
Les USA sont un pays colonial qui a fait sa puissance territoriale en richesses naturelles grâce à l’extermination des peuples qui habitaient le territoire qu’ils occupent actuellement, les quelques survivants ayant été mis en « réserves » sur des terres ingrates. Ils les appellent les « Peaux Rouges ». Pour éviter les tentatives de soulèvement, l’alcool fort a été distribuée à gogo sur cette population piègée car sa consommation ne faisait pas partie de la culture. Les colons blancs qui ne forment pas un peuple, sont armés et peu soucieux de la loi, étant souvent dans leurs pays d’origine, d’anciens prisonniers dont les Occidentaux se sont débarrassés. La puissance matérielle des USA repose sur le travail des esclaves noirs africains en grand nombre, dans les plantations de coton notamment, pendant que dans les villes les mafias italienne et irlandaise fabriquent des richesses grâce à toute sorte de commerces illicites. Elles assurent aussi l’élection des gouvernants. La révolution industrielle dont ils s’emparent, transforme son économie en capitalisme avec d’abord le textile puis, avec l’extraction du pétrole, l’automobile. Les révoltes noires sont soigneusement étouffées par l’organisation secrète qui tue, le Ku Ku Klan. Mais ils sont nombreux et pour leur rappeler leur passé d’esclaves, les USA pratiquent une ségrégation quotidienne, qu’on appelle « l’apartheid ». Ils vivent dans des « ghettos » près de leur lieu de travail, comme à Harlem à New York. Quant aux révoltes des ouvriers blancs encadrés par des syndicats patronaux, elles sont impossibles car le Parti Communiste et tout ce qui lui ressemble, est interdit par Mac Carthy. Ces colonisateurs extraordinaires, après la 2° guerre mondiale, s’installent grâce à leur organisation militaire l’OTAN et leur organisation secrète la CIA, dans tous les pays occidentaux dont ils profitent par l’élargissement de leurs activités douteuses.
Mais voilà, on ne peut pas faire taire indéfiniment le peuple.

En 1955 à Montgomery en Alabama, Rosa Parks une Afro-Américaine de la NAACP, monte dans le bus municipal pour rejoindre son domicile. Elle occupe un siège vide, mais réservé aux Blancs et refuse de se lever. Elle est arrêtée. Le jour de son procès , pendant boycott des bus largement suivi des Afro-Américains, elle plaide non coupable et est condamnée à une amende de 14 $ dont elle ne s’acquittera jamais. Parallèlement, les Afro-Américains de Montgomery créent la Montgomery Improvement Association (MIA) et nomment à sa tête un jeune pasteur de 26 ans de Montgomery Martin Luther King.
En 1961 John F. Kennedy promulgue un Executive Order qui demande aux responsables des services publics fédéraux et établissements bénéficiant de subventions fédérales « de ne faire aucune discrimination à l’encontre d’un employé ou d’un candidat à un emploi en raison de sa race, de ses croyances, de sa couleur ou de son origine nationale ». Il prend conscience d’un mouvement irréversible.
Le 28 août 1963, la Marche sur Washington pour l’emploi et la liberté rassemble entre 250 000 manifestants blancs et noirs. Elle débute au Washington Monument se termine devant le Lincoln Memorial où Martin Luther King tient son discours historique I have a dream, rêve qui serait l’accomplissement de l’œuvre émancipatrice d’Abraham Lincoln. Cette manifestation par son ampleur et la diversité des organisations représentées ouvre la voie au Civil Rights Act 1964

A la même époque en Afrique du Sud, la Fédération des femmes sud-africaines (FSAW), liée à l’ANC, assure la coordination des campagnes contre les laissez-passer et fait rédiger des pétitions. Organisée sur une base interraciale, elle comprend des syndicalistes, des enseignantes et des infirmières. À Sharpeville, la manifestation pacifique dérape en massacre. La police tue 69 personnes et en blesse 186. En juin 1955, 3 000 délégués de l’ANC et le congrès indien, la FSAW, se réunissent à Kliptown, un township de Johannesbourg, en un congrès du peuple. Ils adoptent la Charte de la liberté, appelant à l’égalité des droits, quelle que soit la race.1 M de personnes signent le texte. En 1956, 20 000 femmes de couleurs différentes, défilent au nom de la FSAW, devant les Union Buildings à Pretoria, contre les laissez-passer. Puis en 1956, à cause de la charte de la liberté, 156 membres de l’ANC sont arrêtés pour haute trahison. L’affaire est très médiatisée.
