
1- Coca-Cola, chewing-gum
Durant la 2° Guerre mondiale, la Nouvelle-Calédonie se rallie à la France libre en1940. Un bataillon du Pacifique est recréé et se bat dans les Forces françaises libres aussi bien en Afrique du Nord qu’en Europe. Elle est surtout une importante base arrière américaine contre le Japon (1942 ). La flotte américaine avait déjà séjourné à Nouméa. La présence des « GI » oblige à la modernisation des infrastructures: routes goudronnées, construction de ponts métalliques, agrandissement des quais, création de pistes d’aviation à l’origine des futurs aéroports de La Tontouta ou de Magenta, électrification. Les GI marquent les modes des Caldoches avec les « dancings » et les « snack-bars »; une économie de loisirs les enrichit. Des idées nouvelles se diffusent « égalité raciale » parmi les Kanaks. Les Américains emploient une main d’œuvre importante pour l’entretien du matériel et du réseau routier qu’ils recrutent parmi les « engagés » indonésiens ou Chân Dăng ainsi que parmi les « Indigènes ». Pour travailler en tant que dockers sur le port de Nouméa, ils font venir de nombreux Kanaks des îles Loyauté, qu’ils logent dans le camp de Montravel, augmentant la présence mélanésienne en ville.. Les kanaks, encore soumis au code de l’indigénat, sont notamment surpris par la présence dans l’armée américaine de soldats noirs et blancs sur un pied d’égalité. Les salaires augmentent pour toutes les couches de la société.
Après la guerre, la France abandonne le terme de colonie et abolit le code de l’indigénat. Les Kanaks obtiennent la citoyenneté française, et donc le droit de vote: d’abord limité à 267 membres de l’élite mélanésienne (chefs coutumiers, anciens combattants ou religieux tels que curés, diacres ou pasteurs) en 1946 ; puis élargi à toute la population majeure en 1957.
À partir de 1943, le bar-restaurant de Jeanne Tunica à Nouméa devient le principal lieu de rassemblement des sympathisants communistes de l’archipel, soldats américains, Caldoches, engagés indochinois ou Kanaks. Elle cofonde le Parti communiste calédonien en1946 et en devient secrétaire générale. (Cette initiative va à l’encontre de la ligne du PCF qui est opposé à la création de sections coloniales). En même temps, un fort mouvement syndical apparait chez les travailleurs vietnamiens de l’industrie du nickel, inspirés par l’idéologie Viêt Minh. Ils sont syndiqués à la CGT. Jeanne Tunica soutient leurs mouvements de grève aux hauts fourneaux de Doniambo (décembre 1944) et à la mine de Thio (avril 1945). Parallèlement, elle soutient les revendications des Kanaks qui réclament le droit de vote et la fin de la tutelle du service des affaires indigènes. Ces revendications sont vigoureusement combattues par des personnalités caldoches. Le 22 mai 1946, la maison des Tunica, où Jeanne et son fils sont présents, est touchée par un attentat qui ne provoque que des dégâts matériels. Les coupables ne seront pas retrouvés. Immédiatement après l’attentat, le 25 mai, pour contrer l’influence grandissante du communisme auprès de ces nouveaux citoyens les missions chrétiennes s’accordent avec les représentants de l’État pour créer 2 organisations politiques visant à fédérer les électeurs kanaks : l’Union des indigènes calédoniens, amis de la liberté dans l’ordre (UICALO) du côté catholique, l’Association des indigènes calédoniens et loyaltiens français (AICLF) pour les protestants. Ils s’unissent en 1953 dans un parti, l’Union calédonienne (UC), qui va dominer la vie politique jusque dans les années 1970. Désormais Territoire d’outre-mer (TOM), elle obtient une assez forte autonomie, mais il faut payer ce formidable cadeau! Rapidement, on l’ envisage comme site d’essais nucléaires.

2- Le boom de « l’or vert » (1945-1983)
En parallèle, le Territoire connaît une croissance économique importante grâce à l’exploitation de « l’or vert » : c’est le « boom du nickel ». Il devient 3° producteur mondial de nickel (entre 20 % et 30 % des réserves mondiales) ce qui fait augmenter la population de 20% dans la 1° 1/2 des années 1970, grâce aux 20 000 immigrés, encouragées par les autorités françaises, en provenance des îles de .Wallis-et-Futuna. Cette bonne santé économique s’accompagne d’une urbanisation galopante à Nouméa ainsi que dans ce qui commence à être sa banlieue et de grands travaux : le barrage de Yaté construit entre 1955 et 1959, les infrastructures sportives des IIe Jeux du Pacifique Sud de 1966 dont le stade Numa-Daly ou la piscine olympique du Ouen Toro, le revêtement des routes et le développement du réseau électrique sur la Grande Terre, l’aménagement des remblais du port autonome de Nouméa, transformant l’ancienne île Nou en une presqu’île artificielle baptisée Nouville.
