Pr. Omar Aktouf -Webinaire n°5 : Principales composantes de l’ordre néolibéral : de Bretton Woods à la crise de 2008-première partie
Prière de visionner la vidéo sur YouTube
Trancription W5 – Principales composantes de l’ordre néolibéral : de Bretton Woods à la crise de 2008
– Jay Wright Forrester : livre “Industrial Dynamics”, le premier rapport de 1972 du Club de Rome basé essentiellement sur les travaux de Donella Meadows et Jay Forrester qui sont du MIT. “Dynamique industrielle” dans lequel ils ont essayé de comprendre comment le monde va évoluer si on continue à appliquer une économie et gestion de ce monde. Et bien, ils ont essayé de comprendre avec les postulats et les hypothèses d’extraction de production de pollution de 1968. Donc, ils ont pris comme année de référence 1968 et ils ont fait des simulations avec divers scénarios comme en changeant l’usage du blé et l’usage du pétrole etc. Dans le rapport du Club de Rome qui s’intitule “Halte à la croissance” en 1972, donc ils ont prédit avec les simulations et avec une prémonition inouïe, toutes les simulations qu’ils ont faites convergeaient vers une période qui se situe autour des années 2018 et 2020 aussi précis que ça, une catastrophe écologique majeure frapperait la planète. (Le COVID).
– L’histoire du fou qui a raison par rapport aux soi-disant raisonnables et sages de son village qui eux étaient fous.
– La caverne de Platon : quand est-ce que l’on va amener les êtres humains à sortir des ombres de cette caverne et avoir le courage d’affronter la lumière.
– La naissance de l’exploitation du travail : l’histoire du travail commence au Cromagnon pratiquement à partir du moment où l’homme de la préhistoire a commencé à se sédentariser et naît la différence de classe entre ceux qui portent les armes qui sont les chasseurs et qui ont le pouvoir et ceux qui font la cueillette et qui n’ont pas le pouvoir parce qu’ils n’ont pas les armes, déjà là l’exploitation du travail a commencé. Ensuite, il y a les différents modes de production, il y a le pré-féodal, le féodal, le Moyen Âge, il y a la manufacture, il y a aujourd’hui l’exploitation de la Psyché de l’être humain. On n’exploite même plus ses muscles et sa force de travail comme dirait Marx, mais on exploite maintenant une autre forme de force de travail qui est subjective, on exploite sa subjectivité. Vincent de Gaulejac a abordé cet aspect dans ses travaux.
– Aristote économie : la règle pour contribuer à assurer le bien-être de la communauté, chacun a sa place et son niveau, le cordonnier, le boucher, le militaire, le maire, le fonctionnaire, l’instituteur etc. Chacun et chacune à sa place contribue au bien-être de la communauté. Pas chercher à accumuler le maximum de monnaie au détriment de cette communauté. Aristote dit que c’est une calamité cet aspect-là de la monnaie, pourquoi ? Parce que ça va transformer complètement l’esprit et le rapport dans les relations d’échanges et de production. Exemple d’un cordonnier, le cordonnier dans un esprit d’économie avant l’apparition de la monnaie, il faisait des chaussures selon ce que Aristote appelle la vertu physique naturelle de l’objet échangé, naturelle à quoi ? Naturelle à l’espèce humaine, donc la vertu physique naturelle de l’objet qui est recherché par le cordonnier, le tailleur, le forgeron etc. Ça va donner naissance plus tard indirectement à ce qu’on appelle la valeur d’usage, donc qu’est-ce que c’est cette vertu physique naturelle de l’objet ? Par exemple, ce cordonnier, ce qu’il cherche à faire pour avoir le meilleur bifteck de la part du boucher et pour avoir le meilleur fer à cheval de la part du forgeron pour son cheval, et bien la moindre des choses, il va essayer de faire la meilleure paire de chaussures possible. S’il veut le meilleur du boucher, il faut qu’il donne le meilleur de ce que donne le cordonnier, c’est évident. Si le cordonnier arrive chez le boucher et lui dit “Voilà une paire de chaussures, je voudrais deux très bons biftecks” et le boucher se rend compte que ces chaussures sont complètement abîmées ou mal faites, et bien le boucher va lui dire avec raison “Pas question, je ne te donne même pas un demi-bifteck, ces chaussures ne valent rien, je n’en veux pas.”