Harry Belafonte naît en 1927 à New York, à Harlem, au sein d’une famille afro-jamaïcaine. Harry suit sa mère lorsqu’elle retourne en Jamaïque de 1935 à 1940 ; il baigne dans le folklore antillais, véritable mélange culturel, où il puisera l’inspiration exotique originale caractérisant sa carrière artistique. Harry choisit la marine américaine en 1944 pour ses obligations militaires puis retourne à New York où il débute une carrière artistique internationale avec sa chanson emblématique « Banana song »
Parallèlement à sa carrière artistique, Harry Belafonte se consacre à la lutte pour l’égalité des droits civiques aux États-Unis.. Au début des années 1950, il fait la connaissance du jeune pasteur Martin Luther King, lors de son passage historique à New York. Dès ce jour, jusqu’à l’assassinat du leader noir, Harry et Martin ont entretenu une fidèle et profonde amitié. Un album de Miriam Makeba et Harry Belafonte An Evening with Belafonte/Makeba sort en 1965. Il s’agit d’un album studio de chants traditionnels d’Afrique, chantés en langues d’origine, xhosa ou zoulou. Ils avaient déjà chanté en duo en 1960.

Miriam Makeba, naît en 1932, dans un township de Johannesbourg en Afrique du Sud. Son père est instituteur, de souche xhosa, et sa mère domestique, de souche swazi . A 20 ans, elle commence à chanter professionnellement avec le groupe Cuban Brothers, puis devient choriste du groupe Manhattan Brothers en 1952. Elle devient rapidement une vedette, et se sert de son nouveau métier pour dénoncer le régime de l’apartheid et les conditions de vie misérables du prolétariat noir. En 1956, elle écrit son plus grand succès, Pata Pata, avec laquelle elle fait le tour du mondeMais elle est contrainte à l’ exil pendant 30 ans, en raison de son apparition dans le film anti-apartheid Come Back, Africa du cinéaste américain Lionel Rogosin. Ses disques sont également retirés de la vente en Afrique du Sud. Elle devient la “voix” contre l’apartheid et pour la fierté du continent africain.
Elle vit aux États-Unis où elle s’engage avec le mouvement des droits civiques contre la ségrégation raciale. Son mariage en 1969 avec Stokely Carmichael, le chef des Black Panthers, lui cause des ennuis. Elle s’exile à nouveau et s’installe en Guinée Conakry où elle est naturalisée.par Ahmed Sékou Touré En Tanzanie, le président Julius Nyerere lui remet un passeport car elle chante en zoulou, en xhosa, en tswana, en swahili, en portugais et ses mélodies prônent la tolérance et la paix. En septembre 1974, elle joue au festival Zaïre 74, organisé à l’occasion du combat de Mohamed Ali à Kinshasa. En 1977, elle participe au festival des cultures et arts noirs et africains qui se tient à Lagos, au Nigeria, et réunit 60 pays. Naturalisée algérienne en 1972, .lors des Jeux panafricains d’Alger, en 1978, elle interprète en arabe la chanson Ifriqyia.et Ana hourra fi aljazaier ( je suis libre en Algérie).

1976 : les émeutes de Soweto
John Vorster est le 1° chef de gouvernement nationaliste à affirmer qu’il n’y a pas de races supérieures. Il préfère la lutte contre le communisme. Il assouplit donc les lois de l’apartheid en autorisant la présence maoris lors de la tournée de l’équipe de Nouvelle-Zélande de rugby à XV en Afrique du Sud , ce qui provoque un schisme au sein du PN.
