Prire suivre


  

– Thomas Piketty : livres : “Le Capital au 21ème siècle”, “Capital et Idéologie”.

– Milton Friedman et Arthur Laffer : sont les maîtres penseurs de la pensée néolibérale.

– Thorsten Veblen et Joseph Schumpeter : ont parlé des hommes d’affaires qui ne sont pas compétents techniquement dans ce que fait leur entreprise. En effet, c’est le compétent dans la technique de ce que fait son entreprise qui en est le patron et qui dirige et qui décide. C’est ce que Schumpeter a appelé l’entrepreneur véritable, Veblen aussi d’ailleurs. C’est par exemple un spécialiste en cordonnerie qui devient patron d’une entreprise de cordonnerie. Non, les MBA qui ne savent rien d’autre qu’analyser et calculer et faire des évaluations de coefficients à travers des calculs et des équations auxquels la plupart du temps ils ne comprennent rien. Ils ne savent même pas les origines parce qu’ils ne sont pas sérieusement de formation mathématiques et à partir de là, ils confondent calculer, analyser, évaluer des coefficients, etc., avec réfléchir ou penser, projeter et prospective. Et donc, analyser et calculer ce n’est ni réfléchir ni penser. Alors, des gens qui ne savent que calculer et analyser et qui ne savent pas réfléchir ni penser, comment peuvent-ils diriger des entreprises et des méga entreprises comme on en a aujourd’hui ? Avec quelle sagesse et avec quelle prudence, comme disait Aristote, avec quel sens du bien et du bien commun ? Il n’y a pas un cours de bien commun ou du sens du bien commun dans aucune école de gestion du monde, encore moins sur la pauvreté. Le fait de remplacer réfléchir, sagesse et pensée, prudence, sens du bien commun par des calculs, analyse et évaluation de maximisation sans raison, juste maximiser le profit, qui est une attitude financière. Alors que pour Schumpeter et Veblen, le vrai entrepreneur lui se soucie beaucoup plus du produit d’abord, la qualité du produit, ce qu’on appelle la valeur d’usage qui nous vient d’Aristote, plutôt que la valeur d’échange, c’est-à-dire combien ça me coûte et combien ça me rapporte et je veux que ça me rapporte plus que ça me coûte, quel que soit le produit, que ce soit de la camelote, que ce soit du n’importe quoi, je m’en fous, tant que je peux vendre, je vends.

– “We are here to sell” : le plus grand et le plus habile, l’extraordinaire, le plus champion des managers dans cette optique-là, qui est l’optique dominante néolibérale, c’est celui qui va par exemple vendre des frigos pour des Esquimaux ou vendre du sable à des Sahariens.

– La monnaie : est née au 7ème siècle avant Jésus-Christ en Crète et Aristote voyait la monnaie se répandre et nous dit attention, l’économie c’est une chose et le fait de prétendre faire de l’économie appuyé sur la monnaie essentiellement c’est autre chose qui n’ont rien à voir et qui peuvent s’opposer et qui peuvent se détruire mutuellement. Explication : l’économie vient de deux termes grecs qui sont OIKOS et NOMIA, oikos en grec c’est la maison, la famille élargie et la communauté, et nomia c’est la norme, la règle pour faire le bien et entretenir le bien commun et le bien-être de la communauté, c’est de là que vient le mot économie. L’économie est un terme qui a sa valeur sémantique, sa valeur linguistique, sa valeur philosophique et sa valeur pratique (le praxis), vous vous dites économiste, vous voulez faire de l’économie, votre travail et votre tâche c’est de vous soucier de savoir chaque heure et chaque jour est-ce que la communauté est en bien-être et heureuse. Sinon, vous n’avez rien à voir avec l’économie. Par contre, ce avec quoi vous avez à faire, c’est la chrématistique, un mot qu’Aristote a forgé à partir de KHRÊMA qui veut dire argent en grec et Atos qui veut dire poursuivre, accumuler et chercher. Alors, toute attitude qui consiste à chercher à accumuler de l’argent (PNB, PIB, chiffre d’affaires, bénéfices, etc.) est une attitude fondamentalement, totalement et exclusivement chrématistique et non pas une attitude économique. Alors, est-ce que vous vous rendez compte des conséquences de cette contradiction fondamentale entre le fait de croire faire de l’économie alors qu’on fait de la chrématistique ? Essayez s’il vous plaît d’y penser, c’est vertigineux depuis le 5ème siècle avant Jésus-Christ. Imaginez ce que ça donne de vivre avec cette confusion ou cette contradiction et de l’entretenir dans les systèmes d’enseignement et dans les systèmes même de façons de parler de ce monde. Parce qu’à chaque fois que vous utilisez le mot économie, vous ne savez pas de quoi vous parlez parce que vous ne parlez pas d’économie, vous parlez de quelque chose qui en est le contraire.

