Professeur Omar AKTOUF : Néolibéralisme et néocolonialisme – Quels liens ? Entretien avec le Pr. Omar Aktouf.

La transcription a été revue par Toufik El Maghribi. Le texte a été remis en forme et surligné par Laure Lemaire.
Omar Aktouf est titulaire d’un Doctorat d’Etat en psychologie industrielle de l’université d’Alger et de l’université de la Sorbonne. Il est également titulaire d’un DPGE de l’INPED d’Alger. Il décroche un Master BA à HEC Montréal avant d’y réaliser un doctorat en administration.
Avant son arrivée au Canada, Omar Aktouf a occupé plusieurs postes importants dans des entreprises algériennes. Puis, en parallèle à ses activités de recherche, il a été consultant pour plusieurs grandes firmes canadiennes, dont Cascades ainsi que d’autres firmes en France, en Algérie, Tunisie, Maroc. Il a enseigné dans plusieurs universités du Québec, et à HEC Montréal, où il a effectué la majeure partie de sa carrière de professeur depuis le début des années 1980.
Omar Aktouf est également connu pour ses engagements politiques. Il a été candidat pour l’Union des forces progressistes (UFP), le Nouveau Parti démocratique (NPD) en réalisant un score d’environ 14 % à Outremont (bastion libéral historique) avant 2011. Il fait aussi partie des personnalités politiques ayant lancé le Manifeste pour un Québec solidaire.
Il a récemment été reconnu par la Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Radio-Canada comme faisant partie des « personnalités marquantes de l’histoire récente du Québec et du Canada dans les domaines de l’économie et des affaires ».
Nous recevons aujourd’hui sur notre chaîne You Tube alternative ATV, le Pr. Omar Aktouf. Avant de passer aux questions, nous lui avons demandé de faire une petite introduction pour revenir sur les notions de néo-libéralisme et de néo-colonialisme.
Le professeur de HEC Montréal, Omar AKTOUF a répondu à nos questions d’introduction: Y a t’il vraiment des liens entre les notions de Néo libéralisme et de Néo colonialisme? Qu’est-ce qui les différencie?
Pr. Omar Aktouf- Tout d’abord merci infiniment de m’inviter et de me faire cet honneur de parler de ces sujets dans votre média. Nous essayerons de traiter de choses sérieuses sans trop se prendre au sérieux.
Le néo-libéralisme est-il un néo-colonialisme et quels rapports avec le libéralisme ?J’ai écrit tout un livre sur ce vaste sujet qui s’intitule « La stratégie de l’autruche », dont je ne fais pas de publicité parce que je ne touche pas mes droits qui sont versés à des œuvres et donc vendre mes livres ne change rien à ma vie. J’estime qu’eut égard à Marx, Aristote, Socrate et des gens de ce gabarit-là, je ne veux pas faire de l’argent avec leurs pensées qui m’ont inspiré, alors qu’ils sont morts dans la misère.
Sur la question du colonialisme et du néo-libéralisme, il faut d’abord définir ce qu’est le colonialisme alors que les gens ont tendance à croire que cela va de soi. On parle même de l’ère des Romains, des Grecs, des Perses, des musulmans, des empires donc, de celui de Justin, de l’empire Ottoman, pratiquement comme si c’était du colonialisme alors que ce n’est pas du tout la même chose.
Le colonialisme est né avec le capitalisme et la pensée capitaliste, de la pratique économique capitaliste, c’est là que le colonialisme a vraiment commencé. Pour ceux que cela intéresse, vous trouverez cela dans le livre « Histoire de la violence » de Jacques Attali.

Dans l’histoire, il y a au moins 3 ou 4 types de guerres de conquête, et le colonialisme est une guerre et une conquête. Il y a d’abord les guerres de régulation : quand les peuplades en Afrique, les Amérindiens, ou encore en Asie Mineure, étaient des nomades, une tribu sort des lances et des flèches et pousse des cris pour intimider une autre tribu qui a dépassé son quota de temps d’occupation d’un point d’eau au Sahara ou pour les Amérindiens, d’un territoire de chasse. On menace, s’agite et on s’entretue peut-être un peu, on fait quelques blessés, pour faire comprendre à l’autre partie qu’il faut dégager, voilà la guerre de régulation.