Selon cette analyse d’Aristote, il va régner un comportement de la part des producteurs et des gens qui entrent en échange et en transaction et production, un comportement qu’on appellerait aujourd’hui de qualité totale parce que si vous voulez des objets ou biens ou des services de qualité de l’autre, vous êtes obligé vous-même de donner des objets, des biens et des services de qualité, pas le choix. Mais avec la monnaie et le second aspect avec lequel elle peut s’accumuler à l’infini et le premier aspect c’est un moyen de transaction universel, donc l’attitude oikos nomia va changer complètement pour aller vers krêma atos, donc l’attitude va changer radicalement pour aller de la vertu physique naturelle de l’objet du bien ou du service à la valeur d’échange qui est qu’est-ce que me coûte en pièce de monnaie, en pièce d’or, etc., pour faire mes chaussures et combien de pièces me rapporte. Évidemment, dit Aristote, les catégories des comportements de l’être humain ont tendance vers la facilité, la facilité et l’intérêt dans ce cas-là c’est de se dire il me faut le maximum de ce qui fait office de monnaie par rapport à la quantité de monnaie que je mets dans ce que je produis ou ce que j’échange, ça va être donc la valeur d’échange. Donc ce cordonnier ou ce boucher, etc., vont chercher plutôt que de donner la meilleure chaussure pour obtenir le meilleur bifteck, de donner le meilleur bifteck pour obtenir la meilleure chaussure, ils vont se mettre à essayer de fourguer la chaussure la plus mal cousue avec de la mauvaise colle qui ne coûte pas cher avec du mauvais cuir qui coûte moins cher, etc., pour pouvoir avoir le maximum de monnaie dans l’échange de sa paire de chaussures. Alors là, Aristote dit que la société humaine et la vocation profonde du fonctionnement “normal” de ce qui est l’être humain, un être grégaire d’entraide, un être humain ne peut pas vivre sans l’aide de ses semblables, et donc ça va changer radicalement pour devenir un comportement d’affrontement ce qu’on va appeler plus tard la saine concurrence. Alors chez Aristote, c’est de l’affrontement entre ennemis qui se considèrent comme des ennemis implicitement et plus tard dans une partie de l’économie classique chez Adam Smith avec beaucoup de guillemets et de précautions, mais surtout avec l’économie néoclassique, ça deviendra une vertu parce que le plus intelligent c’est celui qui obtient le plus de numéraires par rapport aux numéraires qu’il met dans ce qu’il produit ou ce qu’il vend donc celui qui maximise sa valeur d’échange pas la valeur d’usage. Or ce que veut l’être humain, le consommateur, l’acheteur, celui qui essaie de se procurer des chaussures ou bifteck, etc., ce qu’il veut c’est un maximum de valeur d’usage, pas de valeur d’échange. Alors voilà pour Aristote, l’être humain va rentrer en confrontation avec lui-même et va devenir l’ennemi de lui-même et Aristote a des mots terribles sur ce nouveau comportement induit par ce deuxième visage de la monnaie qu’il appelle le TOKOS. En grec ancien, veut dire bâtard avec un sens extrêmement péjoratif fort parce que la monnaie ne peut pas faire de la monnaie puisque la monnaie est artificielle donc c’est quelque chose de bâtard, et il n’a pas de mots assez durs et assez terribles pour qualifier les gens qui s’adonnent à la chrématistique. Il dit que ce sont des gens contre nature, ce sont des gens non humains, ce n’est pas des gens animés par des sentiments humains, ce sont des ennemis irréductibles, destructeurs de la communauté humaine, ce sont des profiteurs, ce sont des saboteurs de la communauté humaine, ce sont des gens qui vont baisser la qualité de vie et de qualité d’objets d’échange de transaction de bien et de service parce qu’au lieu de chercher à donner le meilleur pour obtenir le meilleur, ils vont chercher à donner le moins cher pour obtenir le moins cher, parce que quand on obtient le moins cher évidemment on économise, on accumule plus d’argent.