– La pédagogie : quand vous utilisez les PowerPoint, etc., un des grands problèmes c’est que quoi que vous disiez à l’instant et quoi qu’on vous réponde, quelle que soit l’objection et le commentaire qu’on vous fait, vous êtes obligé d’être prisonnier de la phrase ou du commentaire suivant que vous avez écrit dans votre slide. Donc, pédagogiquement, ça vous emprisonne dans un schéma de réflexion et d’exposition qui ne tient aucun compte de l’évolution de ce qui se passe dans les interactions en classe qui sont extrêmement importantes. Socrate, par exemple, on sait très bien qu’il n’a jamais rien écrit, il n’a fait que parler, discuter. Ceux qui ont écrit, c’est Xénophon et Platon. Socrate n’a laissé que de la parole, que des mots, pas de schéma et pas de calculs. Et on voit très bien que s’il n’y avait pas eu Socrate, il n’y aurait pas eu Platon et Aristote et il n’y aurait pas eu tout ce que nous savons dans cette ramification-là qui va à travers Aristote et qui va jusqu’à Hegel et le matérialisme avec Feuerbach et Marx. Donc, enseigner juste avec les PowerPoint, c’est obliger le professeur et les étudiants à subir ce qui a été prévu précédemment dans ces PowerPoint et rétroprojections, et c’est bien s’emprisonner dans une façon de penser qui empêche l’acte pédagogique se faisant dans l’interaction exposant – participation et dans le dialogue qui doit s’établir dans tout acte pédagogique. Et bien là, ce dialogue est très considérablement atténué dans ces effets d’ajouts qualitatifs à ce qui se dit à travers les cerveaux qui sont devant vous et qui parlent à leur niveau. Mais même à leur niveau, ils ont des choses nouvelles et des choses intéressantes à dire et qui peuvent venir quasiment à l’encontre du PowerPoint suivant ou de la phrase du rétroprojecteur suivante. Alors, qu’est-ce que vous faites dans ce cas-là ?

– La tékhnē contre la praxis : la technique, c’est l’habilité et la technique pour savoir faire les choses contre la praxis qui est la technique avec conscience. Aristote nous dit que la tékhnē sans ce qu’apporte la praxis, c’est-à-dire la conscience introduite dans la raison et le sens de ce que je fais, et bien c’est du non-sens.

– La philosophie : qui est la reine des sciences comme disent les Allemands, les sciences de l’esprit, ce qui n’existe pas en français puisqu’on dit les sciences humaines et les sciences sociales. Mais dans les langues germaniques, on dit sciences de l’esprit parce que dans l’esprit, il y a spirituel.

– Mircea Eliade : historien des religions, tous ses livres.

– Le spirituel ou le mysticisme, la métaphysique : Quel sens non matériel, métaphysique, a l’être humain sur cette terre ? Qu’est-ce que ça signifie ? Pourquoi suis-je ? Qu’est-ce que je suis ? Quel est le mystère qui fait le mystère que je peux penser ma façon de penser ? Est-ce que penser ma façon de penser, c’est réellement penser ou est-ce que c’est de la tautologie de choses qui tournent en rond dans mon cerveau ? Parce que, comme le dit un proverbe chinois, “Oh, le fou qui avec sa tête cherche sa tête”, l’esprit ne peut pas chercher sa substance à travers sa propre substance, c’est impossible. Donc, comment je pense ? Cette question est radicale et quand j’essaie de me penser moi-même, comment est-ce que ces pensées peuvent-elles être valides ou valables puisque c’est moi-même qui tourne en rond dans moi-même ? Même si évidemment, quand on arrive à la question fondamentale, la question de toutes les questions “D’où est-ce que je tombe ? D’où je viens ?”, on finit par une entité qui s’appelle Dieu ou Manitou ou Vishnu ou Krishna ou Bouddha etc. La spiritualité et la religion, ça peut se combiner comme ça peut ne pas se combiner du tout, mais dans leur quête, religion et spiritualité, mysticisme et métaphysique ont une différence fondamentale : l’avant et l’après la mort. Même si on va tous les jours à la mosquée ou à l’église, ça ne veut absolument pas dire qu’on intègre l’idée de la mort dans sa façon de vivre. Ce que essaie de faire celui qui fait de la métaphysique ou de la mystique, c’est intégrer l’idée de sa propre finitude dans ce qu’il fait chaque jour. Donc, ce n’est pas le fait d’aller à l’église ou la mosquée qui implique ça automatiquement.