Le nickel est précieux car il entre dans la composition de plusieurs d’alliages métalliques: fer-nickel utilisé en cryogénie (cuve des navires méthaniers), en physique des lasers ou dans les écrans de téléviseurs cathodiques, il a des propriétés magnétiques et de de dilatation; cuivre-nickel est résistant à la corrosion en milieu acide ou marin; les alliages complexes, à base de nickel (ou de cobalt), présentent une excellente résistance à la corrosion sèche à haute température et des propriétés mécaniques (limite d’élasticité élevée). Ce sont des matériaux de choix pour les turboréacteurs (aéronautique) et chaudières. Ces alliages ont accompagné les moteurs d’avion depuis le milieu du xxe siècle. Le nickel est présent dans les aciers spéciaux. servent à fabriquer des plaques blindées, des coffres-forts et portes blindées, des chars d’assaut, Le nickel-chrome est utilisé comme résistance chauffante, pour les soins dentaires et comme matériau de soudure. En bijouterie, on associe le nickel à l’or afin d’obtenir une meilleure tenue mécanique et des couleurs originales: cuivre + nickel +or = l’or jaune ou rosé; or + nickel = l’or blanc. Les « bronzes au nickel » se retrouvent dans les profilés pour architecture et dans les couverts des services de table, dans les instruments de dessin industriels (compas, pointe sèche), les mécanismes d’horlogerie ( les ressorts), les pièces de précision de l’instrumentation scientifique et technique, divers composants de mécanique de précision et d’optique.
3-La Société Le Nickel (ou SLN)
est détenue par la multinationale minière française Eramet et les provinces de la Nouvelle-Calédonie à travers la Société territoriale calédonienne de participation industrielle (STCPI).a été est fondée en 1880. En 1883, la famille Rothschild rachète la société. Jusque dans les années 1930, le cœur des activités de l’entreprise est basé à ,Thio sur la côte Est de la Grande Terre, village minier que le Bulletin de Commerce appelle « Thio-lès-Rothschild »avec 2 fonderies successives et le siège social en 1921. La crise de 29 touche fortement le secteur et pousse la société Le Nickel à fusionner avec son principal concurrent en 1931, la société Caledonia (ancienne société des Hauts Fourneaux de Nouméa créée en 1909 par un Bordelais) : elle garde le nom de société Le Nickel, mais le principal centre de transformation est l’usine de l’autre à Doniambo, à Nouméa, toujours en activité de nos jours.
Le Nickel devient société-mère de l’ensemble de ses filiales minières dans les années 1960, pendant les années dites du « boom du Nickel ». En 1970, elle s’est associée au CNEXO pour l’exploration des nodules polymétalliques dans le Pacifique Sud. L’activité Nickel est filialisée en 1974, sous le nom de Société Métallurgique Le Nickel-SLN :Elf Aquitaine prend une participation de 50 % dans cette nouvelle société, qui est réunie avec Peñarroya et Mokta au sein de la holding Imétal qui détient les 50 % restants. Elle se joint aussi au CEA, aux Chantiers France Dunkerque, pour former l’Association Française d’Étude et de Recherche des NODules océaniques (AFERNOD).
En 1994, elle devient Eramet, puis en 2000, à la suite de négociations tant politiques que financières et industrielles, 30 % du capital de la SLN est cédé à la nouvelle Société territoriale calédonienne de participation industrielle (STCPI), une structure publique réunissant les provinces néo-calédoniennes. En 2007, les parts de cette STCPI dans la SLN montent à 34 % et jusqu’en 2012, le P-DG de la SLN était celui du groupe Eramet. La SLN en 2013 représente 2 200 emplois directs + 8 000 emplois indirects et induits sur l’ensemble du Pays, contribuant à un rééquilibrage Nord/Sud et Est/Ouest sur l’île principale, du fait de l’éclatement de ses activités minières et métallurgiques . La situation de l’usine en 2024 se détériore face à une forte concurrence étrangère (près de 25 % des emplois dépendent de la mine et de la métallurgie)
La Nouvelle-Calédonie est fortement atteinte par les inégalités sociales ; les 10 % les plus riches ont un niveau de vie 8 fois supérieur aux 10 % les plus pauvres. Son économie est l’une des plus fortes et des plus dynamiques de l’outre-mer français, avec un PIB estimé à 855,5 milliards de francs CFP (7,165 milliards d’euros ; 9,8 milliards de dollars US) en 2012, soit un PIB par habitant supérieur à celui de tous les États et territoires du Pacifique insulaire (dont la Nouvelle-Zélande) et comparable à celui des régions métropolitaines. La croissance économique a été de +3,9 % en 2010, +3 % en 2011 et +2,2 % en 2012. Le taux de chômage a reculé à 14,0 % au recensement de 2009, avec des écarts très marqués entre le Grand Nouméa (8,7 %) et les zones rurales à prédominance kanake (Province Nord : 27,8 % et Îles Loyauté : 32,4 %.

