Cet article est réalisé à partir de celui de
Joël Périchaud, Secrétaire national du PARDEM aux relations internationales
et de celui de IN GIRUM IMUS NOCTE ET CONSUMIMUR IGNI

1945 : Recyclage des Nazis

Dès 1945, l’ancêtre de la CIA, l’Office of Strategic Services (OSS – service de renseignement en temps de guerre, créé par F. D. Roosevelt après Pearl Harbor), recrute des nazis allemands et leurs collaborateurs ukrainiens. L’un des plus connus est Reinhard Gehlen, chef du service des renseignements à l’Est, promu Général  du IIIe Reich à 42 ans, fondateur et chef du Bundesnachrichtendienst (BND – services de renseignements ouest-allemands) jusqu’en 1968. Il met son réseau d’agents en Europe de l’Est au service des USA, évitant ainsi la peine de mort. Notons que Gehlen а intégré dans ses troupes une ribambelle de criminels nazis. Tous ses “employés” recevaient une nouvelle identité. Parmi les plus connus, Alois Brunner, proche d’Adolf Eichmann, et Klaus Barbie, ancien chef de la Gestapo à Lyon. La CIA elle-même estime que les anciens membres du NSDAP ( Parti national-socialiste des travailleurs allemands, le parti d’Hitler), du SD (service de la sécurité du Reichsführer-SS) de la Gestapo (acronyme de Geheime Staatspolizei – Police secrète d’État) et des officiers de la SS représentaient 28% du personnel…
L’Ukrainien Stepan Bandera, l’un des dirigeants de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA), chef de file de la fasciste Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN-B), qui collabore avec l’Allemagne nazie en créant la Légion ukrainienne sous commandement de la Wehrmacht, rejoint Gehlen en Allemagne et, avec son organisation, mène une guerre sanglante contre l’URSS en Ukraine, alors territoire soviétique. Finalement l’URSS l’emporte et Bandera est assassiné en 1959. La situation se stabilise jusqu’en 1991.

1991: Chute de l’Union Soviétique

Le démembrement de l’URSS en décembre 1991, donne naissance à une Ukraine indépendante, reconnue par la Russie et avec laquelle elle entretient de bonnes relations économiques. Entre autres accords, la Russie vend du gaz à l’Ukraine et lui verse des droits pour le gaz russe qui transite par l’Ukraine vers d’autres pays. La Crimée, qui a obtenu en 1991 le statut de République autonome, au sein de l’Ukraine indépendante (Sébastopol devenant une ville à statut spécial), reste aux mains de l’Ukraine, malgré le référendum (caduc) de janvier 1991 favorable au maintien dans l’URSS. La Russie conserve, par traité, la base navale de Sébastopol, essentielle pour sa défense en mer Noire.

Mais, le processus enclenché en 1991 se poursuit par une politique états-unienne de mainmise sur les « pays de l’Est », ex-membres du bloc soviétique, grâce à l’OTAN fondée en 1949. Malgré la chute du mur et la disparition de l’URSS, elle est maintenue comme instrument de contrôle de l’Europe et d’intervention militaire. Ce fut le cas lors du bombardement de la Serbie (Opération Force alliée 23 mars-10 juin 1999), et en Afghanistan de 2003 à 2021, puis en Libye en 2011.

Qui sait ou se souvient, qu’en 2000 la Russie avait envisagé, pour sa sécurité,  d’intégrer l’OTAN ? Mais celle-ci, demeurant une alliance militaire antirusse sous la direction des USA, refuse l’adhésion de la Russie tout en continuant son expansion militaire vers les frontières de la Russie par l’intégration des ex-pays du Pacte de Varsovie. L’OTAN prend ainsi un caractère menaçant pour la Russie. En 1999, la Pologne, la Tchéquie et la Hongrie entrent dans l’OTAN. En 2004, c’est au tour des 3 pays baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie), de la Slovaquie, de la Slovénie, de la Roumanie et de la Bulgarie. Celle de  l’Ukraine dans “l’Alliance” serait pour l’OTAN le bon moyen d’accéder à toute la frontière sud de la Russie. « Arracher » Sébastopol de la Russie permettrait de mettre en péril ses voies maritimes de la mer Noire et neutraliserait ses capacités balistiques de riposte par l’installation de missiles états-uniens, à quelques minutes de Moscou. Inacceptable pour n’importe quel État souverain !