Cette attitude de chrématistique, voilà comment Aristote la considère comme le début de la déchéance de l’espèce humaine et de la nature.
– La valeur d’usage, ça a duré jusqu’à la manufacture, jusqu’à la révolution industrielle, jusqu’à la mise à l’écart de l’échoppe de l’artisan pour la remplacer par la manufacture. La manufacture n’est pas le prolongement de l’échoppe de l’artisan, ça n’a rien à voir. Le système de l’artisanat et le système de la manufacture sont deux systèmes totalement différents de nature, de conception, de soubassement, d’hypothèses et de fonctionnement.
– La formation à la chrématistique forme des gens qui, selon la psychanalyse et la psychopathologie, sont catégorisés comme étant des gens de caractère anal, obsessionnel compulsif, qui comprend notamment l’avarice, la collection, retenir et accumuler, mais de façon pathologique. Il peut être aussi paranoïaque et hypocondriaque.
– Dans la formation en école de gestion : à la fin de la diplomation de ces gens qu’ils ont gavés de cours de péchés mortels et de péchés capitaux, ils leur assènent un cours d’éthique et de morale. Mais il y a de quoi les rendre fous, schizophrènes, en plus de les rendre anal, obsessionnel compulsif. La comptabilité, qu’est-ce que c’est ? C’est l’avarice. La finance, c’est la gourmandise. Je veux du profit, je veux des fonctions mathématiques qui me disent que je vais gagner de l’argent. La production, c’est le vol. On vole la nature et on vole l’être humain en l’exploitant. La stratégie, c’est l’orgueil. C’est l’orgueil de prétendre organiser ce monde. La direction, c’est la paresse. C’est “to get things done by others”. La bonne direction, c’est faire en sorte de faire faire les choses par les autres, moi je me la coule douce (théorie de la classe loisive). Quoi que, pour des raisons pathologiques, les dirigeants, grâce encore aux écoles de gestion, ils se donnent l’air d’être en train de travailler 28h/24h. Les ressources humaines, c’est la luxure, qui est l’utilisation du plus faible que soi pour satisfaction personnelle égoïste. Alors, quand des patrons de ressources humaines recrutent des gens qui sont en difficulté économique, des gens qui sont en situation de faiblesse, des gens qui sont en situation de précarité, et qu’ils profitent de toutes ces situations pour les faire travailler à des salaires de misère, est-ce que ce n’est pas de la luxure, ça ? Il y a même maintenant des sites en France, par exemple, où on fait des offres d’emplois et on fait faire des enchères à la baisse aux demandeurs. Donc, mettez vos candidatures et votre salaire que vous voulez, et on recrutera, à même curriculum vitae, celui qui demandera le salaire le plus bas. Ça, c’est de la luxure.
– Aristote : a comparé le fait de faire le maximum de numéraire et de valeur d’échange à l’usure. Donc, pour lui, il n’y avait pas de différence et c’était aussi bâtard et inouï que l’usure. Il dit si vous voulez faire ça, c’est comme si vous vouliez faire de l’infini dans le fini parce que la monnaie ne peut pas venir de n’importe où, elle ne vient pas d’un chapeau de magicien. Elle vient de tout un processus de production de cette monnaie et puis de sa distribution, de son expansion, de son usage, de sa circulation et puis surtout de son usage pour payer du travail. Et donc, à partir de là, payer des actes de quelqu’un qui fait un acte de travail, lequel acte de travail ne peut qu’être la transformation de quelque chose dans la nature. Aristote a établi des traces qu’il y a un lien entre travail et pièce de monnaie la plus élémentaire et primitive puisqu’on la frappe que si on a un travail de quelqu’un à payer pour acheter quelque chose. Mais Aristote dit que tous ces produits qu’on échange, la nature n’y est pas pour rien tout de même. C’est de la laine, c’est du bois, c’est des arbres, c’est de la terre, etc. Or, la terre, elle est finie. Notre monde est fini. Notre monde n’est pas infini. Alors, si vous voulez faire du numéraire et accumuler de la monnaie à l’infini, vous êtes des fous et des destructeurs parce qu’on ne peut pas faire de l’infini dans le fini sans détruire et ça va en exponentielle.