Ensuite il y a les guerres d’intimidation : quand des tribus ou des clans veulent signifier à l’autre clan ou tribu qu’ils empiètent sur leurs territoires qu’ils considèrent comme ancestral, on a une guerre d’intimidation: on s’affronte, on s’attaque un peu, on crie, on lance des lances et des flèches et puis on négocie et chacun reprend ce sur quoi ils se sont mis d’accord. On a aussi connu les guerres de razzia, qui sont aussi des sortes de guerre de régulation-intimidation où il n’y a pas d’occupation, ni d’extermination.
Puis, il y a eu les guerres d’occupation: c’est occuper et éliminer d’une façon ou d’une autre, les premiers occupants du lieu, les indigènes, les autochtones; ce sont les premières tentatives de ce qu’on appellera la colonisation, pour s’accaparer les richesses et les ramener à la métropole. Suivent les guerres d’extermination dont le but est d’anéantir carrément l’ennemi et d’occuper son territoire.
Ce qui caractérise le colonialisme est une guerre de conquête, d’occupation et d’exploitation de la population locale qu’on appelle les indigènes. La logique du capital donc l’essence du capitalisme et de la Révolution Industrielle à la fin du 18e siècle se caractérisent par des guerres de conquête, d’occupation, d’extermination partielle et d’exploitation des autochtones. Donc on extermine ceux qui sont trop réfractaires ou qui ne veulent pas se soumettre.
Le colonialisme c’est la phase du début d’expansion du capitalisme donc ce que Lénine et Rosa Luxembourg ont appelé la phase impérialiste du capitalisme qui commencer par là.
Pourquoi le colonialisme? Dès la fin du milieu du XVIIIe siècle, l’Europe commençait la Révolution Industrielle, en Flandre, l’actuelle Hollande et une partie de la Belgique, le sud de l’Angleterre qui avait abandonné les céréales pour les moutons et le textile qui rapportaient beaucoup plus. L’ Angleterre avec environ 5 M d’habitants, au Sud qu’on appelle England, avait les enclosures où on enfermait les moutons; ils ne pouvaient pas en élever plus parce qu’ils manquaient d’espace. L’Angleterre et la Hollande ont commencé à manquer de matières premières pour le textile, qui pouvait se faire également avec le lin, le chanvre, le coton. C’est comme cela qu’ils ont conquis l ‘Egypte, introduit la monoculture du coton en Inde , et les Français, la monoculture de l’arachide au Sénégal et celle du vignoble et du blé en Algérie, grand producteur de céréales. Voilà comment le capitalisme a inauguré la phase colonialiste à la fin du 18es, voire même au milieu de 1700.
Les théoriciens du colonialisme sont John Lewis, l’ancêtre de ce qu’a écrit Haddington, qui ce l’est approprié et qu’il appela « le choc des civilisations »; cela remonte à Alexis de Tocqueville, Ernest Renan, Rudyard Kipling qui ont combiné cette théorie du colonialisme, une espèce de greffe humaniste ou humanitaire comme l’a écrit Kipling qui était à sa façon, un humaniste, il a écrit « le fardeau de l’homme blanc ». On retrouve cela aussi chez Chateaubriand, le bon sauvage, chez J.J Rousseau qui ne sont pas des théoriciens du colonialisme. C’est autre chose, cet espèce de sauvage qu’il faut aller améliorer, civiliser, évangéliser.
Donc on a créé toute une théorie mais Alexis de Tocqueville était le plus explicite en disant par exemple que les Arabes d’Afrique du Nord et un peu du Moyen-Orient étaient des tribus et des êtres humains qui n’étaient pas du tout civilisés, ni humanisés, qui passaient leur temps à s’entretuer, à faire des razzias et qu’ils n’étaient bon qu’à cela, et il même écrit quelque chose du genre : « l’arabe ou le berbère (ou comme on disait à l’époque, les maures), ne sont bons qu’à être tués parce qu’ils ne comprennent que le langage des armes, parce que leur vie et leur mode de vie n’est que : razzias et vols ». Et je suis réduit à cela!
