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Laure Lemaire- Les Comores: arnaque à la décolonisation

Date: 16 février 2025Author: paulomacheta 0 Commentaires

En août 1972, le Comité spécial de la décolonisation de l’ONU inscrit l’archipel des Comores à sa liste des territoires devant accéder à l’autodétermination.

En juin 1973, la France et les Comores signent des accords relatifs à l’accession à l’indépendance. D’un commun accord, la France propose un référendum d’autodétermination pour le 22 décembre 1974. Si le suffrage obtient dans son ensemble plus de 90 % pour l’indépendance, Mayotte se singularise en votant pour le maintien au sein de la République française(65 % pour le maintien, 35 % contre).

En contradiction avec une déclaration du gouvernement français datant du 26 août 1974 selon laquelle la consultation pour l’indépendance serait globale, en juillet 1975, est promulguée une loi décidant qu’une constitution comorienne doit être proposée dans les 6 mois et adoptée île par île, permettant de fait à Mayotte de pouvoir rester française,

Le territoire est donc divisé : 3 des 4 îles (Grande Comore, Mohéli et Anjouan) prennent leur indépendance en constituant le nouvel État comorien. Mayotte reste française. En 1974, les exportations du territoire, essentiellement de la vanille, du coprah, de l’ylang-ylang et de la girofle représentaient 1,5 milliard de francs CFA tandis que les importations étaient de 3 milliards de francs CFA. Les aliments de base étaient subventionnés mais 3 députés se partageaient le fructueux monopole d’importation du riz.

L’Etat des Commores

Le président du Conseil de Gouvernement, Ahmed Abdallah déclare l’indépendance immédiate des Comores. La France la reconnaît pour 3 îles. Le 17 octobre 1975, sans que la France ne prenne part au vote, le Conseil de sécurité des Nations unies recommande à l’Assemblée générale des Nations unies d’admettre au sein de l’ONU, le nouvel État comorien. Mais l’Assemblée générale réaffirme « la nécessité de respecter l’unité et l’intégrité territoriale de l’archipel des Comores » . L’Union africaine considère alors ce territoire comme occupé par une puissance étrangère.

La France organise un nouveau referendum à Mayotte le 8 février 1976 au cours duquel ses habitants se déclarent massivement pour le maintien dans la République Française mais le revendication de départementalisation ne sera satisfaite qu’en 2011, scellant l’inclusion administrative de Mayotte à la France, en tant que 101e département. En vertu du Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, l’ONU n’a plus jamais inquiété la France au sujet de Mayotte.

L’archipel des Comores aurait pu se distinguer comme le seul pays au monde de culture swahilie, dernier vestige politique de cet ensemble très cohérent, que la France coloniale avait uni administrativement et dont Mayotte fait partie : voir ci-dessous la photo de sa magnifique mosquée) mais il reste un Etat et un département colonial.

Tout s’accélère : pressé par l’opinion publique comorienne, le président Ahmed Abdallah (1919-1989) proclame l’indépendance le 6 juillet 1975, En septembre, les révolutionnaires capturent à Anjouan le président Ahmed Abdallah en résistance et contrôlent les 3 îles. Des négociations commencent à Paris, mais, l’ONU reconnaît l’État comorien dans les limites définies avant 1975, mettant un point final à la négociation. Par peur de représailles sur ses ressortissants, la France retire tous ses agents et fonctionnaires des Comores. Les services restent sans techniciens, les lycées vides d’enseignants. Alors qu’ils partent sous des huées dans le reste des Comores, les Mahorais les retiennent pour éviter l’ abandon du service public.

Entre 1977 et 1978, une intervention de couverture militaire est organisée, réaffirmant une présence maritime française dans le canal du Mozambique. Une garnison, composée de troupes de la légion et d’infanterie de marine gravite autour la nouvelle base mahoraise gérée par la marine nationale.

Le parlement français perçoit aussi la gageure juridique pour intégrer la population mahoraise. Une administration préfectorale est installée par défaut pour gérer en fonction des principales normes administratives la collectivité mahoraise. Si le droit français s’applique, le droit traditionnel musulman peut également y être appliqué au gré des justiciables par les tribunaux locaux présidés par les cadis (juges)

Le parlement proroge fin 1979 pour une nouvelle période quinquennale, le statut de Mayotte, qui se voit dotée d’un statut ad hoc et un peu bricolé de « collectivité d’outre-mer à statut particulier ». Les leaders mahorais n’ont en revanche aucune audience en dehors de Mayotte.