4-Le « grand remplacement »
Avec l’accroissement de la population blanche des années 1970, le 1° Ministre de Pompidou: Pierre Messmer explique en 1972 à son secrétaire d’État aux DOM-TOM: « La Nouvelle-Calédonie, colonie de peuplement, bien que vouée à la bigarrure multiraciale, est le dernier territoire tropical non indépendant au monde où un pays développé puisse faire émigrer ses ressortissants. Il faut donc saisir cette chance ultime de créer un pays francophone supplémentaire. La présence française en Calédonie ne peut être menacée, que par une revendication nationaliste des populations autochtones appuyées par des alliés éventuels d’autres communautés ethniques venant du Pacifique. À court et moyen terme, l’immigration massive de citoyens français métropolitains ou originaires des départements d’outre-mer (Réunion) devrait permettre d’éviter ce danger en améliorant le rapport numérique des communautés. À long terme, la revendication nationaliste autochtone ne sera évitée que si les communautés non originaires du Pacifique représentent une masse démographique majoritaire avec femmes et enfants. » Mais les idées indépendantistes se formalisent. Des étudiants ayant participé à mai 68 reviennent en Nouvelle Calédonie. Nidoïsh Naisseline, militant d’extrême gauche, fonde les “Foulards Rouges” tandis que d’autres créent le “groupe 1878” (référence à l’insurrection). Ils demandent la restitution des terres et veulent préserver leur identité. Ils fusionnent pour créer le Parti de Libération Kanak en 1975. D’autres suivront comme le Parti indépendantiste en 1979. Ils préparent une nouvelle ère de révoltes anticoloniales dans les années 1980
5- Jean-Marie Tjibaou, figure politique du nationalisme kanak
Né en 1936, fils aîné d’un chef de la tribu , instituteur dans l’enseignement privé catholique, Jean-Marie est donné à la mission mariste à Hienghène. Entré en 1945, à 9 ans, au petit séminaire de Canala, il poursuit ses études au grand séminaire de Païta et effectue son noviciat auprès des Petits frères indigènes de l’Île des Pins jusqu’en 1955. Ordonné prêtre en 1965, il est d’abord envoyé à Bourail, comme aumônier de la base militaire, puis est nommé 2° vicaire à la cathédrale Saint-Joseph de Nouméa dès 1966.
A cette époque qu’il est initié aux problèmes politiques, au contact du père Jacob Kapéta, 1° vicaire et aumônier de l’Union calédonienne (UC), principale force politique de l’archipel depuis sa création en 1953, de tendance centriste, démocrate chrétienne, pluriethnique et autonomiste.
Il quitte le pays en 1968 pour suivre des cours à l’Institut de sociologie de la faculté catholique de Lyon, puis d’ethnologie à l’École pratique des hautes études en 1970. Il y suit les enseignements du remplaçant de Claude Lévi-Strauss, spécialiste du pays coutumier kanak de langue paicî. Il prépare une thèse portant sur les effets de l’adaptation de la société traditionnelle kanak au monde moderne. Le décès de son père en 1970 le pousse à revenir en Nouvelle-Calédonie, obtenant en 1971 sa réduction à l’état laïc, pour entreprendre une carrière militante. Toujours croyant, il estime qu’« il est impossible à un prêtre de prendre position, en faveur de la restitution des terres au peuple kanak. »
En 1971, il intègre l’administration territoriale, au service de l’éducation de base (où il rencontre sa future épouse, Marie-Claude Wetta), puis celui de la jeunesse et des sports. Militant associatif, il est à la tête d’un mouvement de renouveau culturel et organise la manifestation Mélanésia 2000 en 1975 à Nouméa, malgré l’opposition de l’ancien député Maurice Lenormand, de l’Union calédonienne et du Parti de libération kanak (Palika). Elle regroupe des représentants des aires coutumières, réveille chez les Kanak un sentiment de dignité, et reçoit l’appui de l’Église libre protestante, et de Jean Guiart, aux îles Loyauté. Pour la 1° fois, la culture kanak apparaît bien vivante. Pour Jean-Marie Tjibaou, l’objectif de ce festival est de « permettre au Kanak de se projeter face à lui-même pour qu’il découvre l’identité qui est la sienne en 1975 »
Il adhère en 1973 à l’Union des indigènes calédoniens amis de la liberté dans l’ordre (UICALO), organisation de Mélanésiens d’inspiration catholique au sein de l’UC. Sa carrière politique est lancée en 1977. Il est élu maire de Hienghène, sur une liste dissidente indépendantiste, baptisée « Maxha Hienghen », ou « Relever la tête », s’opposant au maire gaulliste sortant, officier de marine à la retraite, candidature officielle de l’UC. Puis, lors du congrès de Bourail, il devient vice-président de l’Union calédonienne, au moment où ce mouvement, jusqu’ici autonomiste, prend position en faveur de l’indépendance. Ayant le soutien au sein de la vieille garde du parti de son président, le député Rock Pidjot ( indépendantiste depuis 1976), il devient la figure de proue à la tête d’une nouvelle génération incarnée par les 4 autres membres entrés au bureau politique lors de ce congrès : le secrétaire général (d’origine métropolitaine) Pierre Declercq, Éloi Machoro, Yeiwéné Yeiwéné et le métis (européen et kanak) François Burck. Il fait le choix alors d’une lutte politique fondée sur le respect des institutions en place et les principes de la non-violence, entretenant des relations étroites avec les paysans du Larzac. Ce choix n’a pas toujours été partagé dans son propre camp, puisque les militants du FLNKS ont entretenu des liens militaires et financiers avec les services libyens du colonel Mouammar Kadhafi (stages de formation à la solidarité révolutionnaire internationale à Tripoli). Enfin, il devient conseiller territorial pour la 1° fois, tête de liste de son parti dans la circonscription Est.