Vorster est très soucieux de l’image de son pays à l’international avec l’ambition de faire de l’Afrique du Sud une superpuissance régionale. Il entreprend une politique de détente avec les pays africains (Madagascar) et noue des relations suivies avec des chefs d’état africains: l’Ivoirien, Félix Houphouët-Boigny ou le Zambien, Kenneth Kaunda. Les diplomates du Malawi sont exemptés de l’application des lois d’apartheid et le 1° ministre du Lesotho est reçu au Cap à déjeuner. C’est dans ce cadre musical et sportif que les choses se précipitent en Afrique du sud
En 1976, le vice-ministre de l’administration et de l’éducation bantoue, Andries Treurnicht, impose l’enseignement obligatoire en Afrikaans pour les écoliers noirs ce qui provoque leur soulèvement dans les Townships. Une marche de protestation est organisée dans le district noir de Soweto près de Johannesbourg le 16 juin 1976. 20 000 étudiants sont là devant les forces de sécurité et la police de Kruger fait 1 500 victimes. La plupart des autres pays, à l’exception du R-U et des USA, condamnent la répression et imposent des sanctions commerciales. Les images et les témoignages sur le massacre de Soweto font le tour du monde alors que l’Umkhonto we Sizwe (en zoulou« fer de lance de la nation »)ou MK, la branche militaire de l’ANC reçoit l’apport de nouvelles recrues en provenance des townships ;
À partir de 1977, MK commet des attentats ciblés, parfois meurtriers visant les postes de police des townships et les Noirs accusés de collaborer avec le régime blanc. Le PAC qui s’était doté d’une branche militaire, l’Armée de libération du peuple azanien participe aux émeutes qui ensanglantent les townships et initie le Mouvement de la conscience noire, sous la direction de Steve Biko, chef très populaire. Il est enlevé et assassiné par les forces de sécurité. Le journaliste et éditeur sud-africain Donald Woods alerte l’opinion publique mondiale sur les conditions de sa disparition. Un embargo sur les ventes d’armes à l’Afrique du Sud est voté au conseil de sécurité des Nations unies alors que le pays est toujours engagé militairement en Angola contre son peuple. Cet échec diplomatique pour Vorster s’accompagne d’un scandale financier impliquant son ministre de l’Intérieur. Pourtant, lors des élections de 1977, son parti obtient le meilleur score de son histoire.
Débarrassée du soutien quotidien au Vietnam en guerre, grâce à la victoire en 1973, de son peuple héroïque contre le géant US, la pression internationale des peuples de tous les pays contre l’apartheid en Afrique du Sud, s’accroît.
1978-1989 : résurrection politique de l’ANC
Après les élections en 1978, le gouvernement de Pieter Botha abandonne une loi d’apartheid qui réservait aux blancs, les emplois dans les mines et y autorise les syndicats noirs. La réforme constitutionnelle octroie une représentation séparée pour les métis et les Indiens en instaurant un parlement tricaméral. Mais rien n’est prévu pour les Noirs, pourtant majoritaires.
En 1983, du fait que les 4 universités publiques réservées aux Noirs, Métis et Indiens ne peuvent plus absorber la demande croissante, les universités blanches obtiennent le droit d’inscrire des étudiants noirs (1/3 en 5 ans, l’université du Witwatersrand)
Depuis 1980, l’ANC connait une nouvelle popularité dans la jeunesse des townships. Une campagne de presse non concertée du Post de Soweto et du Sunday Express de Johannesbourg, démarre, l’un en faveur de la libération de Nelson Mandela et l’autre pour faire connaitre sa notoriété parmi les sud-africains. Elle passe inaperçue parmi les Blancs mais des comités (Free Mandela Comittee) sont créés dans tout le pays. La chanson de Johnny Clegg pour sa libération « Assibonanga » fait le tour du monde
L’ANC se réimpose comme la 1° force anti-apartheid disposant d’une organisation militaire. Après le succès d’opérations symboliques comme l’attentat contre la centrale nucléaire de Koeberg, MK commet, en 1983, l’attentat à la bombe de Pretoria (19 tués, 217 blessés). Le gouvernement dénonce le terrorisme ou l’assaut communiste, mais la population noire lui apporte de plus en plus son soutien ; l’ANC veut réduire le sentiment de sécurité de la population blanche.
En 1983, les mouvements opposés à l’apartheid s’allient au sein du front démocratique uni (UDF) pour coordonner la résistance. Sa création confirme l’influence grandissante du courant non racial face au panafricanisme. Son programme politique est celui de la charte de la liberté de 1955, ce qui lui donne l’allure de branche interne de l’ANC. La 1° réunion de l’UDF rassemble 12 000 personnes à Mitchells Plain, soit le plus grand rassemblement contre l’apartheid depuis les années 1950. Il est multiracial avec la présence de Allan Boesak, un pasteur métis hollandais, président de l’alliance mondiale des églises réformées et ancien adepte de la théologie noire de la libération, rallié au courant non racial. La croissance de l’UDF est très rapide et touche toutes les communautés sud-africaines, y compris les Blancs, une grande première!