Je terminerai avec la 1° grande expédition de type colonial qui va précéder ou lancer l’idée de colonialisme, celle de Napoléon en 1778, l’expédition d’Egypte avec, dans 5 bateaux sur les 10, 600 scientifiques dont des anthropologues, des géologues, des géophysiciens, des agronomes, pour étudier la région de l’Egypte qu’il a conquise. On sait qu’il a même été jusqu’au Moyen Orient vers la Turquie et la Syrie. Il est revenu avec des milliers et des milliers de pages de rapports de scientifiques français qui établissaient comment, en métropole, on pouvait tirer profit des richesses, des minerais, des terres, et de sa culture.
Pour résumer, l’expansion du capitalisme commençait à être limité par l’espace, sa main-d’œuvre et ses matières premières. Pour aller les chercher, ils ont inventé cette théorie d’aller civiliser, évangéliser, apporter le progrès à des sauvages. Auparavant, du temps de Louis XIV, ils ne s’étaient jamais aperçus qu’il y avait des sauvages dans le monde; mais du temps des capitalistes d’un coup, ils en ont pris conscience. Le colonialisme est justifiée par cette idée. Le néo-colonialisme, c’est une autre histoire
Le néocolonialisme, pour les pays anciennement colonisés, ils sont encore toujours néo-colonisés. Pour l’Inde ou l’ex-Indochine (le Vietnam), ils ne sont pas néo-colonisées. Mais en Afrique, qu’on appelle la France-Afrique, la mainmise de la France sur ses anciennes colonies continue, notamment sur les 15 pays de la CDAO avec le Franc CFA. Le néo-colonialisme était déjà prévu avant les indépendances. De Gaulle avait annoncé dès 1958 que l’Algérie serait indépendante ainsi que ses autres colonies. Il disait que continuer à occuper et administrer autant de pays, cela coûterait toujours plus cher. Mais s’ils étaient indépendants, l’exploitation pourrait continuer d’une autre façon.
L’Algérie était un cas particulier avec le décret Crémieux de 1876 , avec un semblant d’assemblée à 2 collèges, les bons indigènes et les juifs qui avaient le droit d’être français. Le plan machiavélique de De Gaulle et son entourage ajoutait que si on continuait à traiter l’Algérie comme un département français, on serait obligé d’arriver à un compromis entre, Algériens de souche et pied-noir, juifs, et Français de la métropole, dans une sorte d’interdépendance, même s’il a proposé une indépendance dans l’interdépendance. Et il a mis en garde en 1958-1959: « ils sont tellement plus nombreux que nous, leur taux de fécondité, le nombre des naissances, sont tellement plus important que le nôtre que Colombey les deux églises s’appellera Colombey les deux mosquées. » .
Pour les pays de la CEDAO, en Afrique de l’Ouest, il a été proposé une espèce d’accord en 12 points, conditionnant leurs indépendances. Le commandant Azzedine par ex. a reconnu devant le général Bigeard qu’il ne l’avait jamais vaincu militairement mais qu’il avait octroyé l’indépendance, même s’il a dit par ailleurs : « On a gagné la Révolution par le sang et par le sacrifice », mais devant le général Bigeard, il a reconnu: « avec votre puissance de feu, vous auriez pu nous exterminer en un mois ». Dans ces 12 conditions, on note qu’ aucune présence militaire autre que française sur le territoire de l’ancienne colonie, la France doit avoir le dernier mot. Lors des négociations des accords d’Evian, elle voulait garder le Sahara algérien pour le pétrole. Il y a eu finalement un demi-accord, puis Boumediene a nationalisé le pétrole en 1972 et a mis fin à cette demi-mesure.
