes des ouvrages littéraires produits par le HCA, à titre illustratif.

Ceci nous conduit à soulever la question de l’identité dite berbère. En effet, les langues maternelles amazighes présentes sur notre territoire s’apparentent à une aire linguistique afro-asiatique qui inclut, entre autres, l’ancien égyptien, le copte, le somali, l’afar et le tigré. Ceci représente plus de 100 millions de locuteurs. La particularité de ces langues est qu’elles présentent des similarités structurales et lexicales – c’est ce qui donne l’illusion d’une «langue mère», illusion  à laquelle s’agrippent les militants de l’option tamazight.

Pour répondre plus précisément à votre question, le magharibi – ainsi que je l’ai mentionné plus haut – est déjà attesté avant l’ère chrétienne (il y a plus de 2000 ans). De plus cette langue, le punique, (qui est celle des Maures, plus précisément) se métamorphose, jusqu’à  intégrer ses caractéristiques maghribies contemporaines, grâce aux contacts avec la langue arabe. Mais elle ne se confond pas avec l’arabe puisqu’elle lui préexistait. Voilà pourquoi les étiquettes de «arabe dialectal / algérien / maghrébin / vulgaire» etc. faussent l’identification formelle de la langue. Les grands textes littéraires en zajel du XI/XII è siècles en Al-Andalus ou bien ceux du melħûn, entre le XIII è et le XVIII è siècle – sans oublier ceux, plus proches de nous, du cha3bi et du 3robi, sont gravés dans cette langue magharibie. Tout notre être historique moderne et contemporain y est manifesté. Nous avons sur notre conscience nationale un héritage littéraire millénaire que nous héritons de nos anciens. Faut-il fermer les yeux dessus ?

Remarques générales 

Cet entretien m’aura donné l’occasion de livrer ma vision des questions linguistiques à partir d’un point de vue des sciences du langage (linguistique, sociolinguistique, psycholinguistique, neurosciences cognitives, anthropologie et diachronie linguistique). En excluant toute approche idéologique, il est possible de concevoir la question linguistique en tant qu’objet de recherche et dégager, pour ce faire, les outils conceptuels nécessaires. Il faut souligner que la linguistique contemporaine se donne pour objectif essentiel d’éclairer les rapports entre les productions verbales et les significations qu’elles infèrent. Ce rapport son/sens est bien ce qui devrait nourrir notre travail car les descriptions morphosyntaxiques ont déjà fait l’objet de réalisations magistrales par les grammairiens. Notre but est d’éclairer les mécanismes du langage à partir du fonctionnement discursif des langues. Insistons sur le fait que les mécanismes du langage sont universels car relevant de la neurobiologie. Par conséquent derrière les formes locales des langues se déroulent des événements caractéristiques du cerveau humain. Et seules les langues naturelles et natives sont porteuses de ce potentiel. Voilà pourquoi toutes les langues maternelles sont précieuses.

J’invite donc les jeunes linguistes en herbe à travailler sur des corpus attestés pour étudier ce rapport son/sens ; sans préjuger de la qualification idéologique de leur objet de travail (dialecte, patois, etc.).

Oran, le 20 avril 2023

Références bibliographiques

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[1] Auteur correspondant : YOUCEF BACHA | y.bacha@univ-blida2.dz

[2]    « […] il est donc recommandé d’éviter cette notion de langue-véhicule, voire de langue-outil, car l’outil est, par définition, extérieur à l’homme.», p. 20.

[3]    Je renvoie les lecteurs à l’annexe « Pour  un bilinguisme de la réussite scolaire » de mon ouvrage de 2019.

[4] A. Elimam, 2019b.

[6]Je le prends pour référence car s’il y a bien un linguiste expert en linguistique berbère, il en a toute la légitimité.