– Aristote dit : Voilà, il y a des penchants chez l’être humain et il est plus facile pour l’être humain d’aller vers les penchants qui lui font plaisir, ce que Freud appellera le principe de plaisir bien plus tard. Et ce principe de plaisir est inscrit, y compris dans la formation des MBA dans les écoles de gestion. On les forme à vivre selon le principe de plaisir et le principe de réalité, et le surmoi, eh bien, il n’y en a pas. Ce qui fait qu’on peut prendre des décisions sans état d’âme, licencier des centaines et des centaines d’employés et mettre des centaines de familles dans la rue en criant qu’on est des héros qui prennent des décisions difficiles, c’est quand même incroyable.

– Professeur Omar Aktouf : Sans les autres qui m’ont précédé, je ne penserais pas. Être un être humain, ça s’apprend.

– Pindare : Deviens ce que tu es, l’ayant appris (8ème siècle avant Jésus-Christ).

– André Gide : Ose devenir ce que tu es.

– Socrate : Connais-toi, toi-même.

– Professeur Omar Aktouf : Qu’est-ce que c’est être un être humain ? J’essaie de répondre à cette question, notamment dans la situation où l’être humain est le plus être humain, c’est-à-dire la situation de travail. Parce qu’il n’y a que l’être humain qui travaille. Les animaux qu’on croit travailler, c’est autre chose. C’est une question de cadrage et de définition de ce qu’on entend par travail et pas but du travail. Alors, le travail est essentiellement un acte humain. C’est Hegel qui le dit : l’être humain n’a pas d’essence, son essence, c’est son action. Et plus tard, les existentialistes évidemment, l’existence précède l’essence. Et donc, c’est l’existence concrète dans ce monde matériel, le monde dans lequel je suis agissant, et ce sont mes actes qui me font, y compris mes paroles. Parce qu’en linguistique, les paroles sont des actes aussi.

– La monnaie comme moyen d’échange universel : Aristote dit que c’est un progrès qui fait que l’être humain va universellement commercer et dans le mot commerce, il y a aussi le mot entrer en relation, se fréquenter et se connaître.  

Le mauvais côté, nous dit Aristote, c’est le fait que la monnaie n’est pas neutre, c’est un élément de pouvoir et quiconque possède plus de monnaie qu’un autre a plus de pouvoir que l’autre. Et là, les choses se corsent et se compliquent. Encore plus, accumuler de la monnaie devient plus important que le souci du bien-être de l’autrui. Pourquoi ? Parce qu’accumuler de la monnaie me permet d’acheter plus de satisfaction que l’autre. Dans toute relation de commerce et d’échange, il y a une relation de recherche de satisfaction. Je vais acheter une veste ou une voiture, je vais acheter de la satisfaction, je vais acheter quelque chose qui va me satisfaire, qui va me plaire et me faire plaisir. Or, l’autre aussi, il cherche sa propre satisfaction et sa propre satisfaction, c’est me vendre sa voiture le plus cher possible. Donc, avec l’argent qui va s’accumuler grâce au surplus qu’il va faire avec la voiture qu’il va me vendre, il pourra lui acheter plus de satisfaction finalement que moi. Donc, ça devient une espèce de guerre de qui va faire vendre à l’autre le moins de satisfaction pour lui-même et le plus de satisfaction pour moi. Ce qu’on a très ingénieusement, miraculeusement et intelligemment appelé la courbe ou la fonction de maximisation de la satisfaction personnelle. En philosophie et en philosophie des rapports humains, plus terribles que cette phrase, on ne sait pas si ça peut exister. Maximiser sa fonction de satisfaction contre l’autre, donc ça fait des êtres humains des ennemis automatiquement. Nous devenons des ennemis des uns et des autres. Je cherche à satisfaire au maximum ma fonction de satisfaction, toi aussi, et nous sommes en relation de belligérance. Nous ne sommes pas en relation d’entraide, de communauté, etc. Et surtout pour nous, Arabes et Arabo-musulmans, l’idée de la OUMMA, du voisin pour lequel Dieu nous a exhortés à nous soucier de son bien-être et réciproquement.