Peu de temps après sa prise de pouvoir fin 1973, les opposants à Abdallah dénoncent déjà son attitude despotique. Mais Bob Denard, 1929 à Bordeaux et 2007 en Seine-et-Marne est un mercenaire français. Il est impliqué dans de nombreux coups d’État en Afrique de la période des indépendances vers 1960 jusqu’en 1995.

Un mercenaire anticommuniste

est le fils de militaire dans les troupes coloniales. À 16 ans, en octobre 1945, il s’engage dans la Marine et rejoint l’école des apprentis mécaniciens de Saint-Mandrier-sur-Mer (Var). matelot mécanicien, il part comme volontaire pour l’Indochine en tant que seconde classe. Il passe de mécanicien à fusilier marin, puis devient quartier-maître en Indochine, il quitte l’armée en 1952 après une altercation dans un bar et accepte une place de conducteur d’engins et de mécanicien au Maroc. Il entre dans la police de ce pays toujours sous protectorat français depuis 1912. Accusé d’avoir participé à un complot pour assassiner le président du Conseil des ministres Pierre Mendès France, Bob Denard passe 18 mois en prison.

À partir des années 1960, anticommuniste convaincu, il intervient dans les tumultueux conflits post-coloniaux. Il participe à des opérations militaires impliquant des mercenaires au royaume mutawakkilite du Yémen, en Iran, au Nigeria, au Dahomey, au Gabon (où il est instructeur de la garde présidentielle), en Angola en 1975, au Cabinda en 1976, au Zaïre et aux Comores.

De 1960 à 1963, il est l’un des chefs des « affreux » de l’État du Katanga, soutenant Moïse Tshombé qui vient de déclarer l’indépendance de cette ancienne province du Congo belge. Il se distingue en faisant défiler tous ses officiers, qu’ils soient noirs ou blancs, dans une stricte égalité (jusque-là, les blancs passaient en 1°). Le 21 janvier 1963, lors de la chute de Kolwezi et de la défaite des mercenaires, ils se réfugient en Angola avec l’accord du régime portugais (Salazar). Ils sont rapatriés en France où ils sont accueillis par les gendarmes.

Puis, il part d’août 1963 à la fin 1964 pour le Yémen pour le compte du MI6 avec 17 mercenaires, dont 2 anciens officiers parachutistes de la Légion étrangère, dans la 1re armée royaliste, financée par l’Arabie saoudite, contre les républicains soutenus par 40 000 soldats égyptiens envoyés par Nasser pendant la guerre civile du Yémen du Nord (1962-1970).

L’ensemble des mercenaires est placé sous le contrôle d’un colonel britannique, ancien officier du Special Operations Executive durant la  2° Guerre mondiale. Il rapporte que les mercenaires français et belges alternaient entre les théâtres yéménites et congolais, car au Congo ils avaient femmes et alcool à volonté mais étaient rarement payés, tandis qu’au Yémen ils étaient rémunérés mais privés de femmes et d’alcool.

Bob Denard revient fin 1964 dans l’ex-Congo belge, à la tête du 1er choc qu’il met sur pied le 22 février 1965. En recrutant des mercenaires européens et des Katangais, il forme une troupe au surnom de « Katangais ». Elle contribue à la victoire sur les rebelles communistes due au Bataillon Léopard. Son commandant qui atteint le grade de colonel, décrit Bob Denard comme un lâche et un irresponsable. Ses erreurs de commandement seraient à l’origine de lourdes pertes dans les rangs des mercenaires qu’il dirigeait.

Il est recruté en 1970 par le roi du Maroc, Hassan II, pour renverser le régime de Mouammar Kadhafi en Libye. 200 hommes acheminés de Sicile préparent un débarquement sur les côtes libyennes mais l’opération est soudainement annulée par Rabat.

Denard intervient de nouveau pour le MI6 (service de renseignement extérieur du Royaume Uni) et le SDECE en Angola en 1975 avec l’UNITA de Jonas Savimbi.

L’homme fort des Comores

Denard intervient une 1° fois dans le tout nouveau État comorien dont le président Ahmed Abdallah a proclamé l’indépendance le 6 juillet 1975. Il intervient en septembre 1975 pour consolider le coup d’État d’Ali Soilih.