La 3° condition était l’exclusivité de la coopération avec la France (pas d’Américains ni de russes). Une autre allait jusqu’à l’aval dans la définition du régime politique et de la nomination des candidats et des responsables depuis le ministre jusqu’au chef d’Etat. La dynastie Bongo a été maintenue au pouvoir par les français manu-militari, la dynastie des présidents du Tchad, celle du Cameroun et compagnie. Là, la fin des dinosaures de la France-Afrique commence: ce qui se passe au Niger, au Tchad et au Mali montre que c’est un peu la fin du règne de la France-Afrique et des conditions que la France a posé pour octroyer les indépendances, de bon et de plein gré car elle n’avait plus vraiment le choix. Le néo-colonialisme est déjà inscrit dans ces conditions d’ accès à l’indépendance. Donc on peut donner une définition du néocolonialisme, avant d’arriver au néo-libéralisme et montrer comment le néo-libéralisme et le libéralisme sont aussi des colonialismes.
Le néo-colonialisme c’est tout simplement le fait que l’ex-puissance occupante ou colonisatrice garde la main mise sur toutes les grandes orientations donc politique étrangère, défense, économie … et garde aussi une forme de quasi-monopole sur l’exploitation des richesses de ces pays.
On sait très bien que la richesse de la famille de Bernard Henry Lévy vient du bois de pays colonisés comme le Niger, il y avait du bois maintenant il y a du sable et cela continue avec le pétrole du Gabon par TOTAL. J’ai travaillé dans des programmes de formation de cadres du pétrole pour toute l’Afrique. J’ai fait le tour de tous les pays Africains disposant de pétrole, dans le cadre d’une formation de HEC spécialement conçu pour les cadres pétroliers et je peux vous assurer que j’ai vu de mes propres yeux comment au Gabon, au Cameroun ou au Congo, les ministres du pétrole, (vous le savez, j’ai mon franc parlé, ce que je sais je n’ai pas honte de le dire ! ) je les rencontrais passant leur temps le soir dans les boîtes de nuit, (moi, ce n’est pas ma tasse de thé), et ils arrivaient le matin au bureau et ils commençaient à boire du champagne à 10h du matin ! Et avec eux, systématiquement un ex-officier supérieur Français qui commande tout ce qu’ils doivent faire. Voilà encore une illustration de la colonisation.

Si on prend les 2 mots néo-libéralisme et néo-colonialisme, à la fin il y a un suffixe ISME qui est très péjoratif et qui s’apparente à un courant politique, religieux ou philosophique d’origine allemande, qui part d’une dérive doctrinaire qui peut être une menace pour la liberté. Le sociologue Français Christian Laval dit que la majorité des gens confondent le néo-libéralisme et l’ultra-libéralisme et le libéralisme. La raison est très simple: le néo-libéralisme n’est pas une continuité ou une variante du libéralisme. Que faut-il entendre par néo-libéralisme et en quoi est-il distinct du libéralisme (ultra ou non)?
Pour définir le libéralisme économique, Adam Smith part de la division du travail et de la main invisible, celle de l’individu libre de choisir son métier s’il en est capable. La main invisible, c’est l’individu qui participe de manière implicite à la richesse collective. Le libéralisme classique est le courant de pensée dont sont issus John Locke et Charles de Montesquieu c’est-à-dire que l’Etat peut intervenir à condition qu’il y ait une séparation de pouvoir, ( très important surtout dans les missions de contrôle et de régulation) et que l’Etat doit rester garant des libertés. Quand on parle de libéralisme économique, il y a quelque chose en dehors du capitalisme sauvage, en dehors de la marchandisation des choses. Ils disent que l’Etat doit intervenir ou qu’il doit réguler à tout moment ou qu’il doit laisser réguler le marché dans l’intérêt collectif. L’Etat en tant qu’entité morale, ne le peut pas toujours.