2004 : La révolution orange

Le 21 novembre 2004, jour du 2° tour de l’élection présidentielle en Ukraine et de la victoire de Viktor Ianoukovytch, débutent des manifestations soutenues par les États-Unis. C’est la “révolution orange”, déclenchée pour effectuer un changement de régime, véritable coup d’État pour faire basculer l’Ukraine dans le camp occidental. En effet, il est établi que ces manifestations ont été organisées par 2 groupuscules, Znayu et Pora, grâce au financement de la National Endowment for Democracy (NED) faux-nez de la CIA ; de la United States Agency for International Development (USAID), agence officielle du gouvernement des États-Unis ; de la Westminster Foundation for Democracy (fondation britannique financée par le bureau des affaires étrangères et du Commonwealth (ou Foreign Office) et de Freedom House, ONG historiquement liée à la WACL (Ligue anticommuniste mondiale, rebaptisée en 1990, Ligue mondiale pour la liberté et la démocratie) ; du mouvement Resistance International, ainsi qu’à des organisations gouvernementales telles que la RFE/RL ( station de radio et groupe de communication privé financés par le Congrès des États-Unis), et la CIA, chargée de fournir et d’analyser des “informations”, soit d’espionner les gouvernements, les entreprises et les individus de tous les pays du monde pour le gouvernement américain et conduire des opérations clandestines à l’étranger.

Rappelons que les groupuscules Znayu et Pora ont des liens avérés avec le mouvement Otpor qui avait réussi à faire chuter l’ex-président serbe Slobodan Milošević (juillet 2000 ) et était déjà impliqué dans la “révolution des roses” géorgienne de novembre 2003, ainsi que dans les tentatives de renversement du régime biélorusse (2001 et 2004). Ne passons pas sous silence les financements des organisations comme le Konrad Adenauer Institut, proche de l’Union chrétienne-démocrate d’Allemagne (CDU) d’Angela Merkel, de l’Open Society Institute du milliardaire George Soros, du National Democratic Institute for International Affairs, think tank du Parti démocrate américain…

En appui des “révolutions colorées”, le pouvoir de la Géorgie, située dans la zone sensible au sud de la Russie, installé à Tbilissi par la “révolution des roses” de 2003, réclame d’intégration de l’OTAN, dont l’expansion se poursuit dans les Balkans en 2009, 2017 et 2020. Elle passe de 12 membres fondateurs en 1949 à 16 en 1990, puis à 31 en 2020. Aussitôt admis, ces pays voient s’ouvrir sur leur sol, des bases militaires de facto étasuniennes.

2007: Poutine au pouvoir

L’État “libéral” russe n’est que le remplacement de l’État soviétique par la jungle des oligarques, du grand banditisme et du capital étranger. Copier l’Occident et intégrer la mondialisation US seront vus pour ce qu’ils sont : un miroir aux alouettes. Ces désastres stratégiques, politiques, économiques et sociaux russes expliquent l’émergence de Vladimir Poutine sur la scène politique. Car s’il est à l’époque “occidentalisant” comme les autres dirigeants post-soviétiques, il doit, comme des millions de Russes, se rendre à l’évidence : déchéance du pays et drames économique et social sont la réalité. Toute sa politique consiste alors à restaurer l’État et à remettre la Russie sur pied (2004). Son succès sur tous ces plans lui vaut sa popularité en Russie et la détestation profonde, viscérale, de l’impérialisme étasunien et de ses affidés européens qui ne peuvent admettre qu’un pays défende sa souveraineté et ses intérêts. Pour les USA et l’UE, le « Far Ouest russe », faible et corrompu de l’ivrogne Eltsine était bien plus profitable.

