
Les populations sont organisés dans des partis politiques à dominante ethno-linguistique :
* Parti Sud Africain (PSA) deBotha pour les Afrikaners du Transvaal, de la colonie de l’ Orange et du Cap,
* Unionistes pour les anglophones,
*Le Parti National (PN) des Afrikaners radicaux, opte pour le nationalisme afrikaner en 1914, sous la conduite d’ un ancien de la guerre des Boers, Hertzog,
APO (African people organisation ) crée en 1902 pour les gens de couleur au Cap.
Coloured (métis), présidé par Abdullah Abdurahman (1872–1942), un petit-fils d’esclave.
Congrès Indien du Natal (1894) fondé par un jeune avocat Gandhi. Xuma et Ysuf Dadoo
Les élites bantoues, formées dans les missions anglicanes, se réunissent en 1909, pour une convention indigène, 1° manifestation nationale d’une résistance politique noire au pouvoir blanc. Ils forment le Congrès National des Natifs Sud-Africains (SANNC), en 1912, qui deviendra l’ANC.
Pendant plusieurs décennies, l’Afrique du Sud est considérée par les « intellectuels » occidentaux comme un État européen situé dans une région non occidentale.
L’Afrique du Sud entièrement britannique, met en place la ségrégation à grande échelle. Elle pose comme principe la supériorité intellectuelle des Blancs avec l’établissement de réserves indigènes. Le gouvernement britannique décide d’unifier politiquement les 4 colonies (Cap, Transval, Natal, Orange) pour créer un dominion, sur le modèle canadien et australien, avec un régime parlementaire, sur le modèle de Westminster (mai 1910). Sa politique raciale s’inscrit dans la continuité des lois coloniales britanniques. La capitale administrative est Pretoria, où l »anglais et le Néerlandais sont les langues officielles. La constitution permet aux Afrikaners (pourtant vaincus militairement, dominés économiquement par la minorité anglo sud-africaine) de reprendre le pouvoir politique.
La révolution industrielle, la prolétarisation d’Afrikaners, « petits Blancs », déclassés et racistes, et le surpeuplement noir, résument la situation. En 1904, l’Afrique du Sud compte 4 M ½ d’hab avec 1 M d’Européens, dont + 2/3 sont afrikaners ; en 1911, elle dénombre 4 M de Noirs, 1,3 million de Blancs, 525 000 Métis et 150 000 Indiens.
En 1911, contre le chômage blanc, les lois leur réservent les emplois du secteur minier. En 1913, la loi sur la propriété foncière indigène (natif) la limite à 7,8 % du territoire, les obligeant à louer leurs forces de travail aux fermiers blancs ou à aller dans les villes, contribuant à fabriquer un prolétariat rural et urbain. Pour protester, des représentants du SANNC (futur ANC) se rendent en 1914 au R-U. C’est un échec

Les ouvriers rouges, noirs et blancs
L’ASO, colonie allemande revient aux Britaniques en 1915. Mais les Afrikaners sont pro-allemands. Une société secrète calviniste devient le moteur de la politique du pouvoir blanc et de tous les dirigeants politiques dont la vision est partagée par l’Église réformée hollandaise, composante importante de l’identité afrikaner. La guerre stimule l’économie nationale. Les Noirs, dont les élites ont soutenu l’effort de guerre, ne gagnent que le renforcement de la ségrégation.
En 1919, Jan Smuts, 1° ministre, entreprend une politique économique très libérale vis-à-vis des conglomérats miniers qui souhaitent avoir des coûts de production les plus bas possibles et donc une main-d’œuvre à bon marché. La chambre des mines remplace les ouvriers blancs qualifiés par des noirs, payés 4 fois moins.
Cette politique entraine la création du Parti communiste d’Afrique du Sud (SAPC) en 1921, issu de la Fédération sociale-démocrate du Cap, de la Société juive et socialiste du Cap et celle de Johannesbourg, le club marxiste de Durba (Natal). Il proclame sa foi dans l’avènement d’une Afrique du Sud des travailleurs, blancs et noirs, au sein d’un pays débarrassé du système capitaliste et de la distinction entre classes sociales. William H. Andrews, un syndicaliste et ancien parlementaire travailliste qui s’était opposé à l’entrée en guerre au côté du R-Uni, est élu 1° secrétaire général du parti.