Ceci pour la 1° question, la distinction entre néo-libéralisme, ultralibéralisme et libéralisme économique. Mais pour le néo-colonialisme, il y avait un grand homme d’Etat Tanzanien, Julius Nyerere qui disait : » les chaines de commandement ne se brisent pas d’un coup, elles se desserrent dans le temps et très lentement et au rythme de ce pas vers la liberté, le néo-colonialisme nous a été imposé ».
Après l’indépendance de l’Algérie en 1962, j’ai entendu certains militants qui disaient: « Maintenant, comment libérer le pays? » C’est la bonne question! L’Algérie de 1962 restait tributaire de la France, c’est ce qu’on appelle le néo-colonialisme. Mais est-ce qu’il nous a été imposé, n’y a-t-il pas une autre façon ? Malheureusement, il y a plusieurs angles d’attaque pour ce problème, beaucoup plus large que ce dont on va traiter dans le temps qui nous est imparti.
Toujours sur la 1° question, oui, il y a eu une trahison linguistique ou sémantique: on a parlé de néo-libéralisme avec le mot « Néo » comme si c’était quelque chose de nouveau, donc un nouveau libéralisme. C’est un mensonge historique, il n’y a rien de nouveau par rapport au libéralisme économique qu’on subissait avant, même si Adam Smith préconise que les affaires, le bisness et l’économie, avec la main invisible, ne doivent pas être laissé complètement à eux-mêmes, il faut que le jeu soit fair-play et pour que les gens jouent fair-play, pour que la concurrence pure et parfaite joue le jeu, que l’information pure et parfaite joue le jeu, Il faut une entité qui surveille ce qui se passe dans le marché. C’est ce que fait le businessman. Sa fameuse phrase dit : » Laissez 3 businessmen faire du business sans les surveiller et vous aurez 3 brigands ». A. Smith a développé l’idée du libéralisme économique qui s’est transposée aux Etats-Unis.
Mais pour les Etats-Unis , il faut lire » Les grands économistes » de Robert Hilbronner décédé, qui enseignait à l’Université New School of New York, où il y a 1 ou 2 chapitres sur la Révolution Industrielle et sur la naissance de ce qu’il appelait « les barons voleurs » du libéralisme à l’américaine. Mais le néo-libéralisme, sa racine va sortir du fameux livre de Milton Friedman » Economie et liberté économique ». Je vais essayer d’être le plus simple et le plus clair possible; le libéralisme c’est une combinaison entre une main invisible et un certain contrôle, soit par la suite le contrôle des citoyens, une sorte de décentralisation dans les villes et villages, avec les citoyens entre eux qui équilibrent leurs produits pour que chacun satisfasse l’égoïsme des autres, puis une forme de régulation économique de l’Etat auquel Adam Smith va octroyer un minimum de rôle dans la surveillance pour éviter que les barons ne se transforment pas en brigands qui vont finir par ruiner l’économie. C’est ce qui s’est passé sous Thatcher. En 5 ou 7 ans de son règne ou de celui de Reagan aux Etats-Unis, les businessmen ont tout raflé, si bien qu’ aujourd’hui 200 familles possèdent les Etats-Unis et 20 ou 30 familles possèdent l’Angleterre. Le néo-libéralisme est venu avec la mondialisation. Je vais revenir sur la mondialisation mais Milton Friedman paradoxalement dans son livre de 2015, émettait des idées sur le rôle de l’État comme régulateur de la concurrence, comme surveillant d’une espèce de liberté où on paierait moins d’impôts, où les économies privées seraient privilégiées à l’économie étatisée, où les monopoles et les cartels seraient démantelés. Pourquoi démanteler les cartels et les monopoles? Ce n’est pas pour appauvrir les super riches mais pour faire en sorte qu’ il y ait des entités de taille suffisamment optimales, mais pas des super géants comme les cartels, comme l’empire de Rockefeller qui était un empire dans l’empire américain. Il s’est reconstitué après avoir été démonté fin du XIX° début du XX° siècle, avec les autres trust. Ce que voulait Milton Friedman, c’est que tout soit déconcentré pour permettre cette fameuse concurrence que voulait Adam Smith. Ces idées sont plus ou moins louables mais ce qu’on en a fait dans la réalité, s’est combiné à la mondialisation, qui est tout simplement la crise de la décennie 80, dès le début quand on a commencé à parler de crise mondiale. Il faut la mondialisation! Qu’est-ce que cette crise mondiale ?