En janvier 1977, il échoue dans une tentative de coup d’État destinée à renverser le régime de la République populaire du Bénin. Il est pressenti en 1977 pour déstabiliser le régime de James Mancham aux Seychelles.

La même année, lors d’une rencontre avec Ahmed Abdallah, réfugié en Afrique du Sud, Bob Denard propose de l’aider à retrouver son fauteuil de président, avec le feu vert de l’Afrique du Sud, encore sous apartheid. Le plan prévoit d’utiliser un appareil sud-africain décollant de Rhodésie, mais doit être abandonné en raison du refus du Mozambique (indépendant) de laisser utiliser son espace aérien.

Le 13 mai 1978, Bob Denard débarque aux Comores à bord d’un chalutier breton avec 43 hommes et des fusils à pompe ou semi-automatique de calibre 12, très efficaces pour le combat rapproché, pour renverser le régime marxiste révolutionnaire de Soilih et rétablit Ahmed Abdallah au pouvoir . Le débarquement est réussi, et les mercenaires se divisent en plusieurs groupes afin d’occuper les lieux stratégiques de la capitale, Moroni. Quelques soldats ennemis périssent durant l’assaut, ainsi que des agents de la police secrète qui traquaient les opposants au régime, soit 7 tués. Les mercenaires français ne déplorent aucun tué.

Ali Soilih est tué par balles par une sentinelle comorienne le 29 mai 1978 à l’issue de ce qui est présenté comme une tentative d’évasion.

Bob Denard s’occupe dès lors d’organiser une garde présidentielle forte de 600 soldats comoriens encadrés par une poignée d’officiers européens, qui entre en concurrence avec les forces armées comoriennes. Il se marie sur place, se convertit à l’islam sous le nom de Saïd Moustapha Mhadjou, s’occupe de développement (construction de routes, ferme de 600 ha à Sangali, etc.). Son autorité est incontestée. Il se tourne en direction de l’Afrique du Sud pour trouver un soutien financier. La république fédérale islamique des Comores devient le centre d’un réseau parallèle qui permet à l’Afrique du Sud, sous embargo international, de se fournir en armes. Elle lui sert de base logistique pour ses opérations militaires contre les pays africains qui lui sont hostiles : le Mozambique et l’Angola (marxistes), le régime de l’apartheid règlant depuis 1989 la solde des membres de la Garde présidentielle.

Jusqu’à la mort d’Abdallah, ses apparitions publiques sont très rares après 1985, mais il joue en coulisses un rôle considérable. Il est surnommé le « vice-roi des Comores » et règne de facto pendant 10 ans sur l’archipel.

Avec le soutien de l’Afrique du Sud, il forme un corps de mercenaires, pour intervenir à la demande de Pretoria ou de Paris, qui est déployé au Tchad, de 1981 à 1982, pour appuyer la rébellion de Hissène Habré contre le président pro-libyen Goukouni Oueddei.

En 1989, Ahmed Abdallah signe un décret donnant l’ordre à la Garde présidentielle, dirigée par Denard, de désarmer les forces armées pour cause de coup d’État probable. Quelques instants après, un officier des forces armées serait entré dans son bureau et l’aurait abattu, blessant Bob Denard. Blessé et accusé de meurtre, il négocie son départ pour l’Afrique du Sud par l’intermédiaire de l’homme d’affaires Jean-Yves Ollivier.

Une nuit de 1995, Denard renverse le nouveau président comorien Saïd Mohamed Djohar (élu en 1990) avec 30 hommes débarqués en Zodiac avec son protégé Sauveur Farina, tireur d’élite, et un lieutenant, son pilote privé. Il ouvre aux journalistes le vieil aéroport de Moroni et son camp retranché de Kangani pour éviter l’intervention de 600 hommes des forces françaises (GIGN). Cerné, il négocie une amnistie pour les insurgés avant sa reddition

Contacté par le gouvernement hutu en 1994, malgré les réserves de la DGSE qui tente de le dissuader d’intervenir dans le camp du génocide, Bob Denard dépêche des hommes pour des missions restées méconnus, mais il reçoit au moins un versement de plus d’un million de francs par chèque bancaire de la BNP.

Le président des Comores, Mohamed Taki, révolutionnaire marxiste, auteur du coup d’État contre Abdallah, son ancien allié politique, refuse qu’il rentre au pays. Puis en 1998, il meurt dans d’étranges circonstances. La famille crie à l’empoisonnement et demande une autopsie. Rapidement, l’affaire est étouffée et l’autopsie oubliée. Mohamed Taki est officiellement décédé de mort naturelle. Bob Deynard, inculpé pour l’assassinat d’Ahmed Abdallah , est acquitté en 1999, par un jury à la cour d’assises de Paris.

