La mobilisation populaire a gagné en force, ampleur et en intensité tout au long de mois de mars 2019. Dans la rue les slogans les plus repris, les plus populaires dénonçaient, chaque vendredi, avec plus de précision la nature du régime du président Bouteflika.
« Khlitou lablad ya çarakin » (Vous avez dévasté le pays, Ô pillards) a été dès le deuxième vendredi, le principal slogan de ce mouvement populaire, le plus répété. Il étouffera tous les slogans emblématiques des ONG, des partis de la l’opposition « démocratique et moderniste », de « Barakat » (ça suffit!) Bezef (c’est trop!) qui avaient échoué toute les années précédentes mais particulièrement en 2017 et 2018 à rassembler plus qu’une centaine de personnes.
Sur le terrain et tout au long du mois de mars l’écrasante majorité des manifestants dénonçait une nature de l’Etat, c’est à dire posait, avec son langage et à sa manière, la question du pouvoir d’Etat. Dans notre pays plongé dans une unicité saisissante des croyances néolibérales entre le pouvoir, la presse et la quasi totalité de l’opposition depuis les années du terrorisme, ce slogan et les slogans connexes montraient une puissante montée de la conscience nationale et sociale chez les jeunes et les masses populares.
Le cadre de ce texte est trop étroit pour en discuter du point de la philosophie, c’est à dire sur le « comment vient la conscience » au sens de classe, de caste ou de groupes socio-professionnels aux hommes ? Et pourquoi toujours en temps de crise dans une coalescence des facteurs de crise morale de la société, des grèves et revendications apparemment sans lendemains des secteurs socio-professionnels, des protestations apparemment soudaines et souvent massives et spectaculaires jusqu’à l’interruption de la circulation sur les routes et autoroutes pour l’électrification, le goudronnage, l’état des écoles ou des cantines, la distribution de l’eau etc. ? Bien sûr, la réponse philosophique est qu’une conscience nouvelle ne devient absolument nécessaire que lorsque la conscience ancienne ne peut plus les intégrer le spectacle politique qui s’est constitué, en faits polméiques (au pluriel) seon la formule de Bachelard, avec l’image du président, celles des Ould Abbès, des Saidani et finalement les moqueries des télévisions françaises, etc.
J’en parle dans mon deuxième entretien sur les élections. Ce serait trop long de les reprendre dans cette présentation.
Le plus important, à ce moment de l’histoire du » Hirak » a été la dualité criarde ou criante du mouvement et la suprématie sur le terrain des slogans à contenus social et politiques concrets sur les slogans « démocratiques » abstraits.
Au troisième vendredi , face aux pancartes et groupes de musique, de théâtre, de ballet bien léchés, qui ne pouvait surgir par miracle, se multiplièrent les photos de nos dirigeants révolutionnaires notamment Mostefa BenBoulaïd. Partout furent exposées, un peu partout les photos des martyrs. Les photos de Ali la Pointe et Hassiba Ben Bouali étant les plus nombreuses.
La phrase de Marx me revint immédiatement à l’esprit.
« Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux, mais dans des conditions directement données et héritées du passé. La tradition de toutes les générations mortes pèse d’un poids très lourd sur le cerveau des vivants. Et même quand ils semblent occupés à se transformer, eux et les choses, à créer quelque chose de tout à fait nouveau, c’est précisément à ces époques de crise révolutionnaire qu’ils évoquent craintivement les esprits du passé, qu’ils leur empruntent leurs noms, leurs mots d’ordre, leurs costumes, pour apparaître sur la nouvelle scène de l’histoire sous ce déguisement respectable et avec ce langage emprunté. » Karl MARX, Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte.