L’avancée de la pieuvre otanienne alarme la Russie qui multiplie alors les appels à l’Occident. Elle demande à être écoutée, qu’il soit tenu compte de ses besoins de sécurité, que lui soit reconnu le droit de penser en termes de sécurité collective et pour tous, etc. En février 2007, à Munich, Poutine prononce un discours, devenu une référence. Il critique l’unilatéralisme étasunien et rappelle que la souveraineté des États et le droit international sont bafoués par « l’unique superpuissance » . Rien n’y fait. Les États-Unis continuent à entretenir le mythe du pays “exceptionnel » et “indispensable ». La « fin de l’histoire » avec la mondialisation serait le bonheur des peuples, la disparition des autres États souverains serait le seul horizon de l’humanité, etc. Avançant inexorablement, intervenant partout dans le monde sous des prétextes discutables, voire inventés (guerre contre le terrorisme, défense des droits humains et de la démocratie, lutte contre un dictateur), les États-Unis veulent absorber le monde entier dans leur impérialisme planétaire… La Russie ne serait qu’une variable négligeable à acculer dans ses derniers retranchements

2008 : Crise financière et conflit en Géorgie

En 2008, la crise financière et économique , générée par les États-Unis, touche tout le monde . En même temps, les économies “dirigées“ de la Chine et de pays du Sud, montrent leur dynamisme. Le modèle néolibéral n’est plus unique.

Rappelons que Saakachvili (président de 2004 à 2012) avait “ouvert” l’économie géorgienne au capitaux américains et “européens”, mis en œuvre une politique pro-occidentale et demandé l’adhésion de la Géorgie à l’OTAN…Sur le plan stratégique, la Russie (Dmitri Medvedev) réagit pour la 1° fois militairement, le 8 août 2008, après que ses troupes aient été attaquées par le pouvoir géorgien issu de la “révolution des roses” de novembre 2003. Saakachvili avait décidé d’un assaut sur Tskhinvali, la capitale de l’Ossétie du Sud, visant les points stratégiques défendus par un bataillon russe. Cette « guerre » se solda par un échec cuisant du gouvernement géorgien. Ce fut la 1° véritable réaction de la Russie face aux brimades internationales qu’elle subit et signale la détermination de la Russie à protéger ses frontières en metant un coup d’arrêt aux projets de l’OTAN.

Pourtant, la Russie pratique une diplomatie classique, alors qu’elle est traînée publiquement dans la boue par les gouvernements étasuniens et de l’UE à jet continu et sur tous les sujets. Sergei Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères parle encore de « nos partenaires occidentaux ». Dans les faits, elle ne sera jamais acceptée dans le “camp occidental” car elle refuse de renoncer à sa souveraineté. C’est cela qui en fait une “bête noire”  pour le monde unipolaire voulu par les USA, mais aussi un exemple pour d’autres pays attachés à leur indépendance nationale. Le rejet de la Russie depuis 1990, formalisé par l’Occident depuis le début des années 2010 a ouvert la phase actuelle qui a abouti à l’affrontement militaire en Ukraine.

L’OTAN et ses djiadistes en Lybie, Syrie, Irak

L’OTAN attaque la Serbie en 1999, sans mandat de l’ONU, s’installe en Afghanistan en 2001 et militarise les  réactionnaires ”révolutions colorées”. Puis, en 2011, en profitant dans les révoltes arabes, l’OTAN, abat directement les régimes des pays arabes qui échappaient encore à leur emprise, dont la Libye en détournant le mandat accordé par le Conseil de sécurité de l’ONU. La Russie qui, comme les autres membres, a voté pour un mandat de protection des populations, se rend compte de la supercherie : le mandat initial est transformé par l’OTAN en feu vert pour renverser le régime et assassiner Muammar Kadhafi (à la grande joie de Nicolas Sarkosy). La Russie prend conscience qu’elle a été instrumentalisée et que la résolution votée donnait une couverture juridique aux interventions impériales occidentales.
Une coalition (États-Unis, Grande-Bretagne, France, Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Israël) déclenche une guerre pour effectuer un changement de régime en Syrie. Non, les “Occidentaux” ne veulent pas détrôner le “tyran” Bachar el-Assad mais attaquer un allié de la Russie.