À partir du mois de septembre 1984, une vague de violence éclate dans les townships, que l’ANC appelle à rendre ingouvernables pour les autorités et à transformer en zones libérées. Les1° cibles de ces violences sont ceux considérés comme collaborateurs, les maires et conseillers municipaux des townships, les policiers noirs souvent « indics ». L’armée sud-africaine est envoyée dans les townships alors que s’organise une campagne de boycott du paiement des loyers. La répression alimente la révolte au lieu de la freiner et soude les communautés, les jeunes des townships étant convaincus d’être dans la phase finale de leur lutte. Face à cette répression, les alliés naturels de l’Afrique du Sud, comme les États-Unis, s’en désolidarisent sous la pression de l’opinion publique et des mouvements noirs américains.
En 1985, la police tue 21 personnes lors d’une manifestation commémorative du massacre de Sharpeville. 35 000 soldats sont déployés pour rétablir l’ordre dans les townships. Près de 25 000 personnes sont arrêtées, dont 2 000 de -16 ans, et 879 personnes sont tuées dont 2/3 par la police. Les principaux syndicats noirs s’unissent dans la COSATU, tandis que MK lance une campagne de terreur en zones rurales du Transvaal contre les fermiers blancs. Une mine anti personnelle déposée par MK tue la famille d’un touriste afrikaner au nord du pays, puis une bombe explose dans un centre commercial d’Amanzimtoti (5 morts, 40 blessés) à Durban.
P.W. Botha se considère comme le leader absolu d’une minorité blanche déterminé à se battre jusqu’au bout pour sa survie. Son discours déclenche un exode massif de capitaux et l’intensification des sanctions économiques internationales puis d’un embargo économique et financier. Les 1° sanctions peu contraignantes avaient été posées en 1962 par l’ONU. Avant 1984, un embargo sur les ventes de pétrole par les membres de l’OPEP et un autre sur les ventes d’armes par les Nations-Unies, avaient eu un petit effet. À partir de 1984, seuls la Suède, le Danemark et la Norvège appliquent un embargo total sur le commerce mais ils ne sont pas suivis

Pourquoi si peu de sanctions économiques ?
En 1985, le pays est connu pour être extrêmement riche en ressources, avec des minerais abondants et variés, et des exploitations agricoles modernes. Les activités du secteur industriel représentent 22 % du PNB et dépassent les valeurs minières (15 %). L’extraction des minerais est le monopole de puissants conglomérats internationaux ou sud-africains ( la De Beers pour le diamant). La présence de minerais rares, 65 % des réserves mondiales de chrome, 25 % du marché mondial de manganèse, recherchés pour les industries de défense, scientifiques et pour la production énergétique, font qu’elle est indispensable aux pays occidentaux. Le pays est le 1° pays extracteur d’or, de platine et en tête pour l’argent.
Il possède de larges gisements de vanadium, de fluorine, de fer, d’uranium, de zinc, d’antimoine, de cuivre, de charbon, et de tungstèn. Le secteur des industries de transformations est le plus solide du continent africain, atteignant souvent le niveau des pays européens. Dépourvue d’hydrocarbures, l’Afrique du Sud a perfectionné le procédé de liquéfaction de la houille (procédé Sasol) et a opté pour l’électricité nucléaire (centrale nucléaire de Koeberg). Enfin, avec 11,2 % de surface cultivables, on retrouve le contraste entre les exploitations modernes des blancs sur les meilleures terres et des exploitations sous-développées des agriculteurs noirs, situées dans des bantoustans surpeuplés.
Son expansion économique a été permise par l’exploitation des ressources naturelles avec une main-d’œuvre disponible à très bas coûts. L’apartheid en matière économique entretient de fortes tensions sociales et réduit le marché intérieur, la ½ de la population majoritaire noire, subvient ainsi à ses besoins via l’économie parallèle. L’économie sud-africaine est surtout très dépendante de la technologie et des capitaux étrangers. Si, durant les années 1960, l’économie sud-africaine est très performante, du point de vue des taux de profit, elle subit des crises périodiques, comme après les émeutes de Soweto de 1976. Cette dégradation économique a un impact sur les pays d’Afrique australe, très dépendants de l’Afrique du Sud (10 % de ses exportations). À partir de 1975, le pays enregistre une croissance économique plus faible (2 %), alors que la croissance démographique globale dépasse 2,5 % /an (3 % pour les Noirs; 0,8 % pour les Blancs). En termes de revenu par habitant, celui d’un Noir représente 1/4 de celui d’un Blanc et 1/3 de celui d’un asiatique. Si le gouvernement réussit pendant longtemps à maintenir des échanges internationaux l’application de sanctions économiques internationales, à partir de 1986, entrainent une diminution des investissements étrangers, un exode des capitaux, et une augmentation du chômage.
