Il ne suffisait pas de meurtrir les chairs

d’abominer les survivants

d’insulter les mémoires,

il fallait encore profaner les décombres-tombes sous lesquels des milliers ont disparu,          

effacer le symbole de l’olivier,

recycler le soleil en projecteur d’UV pour farniente,

instrumentaliser la mer…

Qui l’eût cru ?

On arguera qu’il s’agit là du fruit d’un immense désordre dans la pensée dominante de la première puissance d’occident, un in-pensé présidentiel et ses effets en lisière du vide d’Être… Un in-visage du monde nanti…

Pourtant ce n’est que la furie d’une parole du crime de lèse-humanité se répandant en héritage parmi les siens.

Point besoin d’emprunter quelque imaginaire passé de la terreur, de la déportation reconvertie en « déplacement »,  pour approcher ce jour, l’insoutenable rugissement de la  bête de pouvoir et sa soif de frayeurs.

De quelques côtés on s’indignera,

d’autres, on retiendra une solution finale qui enfin balaierait le sable,  de ses châteaux en Palestine, recouvrirait la plage de nus entrés en méditation…

Quelle parole passe le gué des mémoires perdues !

Quels seuils du supportable franchissent les cimes de l’obscur !

Quel devenir égaré dérive sous le vent d’un monde inassouvi de sacrifices !

Quel soleil darde sur ces présences tombées de leur figure de lumière !

Nous disons que du réel on ne voit plus rêver les profondeurs…

Elles semblent avoir quitté l’Homme venu boire en la vase des mots.

L’heure est au lieu et temps de son passage parmi la ténébreuse réalité soudain dévêtue de ses belles apparences

On n’entend plus que la rumeur impérialiste faisant vaisseau à l’horizon des choses où l’on voudrait que s’abîmât Gaza

Mais…

 Ce serait sans compter avec l’altitude d’aimer sa terre

en dessiner l’habitable pour un devenir humain

en cultiver le poids, la densité pour s’y tenir de bonheur récolté

tout ce qu’atteint un peuple au terme de son épure

lorsque son ombre lève entre les arbres sur le ciel aveuglé

Le peuple palestinien est d’une éternité intérieure qu’on ne déplace pas

Son histoire ouvre en son tracé les voies de l’originaire

Dans l’ombre qu’elle fait sur ses ruines

Gaza assemble les pierres de son édifice de midi

Philippe Tancelin

6 février 2025

Philippe Jacques Xavier TANCELIN
Né le 29 mars 1948
Docteur d’ Etat en Philosophie-Esthétique
Professeur Emérite de l’ Université de Paris 8
Chevalier des Arts et Lettres
Officier des palmes académiques
Directeur du CICEP (Centre International et inter-universitaire de Créations d’Espaces poétiques)
Président de « l’internationale des poètes »
Directeur des collections « poètes des cinq continents », « témoignages poétiques » « Poésies »
« Philosophes-artistes » Editions l’Harmattan
Prix International de poésie « Branko Radicevic 2007
Prix international des auteurs dramatiques (France 1990)

Illustration : Handala le petit bonhomme de 10 ans avatar du caricaturiste palestinien Naji al-Ali, né vers 1937 en Palestine, assassiné le 29 août 1987, à Londres, par le Mossad