– La question qui se pose aujourd’hui en économie-management, c’est jusqu’à quand ? N’a-t-on pas atteint la limite ? Pouvons-nous prétendre faire de l’infini dans le fini ? Avec toutes les théories foisonnantes et assommantes de management efficace, efficient, productif, etc., tous ces discours-là et tous ces mots qui les accompagnent disent le contraire de ce que vous pensez qu’ils disent dans leurs effets réels.
– Japon et le concept du karoshi : Yukio Mishima : livres “Le Pavillon d’Or”, “La Mort en été”. Maurice Pinguet : livre “La Mort volontaire au Japon”.
– Livre “Rogue State” de William Blum.
– Robert Heilbroner : livre : “Le Marxisme pour et contre”.
– Les patrons ont créé la mafia pour éliminer le syndicalisme et se mettre à sa place, donc ce sont des mafieux qui deviennent patrons des syndicats.
– International Fruits Company qui appartient à la famille Bush indirectement parce qu’elle appartient à une holding de la famille Bush qui s’appelle Zapata Petroleum Company, United Fruit donc filiale de Zapata notamment en Colombie. United Fruits s’occupe de fruits, de bananes essentiellement et dans les bananeraies, les employés sont obligés de travailler même quand les avions déversent des pesticides et il y a là des mercenaires armés ou des soldats de l’armée colombienne et parfois même des paramilitaires. Ces pauvres gens travaillent en étant arrosés de pesticides hyper cancérogènes et qui tuent la peau en quelques années mais vous n’avez pas le droit d’arrêter votre travail et vous êtes payé un dollar ou deux dollars par jour dans les années 2000 avec aucun syndicat, aucun droit, aucun congé, aucun soin, ils sont réduits à moins que les bêtes.
– Film : “The Rat Pack”.
– Jorge Eliécer Gaitán : le premier président d’un pays d’Amérique latine qui allait être élu sur un programme socialiste qu’on appelait libéral à l’époque en Colombie, il avait tous les sondages pour lui et tout le peuple était avec lui, et bien il a été assassiné quelques semaines avant le scrutin.
– Transformer une grève en profits : le syndicat de United Fruits qui est acheté et qui était la mafia, et bien on convient avec le patron de United Fruits de provoquer une grève et en fait durer la grève mais quand il y a une grève comme ça en Amérique du Sud qui a le monopole des bananes et bien les actions de la compagnie baissent, ses actions baissent et continuent à baisser et tous ces gens ont de très bons conseillers de MBA finance et qui leur disent avec des algorithmes très compliqués à quel seuil de descente de l’action il faut racheter. Alors les patrons, les syndicats et actionnaires attendent et maintiennent et aggravent la grève et à la bourse les actions baissent et continuent de baisser quand elles arrivent pratiquement à un niveau inachetable, tout ce monde-là rachète et voilà des gens qui au début de la grève avaient des actions valant disons 50$/action, ils en avaient 200 chacun et bien ils en rachètent 2000 à trois dollars et ce sont les mêmes actions et alors ils arrêtent la grève et l’action remonte, la production remonte, ils font des annonces à Wall Street et un peu partout que ça y est tout va bien, les bananes de United Fruits vont être les meilleures bananes du monde et vont se vendre moins cher partout, et les actions montent et quand elles montent à un certain niveau tout à fait tentant et bien ces gens-là vendent 1500 actions sur 2000 et ils gagnent des millions et des millions qui sont du vent.
– John Atkinson Hobson : livre : “Imperialism : A Study”. Il a commencé ce livre par la phrase “Le cimetière du capitalisme, c’est l’enrichissement individuel”.