Tout marxiste correctement formé aurait perçu d’une part que les figures salafistes n’émergeait d’aucune façon malgré la présence à partir du deuxième mois (avril 2019) de groupes islamistes en dehors de celle de HMS (hems). le nombre fascinant des manifestants avait totalement étouffé le projet de transition dont je parle dans la premier entretien (et dans le second). Le projet des composantes du pouvoir et de leurs alliés de l’oppositions sur la ligne de toujours plus de néolibéralisme ni celui d’une restauration du salafisme ne « mordaient » sur les masses. Dans ce dualisme, la part hégémonique allait vers le projet du premier novembre 1954, malgré l’absence quasi absolue d’un mouvement politique populaire. Nous étions face à un retour d’e facteurs h ‘une mémoire historique mobilisée autour d’un possible dans ces conditions : les symboles de cette histoire séculaire de résistance et de sacrifices pour la libération. Les années sombres du terrorisme puis le contrôle quasi total des la vie et des partis politiques, tous plus ou moins redressés (1), en sus de la mobilisation dans précédent des Zaouïas, des associations créées pour animer les soirs des élections, de associations de supporters de certains grands clubs de football des ont empêché l’émergence de groupes politiques authentiques qui auraient aider ces masses à peser sur l’issue de ce mouvement.
1-redressement : opération de changement de directions des partis politiques insuffisamment conformes aux programmes de la gouvernance Bouteflika
Voici le lien vers ce premier entretien : https://ecolepopulairedephilosophie.com/2025/04/04/mohamed-bouhamidi-premier-entretien-sur-les-elections-presidentielles-mercredi-20-fevrier-2019-historique-hirak-semaine-par-semaine/

Un contenu contre le néocolonialisme : « Makach al kahmaça yaouled frança » (Pas de cinquième mandat, progéniture de la France) a été aussi un moment significatif de l’évolution très rapide des slogans. Cette pancarte le dit mieux que mille prises de parole.
Ce long rappel des premières journées donne le contexte de cette publication des extraits d’Arabesques américaines comme moments de lutte politique immédiate contre le projet de désignation de Mustapha Bouchachi comme chef du « Hirak » mais surtout, en fait, de cette fameuse transition, chefferie que lui disputaient les promoteurs d’une transition organisée entre responsables installés aux cœur du pouvoirs et leurs amis et alter égos actifs dans l’opposition.
La manœuvre autour de Mustapha Bouchachi échoua. Une lettre de Ali Yahia Abdenour sur les rapports troubles de la LADD et de son président avec l’argent y contribuera également. (Et également publié sur mon blog personnel) une semaine après ces extraits. Vous trouverez dans cette publication un reflet de ces luttes intenses engagées autour de la désignation d’un « chef » du « Hirak » mais en réalité pour imposer un Conseil de Transition opposé à celui que préparaient certains cercles du pouvoir en alliance avec certains partis.
Cette publication, les précédentes et les suivantes ont été des moments de cette lutte au corps à corps avec les ONG, les révolutionnaires colorés tapis au sein et au sommet du pouvoir, contre les illusions de toujours plus de capitalisme et de néolibéralisme, toujours plus de conformité aux conseils de l’Union Européenne, car le « modèle, le vrai, de la prospérité mondialiste » a été mal appliqué.
Mohamed bouhamidi le 20avril 2025

j’ai tenu à me photographier avec cette pancarte visualise quelle alliance secrète relie certains cercles du l’Etat algérien avec Paris.
La campagne lancée pour placer Bouchachi comme leader naturel du Hirak et futur président de l’Algérie, montre que des forces travaillent déjà à la récupération du Hirak. Nous n’avons pas encore fini de nous entendre sur le minimum de contenu de cette révolution en cours. Les slogans et mots d’ordre montrent bien ce que nous ne voulons plus : jamais plus de vol, de corruption, de répression, de clientélisme, de gestion de l’Etat par les frères, les cousins ou les copains et jamais plus d’ingérence étrangère, pas de privatisation des ressources minières et naturelles et principalement le pétrole. Nous savons aussi ce voulons tout de suite : retour de la souveraineté nationale, d’une politique indépendante sur nos ressources, droits démocratiques d’expression, de réunion, de manifestation et d’édition, retour d’une politique d’harmonie sociale avec des secteurs sociaux performants en médecine, éducation, culture, sport, usage domestique de l’eau et de l’énergie et donner à nos médecins, enseignants, cadres, ingénieurs et techniciens les salaires et la considération qu’ils méritent.
Mais le reste ? Quels choix fondamentaux devons-nous imposer dans notre vie politique future ?
Cette publication Facebook m'a convaincu de réagir. Voilà le lien pour la lire :

Au-delà du choix de Bouchachi de signer avec les chefs spirituels du terrorisme et de rééditer la plate-forme de San Egidio, il y a un parcours et une vie politique à connaître pour toutes ces ONG qui se présentent comme nos directrices par droit divin de nos consciences.