Le Witwatersrand,communément appelé le Rand, est situé dans la région historique du Transvaal, et part de Pretoria. De ce massif, on extrait en 1913 40 % de l’or mondial. L’agglomération de Johannesbourg s’étend sur toute la longueur de la zone d’extraction d’or. Elle inclut les zones urbaines de l’East Rand, du West Rand et de Soweto. L’université du Witwatersrand se situe à Johannesbourg.
En 1922, une grève générale des mineurs afrikaners du Rand est déclenchée pour exiger le maintien de leurs emplois. Hostiles à la libéralisation raciale du marché de l’emploi par les grands conglomérats miniers, ils avaient reçu le soutien du parti communiste avec le slogan « Travailleurs de tout pays, unissez-vous pour une Afrique du Sud blanche ». Bien qu’opposé à la ségrégation raciale, les communistes étaient majoritairement des Blancs Plus tard, le SACP condamna ce slogan comme irréaliste et divisant la classe ouvrière. 20 000 mineurs blancs et la majorité des ingénieurs des mines cessaient le travail. Bien qu’ayant proclamé son impartialité, Smuts prit parti pour le patronat minier en demandant la reprise du travail au nom du maintien de l’ordre public. Le 6 mars 1922, la grève générale était décrétée par l’union syndicale. Smuts , arma la police avec l’autorisation de tirer et proclama la loi martiale le 10 mars alors que l’ensemble du Reef (la zone minière du Rand) est sous le contrôle des insurgés, bien armés et bien organisés. Il ordonna à l’aviation de bombarder les centres de résistance. Les derniers résistants furent ensevelis sous les bombes. La révolution du Rand avait échoué avec 200 personnes tuées, ( mineurs et des policiers), 1000 autres blessées. Le SAPC est décapité.

Lors de son congrès annuel de 1924, sous les recommandations du Komintern, il adopte le principe d’africanisation du parti ; de nombreux blancs quittent le parti mais sous l’impulsion de jeunes (Eddie Roux et Willie Kalk), les camarades militent auprès des jeunes noirs des townships. Dès 1925, la majorité des militants communistes étaient issus de la communauté noire.
En 1923, l’ICU (Industrial and Commercial worker’s Union) est fondé par Clements Kadalie, le 1° syndicat noir dont l’origine est le syndicat des dockers de couleur du Cap. Il gagne en notoriété et agit tant dans les zones rurales que dans les villes pour protester contre les politiques antisociales. L’ICU est dirigé par des hommes proches des églises africaines indépendantes et trouvent le SANNC trop modéré. Il périclite à partir de 1927.
Le Congrès national indigène sud-africain (SANNC)avait été fondé en 1912 pour protester contre la loi foncière sur les terres autochtones et demander l’égalité. Ses fondateurs représentent alors l’intelligentsia noire d’Afrique du Sud qui porte le révérend John Dube à sa tête, un instituteur qui a étudié aux États-Unis très influencé par Washington. L’ANC (le nouveau nom du SANNC depuis 1923), organisé sous la forme d’un parti politique britannique, est tiraillé par des discordes internes, les conservateurs du Natal derrière John Dube, s’opposant aux progressistes de Josiah Gumede qui se rapproche du SAPC (après leur expulsion de l’ICU) en 1924. L’ANC est partagée entre une aile conservatrice loyale à l’Empire britannique, et l’autre panafricaine pour le suffrage universel, la restitution des terres, l’abrogation des laissez-passer. En 1930, le parti est moribond
Hertzog (1924) et Smuts face à la crise économique (1933-1939)
L’alliance du PN et du Parti Travailliste en ajoutant les anciens communistes qui se retrouvent dans les thèmes nationalistes et anticapitalistes du PN, propulse Hertzog au parlement. Il met en priorité d’arracher les 160 000 Blancs à leur misère en étendant les emplois réservés dans l’industrie et le commerce. L’ Afrikaan devient langue officielle au côté de l’Anglais. L’ hymne officiel et le drapeau national sud-africain sont adoptés en 1927. Des années de prospérité Afrikaner commencent pour les petits blancs.