– La crise de 2008 : le contexte de 2007-2008, c’était un contexte où l’économie mondiale n’était pas en croissance particulière. Les gens de MBA se posent la question : “How to make money ?” Ils analysent et le marché qui semblait plus prometteur avec une certaine croissance, c’était le marché immobilier, 8% par an en moyenne, ce qui est pas mal. Et donc, ils se sont dit : “Tiens, on va aller là-dedans”. Alors, qui achète des maisons ? En prenant la pyramide des revenus des États-Unis qui est de 1, le revenu moyen le plus bas, à quelque chose comme un ratio qui varie de 300 à 3000 en fonction des secteurs dans lesquels vous allez, entre l’employé et son patron et ses actionnaires. Alors, ces gens, le 1% le plus riche qui possède toutes les États-Unis sinon plus, et bien ces gens-là n’achètent pas de maisons, ils en ont 250, ils n’achètent pas de voiture, ils en ont 300, ils n’achètent pas de yachts, ils en ont 100. Alors, que voulez-vous qu’ils achètent ? Ils n’achètent plus rien parce qu’ils ont mille fois tout. Alors, ce n’est pas eux qui vont acheter des maisons, surtout pas des maisons à 250 mille dollars parce que la dernière de leurs maisons elle vaut dix fois plus. La classe moyenne, il n’y en a plus en 2007-2008, la classe moyenne américaine était ruinée, endettée à 250% ou 300%. Chaque ménage moyen devait 300 fois ce qu’il gagnait. Alors, que voulez-vous qu’il achète ? Rien. Alors, qu’est-ce qui reste ? Ceux qu’ils ont appelé la “under class”, ce qu’on appelle dans un jargon les “useless” et dont il faut se débarrasser. Donc, ça, c’est les inutiles, pas d’argent et pauvres, c’est des Noirs essentiellement et des Chicanos et des Blancs pauvres. Alors, ces gens se sont dit : “On va aller voir ces gens qui n’ont pas d’argent et on va leur proposer des maisons à 200 mille dollars toutes équipées”. Mais comment allez-vous proposer à des gens qui n’ont pas d’argent de leur vendre des maisons tout équipé à 200 mille dollars ? Alors, par des traficotages financiers. Donc, il y avait des maisons déjà construites pas vendues et des maisons en construction. Alors, d’où ça vient ça ? Ça vient du fait qu’il faut que l’argent circule. Donc, les financiers, qu’est-ce qu’ils se disent ? On emprunte à la banque JP Morgan, on leur dit : “Voilà, on est des MBA finance, on a notre cabinet de Real Estate Trade et donc on veut tant de millions pour acheter et revendre des maisons” et ils obtiennent ces prêts qui ne bougent pas de chez JP Morgan, c’est juste du papier. Et ils vont voir les propriétaires de lots de maisons et ils leur disent : “Regardez ce papier signé par JP Morgan, on a l’aide de crédit pour acheter des maisons alors on vous achète 300 maisons à 200 mille dollars toutes équipées” et ils signent les contrats. Et ces financiers vont avec ces contrats voir ces pauvres gens qui sont les Noirs, les Chicanos et les Blancs pauvres qui n’ont pas d’argent et ils leur disent : “Bonjour, est-ce que vous voulez une maison à 200 mille dollars toute équipée ?” Ils leur répondent : “Est-ce que vous êtes fous ? On n’a pas d’argent et on n’a pas de quoi manger. Comment voulez-vous qu’on achète une maison à 200 mille dollars ?” Les financiers leur répondent : “Non, vous ne payez rien du tout. Regardez le contrat, la maison est déjà achetée par nous. Donc, tout ce que vous faites, c’est signer un contrat de bail comme quoi vous avez l’intention et vous voulez acheter cette maison et vous ne payez absolument rien pendant deux ans parce qu’à cause des 8% d’augmentation par année de l’immobilier, ce 8% par intérêt composé va générer suffisamment d’argent pour que vous payiez les deux années de mensualités d’hypothèques que vous devez payer et en plus il vous restera suffisamment d’argent pour acheter même une voiture.” Alors, que voulez-vous, les pauvres ne comprennent rien à ce langage, mais tout ce qu’ils comprennent, c’est qu’ils vont avoir une maison toute équipée en ne payant rien, tout est gratuit et au bout de deux ans, ils payent ce qu’ils devaient pendant les deux ans sans aller gagner un sou et en plus leur reste de quoi acheter une voiture ou autre chose, donc pour eux c’est le paradis, alors ils signent.