Avec l’accord de mon ami Ahmed Bensaada, je publie cet extrait de son livre « Arabesques$ américaines » pour éclairer une partie de cet encadrement de nos consciences et perceptions politiques par les américains et d’autres puissances étrangères de l’Union Européennes qui financent un nombre incroyable de militants professionnels.
Mohamed Bouhamidi. le 25 Mars 2019

Les financements US de la Ligue des droits de l’homme (aile Bouchachi) et d’autres ONG. (Extraits du livre Arabesque$ du Dr. Ahmed Bensaada)
publié le 25 Mars 2019 ,
L’Algérie
En Algérie, la contestation du gouvernement en place a été organisée par la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), regroupant divers partis politiques, ONG et syndicats. Parmi les signataires de la première mouture du CNCD (elle s’est divisée par la suite), on trouve la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), le Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (SNAPAP), le parti « Rassemblement pour la culture et la démocratie » (RCD), Fodil Boumala et l’organisme « SOS Disparus »[1].
La consultation des rapports annuels de la NED montre que la LADDH a reçu des subventions américaines en 2002[2], 2004[3], 2005[4], 2006[5] et 2010[6]. Des copies de ces cinq documents sont consultables à l’annexe 3.
Les montants reçus par cette ligue sont détaillés dans le tableau suivant :
Ligue Algérienne de Défense des Droits de l’Homme (LADDH)
Année Montant
2002 20 000 $
2004 —
2005 20 000 $
2006 40 000 $
2010 37 000 $
Il est intéressant de noter que les montants relatifs à l’Algérie pour l’année 2012 n’ont pas été publiés par la NED. En fait, de tous les pays arabes, seules l’Algérie et l’Égypte ont disparu (depuis 2011) des rapports de la NED.
Le SNAPAP, quant à lui, est en relation étroite avec le Solidarity Center (une des quatre composantes de la NED) comme cela est expliqué dans la page « Algérie » du site de cet organisme[7].
[1]LADDH, « Pour une Coordination nationale pour le changement et la démocratie : Communiqué », 22 janvier 2011, http://www.la-laddh.org/ spip.php?article568
[2]Sourcewatch, « Algerian League for the Defense of Human Rights », http://www.sourcewatch.org/index.php?title=Algerian_League_for_the_Defense_of_Human_Rights (Voirannexe 2)
[3]Ibid.
[4]NED, « Algeria », 2005 Annual Report, http://www.ned.org/publications/annual-reports/2005-annual-report/middle-east-and-north-africa/description-of-2005-gra-1(voir annexe 2)
[5]NED, « Algeria », 2006 Annual Report, http://www.ned.org/publications/annual-reports/2006-annual-report/middle-east-and-northern-africa/description-of-2006–1 (voirannexe 2)
[6]NED, « Algeria », 2010 Annual Report, http://www.ned.org/publications/annual-reports/2010-annual-report/middle-east-and-north-africa/algeria(voirannexe 2)
[7]Solidarity Center, « Algeria », http://www.solidaritycenter.org/content.asp?pl=863&sl=407&contentid=861

Cathy Feingold envoya une seconde lettre au Le 4 mars 2011, en plein embryon de « printemps » algérien, la directrice du Département international du Solidarity Center, Cathy Feingold, a écrit une lettre au Président Abdelaziz Bouteflika. Elle lui a fait part de son inquiétude concernant la violence policière contre les « manifestants pacifiques » en Algérie en précisant que « nous [ leSolidarity Center] notons avec une vive préoccupation que, parmi les personnes blessées récemment, figurait le dirigeant syndical M. Rachid Malaoui président du secteur public de l’union syndicale nationale autonome du personnel d’administration publique (SNAPAP) »[1].