En1979, à la veille de nouvelles élections territoriales, il crée une coalition de l’ensemble des forces séparatistes, appelée Front indépendantiste (FI). Il y obtient le meilleur score (62,74 % des suffrages exprimés et 5 des 7 sièges). Sur l’ensemble du Territoire, les indépendantistes arrivent en 2° position avec 34,43 % des voix et 14 sièges sur 36, derrière les 40,24 % et 15 élus anti-indépendantistes du Rassemblement pour la Calédonie dans la République (RPCR) du député Jacques Lafleur. En 1982, grâce à un changement de majorité à l’Assemblée territoriale, les centristes autonomistes de la Fédération pour une nouvelle société calédonienne (FNSC) retirant leur soutien au RPCR et s’alliant au FI, Jean-Marie Tjibaou devient vice-président (et donc chef effectif) du Conseil de gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, chargé de la Planification, des Finances, du Budget, de la Fonction publique, des Mines et de l’Énergie, ainsi que des Relations avec l’Assemblée territoriale, les Parlementaires du Territoire et la Commission du Pacifique Sud (CPS), et le reste jusqu’en novembre 1984, jour du « boycott actif » des élections territoriales par les indépendantistes. En cette qualité de chef de l’exécutif local, et en tant que représentant du Front indépendantiste, il participe du 8 au 12 juillet 1983 à la table ronde de Nainville-les-Roches, avec Jacques Lafleur. À cette occasion, le secrétaire d’État aux DOM-TOM Georges Lemoine reconnaît aux Kanak leur « droit inné et actif à l’indépendance » tandis que Jean-Marie Tjibaou et sa délégation, tout en reconnaissant les communautés non mélanésiennes de Nouvelle-Calédonie comme des « victimes de l’histoire », appellent à l’organisation d’un référendum d’autodétermination rapide (avant 1986) et que seuls les Kanaks et les non Kanak nés sur le Territoire ou ayant un ascendant né en Nouvelle-Calédonie puissent participer au scrutin. Ces conditions entraînent le rejet des conclusions de la table-ronde par le RPCR.
Considérant la quête de l’indépendance comme impossible à obtenir à l’intérieur des institutions territoriales, au congrès de Nouméa en septembre 1984, Jean-Marie Tjibaou transforme le FI en un Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) avec l’ Union Calédonienne ; le Parti de libération kanak, qui avait quitté le FI en 1981, de Paul Néaoutyine et Élie Poigoune ; le Front uni de libération kanak de Yann Céléné Uregeï ; l’Union progressiste en Mélanésie d’André Gopoea ; le Groupement des femmes kanak et exploitées en lutte fondées en 1983 ; l’Union syndicale des travailleurs kanaks et des exploités créé en 1981 par Louis Kotra Uregei ; le Parti socialiste calédonien rebaptisé Parti socialiste de Kanaky de Jacques Violette.
Il décide d’un boycott actif des élections territoriales du 18 novembre 1984. Le 1er décembre 1984, lors du 1er Congrès du FLNKS organisé dans la tribu de La Conception au Mont-Dore, un Gouvernement provisoire de Kanaky (GPK) est institué, avec pour président Jean-Marie Tjibaou. Il lève le « Drapeau Kanaky ».

6- L’action clandestine et les « Événements »
Pierre Declercq, enseignant et membre du bureau politique du FI, est assassiné chez lui en septembre 1981. Ses assassins ne seront jamais retrouvés. Des manifestations éclatent et des barrages sont mis en place. La situation continue de se tendre en juillet 1983 où des gendarmes sont tués.
Un référendum d’autodétermination est prévu pour 1989 mais les indépendantistes souhaitent que le corps électoral soit limité afin que ce soit les peuples autochtones, et non les colons, qui y votent. Cette revendication est refusée. En 1984 des militants indépendantistes kanaks se rendent dans la Libye de Kadhafi pour y suivre une formation militaire. Le FLNKS qui appelle à boycotter les élections territoriales de 1984. La campagne et le jour du scrutin sont marqués par des violences et des barricades montées par ses militants . Le symbole du boycott et de l’action indépendantiste est incarné par Éloi Machoro, secrétaire général de l’Union calédonienne, qui brise une urne (vide) à coup de tamioc (appellation locale d’une hachette à fendre le bois) dans sa commune de Canala. Cette action, très médiatisée par le camp loyaliste, est présentée comme un paroxysme de sauvagerie. C’est le début d’une quasi-insurrection.