– Bretton Woods : les États-Unis étaient les grands vainqueurs de la deuxième guerre mondiale. Aucune phase de cette guerre ne s’est passée sur leur terre ou territoire. Au contraire, tout ce que ces deux guerres impliquaient comme besoins, recherche et développement, comme migration de savants d’Allemagne qui fuyaient le nazisme pour se réfugier aux États-Unis, ça devenait des cerveaux qui développaient les États-Unis, donc c’est tout bénéfice pour eux. Le français, l’allemand, l’italien, l’anglais qui voulaient fuir cette guerre, et bien ils allaient où ? Aux États-Unis. C’est comme la NASA qui a été développée par ceux qui ont développé les V1 et V2 de Hitler, c’est-à-dire Werner Von Braun. Et puis aussi toute la demande industrielle, production de nouvelles machines, de nouvelles technologies et matériaux, systèmes de guidage etc., ça se faisait aux États-Unis avec les trois quarts des cerveaux qui venaient d’Europe, alors tout bénéfice. À Bretton Woods, il y avait 44 délégations. La plus solide parmi ces délégations, c’était la délégation anglaise et ça s’est déroulé entre 1946 et 1947. Et donc, la délégation anglaise était dirigée par John Maynard Keynes. Donc, Keynes et les alliés sur cette question de la monnaie voulaient une monnaie mondialisée basée sur un panier quelconque comme l’euro etc., sous l’égide d’une instance de l’ONU ou d’une des instances qui allaient naître de Bretton Woods qui sont le FMI, la Banque mondiale et le GATT. Donc, une monnaie mondialisée et gérée par une instance mondialisée où tous les pays importants, ces 44 délégations, aient leur mot à dire sur la composition du panier et du droit des tirages de chacun en fonction de son économie. Cette monnaie mondialisée allait être appelée l’ECU ou UNITAS, ce sont les deux noms qui ont été proposés. Évidemment, les Américains ont mis leur veto avec notamment le général Marshall, le père du plan qui porte son nom. Le veto, c’est le fait que ça sera le dollar et le dollar deviendra donc monnaie de la mondialisation de fait parce qu’à partir de la fin de Bretton Woods, on a commencé à construire la mondialisation néolibérale. Donc, ils ont imposé le dollar de force et que tous les pays du monde conservent en dollars l’équivalent de leur déficit commercial parce que le commerce international se paye en dollar américain. Donc, les alliés, que voulez-vous qu’ils fassent ? C’est un dictat parce que sans les Américains et sans le plan Marshall, on ne voyait pas comment on allait reconstruire cette Europe hyper détruite par la volonté des États-Unis encore une fois. Parce que l’Est de l’Allemagne était intact jusqu’à Leipzig et Dresde, mais avec les avions alliés, notamment américains, ils ont continué à bombarder même après le cesser le feu. Ils ont continué à bombarder pour détruire le plus possible des villes allemandes et des villes polonaises et jusqu’au front russe qui était en train d’avancer, pour que la reconstruction coûte plus cher. Et comme ils savaient qu’ils étaient les seuls à avoir ramassé l’argent qu’ont généré ces deux guerres mondiales, ils étaient les seuls à pouvoir les financer et donc de faire de l’argent avec. Voilà un des aspects de Bretton Woods et de la monnaie et du dollar. Donc, ils ont imposé le dollar et les autres alliés ne pouvaient pas s’opposer parce qu’ils n’avaient pas les moyens, mais ils ont négocié et posé une condition que les Américains ont acceptée, c’est que ce dollar soit échangeable contre 11 onces d’or, ce qu’on a appelé l’étalon or. Chaque dollar peut être échangé par n’importe qui et n’importe où dans n’importe quelle banque au monde contre 11 onces d’or.