Mais avec la crise de 29, le commerce du diamant s’effondre, les prix agricoles aussi, et les exportations se raréfient. La rentabilité des mines est menacée, le chômage augmente. En 1932, l’Afrique du Sud abandonne l’étalon-or, permettant le retour des capitaux et la baisse des taux d’intérêt. La dette publique s’efface et les budgets deviennent excédentaires. Pour arriver à un tel résultat, nationalistes afrikaners et libéraux anglais(les 2 nations blanches) s’accordent pour former, en 1933, un gouvernement d’union nationale, présidé par Hertzog, qui développe un programme d’industrialisation, centré autour de l’État. Des prix garantis sont négociés avec le R.U pour l’exportation de la laine sud-africaine sur les marchés mondiaux ; des programmes de grands travaux d’équipements (logements, routes) ou à caractère scientifique (création d’un conseil national pour stimuler et coordonner la recherche industrielle et scientifique) sont mis en place. Le gouvernement PSA avait crée la banque afrikaner volkbank) .

Une convention panafricaine est ouverte en 1935, à Bloemfontein, par le maire blanc de la ville. Elle réunit 500 délégués représentant les zones rurales et urbaines d’Afrique du Sud, le Transkei, le Zoulouland, les protectorats du Bechuanaland, du Basutoland et du Swaziland mais aussi des indiens et métis. Son but est de manifester contre les projets de lois concernant leurs droits politiques et sociaux. Reçue par Hertzog, elle échoue. La « loi sur le fonds d’investissement foncier et la terre indigènes », agrandit la superficie des réserves indigènes existantes à 13 % de la surface du pays, mais ôte aux résidents noirs du Cap, le droit d’acheter de la terre en dehors des réserves.
L’entrée en guerre au côté du RU
La coalition gouvernementale vole en éclats à ce propos : Hertzog est pour la neutralité, Smuts se retrouve seul au pouvoir car l’entrée en guerre est votée. Smuts fait partie du cabinet de guerre de Winston Churchill. L’aviation sud-africaine libère l’Éthiopie des Italiens, le contingent élimine les forces vichystes à Madagascar. Les fantassins sud-africains, sous le commandement de Montgommery, repoussent les troupes allemandes hors de l’Afrique. En tout, 334 000 volontaires Sud-Africains combattent et 12 080 perdirent la vie à la guerre. Seuls les Blancs sont autorisés à porter les armes et à servir dans les unités combattantes, mais 5 000 Noirs et de Métis servant dans les troupes auxiliaires sont tués dans les combats d’Afrique du Nord et d’Italie
Sur le plan intérieur, des groupuscules armés afrikaners et pronazis, mènent des actions de sabotages. Parmi leurs militants, figure le futur 1° ministre John Vorster. Par hostilité envers le capitalisme, l’impérialisme britannique et le colonialisme, des dirigeants noirs et indiens expriment leur désapprobation à l’entrée dans le conflit mondial. Yusuf Dadoo, un influent dirigeant du congrès indien du Transvaal et membre du PC sud-africain,prononce de virulents discours, ce qui lui vaut la prison. La répression Smuts est impitoyable : les discours anti-guerre, les grèves des travailleurs noirs sont déclarées illégales au titre de l’effort de guerre.
L’ANC se transforme, d’organisation intellectuelle en véritable parti de masse. En 1943, elle ouvre l’adhésion aux gens de toute race, élimine de l’organigramme la chambre des chefs tribaux et accorde aux femmes des droits égaux. En 1944, à l’université de Fort Hare, des jeunes de l’ANC avec Nelson Mandela, créent une ligue pour renouveler les idées et former des cadres au parti vieillissant. Elle est partisane de manifestations de masse pour faire aboutir les revendications d’égalités raciale et politique de la majorité noire, pour l’ émancipation morale vis-à-vis du paternalisme blanc et pour l’affirmation d’un nationalisme sud-africain noir, débarrassé de ses oripeaux ethniques. Au sortir de la 2° Guerre mondiale, la totalité de la population urbaine noire dépasse, pour la 1° fois celle de la population blanche, atteignant 1,5 M de personnes. En 1947, Xuma formalise son alliance avec le Congrès indien du Natal et celui du Transvaal, du docteur Yusuf Dadoo, pour dépasser les clivages raciaux, face à la classe politique blanche.
Auréolé de la victoire des alliés, de sa participation à la création des Nations unies, d’un taux de croissance économique en hausse (5 % / an pendant 30 ans), Smuts est à l’aise. Les Nationalistes proposent aux Afrikaners et aux Anglophones, leur nouveau projet de société fondé sur l’apartheid.

