C’est par cette réplique célèbre à peine édulcorée pour l’adapter à son cas, que Sansal a commencé sa longue confession sur laquelle je ne m’étendrai pas, devant le policier chargé de prendre sa déposition en ce jour funeste où il fut arrêté à l’aéroport d’Alger.

De mémoire de cinéphile, aucun des nombreux acteurs qui ont incarné au cinéma le fameux agent secret de sa Majesté la Reine d’Angleterre, n’a présenté un état aussi pitoyable d’impréparation ni n’est venu à l’insu de son plein gré se jeter dans la gueule du loup.

Même Jean Dujardin, qui se moquait un peu du personnage qu’il incarnait, n’a présenté un tel manque d’anticipation et cet état d’inconscience car enfin, ce pays qu’il abordait, James Bond Sansal savait mieux que quiconque que c’était « un petit truc » où tout et n’importe quoi pouvait arriver puisqu’il en a toujours dénoncé la sauvagerie, l’arriération et le peu de sérieux de ses gouvernants.

Bref, cette légèreté un peu algérienne lui, qui déteste l’impéritie de ce peuple abhorré, lui a un peu collé à la peau et il s’est retrouvé dans une fâcheuse posture indigne d’un agent secret. Il a donc été arrêté bêtement et jeté dans un cachot sans autre forme de procès!!

Tous les esprits affutés de France et de Navarre, se sont exprimés sur cette arrestation comparée à celle de Voltaire qui fut en effet embastillé sous Louis le Bien Aimé et même, dit son dernier biographe qui avoue en avoir tremblé plusieurs siècles après les faits, son précieux crâne a failli céder sous la bastonnade.

Mais que les thuriféraires de James Sansal se rassurent, nous sommes au 21e siècle et même dans le « petit truc » on ne bastonne plus ou seulement pour contenir les violents et Sansal est, aux dires de Monsieur Benedetti son ami indéfectible, « Très doux ». Donc, les plus brutaux des matons de la prison d’El Harrach ou d’ailleurs, recevront des instructions pour le traiter avec douceur et compassion et non comme ce pauvre Voltaire qui a pourtant participé à la naissance de la Patrie des Lumières et des droits de l’Homme.

Ce rapprochement avec Voltaire est indu et indécent étant donné la grande distance qui sépare leurs œuvres respectives. En effet, la médiocre production littéraire de Monsieur Sansal n’est pas la cause de son arrestation sauf, à y regarder de plus près car le diable se cache dans les détails.

Le premier livre qu’il a commis « Le serment des barbares » a été apprécié par ses pairs Algériens qui lui ont tressé des couronnes de laurier car de bonne foi, ils y voyaient la dénonciation de l’islamisme politique et son corollaire, le terrorisme qui s’est abattu sur leur pays pour des raisons encore inconnues à ce jour faisant 2500 morts.

Cependant, déjà dans ce livre il calomniait l’Algérie sans que ceux qui le portaient aux nues s’en soient aperçus.

C’est bien plus tard que la supercherie est apparue. C’est lui qui fournit l’explication à la question naïve d’une fraiche jeune fille qui croit lui tendre une perche pour préciser que ce ne sont pas les musulmans et l’Islam qui sont visés dans son livre mais l’islamisme politique. Et là, que fait notre agent secret qui montre sa très grande intrépidité, il insiste comme la bêtise, persiste et signe comme un lourdaud en déclarant : « Non, non… c’est l’Islam, la religion avec ses règles, son attitude envers les femmes etc… »

« Les Barbares » sont donc les deux milliards de musulmans à travers le monde y compris les habitants « du petit truc « qui se croyaient les victimes du terrorisme international alors qu’ils étaient ces féroces « barbares » qu’il dénonce avec tant de hargne.

La dérive a donc commencé dès ce premier livre et elle se poursuivra jusqu’au dernier. Ses différentes vidéos qu’il a cru pouvoir rendre publiques sans précaution, sont venues en renfort comme autant de repères pour le suivre dans son cheminement vers l’état très envié d’agent secret.

Sa production littéraire n’était pas sa seule activité. Sa pensée tourbillonnante était occupée par d’autres projets et c’est lui qui nous apprend qu’il a « envoyé des rapports un peu partout, à droite et à gauche ». Dans quel but ? Entre autres, la reconquête de l’Algérie par la France et c’est encore lui qui nous affranchit : Il prétend en avoir fait la proposition hallucinante à Monsieur Chirac Président de la République française qui a dû lever les bras au ciel devant tant de folie !!!

Il y a eu enfin l’épisode le plus palpitant, celui du pied de nez suprême à l’islam et aux Arabes, celui de l’offre de services à leurs ennemis, les sionistes. Ses vidéos, comme autant d’injures à la souffrance des Palestiniens s’étalent et disent toute sa haine pour un peuple qui meurt chaque jour et qu’il traite d’» abstraction ».

Il a pris de ses nouveaux maitres l’arrogance dénoncée enfin par le seul ministre courageux qui a refusé de se laisser terroriser par ce petit bonhomme frustré qui , sur le tard, veut jouer à l’espion et devenir un Monsieur Sorgue d’immense mémoire parce que dans son enfance abandonnée, il n’a pas eu son content de temps de jeu.

Zohra Mahi