Président Bouteflika en date du 14 octobre 2011. Le nom « du militant CNCD de premier plan », M. Malaoui, y est cité trois fois[2]. Et madame Feingold semble bien renseignée sur l’activisme politique algérien (probablement en temps réel comme dans le cas égyptien). Ainsi, dans la seconde lettre, on peut lire:
« Nous [ Solidarity Center] avons des rapports montrant que le 25 Septembre 2011, un policier du Service des renseignements généraux a donné des instructions au propriétaire du siège national du SNAPAP (Syndicat National Autonome des Personnels de l’Administration) de mettre fin au bail et d’expulser le syndicat. Selon des témoins oculaires, l’officier a menacé le propriétaire et M. Malaoui, en disant qu’il «pourrait arriver» que M. Malaoui soit assassiné et que la propriété serait alors scellée pendant cinq ans et le propriétaire traduit en justice. Ce rapport fait suite à une tentative de sabotage contre le véhicule de M. Malaoui, l’assassinat d’un activiste CNCD de premier plan, le caillassage d’une réunion qui s’est tenue à la Maison du Travail et le harcèlement continu et l’intimidation à l’encontre des syndicalistes et des militants des droits des travailleurs dans le pays ».
Et de donner de fermes « instructions » :
« Le gouvernement algérien doit prendre des mesures immédiates pour garantir l’intégrité physique et psychologique de tous les défenseurs des droits humains et syndicaux ainsi que la sécurité des bureaux de l’administration centrale des syndicats et d’autres défenseurs des droits de l’homme. Cela inclut une enquête approfondie sur tous les cas de répression, le harcèlement, les agressions et les menaces contre les travailleurs qui exercent leur droit internationalement reconnu à la liberté d’association et d’expression ».
De son côté, le RCD est un parti d’opposition dont le président était Saïd Sadi lorsque les manifestations antigouvernementales occupaient les rues algéroises (il a démissionné depuis). Le nom de ce politicien a été cité dans le câble WikiLeaks 07ALGIERS1806[3], daté du 19 décembre 2007. Ce document montre que Saïd Sadi a eu des discussions politiques assez « poussées » avec l’ambassadeur américain à Alger.
« Le 3 Décembre [2007], Saïd Sadi, le leader du parti d’opposition « Rassemblement pour la Culture et la Démocratie » (RCD) a présenté un sombre aperçu
[1]Cathy Feingold, « Letter from AFL-CIO International Director Cathy Feingold to Algerian President Abdelaziz Bouteflika, », 4 mars 2011, http://www.solidaritycenter.org/files/algeria_cflettertobouteflika030411.pdf (voirannexe 4)
[2]Cathy Feingold, « Letter from AFL-CIO International Director Cathy Feingold to Algerian President Abdelaziz Bouteflika », 14 octobre 2011, http://www.solidaritycenter.org/files/algeria_cfletter101411.pdf(Voirannexe 4)
[3]WikiLeaks, « Câble 07ALGIERS1806 », http://wikileaks.mediapart.fr/cable/2007/12/07ALGIERS1806.html (voir annexe 1)
Cathy Feingold envoya une seconde lettre au Le 4 mars 2011, en plein embryon de « printemps » algérien, la directrice du Département international du Solidarity Center, Cathy Feingold, a écrit une lettre au Président Abdelaziz Bouteflika. Elle lui a fait part de son inquiétude concernant la violence policière contre les « manifestants pacifiques » en Algérie en précisant que « nous [ leSolidarity Center] notons avec une vive préoccupation que, parmi les personnes blessées récemment, figurait le dirigeant syndical M. Rachid Malaoui président du secteur public de l’union syndicale nationale autonome du personnel d’administration publique (SNAPAP) »[1].
Président Bouteflika en date du 14 octobre 2011. Le nom « du militant CNCD de premier plan », M. Malaoui, y est cité trois fois[2]. Et madame Feingold semble bien renseignée sur l’activisme politique algérien (probablement en temps réel comme dans le cas égyptien). Ainsi, dans la seconde lettre, on peut lire:
« Nous [ Solidarity Center] avons des rapports montrant que le 25 Septembre 2011, un policier du Service des renseignements généraux a donné des instructions au propriétaire du siège national du SNAPAP (Syndicat National Autonome des Personnels de l’Administration) de mettre fin au bail et d’expulser le syndicat. Selon des témoins oculaires, l’officier a menacé le propriétaire et M. Malaoui, en disant qu’il «pourrait arriver» que M. Malaoui soit assassiné et que la propriété serait alors scellée pendant cinq ans et le propriétaire traduit en justice. Ce rapport fait suite à une tentative de sabotage contre le véhicule de M. Malaoui, l’assassinat d’un activiste CNCD de premier plan, le caillassage d’une réunion qui s’est tenue à la Maison du Travail et le harcèlement continu et l’intimidation à l’encontre des syndicalistes et des militants des droits des travailleurs dans le pays ».