– Dans l’acte pédagogique, celui ou celle qui parle, qui a cet honneur d’être écouté par d’autres, et bien en parlant lui-même, il apprend des choses au fur et à mesure qu’il parle. Les mots amènent des mots, c’est connu en linguistique, une représentation mentale amène des représentations mentales. Ce qui fait que tout en parlant, celui qui parle, il construit aussi des liens, des liaisons, des combinaisons inédites qu’il n’avait pas construites avant et donc il les fait en direct devant son auditoire, sans parler de ce que son auditoire lui renvoie comme questions et commentaires.

– Aujourd’hui, le monde dans lequel nous vivons n’est pas économique. Depuis qu’on a commencé à parler d’économie réelle et d’économie virtuelle, etc., ça a été le point d’aboutissement, le point de rupture totale. Aujourd’hui, l’économie n’est plus que finance. Il est impossible aujourd’hui de faire de l’économie réelle avec les éléments qui permettent d’économie réelle, c’est-à-dire tout ce qui vient de ce que nous donne cette terre comme le bois, le poisson, le ciment, les minerais, les saucisses et l’agriculture, etc. Tout ce que la terre donne et tout ce qu’on fait avec ce que la terre nous donne, c’est ça l’économie réelle. C’est ça qui nous fait produire des tables, des moteurs, des cosmétiques à partir du pétrole et qui nous fait produire des utilités, donc de la valeur d’usage. Même s’il y a une petite valeur d’échange, il y a une grande valeur d’usage et bien ça, c’est fini tout simplement parce que nous avons trop demandé à cette terre. Et tout ce qui peut augmenter aujourd’hui, c’est la chrématistique, c’est la finance, c’est-à-dire l’élément central, le pivot, les piliers du néolibéralisme. Si vous regardez du côté de l’économie réelle, il y a 30 ans, 40 ans, on disait avec le calcul à l’appui que pour que l’Afrique vive au niveau des États-Unis de il y a 40 ans, il nous fallait à l’époque au moins deux planètes. Celle-là ne suffit pas ou ne suffisait plus. Pourquoi deux planètes ? Parce que si tous les pays du monde s’amusent à utiliser autant d’arbres que les États-Unis, autant de poissons que les États-Unis, autant de pétrole, etc., et bien la terre ne fournira pas, ce n’est pas possible. Cette terre, en termes de ressources qu’elle donne, ne peut pas supporter et ne pouvait pas supporter deux États-Unis il y a 30, 40 ans. Aujourd’hui, c’est au moins 5 à 6 planètes. Donc, comment faire pour continuer à satisfaire cette horreur, cette catastrophe du credo du néolibéralisme qui s’appelle la croissance, croissance infinie évidemment, illimitée, qui s’appelle augmenter le PIB, le PNB, ne doit jamais s’arrêter d’augmenter tout le temps, même si on sait très bien qu’on peut faire du PIB avec des guerres.

– Blitzkrieg : Hitler, la guerre éclair. Poutine aurait pu envahir l’Ukraine en deux jours.

– Guerre d’Ukraine : la Russie, en une journée ou une journée et demie, elle aurait pu occuper toute l’Ukraine. Mais là, on temporise de tous les côtés, on parle et on parlotte. Les Américains attendent que tout ça augmente pour que le prix du gaz augmente suffisamment pour que le gaz de schiste puisse se vendre plus que le gaz conventionnel. Du côté des Russes, on attend aussi que le prix du gaz augmente de telle façon que produire plus de gaz de schiste sera tellement catastrophique et tellement destructeur sur le plan environnemental que tout le monde finira par se retourner sur le gaz conventionnel. Et puis, tout ce qu’il faut pour réparer toutes les destructions en Ukraine et à côté, etc., les usines qui ferment en Russie, qui ferment ailleurs, qui ferment en Pologne, tout ça, il faudra le réparer après. Et cette préparation de tous les dégâts qu’on aura causés, c’est simple, plus on aura causé de dégâts, plus on fera d’argent en réparant. Voilà ce que c’est, l’économie néolibérale et chrématistique. On peut augmenter l’argent avec la guerre, les épidémies, le Covid et ses milliers de milliards qu’il a augmenté dans l’économie mondiale, les catastrophes et les destructions, les cataclysmes naturels, et tout ça, ça augmente le PNB parce qu’il faut des réparations, il faut des pelles, il faut de l’acier, il faut du ciment, il faut du transport et le PNB augmente. Et pendant ce temps-là, la communauté humaine, elle est comment ? La communauté humaine n’est jamais aussi malheureuse, mais l’économie n’est jamais aussi heureuse.