Cette crise mondiale était le fait qu’avec l’économie réelle, le capitalisme dans le monde ne pouvait plus continuer à survivre ou à vivre sur le même rythme d’accumulation et de croissance. L’économie réelle est celle qu’on fait avec ce qui est matériel, réel sur cette terre (les arbres, les poissons, le fer, l’acier, le bétail et les céréales, les plantes, les immeubles, les meubles); on l’appelle le capital fixe ou le capital immobilisé. L’économie virtuelle doit se transformer en économie réelle pour servir à quelque chose; par exemple, il ne sert à rien d’accumuler à l’infini des informations via internet sur la façon d’élever le poulet. Il faut transformer cette information en hangar, en matériel, en médicaments, en antibiotiques, en soja, en maïs, en poussins et seulement quand cette information deviendra poulet, ce sera l’économie réelle, ce n’est pas l’économie de l’information que donne internet. L’économie réelle a commencé à rétrécir parce que le capital veut le profit maximum. Comme Marx l’a écrit dans les 2 premières phrases du 1° livre du Capital : « La logique du capital qui est mortel, c’est le maximalisme; le capital veut le maximum de tout et l’accumulation à l’infini et cela, c’est impossible ».
Dans ma réflexion, je suis arrivé au même résultat, avec la même intuition, qu’un autre économiste a qui on a donné le prix Nobel alternatif d’économie, le Chilien Manfred MAX-NEEF: la décennie 80 était celle de la séparation entre l’augmentation continuelle du PNB et l’amélioration de la qualité de vie et de la nature; les 2 courbes se sont séparées donc disons en 1985, le PNB continue à croître car il augmente avec les guerres, ou les épidémies (le Covid a fait augmenter le PNB du monde entier), mais cela ne veut pas dire qu’on est plus heureux, cela n’a rien à voir, il peut même nous rendre encore plus malheureux qu’avant. L’Angleterre, la France, les États-Unis où le capital était un capital libéral (à la façon dont Smith le concevait) est devenu un capital « prédateur » comme le dit l’un des patrons de la Faculté d’économie de Chicago dans les années 40, et un capitalisme destructeur, dit Schumpeter; le capitalisme mafieux, ce sont les Rockefeller, les Morgan, les Vanderbilt et les Kennedy: des fortunes qui se sont construites sur du trafic d’alcool, sur les dettes de l’Angleterre, de la France, de la vieille Europe qui n’ont jamais été remboursées, comme celles des États-Unis, l’un des pays du monde qui n’a jamais remboursé ses dettes alors pour les rembourser, ont été créées des guerres: la 1° Guerre mondiale puis la 2° guerre mondiale, une manière de dire à l’Europe : « Vous n’arrêtez pas de me mettre la pression pour vous rembourser les dettes que j’ai faites donc avec une guerre, je vous affaiblis ». On parlera un jour de la phase fasciste du capitalisme .
Je reviens à ce gâteau mondial qui a arrêté l’économie réelle, qui a arrêté de grossir; ce capitalisme libéral ne pouvait plus faire autant d’argent avec les arbres qu’auparavant parce parce qu’il y avait moins d’arbres, pareil avec les poissons parce qu’ il n’y avait plus autant de poissons… La Terre ne donne pas de poissons, d’arbres, de pétrole ou de charbon à l’infini, tout est limité. Or ce capital veut de l’infini. Que va t’il faire? Qu’est-ce que le néolibéralisme ?
1° point: ouvrir les frontières à tout le monde ! Liberté du commerce, il est stipulé dans le chapitre 11 de l’O.M.C (Organisation Mondiale du Commerce) que si vous n’ouvrez pas vos frontières, on vous punit, vous payez des pénalités, vous ne recevrez pas de crédit du FMI ou de la Banque Mondiale.