Et de donner de fermes « instructions » :
« Le gouvernement algérien doit prendre des mesures immédiates pour garantir l’intégrité physique et psychologique de tous les défenseurs des droits humains et syndicaux ainsi que la sécurité des bureaux de l’administration centrale des syndicats et d’autres défenseurs des droits de l’homme. Cela inclut une enquête approfondie sur tous les cas de répression, le harcèlement, les agressions et les menaces contre les travailleurs qui exercent leur droit internationalement reconnu à la liberté d’association et d’expression ».
De son côté, le RCD est un parti d’opposition dont le président était Saïd Sadi lorsque les manifestations antigouvernementales occupaient les rues algéroises (il a démissionné depuis). Le nom de ce politicien a été cité dans le câble WikiLeaks 07ALGIERS1806[3], daté du 19 décembre 2007. Ce document montre que Saïd Sadi a eu des discussions politiques assez « poussées » avec l’ambassadeur américain à Alger.
« Le 3 Décembre [2007], Saïd Sadi, le leader du parti d’opposition « Rassemblement pour la Culture et la Démocratie » (RCD) a présenté un sombre aperçu
[1]Cathy Feingold, « Letter from AFL-CIO International Director Cathy Feingold to Algerian President Abdelaziz Bouteflika, », 4 mars 2011, http://www.solidaritycenter.org/files/algeria_cflettertobouteflika030411.pdf (voirannexe 4)
[2]Cathy Feingold, « Letter from AFL-CIO International Director Cathy Feingold to Algerian President Abdelaziz Bouteflika », 14 octobre 2011, http://www.solidaritycenter.org/files/algeria_cfletter101411.pdf(Voirannexe 4)
[3]WikiLeaks, « Câble 07ALGIERS1806 », http://wikileaks.mediapart.fr/cable/2007/12/07ALGIERS1806.html (voir annexe 1)
du régime algérien, disant que celui-ci insiste sur le maintien du contrôle mais qu’il manquait de vision et de capacité. Sadi a averti que dans le contexte de la stagnation actuelle de la réforme économique et politique, les institutions de l’Algérie ont été rouillées de l’intérieur, perdant nombre de leurs meilleurs cadres parmi les travailleurs et les fonctionnaires ».
Et, citant une personne dont le nom a été masqué (remplacé par des X), le rédacteur du câble nota que cette personne et Sadi comparaient le gouvernement du président Bouteflika à « une bande de Tikrit », allusion faite à Saddam Hussein et sa région d’origine en Irak :
« X est d’accord avec l’analogie faite par Sadi, aussi bien pour nous que publiquement dans la presse, comparant le gouvernement Bouteflika à « une bande de Tikrit », dans lequel un nombre disproportionné de ministres et de généraux provient de la même région, de la province occidentale de Tlemcen, qui est celle du président Bouteflika. (En effet, plusieurs personnes du cercle intérieur proviennent de la petite ville de Nédroma). La fidélité de cette « bande », selon X et Sadi, est essentielle au maintien de la stabilité, tout comme cela a été le cas dans l’Irak de Saddam Hussein ».
L’ex-chef du RCD alla jusqu’à demander un « soutien extérieur » :
« Sadi a averti les États-Unis des dangers à long terme de garder le silence sur ce qu’il percevait comme la détérioration de la démocratie algérienne, comme en témoignent les élections locales. De l’avis de Sadi, un soutien extérieur est essentiel à la survie de la démocratie et l’engagement productif de la jeunesse algérienne – 70 pour cent de la population – dans la vie politique et économique ».
Ces « confidences » et bien d’autres contenues dans le câble 07ALGIERS1806 firent dire à une journaliste algérienne : « Saïd Sadi, président du RCD, s’est montré particulièrement bavard lors de ses rencontres avec l’ambassadeur US »[1].