L’apartheid (1948-1958)
Origine et définition– L’alliance du PN de Malan et de l’Afrikaner Party remporte la majorité des sièges aux élections de 1948. Les électeurs du Natal, du Cap et de Johannesbourg votent pour Smuts, et les circonscriptions rurales et ouvrières surreprésentées du Transvaal -Orange, permettent à Malan, 74 ans, de former le gouvernement. Cette victoire du PN consacre aussi celle du Broederbond, une société secrète fondée en 1918, et consacrée à la promotion des Afrikaners dans la société civile.
Le thème récurrent des nationalistes n’est plus la défense de l’identité afrikaans face à la domination anglophone, mais celle du « peuple » blanc d’Afrique du Sud qui est composé des anglophones, des afrikaners, des lusophones soit 2,5 M en 1950, 21 % de la population, menacé par la démographie africaine, 8 M et67 % de la population totale ; c’est le « le péril noir », un soulèvement de millions de Noirs, qui balaieraient les Afrikaner et leurs 2 tendances au PN, la suprématie blanche garantissant la sécurité des Blancs, la défense de la culture afrikaner« d’un peuple élu »

Avant 1948, la politique indigène est présentée comme provisoire en attendant que, devenues « civilisées, les masses indigènes » accèdent à la citoyenneté. Après 1948, l’apartheid, (la division du pays en 2, avec d’un côté les Blancs et d’un côté les Noirs, (en continuant à être les réservoirs de main-d’œuvre), vient rompre avec la discrimination coloniale. Malan considère que régler le problème des Blancs pauvres devrait aussi permettre de gérer la question autochtone.
L’apartheid n’est pas clairement défini, ni cohérente, ni uniforme, mais un « instrument de justice et d’égalité qui doit permettre à chacun des peuples d’accomplir son destin et de s’épanouir en tant que nation distincte ».

Hendrik Verwoerd, ministre des affaires indigènes en 1950, est considéré comme l’ architecte de l’apartheid, d’après la théorie de la prédestination de l’église réformée hollandaise, et de l’école afrikaans d’anthropologie avec l’ethnologie Werner Max Eiselen. justifiant la ségrégation raciale pour maintenir les identités ethniques et linguistiques des peuples bantous ; il appuie, dès les années 1930, l’idée d’un séparatisme géographique, politique et économique entre les différentes ethnies. Cette politique remonte au XVIIe siècle dans les territoires boers, appelée la « domination du patron ».
Les 1° lois renforcent celles existantes en 1949: l’interdiction des mariages interraciaux. . Celles organisant l’apartheid sont la loi d’habitation séparée, la loi d’immoralité, loi de classification de la population, la loi de suppression du communisme sont votées en 1950.
Les individus sont classés en 4 groupes (blancs, noirs, coloured (Métis) et indiens). Les Noirs sont expulsés de quartiers (Sophiatown), et obligés de vivre dans des townships, à la périphérie lointaine des villes, avec la distances jusqu’au lieu de travail. Les politiques antérieures étaient l’impératif de l’unité de la nation et du territoire, l’apartheid vise à sacrifier l’intégrité territoriale du pays. Aux élections de 1953, le PN reste gagnant. Malan est remplacé par Johannes Strijdom, ultraconservateur du Transvaal, qui accentue la ségrégation. Au parlement, les Métis du Cap sont représentés par 4 députés blancs pour 5 ans. Le PN met en place des gouvernements autonomes dans les bantoustans (territoires tribaux administrés par les autochtones). Les Ndébélés du Transvaal-Sud furent cantonnés dans un bantoustan autonome, appelé KwaNdebele alors que ceux du Nord furent rassemblés avec les Sothos dans celui du Lebowa.
A l’étranger, les colonies britaniques non soumises à l’apartheid
Pour nombre de chefs d’États étrangers, où sévit déjà une séparation plus subtile voire coutumière entre les classes, les ethnies ou les religions, la ségrégation affichée et revendiquée de l’apartheid leur permet d’utiliser la politique de l’Afrique du Sud en en faisant un bouc émissaire providentiel. Les militants iront souvent s’y réfugier
La Tanzanie actuelle est née de l’union du Tanganyika et de Zanzibar en 1964, après leur indépendance respective vis-à-vis du R-U. Elle est membre du Commonwealth et des Nations unies
La Rhodésie du Sud (Zimbabwe) est entouré par l’Afrique du Sud et le Botswana à l’ouest, la Zambie au nord et le Mozambique à l’est. La « colonie » de Ian Smith a déclaré son indépendance du R-U pour y maintenir la domination blanche.
Le Bechuanaland (Botswana) est un protectorat britannique établi en 1885 qui change de nom en 1966.