De retour en métropole, il doit faire face à des procédures judiciaires et des ennuis d’argent et de santé; il est gagné par la maladie d’Alzheimer, qui rend confuse sa mémoire. Il meurt en 2007 d’un arrêt cardiaque, emportant avec lui ses secrets. Il est inhumé en Gironde. Son avocat reprend le surnom de vieux « corsaire de la République », comme il s’est autoproclamé,

Le désastre causé par le cyclone Chido à Mayotte n’est pas seulement lié au phénomène météorologique : il est aussi le résultat d’une lourde histoire coloniale et de fractures sociales béantes

J’ai fait appel à Bernard Kalaora, Professeur honoraire, Université de Picardie Jules Verne

Département français depuis 2011, Mayotte cumule fractures sociales et désastres environnementaux. La misère humaine et les catastrophes naturelles séismes, tornades, montée des eaux, s’y entrelacent dans une spirale infernale. Sa vulnérabilité accumulée sur des décennies, amplifiée par des promesses non tenues, des inégalités criantes et une gestion déconnectée des réalités locales, en sont la cause.

Les Mahorais qui avaient choisi de rester français pour échapper à l’instabilité politique de l’Etat des Comores indépendantes, sont entourés de voisins économiquement fragiles. Cette appartenance à la République française, vue comme une chance à l’époque, isole Mayotte de son environnement géographique et culturel et cette singularité engendre des tensions avec les autres îles surtout Anjouan, d’où proviennent des milliers de migrants.

Les Mahorais espéraient accéder à des droits égaux à ceux des métropolitains c’est-à-dire que s’y applique pleinement les lois françaises et européennes. Mais ce fut un leurre. La croissance fulgurante de la population, (76 000 habitants en 1991, 300 000 habitants en 2023), dépasse largement la capacité des infrastructures et des services publics à répondre aux exigences, tout en exacerbant l’obsolescence des équipements, faute d’entretien.

Effondrement des services publics

L’éducation est le symbole de cet échec. Avec des classes surchargées, des enseignants en sous-effectifs et des écoles délabrées, le système scolaire est incapable de répondre aux besoins d’une jeunesse nombreuse et en quête d’avenir. Cet effondrement du système éducatif alimente un sentiment d’abandon et de mépris.

Les infrastructures sanitaires et sociales sont défaillantes aussi. Les femmes comoriennes qui bravent les flots pour accoucher à Mayotte afin que leurs enfants acquièrent la nationalité française, contribuent à une pression démographique croissante. Mais ces enfants, bien que nés sur le sol français, grandissent souvent dans des conditions indignes. Ils alimentent les bidonvilles, des espaces d’exclusion où se forment des bandes de jeunes livrés à eux-mêmes, vecteurs de violences et d’émeutes récurrentes. À leur majorité, en vertu du droit du sol, ces enfants peuvent acquérir la nationalité française.

La colère gronde dans une population qui se sent méprisée, prise en étau entre un État central distant et des besoins locaux criants.

Mais ce mépris ne se limite pas aux politiques sociales : il se manifeste aussi dans la gestion de l’environnement. Mayotte est une île en pleine dégradation écologique, où les bidonvilles, sans réseaux d’assainissement, rejettent leurs déchets dans une mer polluée. La destruction des mangroves (due à un développement urbain incontrôlé et au changement climatique) et en conséquence des récifs coralliens, essentiels pour limiter l’érosion et les submersions marines, témoigne de l’incapacité à relier environnement et développement.

La gestion écologique de la France

Le changement climatique intensifie les phénomènes naturels extrêmes, tels que les cyclones ou les sécheresses, et exacerbe les inégalités. L’élévation du niveau de la mer menace directement les habitations précaires situées sur les littoraux, tandis que les ressources en eau, déjà insuffisantes, s’amenuisent. Les catastrophes naturelles se multiplient: elles frappent un territoire déjà fragilisé, où chaque événement climatique devient un désastre humain par manque de préparation. Elles sont spectaculaires :