Dès le 5 décembre 1984, sur la route de la mairie de Hienghène, 10 Kanaks sont assassinés par des « Caldoches » (d’origine européenne) dans une embuscade. La Calédonie était coupée en zones imperméables par des barrages indépendantistes, de loyalistes et de gendarmerie. La maison de Tjibaou était entourée d’un double cercle, de police pour le protéger, et de loyalistes voulant « lui faire la peau ».Cette action a eu lieu dans un climat de quasi-guerre civile en brousse, soit-disant en représailles à des incendies de maisons de Caldoches par des militants Kanak indépendantistes, mais ces incendies n’ont commencé qu’après. Les 7 auteurs, membres des familles Mitride et Lapetite ont été relaxés par la cour d’assises de Nouméa en 1987 (jury exclusivement composé d’Européens), après que le juge d’instruction, un ancien militaire, eut conclu à un non-lieu. Jean-Marie Tjibaou réagit en déclarant : « La chasse au Kanak est ouverte ».

« Les Événements », soient de violents conflits politiques, sociaux et ethniques vont mettre la Nouvelle-Calédonie au bord d’une « guerre civile » jusqu’en 1988.
En novembre, des barrages sont dressés, le sous-préfet est séquestré, la gendarmerie est occupée dans la commune de Thio, 5 hélicoptères du GIGN sont désarmés. En décembre, des maisons d’européens sont pillées et incendiées. Le gouvernement socialiste français envoie l’armée et la gendarmerie, interdit toutes les manifestations et fait surveiller étroitement les tribus. En janvier 1985, le GIGN exécute Eloi Machoro, l’État d’urgence et le couvre-feu sont mis en place. Le gouvernement de Laurent Fabius cherche à calmer le jeu, met en place des réformes pour plus de démocratie. Mais avec le retour de la Droite (Jacques Chirac), le statut “Pons I” est voté qui vise à contrer les velléités indépendantistes, à réduire les compétences obtenues par les “conseils de région” et à organiser un référendum d’autodétermination.
Toujours sur la même ligne, le FLNKS ne participera pas au référendum si les colons peuvent y voter au même titre que les kanaks. Il est soutenu par le mouvement des non-alignés. L’Assemblée générale de l’ONU vote une résolution affirmant « le droit inaliénable du peuple de la Nouvelle-Calédonie à l’autodétermination et à l’indépendance » et inscrit la Nouvelle-Calédonie dans la liste des territoires non autonomes des Nations unies ( non-décolonisés) « dont les populations ne s’administrent pas encore complètement elles-mêmes ».
Le référendum est donc boycotté par les indépendantistes et en septembre 1987, l’ “autodétermination” est donc rejetée. Ils boycottent aussi les élections présidentielles et régionales. En octobre, les auteurs d’une embuscade dans laquelle 10 indépendantistes avaient été tués en 1984, sont tous acquittés par un jury composé exclusivement d’Européens, ce qui déclenche la colère des kanaks. 2 jours avant la présidentielle de 1988, des militants du FLNKS lancent une nouvelle offensive :60 indépendantistes attaquent une gendarmerie à Ouvéa et prennent 20 gendarmes en otage (4 sont tués durant l’attaque). Une moitié des otages est rapidement libérée, les autres sont conduits dans une grotte. Le gouvernement français déclare qu’avec ce qu’il appelle la prise d’otages d’Ouvéa, l’île zone militaire et l’interdit aux journalistes. Les soldats français s’en donnent donc à cœur joie : des enfants sont attachés aux poteaux des cases, devant leurs familles. Par contre, les gendarmes sont bien traités par les ravisseurs, mais Chirac discute avec le général Vidal et ils décident de lancer une “intervention”.
De nouvelles violences ont lieu de part et d’autre au début de l’année 1985 : mort d’un jeune Caldoche, Yves Tual, en janvier, entraînant de lourdes émeutes anti-indépendantistes à Nouméa ; mort d’Éloi Machoro, abattu par un tireur d’élite du GIGN, lors de l’assaut de la maison d’un Européen occupée par les indépendantistes à La Foa. L’état d’urgence avec couvre-feu est instauré. Jean-Marie Tjibaou milite pour participer à nouveau aux institutions malgré les pressions de l’aile radicale du FLNKS pour continuer la lutte clandestine et armée. Si bien que, de 1985 à 1988, dans le cadre du « statut Fabius–Pisani », il est président du Conseil de la Région Nord, donc membre du Conseil exécutif (aux côtés du président RPCR et de ceux du Sud, ainsi que ceux FLNKS–UC du Centre et des Îles Loyauté). Il s’attache à obtenir des soutiens internationaux à son combat, dans la région Pacifique ( Vanuatu de Ham Lini) ou auprès du mouvement des non-alignés. En décembre 1986, il obtient le vote par l’Assemblée générale des Nations unies (à la majorité des 3/5e de ses membres) affirmant « le droit inaliénable du peuple de la Nouvelle-Calédonie à l’autodétermination et à l’indépendance ». Mais la droite au pouvoir en France en 1986, prend une position favorable à son maintien dans l’archipel. Un référendum sur l’indépendance est organisée en septembre 1987 avec pour seule condition, une durée de 3 ans de résidence pour pouvoir y participer ; les indépendantistes décident de le boycotter (donc rejet de l’accès à la souveraineté par 98,3 %, la participation n’étant que de 59,1 %). Un nouveau statut du ministre des DOM-TOM Bernard Pons, des élections régionales, le 1° tour des présidentielles vont suivre en avril 1988.