Le 22 mai 2014, à l’ONU, la Russie et la Chine usent de leur veto pour empêcher le Conseil de sécurité d’avaliser une attaque aérienne, mais la guerre aura quand même lieu. Tirant la leçon de leur échec à contrôler l’Irak depuis 2003, ils choisissent de mener les futures guerres par procuration, d’envoyer “au casse-pipe” des supplétifs disponibles pour faire le sale boulot. En Syrie, la mission sera confiée aux djihadistes sur le modèle employé en Tchétchénie contre la Russie en 1990. Dans ce scénario étasunien, l’installation de djihadistes à Damas devait mettre le feu à toute la région, et s’étendre à la Russie par le biais de manipulations de ses populations musulmanes appelleraient leurs parrains étasuniens à effectuer des bombardements. Un scénario connu. C’est ainsi qu’ en 2013, une attaque chimique, sous faux drapeau, avait été montée de toute pièce pour provoquer une intervention US. Mais le peuple étasunien fait hésiter Obama qui saisissant la porte offerte par V. Poutine, renonce à cette attaque. Mais les USA provoquèrent alors, à partir de novembre 2013, les manifestations de Maïdan à Kiev. L’encerclement de la Russie à l’Ouest et dans les Balkans n’a pas pu se compléter par le volet Sud, mais les conflits générés par les États-unis en Syrie et en Ukraine ciblent tous la Russie.

Kyiv, Ukraine. Events of February 18, 2014.

Début 2014 : le coup d’Etat de Maidan

Des agitateurs du groupe Pravyï sektor font dégénérer les manifestations en violence. Il faut un bon prétexte pour que l’appel occidental à renverser un pouvoir  légitime soit admis. Donc pour que le sang coule, des snipers embusqués ouvrent donc le feu depuis l’Hôtel “Ukraina” et abattent autant de manifestants que de membres des forces de l’ordre, pour les inciter à s’entretuer, pendant que  l’accord franco-germano-polonais du 21 février 2014 pour une transition pacifique du pouvoir avec le président ukrainien légitime Viktor Ianoukovytch est saboté par les États-Unis quelques heures plus tard, en utilisant des néonazis bandéristes qui remplissent  le rôle des djihadistes de Syrie. Le 22 février, le gouvernement élu est renversé mettant au pouvoir des ultranationalistes russophobes soutenus par les “bandéristes”.

Les faits sont désormais avérés : sur place, la représentante du gouvernement des Etats-Unis, Victoria Nuland, sélectionne elle-même les membres du nouveau gouvernement putschiste. Elle révélera plus tard que l’organisation du coup d’État de Maïdan a coûté 5 milliards de dollars aux États-Unis tandis que notre dit philosophe national, BHL soutient les manifestations populaires à Kiev au nom de la liberté, saluant son appétit La démocratie, revigorant pour l’Union européenne ! L’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN est à l’ordre du jour avec le tournant vers le conflit armé contre la Russie est effectué. 
Les milices d’extrême-droite, dont le groupe Azov , ont les mains libres et seront intégrées à l’armée ukrainienne.

Mai 2014 : La guerre interne et les accords de Minsk

Immédiatement, débute la guerre contre les russophones ukrainiens, marquée par le massacre d’Odessa, le 2 mai 2014, l’interdiction de la langue russe et un conflit armé contre les populations des régions (oblast) du Donbass qui résistent à la dé-russification et se battent pour la sécession. + de 14 000 civils sont tués entre 2014 et 2022 dans les bombardements quotidiens de l’armée ukrainienne. Les russophones de l’Est de l’Ukraine réclament l’unification avec la Russie qui donne d’abord la priorité à sa sécurité, en conservant sa base navale de Sébastopol, en annexant la Crimée (très majoritairement russophone et pro-réunification). Dans un 1° temps, la Russie veut le maintien de l’intégralité de l’État ukrainien et ne reconnaît donc pas les républiques sécessionnistes de Donetsk et de Lougansk. Mais elle s’efforce de trouver une solution qui protège les droits des russophones (langue, autonomie administrative) sans les soustraire à l’Ukraine. Les accords de Minsk I (septembre 2014) et Minsk II (février 2015), signés par l’Ukraine, la Russie, garantis par la France et l’Allemagne, ne seront jamais respectés, et même instrumentalisés par la chancelière allemande Angela Merkel : « les Accords de Minsk ont permis de donner du temps à l’Ukraine pour se renforcer militairement ». Ses propos au journal Die Zeit , le 7 décembre 2022, seront confirmés par François Hollande

