
En Afrique, la « décolonisation » britannique avait été programmée dès 1948 par les travaillistes, qui estimaient que 30 ans seraient nécessaires. Macmillan donna un discours au Cap en Afrique du Sud en février 1960 dans lequel il déclara que « le vent du changement soufflait sur ce continent ». Il souhaitait éviter le type de guerre coloniale que menait la France en Algérie et sous son mandat, la « décolonisation » se fit rapidement. Aux 3 colonies qui avaient obtenu leur indépendance dans les années 1950, le Soudan, la Côte-de-l’Or (Ghana) et la Malaisie furent ajoutés 30 nouveaux États dans les années 1960 soit tous les territoires à l’exception de la Rhodésie.
Robert Gabriel Mugabe, né en 1924, fils d’un immigré du Nyassaland (devenu Malawi), grandit à la mission catholique jésuite au nord-est de la capitale Salisbury. Son père abandonnant le foyer familial alors qu’il n’a que 10 ans, il est élevé par sa mère, de l’ethnie majoritaire des Shonas. Il manifeste un goût prononcé pour la lecture et les études. Tout au long de sa vie, il est catholique pratiquant.
Diplômé en enseignement à 17 ans, il rejoint l’université de Fort Hare, en ,Afrique du Sud pour y étudier l’anglais et l’histoire. Il y côtoie Julius Nyerere, Herbert Chitepo, Robert Sobukwe et Kenneth Kaunda. Il est diplômé en 1951, puis poursuit ses études à Driefontein à Salisbury et au Tanganyika. Il obtient par correspondance une licence en enseignement à l’université d’Afrique du Sud et une licence d’économie à l’université de Londres. En 1960, Robert Mugabe revient en Rhodésie du Sud, se déclarant « marxiste-léniniste-maoïste ». Il se joint au Ndébélé Joshua Nkomo et au Parti national démocratique (NDP), qui devient l’ Union du peuple africain du Zimbabwe(ZAPU). Le parti est interdit par le gouvernement blanc d’Ian Smith. Il enseigne pendant 3 ans à Lusaka, capitale de l’ex-Rhodésie du Nord, puis à Accra au Ghana, 1° colonie d’Afrique ayant accédé à l’indépendance, où il épouse en 1961 une collègue, Sally Hayfron avec qui il a un fils, Michael Mugabe dont il apprend la mort brutale en 1966. Il est alors emprisonné par le régime de Ian Smith .
La ZANU et la ZAPU seront longtemps séparés par cette frontière ethnique entre Shonas et Ndébélés.(Voir les articles précédents)
Chef de guérilla
En 1963, Robert Mugabe, Shona, est le secrétaire général du parti qu’il a fondé, la ZANU, avec le révérend Ndabaningi Sithole et l’avocat Herbert Chitepo. En 1964, il est arrêté avec d’autres chefs nationalistes et emprisonné pendant 10 ans au camp de restriction, à la frontière entre la Rhodésie du Sud et le Mozambique. Il y étudie le droit et consolide son influence sur le mouvement nationaliste. En 1974, Mugabe est désigné comme chef de la ZANU aux dépens de Sitholé lors d’une élection interne en prison (Sitholé ne l’a jamais reconnu).
Relâché fin 1974 sous les pressions de John Vorster, 1° ministre d’Afrique du Sud qui cherche à trouver des interlocuteurs modérés au gouvernement blanc d’Ian Smith, Mugabe quitte le pays pour le Mozambique, où il prend la direction de la branche militaire de la ZANU, l’armée de libération (ZANLA), pour mener la guérilla contre le gouvernement d’Ian Smith avec le soutien des communistes du Front de libération du Mozambique.(FROLINO)
En 1975, 2 événements vont permettre à Mugabe de prendre totalement le contrôle de la ZANU, et de poursuivre la lutte armée, avec Joshua Nkomo de la ZAPU. Il profite du retour en prison de Sitholé, accusé par le gouvernement rhodésien de complot contre les autres leaders nationalistes noirs. L’évêque méthodiste Abel Muzorewa, leader du Conseil national africain, parti politique, suspend les pourparlers engagés avec le gouvernement sur un règlement constitutionnel, tant que Sitholé n’est pas libéré. Le gouvernement rhodésien s’attire les foudres de son allié, l’Afrique du Sud qui le soupçonnait d’opposition à Sitholé, lui préférant Joshua Nkomode la ZAPU, .
John Vorster convoque Ian Smith en urgence au Cap Après sa visite éclair en Rhodésie, Sitholé est relâché afin qu’il puisse assister à la conférence des ministres de l’OUA à Dar-Es-Salaam. Sithole renonce au combat armé et crée un parti politique modéré, l’Union nationale africaine du Zimbabwe –. Ndonga. Mugabe bénéficie aussi de l’assassinat de Herbert Chitepo en 1975 en Zambie dans un attentat à la voiture piégée. Il participe donc à la rencontre officielle aux chutes Victoria entre Ian Smith et les principaux leaders noirs de Rhodésie du Sud sous les auspices de Kenneth Kaunda et de John Vorster.
En 1976, Mugabe et Nkomo, en tant que chefs des Fronts Patriotiques, participent à la conférence de Genève organisée par l’ambassadeur britannique aux Nations unies; les autres délégations furent celle du gouvernement de Ian Smith, celle de l’UANC. Quant à Sitholé, invité de dernière minute, il exigea d’être désigné chef de la délégation de la ZANU ; il fut initialement exclu des projets britanniques de conférence constitutionnelle sur l’avenir de la Rhodésie, parce qu’il manquait de soutien militaire et politique. Après 6 semaines de négociations, cette conférence de Genève fut un échec.