En 1891, le R.U colonise comme le protectorat d’Afrique centrale renommé le Nyassaland en 1907 et en 1962, lui accorde l’autodétermination. La fédération de Rhodésie du nord et du Nyasaland est dissoute et en 1964, l’indépendance du Malawi est proclamée. Les colons et les compagnies minières soutiennent ce regroupement afin de préparer une indépendance sous domination blanche, sur le modèle sud-africain (royaume du Commonwealth).
L’opposition
L’ANC, la principale organisation anti-apartheid extra-parlementaire, en lutte pour l’égalité est de tendance socialiste et alliée au Parti communiste, ce qui en fait un adversaire des Blancs et lui donne une mauvaise image aux yeux du gouvernement des États-Unis. En 1952, elle organise avec d’autres organisations anti-apartheid, une campagne nationale de résistance passive, marquée par l’arrestation de 8 400 personnes Elle prend fin quand de nouvelles lois interdisent les rassemblements et les manifestations politiques ; elle permet à l’ANC de gagner en crédibilité, passant de 7 000 à 100 000 adhérents. Son option non-raciale lui permet de s’ouvrir aux indiens et aux communistes blancs, mais les métis restent plus circonspects.
Le Congrès panafricain d’Azanie (PAC) est un parti politique d’Afrique du Sud. Ancien mouvement de libération, il naît en 1959 d’une scission de l’aile la plus africaniste de l’ANC, hostile à l’intégration de Blancs dans les instances dirigeantes et à l’influence du Parti communiste sud-africain (SACP).Son projet politique révolutionnaire prévoit de rebaptiser l’Afrique du Sud en Azanie (Azania).Robert Sobukwe est son fondateur et son 1° président en 1959 à Johannesbourg. Il en fait un rival immédiat de l’ANC pour conquérir les masses. Ainsi, son 1° coup d’éclat est de devancer l’ANC dans l’organisation des campagnes de défiance au gouvernement. Alors que l’ANC avait lancé sa campagne au 31 mars 1960, le PAC décide d’organiser la sienne 10 jours plus tôt . Sobukwe appelle les Noirs à laisser leurs « passeports intérieurs » (carte d’identité + laissez-passer) chez eux, défiant les lois d’apartheid, et à manifester pacifiquement devant les commissariats de police.
À Sharpeville, la manifestation pacifique dérape en massacre. La police tue 69 personnes et en blesse 186. Suite au massacre le gouvernement décrète l’état d’urgence et prononce l’interdiction du PAC et de l’ANC. Sobukwe est arrêté et emprisonné et de nombreux militants quittent le pays.

Liée à l’ANC, la Fédération des femmes sud-africaines (FSAW) assure la coordination des campagnes contre les laissez-passer et faisant rédiger des pétitions. Organisée sur une base inter-raciale, elle comprend des syndicalistes, des enseignantes et des infirmières. En juin1955, 3 000 délégués de l’ANC et le congrès indien, le Congrès des Démocrates ou la FSAW, se réunissent à Kliptown, un township de Johannesbourg, en un congrès du peuple. Ils adoptent la Charte de la liberté, appelant à l’égalité des droits, quelle que soit la race.1 M de personnes signent le texte. En 1956, 20 000 femmes de couleurs différentes, défilent au nom de la FSAW, devant les Union Buildings à Pretoria. contre les laissez-passer. Puis en 1956, à cause de la charte de la liberté, 156 membres de l’ANC sont arrêtés pour haute trahison. L’affaire est très médiatisée. L’instruction judiciaire dure 4 ans. Finalement, les 30 derniers accusés sont acquittés car l’ANC ne pouvait être coupable d’avoir défendu sa politique par la violence. Durant les années 1950, l’opposition blanche à l’apartheid est morcelée en 2 grandes familles, radicaux et libéraux. Elle ignore les appels de l’ANC.
Aux élections de 1958, le PN l’emporte avec Verwoerdà la tête du gouvernement. La politique sud-africaine est contestée au niveau international et aux Nations unies. Mais, les mouvements noirs de libération se divisent aussi ; de nombreux radicaux de l’ANC la quittent pour protester contre son ouverture aux autres races et forment une organisation nationaliste concurrente, le Congrès panafricain d’Azanie dirigé par Robert Sobukwe.