Tout récemment, Fetta Sadat et Réda Boudraâ, respectivement secrétaires nationaux aux droits de l’Homme du RCD et à la formation ont pris part à une mission d’études qui a eu lieu au Canada (Ottawa et Montréal), du 10 au 16 décembre 2013.
Le compte rendu de ce voyage publié sur le site du RCD précise que « la participation des secrétaires nationaux du RCD, en compagnie d’autres représentants de partis politiques, s’est déroulée suivant un programme étalé sur plusieurs séances de travail. Leurs travaux ont alterné entre rencontres-débats avec des spécialistes, des parlementaires et des représentants de partis canadiens, des discussions ouvertes et en panel où de nombreuses réflexions sur les réunions organisées ont été débattues, notamment l’expérience canadienne de manière générale et les possibilités d’appliquer les nouvelles techniques dans le contexte algérien, mais aussi, des consultations par partis et échange d’expériences avec divers partenaires. […] Durant leur séjour, les membres de la délégation du RCD ont eu des consultations avec de nombreux dirigeants des principales formations politiques activant sur le plan fédéral et quelques autres activant au niveau provincial »[2].
[1]Sonia Lyes, « Les confidences de Saïd Sadi à l’ambassadeur américain en Algérie », TSA, 17 décembre 2010, http://mobile.tsa-algerie.com/politique/lesconfidences-de-said-sadi-a-l-ambassadeur-americain-en-algerie_13358.html
[2]RCD, « Le RCD participe à une mission d’études au Canada », 22 décembre 2013, http://rcd-algerie.org/details_article.php?Rid=167&Aid=1655&titre=Le+RCD+participe+%E0+une+mission+d%92%E9tudes+au+Canada
Le hic ? L’organisation, le transport, l’hébergement, la nourriture et même l’argent de poche ont été fournis par le NDI. Qui dit mieux ?
Mentionnons que le RCD n’était pas le seul parti participant à cette mission « tous frais payés ». La délégation était aussi composée de représentants des partis suivants : FLN, MSP, TAJ, JIL JADID, FRONT EL MOUSTAKBAL, FFS et MPA.
Il est important de préciser que le RCD a participé en 2013 à d’autres rencontres conjointement avec des représentants des pays la région MENA : du 25 au 27 octobre à Rabat (Maroc)[1] et du 13 au 16 décembre au Caire (Égypte)[2]. Ces « formations » ont été financées par la fondation allemande Friedrich Naumann qui est liée au Parti libéral-démocrate d’Allemagne. Rappelons ici la forte collaboration entre les « fondations » allemandes et américaines pour l’ « exportation » de la démocratie (sujet discuté au chapitre 2).
D’autre part, la collaboration entre le gouvernement canadien et les organismes américains comme le NDI ou l’IRI n’est ni fortuite ni occasionnelle. Bien au contraire, leur coopération est bien rodée comme on peut le constater dans le dossier ukrainien[3].
Sur son compte Twitter, Fodil Boumala, cofondateur de la CNCD, se présente comme « écrivain-journaliste, cyberactiviste, militant des droits de l’Homme, opposant politique indépendant, Fondateur de Res Publica II (ONG) sur Facebook &Youtube »[4].
Ajoutons à cela que Boumala s’est fait connaître du public algérien en animant des émissions politiques à la télévision nationale algérienne.
Le 20 janvier 2012, une conférence intitulée « Le printemps arabe, un an après: révolte, ingérence et islamisme » a été organisée à Montréal[5]. En plus de ma personne, Fodil Boumala et Mezri Haddad (à partir de Paris, via Skype) étaient les conférenciers invités.
Le débat a été très animé et les échanges très vifs. C’est pendant un de ces échanges que Fodil Boumala déclara que, lors d’un de ses voyages aux États-Unis, il a été reçu par le président Obama en personne.
Il est vrai que l’administration américaine a facilement ouvert les portes de ses plus prestigieux bureaux aux cyberactivistes arabes qui ont été reçus par des responsables de premier plan. Si l’aveu de Fodil Boumala s’avère véridique, il doit être un des rares à avoir obtenu une rencontre à ce niveau d’importance.