2021-2022 : Biden et la « Rand »

Avec l’entrée en fonction de Biden, en 2021, les manœuvres militaires autour de la Russie, les survols de bombardiers à sa frontière et les heurts navals en mer Noire, signent le passage à l’offensive du front ukrainien. L’armée ukrainienne est prête à lancer l’assaut contre le Donbass, à l’affrontement militaire. Zelensky souhaite acquérir l’arme nucléaire. Fin 2021, la Russie quitte sa réserve des années 1990-2021. Elle oppose un refus catégorique à l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN, laquelle serait suivie de l’installation de missiles étasuniens sur son flanc sud. Elle propose et soumet des traités de sécurité pour l’ensemble de l’Europe, rejetés par les Occidentaux. Un accord multilatéral basé sur le droit international ainsi rejeté signifie que les Occidentaux veulent la guerre et que la Russie n’a pas de droit à sa sécurité.

C’est ce que préconisait déjà la Rand Corporation (think tank US au service de la décision politique et économique) dans un rapport de 2019. La “Rand” y recommandait une escalade des pressions contre la Russie afin de l’obliger à réagir pour son autodéfense par une opération militaire en Ukraine dans le but de permettre aux États-Unis de détruire la Russie économiquement par des “sanctions”, l’exclusion du système Swift et la rupture des exportations de gaz vers l’Europe. Ce scénario diabolique et guerrier a été suivi à la lettre.

2022, tout est en place pour que la Russie assure elle-même sa sécurité en obligeant l’Ukraine à renoncer à une adhésion à l’OTAN et cesse le massacre des civils du Donbass. A seule fin “d’appuyer” sa demande de signature d’un traité de neutralité de l’Ukraine, la Russie n’envisage qu’une intervention limitée (opération militaire spéciale). En effet, il lui suffirait que l’Ukraine ne soit pas hostile et ne mette pas son territoire à la disposition de l’OTAN, ses ennemis occidentaux. Elle n’envisage donc pas une “vraie” guerre et surtout pas la conquête de l’Ukraine. Mais elle fait face à un Occident décidé à lancer les Ukrainiens au combat, pensant que la Russie s’écroulera rapidement économiquement et militairement. Le 24 février 2022 est la dernière étape de la guerre engagée en 2014.

Au contraire, la Russie se porte mieux qu’avant les “sanctions” et possède un armement de qualité en quantité. Les États-Unis combattent aujourd’hui  la Russie par Ukrainiens interposés, c’est la guerre par procuration qu’elle est en train de perdre.

Le groupe USA-OTAN-UE-Kiev n’admet pas la réalité, il y a donc une guerre “de haute intensité” sur le territoire de l’UE. Non dans l’espoir que l’Ukraine puisse l’emporter militairement mais pour provoquer une “révolution de couleur” à Moscou et pour y installer un paillasson de l’Occident. Et ce, quoiqu’il en coûte en sang ukrainien, russe et de citoyens de pays européens. Tandis que les multinationales sont déjà prêtes à envahir l’Ukraine à la fin du conflit armé, les populations restent soumises aux drames et dégâts de la guerre. Malgré la série ininterrompue de défaites des forces de Kiev depuis 2022, la destruction des armes occidentales sur le champ de bataille et l’état exsangue de l’Ukraine, la stratégie occidentale n’est pas un échec pour les multinationales et les marchands de canons. Les puissances capitalistes occidentales se sont déjà réparties les lambeaux de l’Ukraine.

Aujourd’hui, la voie rationnelle d’une résolution diplomatique n’est pas envisagée car les enjeux véritables pour l’Occident sont d’ordres mondiaux (sa perte de domination politique et économique) et ont toujours dépassé l’Ukraine. Mais du côté des peuples, à qui personne ne demande leur avis, une guerre est un drame.