2 épisodes sanglants vont marquer la rupture définitive entre Sithole et Mugabe, D’abord en 1976, des combats féroces opposent les 2 factions rivales de la ZANU dans la province de Tete au Mozambique qui feront 33 morts et 14 blessés. Puis en 1977, Sitholé annonce que des centaines de membres de la guérilla ont étés tués au Mozambique aux cours de combats fratricides et accuse Mugabe d’avoir divisé l’organisation et déclenché les combats.
En1978, les accords de Salisbury, signés par Ian Smith avec des dirigeants noirs modérés ( Abel Muzorewa et Ndabaningi Sithole), aboutissent au principe d’élections multiraciales et à la fin de la domination blanche. La guerre a fait entre 20 et 30 000 morts. Les élections de 1979 sont remportées par l’UANC d’Abel Muzorewa, seul parti noir ayant renoncé à la violence. Abel Muzorewa devient le nouveau 1° ministre de la Zimbabwe-Rhodésie en juin 1979. Cependant, le nouveau régime n’obtient pas de reconnaissance internationale du fait des restrictions imposées aux autres partis politiques noirs n’ayant pu participer aux élections. Le pays redevient donc la colonie britannique de Rhodésie du Sud en décembre 1979 et les accords de Lancaster House aboutissent à l’octroi de garanties économiques et politiques pour la minorité blanche et des élections multiraciales en 1980. Ils reconnaissent des privilèges à la population blanche, lui attribuant 1/5 des sièges de l’Assemblée et empêchant le futur gouvernement de réformer la structure agraire durant 10 ans, alors que les propriétaires blancs détiennent la majorité des terres les plus fertiles.
Après une campagne électorale marquée par des intimidations de toutes parts, l’intrusion des forces de sécurité et des fraudes, les Shonas votent massivement pour leur parti communautaire, la ZANU de Robert Mugabe. En mars 1980, elle emporte 57 des 80 sièges réservés aux Noirs alors que les 20 sièges du collège électoral blanc sont tous remportés par le Front rhodésien d’Ian Smith. Robert Mugabe devient 1° ministre du nouvel État du Zimbabwe, tandis que Canaan Banana en devient le président. Il rassure la population blanche avec un discours d’apaisement et de réconciliation. Il reconduit les chefs des services de renseignements de l’ancien régime, et nomme 2 ministres blancs.
Les années 1980 constituent une période faste dans l’histoire du Zimbabwe

Zambie
En 1951, le 1° parti politique africain de Rhodésie du Nord, le « Congrès national africain » (ANC) de Rhodésie du Nord est créé, dirigé par Harry Nkumbula,.
En 1953, est créée la Fédération de Rhodésie et du Nyassaland, dans le but de limiter les visées indépendantistes noires. Les colons et les compagnies minières soutiennent ce regroupement afin de préparer une indépendance sous domination « blanche », sur le modèle sud-africain. En 1955, Roy Welensky, un député blanc de Rhodésie du Nord, en devient 1° ministre. En 1958, le Parti national uni pour l’indépendance » (UNIP), est fondé à partir d’une dissidence de l’ANC. En 1962, l’ANC de Nkumbula remporte les élections en Rhodésie du Nord et s’allie à l’UNIP de Kenneth Kaunda. En 1963, la fédération est dissoute, ne pouvant surmonter l’antagonisme racial et nationaliste entre blancs et noirs. Le pays devient indépendant le 24 octobre 1964. .
Les 1° élections portent Kenneth Kaunda et son parti l’UNIP au pouvoir (qu’il va garder jusqu’en 1991) avec 50 députés reléguant les 10 élus de Nkumbula dans l’opposition avec les 10 députés blancs. La Rhodésie du Nord devient la Zambie. « Indépendante », la Zambie intègre l’organisation internationale du Commonwealth dès 1964.
Dans les années 1970, elle est une base arrière des mouvements de libération et de guérilla de Rhodésie du Sud, de Namibie et d’Afrique du Sud.
En 1971, la constitution est amendée avec l’adoption du principe d’une démocratie participative à parti unique. Kaunda rejette le tribalisme et tente d’unifier plus de 72 tribus sous la devise « Une Zambie, une nation ». Il est perçu comme un chef d’État modéré, défenseur multiracial, d’ une société pacifique d’ Africains blancs et les Noirs.
Le colonisateur britanique a laissé les caisses de l’État zambien vides et le système éducatif inexistant. Les mines et le chemin de fer sont nationalisés. La nationalisation des mines de cuivre, qui représentaient 90 % des recettes en devises du pays, a coïncidé avec une crise énergétique mondiale et une chute des prix du cuivre qui sont à l’origine d’une spirale de la dette dont le pays ne parviendra jamais à sortir. Des projets d’industrialisation sont menés en coopération avec la Chine, dont l’emblématique « Tanzam », la ligne ferroviaire reliant le pays au port de Dar es Salam en Tanzanie, et le barrage de Kafue Gorge pour ne plus dépendre du charbon rhodésien.
Botwana
En 1964, le R-U accepte les propositions de création d’un gouvernement autonome élu démocratiquement au Botswana. En 1965, son siège est transféré depuis Mafikeng en Afrique du Sud, vers Gaborone nouvellement créée. La constitution de 1965 mène aux 1° élections générales et à l’indépendance, en 1966. Seretse Khama un chef de file du mouvement pour l’indépendance, est élu 1° Président de la république du Botswana. Avant, le protectorat britannique était appelé Bechuanaland. Désormais il adopte son nom après son indépendance à l’intérieur du Commonwealth en 1966. Réélu à 2 reprises, Seretse Khama meurt en fonction en 1980.