Selon le site e-Joussour, « SOS Disparus », cet organisme dont le nom apparaît dans la liste des fondateurs du CNCD, est « une association algérienne de soutien et de conseil juridique et administratif aux milliers de familles de victimes de disparition forcée
[1]RCD, « Des jeunes du RCD participent à une formation à Rabat », 30 octobre 2013, http://rcd-algerie.org/details_article.php?Rid=167&Aid=1645&titre=Des%20jeunes%20du%20RCD%20participent%20%E0%20une%20formation%20%E0%20Rabat
[2]RCD, « Le RCD participe à un séminaire en Égypte », 20 décembre 2013, http://rcd-algerie.org/details_article.php?Rid=167&Aid=1654&titre=Le%20RCD%20participe%20%E0%20un%20s%E9minaire%20en%20Egypte
[3]Ahmed Bensaada, « Ukraine : la filière canadienne », Reporters, 7 avril 2014, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content& view=article&id=263:ukraine-la-filiere-canadienne&catid=48:orientoccident&Itemid=120
[4]Twitter, « Fodil Boumala », https://twitter.com/FodilBoumala1
[5]Conférence « Le printemps arabe, un an après: révolte, ingérence et islamisme », Université du Québec à Montréal, 20 janvier 2012, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=152:conference-q-le-printemps-arabe-un-an-apres-revolte-ingerence-et-islamismeq&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

en Algérie […]. SOS disparus a vu le jour en 2001, suite à la création, en 1998, en France, du Collectif des familles de disparues en Algérie (CFDA) à l’initiative d’un petit groupe de familles de disparus. Notre association travaille en collaboration constante avec le CFDA qui est l’interface entre les familles algériennes et les instances internationales de protection des droits de l’Homme, telles que l’ONU ou la Commission africaine des droits de l’Homme »[1].
Ainsi, « SOS disparus » travaillerait en étroite collaboration avec le CFDA qui est une association de droit français enregistrée à Paris (France). D’après les informations publiées sur le site de la fondation Anna Lindh, le CFDA « est une association de loi 1901 créé en 1998 à Paris pour soutenir la lutte des familles de disparu(e)s en Algérie et pour la reconnaissance internationale des disparitions forcées dans ce pays. En 2006, le CFDA a reçu la mention spéciale du prix des droits de l’Homme de la République française. En 2008, il a obtenu le statut d’observateur à la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP). Les objectifs principaux du CFDA sont l’établissement de la vérité sur le sort des disparus, l’amélioration de l’accès à la justice de leur famille et la lutte contre l’impunité »[2].
D’autre part, sur le propre site du CFDA, on peut lire qu’« en septembre 2001, le CFDA a pu ouvrir son premier bureau en Algérie, sous le nom de SOS Disparu(e)s, structurer le mouvement des mères de disparu(e)s et offrir à toutes les victimes une assistance dans leurs démarches administratives et judiciaires ainsi qu’une assistance psychologique. Depuis, un autre bureau de SOS Disparu(e)s a été ouvert à Oran et plusieurs comités de familles ont été créés dans le reste du pays »[3].
Force est donc de constater que « SOS disparus » n’est finalement qu’une « succursale » algérienne du CFDA, sa maison-mère française.
Il faut se rendre à l’évidence que le CFDA n’est pas inconnu de la NED, bien au contraire. De tous les organismes figurant dans la liste « Algérie » de la NED, c’est celui qui a reçu le plus régulièrement des subventions américaines. Le tableau suivant les résume.
Collectif des Familles de Disparus en Algérie (CFDA)
Année Montant
2005[4] 40 000 $
2006[5] 43 500 $
2007[6] 46 200 $
2008[7] —
[1]e-Joussour, « SOS disparus », http://www.e-joussour.net/node/1104
[2]Fondation Anna Lindh, « Collectif de Familles de Disparus en Algérie », http://www.euromedalex.org/fr/node/15841
[3]Collectif des Familles de Disparu(e)s en Algérie (CFDA), « Historique et présentation », http://www.algerie-disparus.org/index.php?option=com_content&view=category&layout=blog&id=20&Itemid=131
[4]NED, « Algeria », 2005 Annual Report, art. cit. (voirannexe 3)
[5]NED, « Algeria », 2006 Annual Report, art. cit. (voirannexe 3)
[6]NED, « Algeria », 2007 Annual Report, http://www.ned.org/publications/annual-reports/2007-annual-report/middle-east-and-northern-africa/description-of-2007–1 (voirannexe 3)
[7]NED, « Algeria », 2008 Annual Report, http://www.ned.org/publications/annual-reports/2008-annual-report/middle-east-and-northern-africa/2008-grants/algeria (voirannexe 3)
Collectif des Familles de Disparus en Algérie (CFDA)
2009[1] 38 200 $
2010[2] 40 000 $
2011[3] 40 000 $
Pour finir, notons qu’une autre ONG s’intéressant aux familles de disparus (non membre du CNCD) a aussi été financée par la NED en 2009 pour un montant de 13 400$. Il s’agit de l’Association nationale des familles de disparus en Algérie (ANFD) qui, elle, a été créée le 6 novembre 1998, en Algérie[4].