En Namibie
En 1949, le statut de l’ ASO occupée par l’Afrique du Sud depuis 1915, est révisée par Malan au pouvoir. En 1959, la politique d’apartheid s’y applique ; le massacre du quartier Noir de Windhoek, fait 57 tués lors d’une manifestation de protestation contre la mise en place de l’apartheid. En 1960, en marge de travaux à l’ONU, se constitue SWAPO (South West Africa People’s Organization) qui s’impose comme le chef de file de la résistance à l’occupation sud-africaine, pour l’accès à l’indépendance et débute la guerilla en 1967..En 1968, elle est rebaptisé Namibie par l’ONU.
Les autorités déclarent insalubre le quartier de Old Location et déplacent les populations indigènes qui y résident vers un nouveau quartier, situé à 5 km au Nord, le futur township de Katutura « là où on ne veut pas rester ». La campagne de protestation organisée par la SWANU dérape et se solde par la mort de 13 manifestants et 54 blessés. Ses dirigeants dont Sam Nujoma, sont contraints à s’exiler au Bechuanaland, en Rhodésie du Sud (Zimbabwe), puis en Tanzanie.
La République d’Afrique du Sud (RSA) en 1961
En 1960, le massacre de 69 protestataires pacifiques tués par la police, met l’Afrique du Sud à la Une de l’actualité internationale. Le gouvernement fait interdire l’ANC et le Congrès panafricain d’Azanie qui entrent dans la clandestinité. Nelson Mandela fonde l’aile militaire de l’ANC, appelé la « Lance de la Nation », pour des actions de sabotage des infrastructures industrielles, civiles et militaires. Le chef de l’ANC, Albert Lutuli, obtient le Prix Nobel de la paix.

A la suite de ces évènements, le 1° ministre britannique, Macmillan, dans un discours mémorable au parlement au Cap, critique l’immobilisme et le passéisme des dirigeants d’Afrique du Sud. Exaspérés, les nationalistes organisent un référendum pour instituer la république approuvé en 1960. Les Blancs se divisent dans le calme entre républicains Afrikaners et loyalistes anglophones. La « proclamation de la République d’Afrique du Sud » (RSA), est la rupture des derniers liens avec le R-U (retrait du Commonwealth) et la création effective du 1° bantoustan noir, le Transkei, marquant l’apogée de l’apartheid. La porte est ouverte aux USA
Helen Suzman, seule élue du Parti Progressiste, est pour une franchise électorale qui permet à tout citoyen adulte, instruit et économiquement autonome, de pouvoir voter aux élections, au suffrage universel. En dépit du soutien médiatique, le vote pour ce parti se cantonne pendant 13 ans aux quartiers aisés et anglophones de Johannesburg et du Cap. Elle laisse l’afrikaans, la langue de l’apartheid pour l’anglais, qui permet de sortir du ghetto blanc et d’obtenir une audience internationale. .
Plusieurs chefs de l’ANC interdite, dont Nelson Mandela et Walter Sisulu, sont arrêtés et inculpés de haute trahison et de complots envers l’État. En 1964, ils sont condamnés à la prison à vie. L’ANC s’installe à l’étranger. .L’Afrique du Sud est exclue des jeux olympiques d’été de Tokyo. Et en 1965, elle refuse la présence de Maoris à l’occasion de la tournée du Rugby à 15 des All Blacks néo-zélandais en .Afrique du Sud .
Aux élections de 1966, le PN remporte 58 % des suffrages. Un fou assassine Verwoerd (ministre, architecte de l’Apartheid) en plein cœur du parlement Le magazine Time le considère comme « l’un des plus habiles chefs blancs » que l’Afrique ait connu et le Financial Mail glorifie la réussite économique que connait le pays entre 1961 et 1967. Le soutien indéfectible dont Verwoerd a bénéficié de la part de la communauté blanche, repose sur la transformation institutionnelle du pays en République, plus que sur l’apartheid, une politique que le secrétaire général de l’ONU en 1961, considérait comme une « alternative concurrentielle à l’intégration » suffisamment convaincante pour être poussée plus avant.
Entre 1960 et 1980, + 3 M 1/2 de paysans noirs sont dépossédés de leurs terres au profit de Blancs. Un système de contrat oblige les salariés noirs de l’industrie à vivre dans des townships, loin de leurs familles demeurées en zone rurale, pour devenir un réservoir de main-d’œuvre bon marché et qui ne sont plus des concurrents pour les fermiers blancs. La population carcérale atteint 100 000 personnes, taux le plus élevé au monde.