On peut donner l’exemple de l’ALENA, le libre-échange, tout circule, sauf les hommes! Suite à un accord entre les pays de l’Amérique du Nord et le Mexique, l’Alena a été créée car le Canada et les Etats-Unis manquaient de bois parce qu’on y construit essentiellement avec le bois; il aurait fallu aller chercher du bois au Pôle Nord mais celui de la calotte glacière est un bois mou qui ne peut servir à la construction. Donc le président mexicain, (toujours désigné par Washington), a permis cet accord de libre-échange pour son bois. Aujourd’hui le Mexique a un problème de déforestation et d’érosion des sols donc de pénurie de maïs à cause des dégâts fait à la forêt par son exploitation maximum par les États-Unis et le Canada. En Amazonie, on a fait faire à Bolsonaro la même chose parce que ce capitalisme financier en Europe, au Canada, et aux États-Unis a besoin de son bois. Ouvrez vos frontières! On vient chercher ce qu’on veut, quand on veut !
L’économie réelle a cessé de grossir donc le gâteau mondial aussi. Mais les pays nantis voudraient garder leur part du gâteau intacte. La seule façon est d’aller chercher la part des pays pauvres d’où la mondialisation et le néolibéralisme avec lesquelles tous les pays du Sud n’arrêtent pas de s’appauvrir ainsi que la nature et les pays du Nord qui n’arrêtent pas de s’enrichir (seulement pour les classes riches).
On nous a trompé avec le mot néolibéralisme car ce mot « libéral » en anglais dans son sens premier, est plutôt de gauche, celle d’Adam Smith soit le Parti Démocrate américain alors que « néo-libéralisme » est plutôt de l’ultra libéralisme. Le libéralisme, c’est la liberté de faire de l’économie mais avec les conditions, mais avec l’ultra-libéralisme, il n’y a plus de conditions: « Faites de l’argent comme le renard dans le poulailler qui fait ce qu’il veut avec les poules ! » Voilà donc ce que veut dire l’ultralibéralisme que nous avons vu comme étant du néolibéralisme.
Dans ce néolibéralisme le plus pur, il y a aussi les conditions de validités du Consensus de Washington, soit:-1-démonter l’État -2- privatiser -3- vérité des prix -4- vérité des salaires -5- liberté de circulation des capitaux
1- Démonter l’Etat, c’est démonter tout ce qu’ Adam Smith ou même Milton Friedman voulaient: déréguler, privatiser (vous êtes propriétaire de vos économies). Si nous avons déjà le pouvoir économique dans le monde et que nous avons aussi le pouvoir politique sans Etat digne de ce nom (qui défendent les intérêts du pays), on va faire ce qu’on veut. On va le démonter complètement et le transformer en ce qu’on appelle des spinnings d’or c’est-à-dire mélanger le privé et le public.
2-Privatiser c’est ce qui est arrivé à l’Argentine, qui jusqu’en 2001, était traitée comme le meilleur élève du FMI, le peso argentin était à parité égal avec le dollar américain, maintenu artificiellement parce que toute son économie appartenait à d’autres, alors privatiser? Dans n’importe quelles anciennes colonies ou pays émergents ( Argentine, Algérie, Congo, Gabon), quelle personne physique a accumulé suffisamment des capitaux primitifs pour acheter le service des eaux ou le service des chemins de fer ou l’électricité ? Il y en a pas, donc celui qui va acheter le Service des Eaux d’Argentine, c’est Vivendi, celui qui va acheter le Service des Eaux d’Algérie, c’est la Lyonnaise des eaux, qui va acheter le service des chemins de fer du Panama ou d’Indonésie, c’est Westinghouse. L’Argentine s’est donc trouvée à la fin des années 90, propriétaire de rien, tout ce qui avait été argentin, était propriété d’étrangers, la compagnie du téléphone, propriété de l’Espagne, le cuivre, propriété d’ ITT, les chemins de fer, de Westingrav, de Thomson. En 2001, elle se trouve ruinée. Voilà le néocolonialisme: on nous enlève en privatisant, par la « politique de réajustement structurel » pour notre bien, pour nous faire rentrer dans l’économie moderne, on nous achète le peu d’outil d’industrialisation et de production économique que nous avions
4- la vérité des salaires, c’est que, dans le même secteur, les salaires les plus hauts doivent glisser vers les salaires les plus bas. Aujourd’hui au Canada, il y a des gens qui travaillent dans l’agriculture, dans l’informatique, sur les autoroutes, dans le bâtiment, qui viennent du Mexique, du Guatemala par dizaines de milliers (pour le Québec seulement) parce qu’il faut que le salaire du Canadien ou de l’Américain du même secteur, glisse vers celui que le Mexicain accepte. Ce qui fait que le capital est toujours gagnant comme dit Samir Amine.