Le 5 mai 1988, l’assaut est lancé, les kanaks laissent les otages s’enfuir sans leur faire de mal. La version officielle est simple : 18 ravisseurs ont été tués au combat. Sauf que 12 d’entre eux sont retrouvés avec des balles dans la tête en plus de leurs autres blessures. Bref il s’agit d’exécutions sommaires. En juin, une loi d’amnistie s’applique à tous les faits de cette affaire ce qui permet de ne pas creuser ce qu’il s’est réellement passé. Michel Rocard confirmera d’ailleurs : “À la fin de l’épisode de la grotte d’Ouvea, il y a eu des blessés kanaks et 2 d’entre eux ont été achevés à coups de bottes par des militaires français, dont un officier. Il fallait prévoir que cela finisse par se savoir et prévoir que cela aussi soit garanti par l’amnistie”.
Pour ramener le calme, les Accords de Matignon sont signés, acceptés par le FLNKS. Ils sont ratifiés par un référendum sur l’autodétermination en Nouvelle-Calédonie qui donne le oui gagnant. II prévoit qu’un référendum sur l’indépendance soit organisé 10 ans plus tard.
Les 2 parties refusent le statut mis en place par la loi de1984 pour préparer l’archipel à la consultation d’autodétermination et lui donner une très large autonomie (la compétence du Territoire, de droit commun, n’exclut que les fonctions dites « régaliennes », les principes directeurs du droit du travail, l’enseignement du second cycle du second degré, l’enseignement supérieur et la communication audio-visuelle); le conseil de gouvernement est transformé en un gouvernement du Territoire dont le président est élu par l’Assemblée territoriale, tandis que les membres de l’exécutif, nommés par ce président et qui prennent le titre de « ministres », retrouvent des compétences individuelles, ce qui n’avait plus été le cas depuis l’abrogation du statut de la loi-cadre Defferre en 1963. Le RPCR, quoique favorable à un certain degré d’autonomie, rejette ce statut Lemoine qui ouvre la porte à une séparation de la République française. Le FI conteste l’échéance du référendum (fixée à 5 ans maximum à partir de l’application de la loi) et le fait que la question du corps électoral soit discutable (est créé un comité État-Territoire avec pour préparer les conditions du droit à l’autodétermination, alors qu’ils considèrent que leurs revendications sont non négociables).
Les accords de Matignon et l’assassinat
Après une nouvelle flambée de violence échappant au contrôle des dirigeants des 2 camps, et culminant avec la prise d’otages d’Ouvéa et son assaut final le 5 mai, Jean-Marie Tjibaou signe en juin 1988 avec Jacques Lafleur et le1° ministre Michel Rocard, les accords de Matignon, qui prévoient un référendum sur l’indépendance après 10 ans et ramène la paix après 4 années de quasi-guerre civile. Il est assassiné moins d’un an après, le 4 mai 1989, avec Yeiwéné Yeiwéné, son bras droit au FLNKS, lors de la commémoration de la prise d’otages d’Ouvéa, par Djubelly Wéa, un Kanak indépendantiste (dont le père avait été malmené par les militaires), ancien conseiller territorial et membre du FULK, opposé aux accords de Matignon de juin 1988.

Le référendum de 2021 contesté
Les gouvernements français successifs incitent à la construction d’usines et d’infrastructures pendant que les inégalités sur l’archipel restent majeures.
En 1998, les accords de Nouméa repoussent de 10 ans le référendum sur l’indépendance prévu ; donc il a lieu en 2018, seuls les kanaks et les “caldoches” installés depuis longtemps, votent. Le “non à l’Indépendance” l’emporte à 56,4%. La loi prévoit que les kanaks puissent organiser 2 autres référendums. Le 2° prévu en 2020 est reporté en raison de la pandémie de Covid-19. Puis, les indépendantiste progressent sans gagner: le “non” l’emporte à 53,2%. Le 3°, organisé en 2021, est boycotté par les indépendantistes (toujours la pandémie). Evidemment, c’est une très large victoire au refus de l’indépendance (96%)
« Le dégel du corps électoral » a mis le feu aux poudres
Depuis une réforme constitutionnelle de 2007, les listes électorales pour les élections provinciales en Nouvelle-Calédonie sont gelées à leur état de 1998 ; elles ne peuvent pas être révisées annuellement en fonction des arrivées et départs, comme c’est le cas pour les autres élections (présidentielle, législatives, européennes) ou dans l’Hexagone. Cette règle limite le droit de vote aux personnes qui vivaient dans l’archipel avant 1998, en excluant les arrivants récents, qui représentent aujourd’hui 20 % de la population.