Le dernier sommet de l’OTAN qui s’est tenu aux Etats-Unis du 9 au 11 juillet 2024 a été très décevant pour Zelensky. Si on a répété le catéchisme selon lequel l’OTAN soutiendrait l’Ukraine jusqu’au bout, et qu’elle allait un jour intégrer l’OTAN, rien n’a été acté. Le général Pat Ryder, porte-parole du Pentagone, dans un entretien accordé à  Voice of America a dit : 

« Nous avons récemment autorisé l’utilisation de munitions américaines de l’autre côté de la frontière pour des tirs de représailles et des frappes défensives (…). Mais notre politique concernant la longue portée n’a pas changé. Je pense qu’il est important de comprendre que nous ne voulons pas voir des conséquences inattendues, une escalade qui pourrait transformer ce conflit en un affrontement plus large qui dépasserait les frontières de l’Ukraine ».

C’était une manière de rappeler qui est le maitre du conflit en Occident, et de dire qu’au fond les Ukrainiens doivent faire ce qu’on leur dit et non pas avoir d’idées personnelles en matière de stratégie militaire. Les Etats-Unis comme souvent tiennent un double langage, d’un côté ils autorise les Ukrainiens à frapper la Russie sur son territoire, et tous les jours, il y a des civils tués du coté de Belgorod ou en Crimée, et de l’autre, ils mettent en garde contre les risques d’escalade. Mais l’escalade se fait pourtant, juste le temps que l’opinion publique occidentale s’habitue aux livraisons d’armes de plus en plus destinées à frapper la Russie et non à défendre l’Ukraine. Ce qui semble vouloir dire que les perspectives de la politique américaine en Ukraine sont à court terme.

Sur le terrain, tout le monde le dit, même le journal atlantiste Le monde, l’armée ukrainienne n’a pas les moyens de continuer à subir la guerre. Ils n’ont pas assez d’armement, et ils n’ont pas assez de soldats à envoyer au casse-pipe. Les Russes sont en passe de consolider leurs positions dans les territoires annexés. Les Ukrainiens qui se trouvent près du front en ont assez, et bien sûr les soldats qui subissent de lourdes pertes. Dans le Donbass ,les cimetières sont pleins. Les élections du mois de mars, ont été repoussées donc le gouvernement ukrainien est frappé d’illégalité. La cote de popularité de 80% de Zelensky est tombée à 44%. C’est la conséquence des saignées terribles que ce petit pays a subies et des campagnes sauvages de recrutement pour le front qui sont un vrai probléme. Si Zelensky a encore le soutien apparent de l’Occident, le soutien du peuple commence à lui faire défaut. Les Ukrainiens sont de plus en plus nombreux à réclamer des négociations directes avec la Russie pour mettre un terme au conflit. Selon un sondage réalisé pour le site d’information ukrainien ZN.ua, publié le 15 juillet , 44 % des Ukrainiens jugent le moment venu de négocier avec la Fédération de Russie et 35 % sont d’un avis contraire. Ils ont été victimes de la propagande, qui, jusqu’à la contre-offensive de l’été dernier, leur laissait croire qu’ils pouvaient gagner la guerre. Ils ont trop fait confiance à l’Occident et à son soutien illimité. Cela pourrait expliquer pour partie le retournement de Zelensky après le fiasco de la conférence sur la paix organisée en Suisse sans la Russie; le 16 juillet, il commençait à envisager les négociations avec la Russie. Pour l’instant, il en reste au 3 points déjà évoqués: la sécurité énergétique, la navigation sur la mer noire et l’échange de prisonniers. Les Russes, en position de force sur le terrain, ont répondu qu’ils attendaient de voir le contenu de ces négociations et sous quelle égide elles se dérouleraient. Ils ne semblent guère disposés à aller au-delà de l’échange de prisonniers, sachant pertinemment que la reconstruction des infrastructures énergétiques permettrait aux Ukrainiens de souffler un peu pour continuer la guerre et que la navigation sur la Mer Noire faciliterait des attaques à partir de bateaux navigants sous faux pavillons, ou encore le guidage des missiles vers le territoire russe.