Lors de la saison cyclonique 2018-2019 dans l’océan Indien sud-ouest, le cyclone Kenneth est la 14° dépression tropicale à se former, la 10° à devenir une tempête tropicale et à atteindre le stade de cyclone tropical intense. Il est né d’une perturbation apparue au nord-est de Madagascar en avril 2019, devenant un cyclone tropical intense en atteignant les côtes mozambicaines. Il a frappé le Mozambique et les Comores, soit le système tropical le plus intense de l’histoire écrite du Mozambique. Kenneth a tué 7 personneaux Comores et 43 au Mozambique et en a blessé 276 personnes. Aux Comores, les dégâts humains et matériels sont considérables. Grande Comore fut l’île la plus violemment touchée et des villages entiers furent détruits partout. Plus de la 1/2 des plantations agricoles furent ravagées par les vents violents à Anjouan et 77 % à Mohéli.

Face à ces menaces, que fait la France ?

Des moyens considérables sont mobilisés pour protéger l’écosystème marin par le biais du parc naturel de Mayotte, destiné à préserver la biodiversité exceptionnelle des récifs coralliens. Il devient le symbole d’une gestion technocratique déconnectée des réalités humaines. Les Mahorais qui en sont exclus, le perçoivent comme une « colonisation bleue » où la priorité est donnée à la nature au détriment des habitants, accentuant le sentiment d’abandon. Mayotte n’est qu’un territoire périphérique, instrumentalisé pour des objectifs extérieurs et géopolitiques, traité comme une colonie et non comme un territoire français à part entière.

Que propose Paul Vergès ?

Il est élu sénateur communiste de l’île de la Réunion en 1996, un DOM comme Mayotte. En septembre, il alerte l’opinion sur la nécessité de faire de l’étude des conséquences du réchauffement climatique une priorité nationale, ne parlant plus d’autonomie pour mieux mettre en avant les questions environnementales qui concernent une île densément peuplée préoccupée par les enjeux de la mondialisation capitaliste et du réchauffement climatique ce qui amènera les députés du PCR à quitter le Groupe des élus communiste en 1997. En 2001, il fait voter, à l’unanimité des 2 assemblées parlementaires, une loi reconnaissant cette priorité.

En 2000, il fonde l’Agence régionale de l’énergie de La Réunion (ARER) et lui assigne les missions d’accompagnement et de développement du concept d’autonomie énergétique à 100 % d’énergies renouvelables à l’horizon 2025 de l’île de La Réunion, comme réponse au changement climatique, et de diffuser cette démarche aux autres îles de la planète.

En 2002, il est nommé président de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique en France métropolitaine et dans les départements et territoires d’outre-mer, l’ONERC. D’une façon générale, l’environnement devient une source de préoccupation importante de son action politique. Il soutient activement le développement des énergies renouvelables.

En juin 2004, il est élu député européen pour la circonscription Outre-Mer, qui comprend La Réunion, Saint-Pierre-et-Miquelon, la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, Mayotte, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française et Wallis-et-Futuna et compte 3 sièges sur 732 .

Survivre au jour le jour

Au milieu de cette accumulation de crises, l’idée même d’un avenir n’existe pas. Les Mahorais vivent dans un présent sans repères, où les mêmes drames se répètent sans fin. Le présent s’impose, figé dans un état d’urgence permanent et l’incapacité d’anticiper. Ce présentisme exacerbé renforce le sentiment d’impuissance, rendant impossible toute perspective de reconstruction ou de progrès dans cette départementalisation ratée.

Cette crise révèle une conjonction inédite entre 2 histoires : celle, humaine, de la globalisation, avec ses migrations, ses inégalités et ses fractures coloniales ; et celle, planétaire, d’une Terre abîmée par la dégradation accélérée des écosystèmes. A Mayotte, cette rencontre s’incarne dans une « planète des pauvres », où les damnés de la Terre subissent de plein fouet l’amplification de ces dynamiques destructrices. Ici, les vulnérabilités humaines et écologiques se confondent dans un cycle sans précédent, soulignant la nouveauté tragique de cette crise.

Si Mayotte continue sur cette voie, elle risque de devenir un archétype de l’effondrement insulaire, un avertissement pour d’autres territoires. Mais si elle parvient à dépasser ce présentisme, à prendre en compte l’histoire passée, à s’attaquer aux urgences présentes tout en imaginant un avenir collectif mettant en avant la double identité mahoraise française et comorienne pour en faire un exemple d’hybridité culturelle réussie, elle pourrait, paradoxalement, transformer sa fragilité en force, en inventant un modèle résilient face aux défis du XXI° siècle.

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