En janvier 2024, le gouvernement a déposé un projet de loi constitutionnelle visant à dégeler le corps électoral au 1er juillet, en y intégrant les citoyens nés sur place ou y résidant depuis au moins 10 ans. Cette réforme aboutirait à réintégrer 25 000 personnes à ces listes électorales spéciales, sur un total de 42 596 résidents qui en sont aujourd’hui exclus. Approuvé par le Sénat le 2 avril et par l’Assemblée nationale le 13 mai, le texte doit encore recueillir l’approbation du Parlement réuni en Congrès à Versailles pour être définitivement adopté.
Cette réforme est vivement critiquée par les indépendantistes, qui craignent qu’elle ne marginalise les Kanak en diluant leur pouvoir électoral. Le sujet est très sensible puisque, des élections territoriales découlent la composition des 3 assemblées territoriales, du congrès et du gouvernement calédonien présidé depuis 2021 par les Indépendantistes. De plus, ils considèrent le gel du corps électoral comme un acquis de l’accord de Nouméa (1998).
A l’inverse, le gouvernement considère que cette promesse est caduque, puisque la période de transition ouverte par l’accord pour 20 ans s’est conclue avec le non au dernier référendum d’indépendance de 2021. En outre, le Conseil d’Etat rappelle les principes du suffrage universel, sous peine de voir les prochaines élections territoriales annulées.
Le mouvement d’opposition à cet élargissement du corps électoral a déclenché depuis quelques mois de nombreuses manifestations, qui ont laissé place à des émeutes .La situation dans l’archipel du Pacifique, a explosé le lundi 13 mai, faisant 5 morts et des dizaines de blessés.
En réponse: l’état d’urgence est décrété par le gouvernement
Darmanin prétend que ce sont les organisations indépendantistes kanaks qui sont « mafieuses ». Non, ce sont les 10 groupes familiaux de colons qui contrôlent 80% de l’économie de la Nouvelle-Calédonie
Au vu des commentaires actuels des politiciens LREM, LR et RN et des médias dominants, la mentalité n’a guère changé depuis les zoos humains du XIX° siècle.
Des milices de colons blancs, souvent cagoulés, équipés de fusils à lunette ou de fusils à pompe, sont les images effrayantes qui nous arrivent de Nouvelle Calédonie/Kanaky. Ils s’organisent par quartier, et certains ouvrent le feu.
DES MILICES DE COLONS ARMES TUENT PLUSIEURS HABITANTS
Ce territoire du Pacifique est surarmé. Selon les autorités, 64.000 armes sont déclarées et autant circulent illégalement, soit 130.000 armes pour 272 000 habitants. Cette situation folle est le fruit d’une décision des autorités locales en 2011, visant à faciliter, la possibilité de s’armer pour les « caldoches ». Seuls une carte d’identité ou un permis de chasse sont exigés pour se procurer une arme, et les quotas de munitions ont été supprimés, d’où l’explosion des achats dans les armureries.
3 Kanaks ont déjà été assassinés: 2 hommes de 19 et 36 ans et une adolescente de 17 ans. L’un des défunts s’appelait Djibril Saïko Salo et était en 1° année de BTS. Le CCAT explique qu’il a été « abandonné sur la route comme une vulgaire bête sauvage, ou un criminel récidiviste ». Il ajoute : « Le caractère ignoble et volontaire de cet acte, nous le qualifions sans ambiguïté de meurtre avec préméditation, avec volonté assumée de laisser son cadavre exposé sur la chaussée en guise de message à ceux qui veulent suivre son exemple ».
Une photo montre un colon braquer son fusil à lunette derrière un grillage prêt à tirer. Une vidéo, authentifiée par le journal Le Monde, montre un homme blanc tirant délibérément en direction de 2 jeunes Kanak marchant sur la route à Nouméa. D’autres témoignages évoquent des expéditions punitives.
Enfin, un gendarme a été tué par un tir qualifié “d’accidentel” par les médias. Les autorités disent pudiquement qu’il ne “s’agit pas d’un tir ennemi”. C’est donc la balle d’un autre gendarme ou d’un milicien qui lui a coûté la vie.
En parallèle à cette violence paramilitaire, l’état d’exception est décrété dans l’archipel. Le gouvernement vient d’assigner à résidence 5 indépendantistes du CCAT, et les autorités envisagent sa dissolution.
Gabriel Attal a annoncé le déploiement de l’armée en Nouvelle-Calédonie et interdit l’accès au réseau social Tiktok. Ainsi, les milices et les forces régulières de la République française assurent, ensemble, la répression coloniale. Par son mépris et sa violence, le gouvernement Macron a fait voler un lent et fragile processus de paix en Kanaky.