Les prochains mois « seront très difficiles » pour le président ukrainien, juge le maire de Kiev, Vitali Klitschko, dans un entretien accordé au Corriere della Sera le 16 juillet. « Doit-il poursuivre la guerre au prix de nouveaux morts et de nouvelles destructions, ou envisager un compromis territorial avec Poutine ? », s’interroge l’ancien boxeur. « Et comment pouvons-nous expliquer au pays que nous devons abandonner des parties de notre territoire qui ont coûté la vie à des milliers de nos héroïques combattants ? », poursuit-il, jugeant qu’un référendum serait nécessaire en pareil cas. « Quelle que soit sa démarche, notre président risque le suicide politique », estime son adversaire, le maire de la capitale qui plaide en faveur de la formation d’un gouvernement d’union nationale.« Soyons clairs, nous devons gagner la guerre, mais la situation devient de plus en plus compliquée, elle dépend de l’aide qui provient des alliés, ce serait un cauchemar si nous devions nous battre encore 2 ans », ajoute Vitali Klitschko qui semble réclamer l’éviction de Zelensky, quitte à changer de stratégie et à négocier quand on peut encore limiter les dégâts. Et s’il s’en va, il sera plus facile pour les Ukrainiens de négocier avec les Russes, avançant que c’est bien Zelensky et non tous les Ukrainiens qui est responsable de cette catastrophe. 

C’est dans ce contexte d’effondrement programmé que Viktor Orban a pris la présidence tournante de l’Union européenne pour les 6 mois à venir. Il a rencontré des acteurs majeurs, d’abord Vladimir Poutine, puis le président chinois, et enfin Trump, en marge du sommet de l’OTAN. Les tenants d’une guerre longue avec la Russie l’ont dénoncé, disant qu’il outrepassait ses droits en s’avançant sur le terrain de la diplomatie. L’Union européenne, Ursula von der Leyen, Josep Borrell et leur gang, envisagent de boycotter une réunion en Hongrie après la visite de Viktor Orban à Moscou comme mesure de rétorsion. Il n’y a pourtant aucun texte ou traité qui interdit au président de la présidence tournante de l’Union européenne de ne pas tenter d’ouvrir des discussions de paix. Gageons que cette rodomontade n’ira pas bien loin. Si la Commission européenne à des moyens financiers de chantage, la Hongrie en a aussi, la sortie de ce pays de l’Union européenne serait une catastrophe pour la cohésion de l’ensemble et une catastrophe pour l’OTAN qui s’apparenterait à une défaite. Cela met à jour des tensions qui existaient à l’état latent dans l’Europe, malgré l’esprit moutonnier de la plupart des dirigeants européens. En effet lorsqu’il y a un conflit entre 2 pays, il n’y a que 2 solutions, soit la reddition d’une partie, soit la négociation. Mais une négociation veut dire que chacune des 2 parties abandonne un aspect de ses prétentions. L’Union européenne a choisi, pour faire plaisir à l’OTAN et à Biden, un affrontement militaire dont elle n’a pas les moyens, plutôt que la négociation. Il va de soi que la Russie ne saurait renoncer à la Crimée et aux 4 oblasts conquis depuis le début de la guerre, et donc elle ne négociera que quand, sur le terrain, elle aura consolidé ses positions. De même on ne voit pas la Russie négocier autre chose que la neutralisation de l’Ukraine à sa porte. Viktor Orban est le dernier dirigeant de l’Union européenne qui a quelque crédibilité pour jouer les intercesseurs entre Poutine et Kiev, pourquoi s’en priver, comme le suggère Ursula von der Leyen ? Cette dernière a été réélue à la tête de la Commission européenne par un parlement européen inconscient, car elle va avoir 2 problèmes (en dehors de ses problèmes judiciaires avec la gabegie des vaccins Pfizer)

le 1° est qu’elle rend l’Union européenne incapable d’avoir un dialogue avec la Russie, et que cela pourra mener certains pays à s’affranchir de la tutelle de la Commission européenne sur le plan diplomatique.

Le 2° est qu’elle aura des problèmes avec l’administration Trump s’il est élu. Et cela comptera dans le financement de la guerre en Ukraine, comme dans le financement de l’OTAN. Le 21 juillet 2024 on apprenait que Biden renonçait à la course à la Maison Blanche, cette sage décision rend en réalité les choses un peu plus difficiles pour Trump.