En 2009, la NED a octroyé une bourse à la présidente de l’ANFD, Lila Iril, dans le cadre du programme de bourses de la démocratie Reagan-Fascell qui lui permit de séjourner à Washington de mars à juin 2009[5].
Voici la description de cette bourse telle qu’expliquée par la NED : « Créé en 2001 par le Congrès américain en l’honneur de deux principaux fondateurs de la NED, l’ancien président Ronald Reagan et feu Dante Fascell ancien membre du Congrès, le Programme de bourses de la démocratie Reagan-Fascell vise à approfondir les connaissances, à élargir les perspectives, et à renforcer le moral de certains des praticiens démocratiques les plus dévoués du monde, des journalistes et des universitaires. Les boursiers sont en résidence à Washington, D.C., au Forum international pour les études démocratiques, le bras de la NED en matière de recherche et de publications, lieu qui offre un environnement collégial pour mener des recherches, échanger des idées avec leurs homologues, et de tisser des liens qui contribuent à un réseau mondial de défenseurs de la démocratie ».
Et comme le monde des activistes est tout petit, Mme Iril s’est retrouvée avec un autre boursier arabe dont il a été question dans le chapitre précédent : Omar AfifiSuleiman, l’ex-policier égyptien réfugié aux États-Unis, celui-là même qui, financé par la NED, dirigeait les manifestations du Caire à partir de son appartement de Washington.
Quelques mois plus tard, c’était au tour d’un autre dissident arabe de bénéficier de cette même bourse. Il s’agit de RadwanZiadeh, activiste syrien et membre du Conseil National Syrien (CNS), un des groupes les plus importants de l’opposition au gouvernement de Bachar el-Assad.
Nous allons retrouver ce dissident ainsi que d’autres membres de l’opposition syrienne dans la section qui suit.
[1]NED, « Algeria », 2009 Annual Report, http://www.ned.org/publications/annual-reports/2009-annual-report/middle-east-and-north-africa/description-of-2009-gra-1 (voirannexe 3)
[2]NED, « Algeria », 2010 Annual Report, art. cit. (voirannexe 3)
[3]NED, « Algeria », 2011 Annual Report, http://www.ned.org/publications/annual-reports/2011-annual-report/middle-east-and-north-africa/algeria (voirannexe 3)
[4]Algeria-Watch, « Association Nationale des Familles de Disparus (ANFD) », http://www.algeria-watch.org/mrv/mrvdisp/anfd2.htm
[5]NED, « Reagan-Fascell Democracy Fellows Newsletter 2008-2009 », http://www.ned.org/docs/20082009RFNewsletter.pdf
Est-il nécessaire de rappeler que ces bourses de la « démocratie » ainsi que ces diverses subventions ont été offertes par la NED bien avant le déclanchement de ce « printemps » arabe ?
Mustapha Bouchachi
Mustapha Bouchachi a adhéré au Front des forces socialistes (FFS) en 197910.
Dans les années 1990, il a intégré la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), qu’il a présidé de 2007 à 2012.
Lors des Élections législatives algériennes de 2012, Mustapha Bouchachi a été élu comme député du FFS à l’Assemblée populaire nationale (APN) pour la wilaya d’Alger11,12.
Il a démissionné de son mandat de députation en mars 2014 pour être remplacé par Mohamed Nebbou.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mustapha_Bouchachi
Extrait de livre « Arabesque$ », Ahmed Bensaada, Ed. ANEP, Alger, 2016