Mais les Américains ont perdu l’étalon or à cause des financements des guerres qu’ils ont créées partout dans le monde, notamment la guerre du Vietnam. Ça leur a coûté trop cher, il fallait imprimer une grande quantité de dollars et donc ils n’avaient pas assez d’or pour garantir toutes ces quantités énormes de dollars. Là, Nixon déclare unilatéralement que le dollar flotte, fini, il n’y a plus l’étalon or. Donc, ils savaient très bien que c’était juste un échange d’étalon, ils allaient passer de l’étalon or à l’étalon pétrole. Donc, ce qui a fait que le dollar tient la place qu’il tient et continue à tenir depuis qu’il flotte en août 1971, et bien parce qu’il est passé à l’étalon pétrole. Donc, il est garanti par le pétrole, personne ne peut acheter ni vendre un baril de pétrole sans passer par le dollar américain. Depuis l’euro, il y a eu une certaine quantité qui se vend et qui s’achète en euro, ce que les Américains n’aiment pas du tout, d’où d’ailleurs les guerres du Moyen-Orient et la reprise du contrôle sur une partie de l’Afrique et de l’Amérique latine et ce qui se passe un peu dans la géopolitique de l’Asie du Sud-Est, etc. Donc, l’étalon pétrole et hydrocarbure vient remplacer l’étalon or.
– Cette idée que tout ce que l’être humain a à faire sur la terre, c’est accumuler de l’argent et le plus possible, fait que cet être humain perd même la notion de nécessité de penser sur lui-même, de penser si ce qu’il fait a du sens, de réfléchir et de lire, de s’instruire. Tout ça est écarté pour faire de l’argent. Alors, donc évidemment, c’est contre logique parce qu’on en a fait une deuxième nature humaine quasiment.
– L’État : depuis Platon dans la République qui était totalitaire avec le totalitarisme d’éclair parce qu’il mettait au sommet les Sages et ces sages devaient penser pour tout le monde, la politique a été la réponse d’Aristote à son maître pour dire non, la gouvernance ne doit pas se faire par quelques personnes soi-disant qui ont la lumière, mais par le souhait et le désir de la majorité (khayrato el omori awsatoha), le juste milieu. Et ça, ça devient après l’avènement de l’État en 1789 surtout, avec évidemment les prémisses des livres penseurs et des rationalistes, etc., qui voulaient prôner un État qui ne soit pas la conjonction et la complicité monarchie – noblesse.
Laïcité : c’était Montesquieu, Rousseau, David Hume, John Locke, Diderot et Voltaire qui ont commencé. Laïkos, qui veut dire peuple en grec ancien, et ces gens, pour eux la laïcité, c’était vous deux, monarchie/noblesse et l’église, dégagez et on met à votre place le tiers état. C’est pour ça qu’on a appelé la révolution de 1789 la révolution du tiers état qui est la société civile comme on le dit aujourd’hui, c’est-à-dire monsieur et madame tout le monde. Et donc, pour la révolution qui a provoqué ce qu’on prétend être la naissance de la laïcité puisqu’on l’attribut à ces penseurs qu’on a cités, et bien c’était des gens qui disaient en fait roi, noblesse et clergé, dégagez et laissez monsieur le paysan, monsieur le journaliste, madame la couturière, etc., rentrer au parlement et faire les lois d’un État laïque, c’est-à-dire un État issu du peuple. Alors, la laïcité, ça veut dire issu du peuple, ça ne veut pas dire séparer un foulard d’une ministre. Donc, cet État qui est une émanation du peuple devait être cette communauté qui, dans l’esprit d’Aristote, va générer un consensus qui va être confié à certaines personnes jugées aptes à veiller à ce que ce consensus se réalise et donc c’est l’État et les fonctionnaires.