Par son discours, du 2 février 1990 au parlement sud-africain, F.W. de Klerk provoque la stupeur du monde entier. Justifiant sa décision par la situation politique nouvelle en Europe de l’Est, en Union soviétique et en Chine, et par les graves problèmes économiques de l’Afrique, il prononce la levée de l’interdiction de l’ANC, du congrès panafricain d’Azanie (PAC) et du parti communiste (SACP), la levée de la censure, la suspension de la peine capitale et la libération prochaine des derniers prisonniers politiques dont Nelson Mandela. Ces mesures doivent permettre de “ passer de la violence à la négociation”. Nelson Mandela impose que les négociations portent sur la constitution d’une Afrique du Sud unifiée, répondant aux aspirations de la majorité noire. Son rôle est majeur grâce à sa popularité et à son charisme. En mars, sous l’égide de l’ONU, la Namibie accède à l’indépendance, l’Afrique du Sud abandonnant sa tutelle

Après la libération de Nelson Mandela, en février 1990 avec l’espoir d’ une transition pacifique des pouvoirs à la majorité noire, les négociations officielles débutent entre le gouvernement et une délégation de l’ANC avec une équipe multi-raciale, constituée de militants très expérimentés, dont certains étaient depuis +1/4 de siècle en exil, d’autres emprisonnés.
Le référendum a lieu le 17 mars 1992. Avec un taux de participation supérieur à 80 %, les Blancs votent à 68,7 % pour le « oui » aux réformes. La défaite des partisans de l’apartheid est sans appel. De Klerk déclare qu’en ce jour les Sud-Africains ont décidé par eux-mêmes de refermer définitivement le livre de l’apartheid. Sans condamner le régime passé, les Blancs ne renoncent pas au système parce qu’il est moralement condamnable, mais parce que l’apartheid n’a pas pu leur assurer ni la sécurité économique ni la sécurité physique.
Mandela est convaincu que le président sud-africain Frederik de Klerk n’est pas un partenaire loyal et le croit complice actif ou passif d’une 3° force, dirigée par les services de renseignements, qui attaque l’ANC. Des scandales éclaboussent le gouvernement lui donnant raison. Mis en cause dans la fourniture d’armes au parti zoulou Inkhata pour contrer les militants de l’ANC, Magnus Malan est contraint d’abandonner son poste de ministre de la défense. Le ministre de la loi et de l’ordre, Adriaan Vlok, est lui aussi impliqué dans ce scandale et cède son siège. La mise à l’écart de ces 2 piliers conservateurs compromis, oblige de Klerk à accélérer les négociations en vue de l’élection d’une assemblée constituante en 1994.
L’Afrique du Sud, exclue depuis 1964, est réintégrée aux Jeux olympiques de Barcelone sous les couleurs olympiques. Pour la 1° fois depuis 10 ans, une équipe de rugby étrangère y vient dans le pays avec l’approbation de l’ANC, mais avec des conditions imposées aux officiels sud-africains. Cela n’empêche pas des débordements, donc la vigilance de l’ANC.
Nelson Mandela parvient à recevoir l’affection des Blancs lors de la finale de la Coupe du Monde de Rugby à Johannesbourg, en 1995. Ainsi, après avoir obtenu que l’équipe nationale de rugby conserve son maillot vert et or avec l’emblème de springbok, devenu le symbole de l’apartheid, Nelson Mandela se montre vêtu de ce célèbre maillot devant une foule de 70 000 spectateurs blancs, qui l’ovationnent.
En avril 1994, après une campagne électorale sous tension, où les attentats de gauche et de droite se succèdent, le pays procède à ses 1° élections multiraciales au suffrage universel d’Afrique du Sud concernent 23 M d’électeurs qui doivent désigner les membres du parlement et des 9 conseils provinciaux (les anciens bantoustans ont été réintégrés). L’ANC remporte 62,5 % des voix contre 20,5 % au NP (dont 59 % des coloured, ont voté dans la province du Cap-Occidental)
Le 9 mai 1994, les 400 nouveaux députés élisent Nelson Mandela à la présidence de la République d’Afrique du Sud. Conformément aux accords négociés, il forme un gouvernement d’union nationale, réunissant des représentants des formations politiques ayant obtenu plus de 5 % des voix (ANC, NP et IFP). Thabo Mbeki et Frederik de Klerk sont nommés 1° et 2° vice-présidents.