POUR RESUMER :
Population :
Les Kanak, descendants des 1° habitants de l’archipel, avant la colonisation française représentent 40 % des 270 000 hab (Insee). Les « Européens » représentent1/4 de la population (25%) et se répartissent en 2 catégories. les descendants des bagnards, blancs, bagne installé sur l’île depuis le XIXe siècle , surnommés « Caldoches ». Puis, les personnes arrivées plus récemment de France métropolitaine, pour coloniser l’île, souvent à titre temporaire dans le cadre de leur emploi professionnel, désignés péjorativement comme « Metro » ou « Zoreill ».Le métissage est de 11,3 % des résidents. Le reste des personnes est issu de l’immigration des îles alentours. La jeunesse kanak a vu l’arrivée des métropolitains progressivement prendre leurs emplois car 46 % d’entre-eux, n’ont pour seul diplôme que le brevet des collèges.
Les forces en présence
– Le FLNKS
Le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) est une coalition de partis politiques indépendantistes. Après avoir déclaré unilatéralement l’indépendance de l’archipel et boycotté plusieurs élections, le FLNKS s’est progressivement engagé sur la voie de la négociation avec Paris, en signant les accords de Matignon, en 1988, et de Nouméa 10 ans plus tard. Ses différents partis disposent aujourd’hui d’élus dans les assemblées parlementaires de l’archipel, dans le gouvernement local et même depuis peu d’un élu au Sénat français. Le FLNKS s’oppose aujourd’hui au dégel du corps électoral.
– La CCAT
La Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) est une organisation proche du FNLKS. Créée à la fin de 2023 pour coordonner la mobilisation contre la réforme du corps électoral, elle a organisé plusieurs manifestations au cours des derniers mois.
Le gouvernement pointe sa responsabilité dans la montée des violences sur l’archipel. Louis Le Franc, le haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, la décrit comme « une organisation de voyous qui se livre à des actes de violences caractérisés, avec la volonté de tuer ». Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, estime qu’il s’agit d’une organisation « mafieuse » qui « commet des pillages, des meurtres ». Niant le caractère politique de la CCAT, qu’il qualifie de « bras armé du FLNKS », M. Darmanin a annoncé le 15 mai l’assignation à résidence de 10 de ses « leaders mafieux ».
Le conseil national des chefs de Kanaky, représentant les chefs de tribus kanak, a apporté son soutien au CCAT, jugeant qu’elle « n’est pas un groupe terroriste ou un groupe mafieux ».
La Cellule appelle officiellement à poursuivre « les actions » de manière « pacifique ». Dans un communiqué, elle a estimé que les « exactions commises sur les commerces, les sociétés, les bâtiments et les équipements publics n’étaient pas nécessaires, mais sont l’expression des invisibles de la société ».
– Les loyalistes
Les « loyalistes » ou « non-indépendantistes » désignent les forces politiques qui s’opposent à l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Situés à droite du spectre politique, pour certains proches du Rassemblement National, ils se sont structurés dans les années 1970 autour du Rassemblement pour la Calédonie dans la République (RPCR) de Jacques Lafleur, proche du RPR, à l’époque.
D’autres mouvements du centre et de la droite ont depuis pris de l’ampleur. La coalition, Les Loyalistes, dont la cheffe de file, Sonia Backès, était secrétaire d’Etat dans le gouvernement Borne (2022-2023), dispose de 12 élus au congrès de l’archipel.
Dans la crise actuelle, les loyalistes défendent l’ouverture du corps électoral proposée par le gouvernement. Mais leurs positions sont parfois contrastées. La ligne la plus dure, encore défendue lors des négociations en vue d’un « petit accord » entre indépendantistes et loyalistes au printemps 2023, portée par un ancien sénateur (Les Républicains), allait jusqu’à défendre une partition de la Nouvelle-Calédonie, avec un corps électoral par province. A l’inverse, les plus modérés défendaient « un consensus définitif, dans une Nouvelle-Calédonie une et indivisible », à l’instar d’un député, représentant du parti non indépendantiste Calédonie ensemble.

Mai 2024 : révolte contre la réforme constitutionnelle
Le gouvernement français tente de profiter de la défaite des Indépendantistes pour changer les règles constitutionnelles et limiter la possibilité d’une indépendance future. Il souhaite ouvrir le droit de vote à tous les résidents de Nouvelle-Calédonie habitant sur le territoire depuis au moins 10 ans, ce qui permettrait de mettre en minorité les kanaks.
Une révolte de très haute intensité se déroule en Nouvelle-Calédonie : incendies de véhicules, pillages de magasins, dizaines d’entreprises et d’usines incendiées, mise en place de barricades, mutinerie en prison, affrontements avec la police, (cocktails molotov, tirs à balles réelles). Dans n’importe quelle autre région française, cela ferait la une de tous les journaux. Oui mais voilà, la Nouvelle-Calédonie est une colonie, qui n’intéresse que peu la métropole.
La France Insoumise a demandé le retrait du projet de loi mais le vote est toujours prévu alors que le couvre feu vient d’être décrété, et que le gouvernement envoie 15 renforts du GIGN. Dans ce contexte de révolte de haute intensité, les affrontements avec les forces de l’ordre reflètent la frustration et la colère d’une population qui se sent trahie. Il est crucial de reconnaître les aspirations légitimes du peuple kanak à l’autodétermination.