3- La vérité des prix, c’est les pays du Nord qui ont les 2 plus fortes monnaies, le dollar et l’euro. Partout où l’on va dans le monde, les produits et les services doivent avoir le même prix que dans les pays d’origine de ces devises, avec l’agence de coopération française et allemandes, notamment en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et en Afrique. Je voyage en dollars et paie avec mes dollars dans le Halliday où je vais dormir ou le Sheraton ou le Hilton où j’ai mangé. La chambre, le repas me coûtent le même prix qu’à Montréal en dollars. Au Bénin à Cotonou, au Sheraton ou au Novotel , une nuitée d’hôtel coûtait le même prix qu’un Sheraton à Montréal mais pour les Béninois c’est un mois de salaire de fonctionnaire moyen, une nuit un repas, c’est 3 jours de travail d’un ouvrier. Du même coup, avec le néolibéralisme, ils ont accentué le néocolonialisme mais ils l’ont transformé en nouvelle occupation par appropriation indirecte de notre économie et de notre monnaie qui ne valent plus rien sinon comparé aux monnaies étrangères. C’est un scandale, dans un hôtel, un restaurant à Alger ( je parle pas de gargote ou de hammam), vous payez, en équivalent euro, plus cher qu’à Paris, à chambre égale et le repas, c’est le prix d’un festin, pour un rouget, c’est plus cher qu’un repas complet dans un restaurant 4 étoiles de l’Opéra.
Question: La fin des années 80, c’est aussi la disparition du bloc de l’Est qui faisait contre poids au bloc de l’Occident. Est-ce une coïncidence qu’avec la disparition de l’URSS et le discrédit qui frappa les idées de gauche et leurs idéologies, le capitalisme, la loi du marché va devenir le maître, avec le libéralisme qui est finalement un juste retour aux sources du capitalisme, d’un capitalisme qui a pu être réformé grâce aux luttes sociales des pays occidentaux dans les années 50-60?
Je vous dirais tout de suite que le capitalisme aujourd’hui est en train de se saborder lui-même et je dirais même, heureusement que les pays d’Afrique, d’Asie n’ont pas rattrapé ni la France, ni la Belgique, ni le Canada parce que sinon, cela fait longtemps qu’on n’aurait plus de planète, donc hamdoullah, je remercie Dieu de les avoir maintenu à ce niveau. Ces jours-ci, on vient d’annoncer le jour du dépassement qui est calculé à partir de 1970, par des savants, des spécialistes du climat comme le Club de Rome. C’est le jour de l’année où on a déjà épuisé tout ce que la planète peut nous donner jusqu’au 31 décembre de la même année. En 1970, c’était le 14 décembre où l’ont commencé à vivre à crédit sur 1971 de 17 jours; chaque année, il a reculé et cette année, alors il y a l’over shooting global de la planète, ils ont trouvé le jour du dépassement par pays. Pour l’année 2023, le monde l’a atteint le 2 août; depuis, toute la planète vit sur 5 mois de crédit sur 2024, on a déjà pris 5 mois de ce que la terre donnera. Quand ce jour arrivera au 1er janvier, on n’aura plus de planète. Alors, le Sénégal, l’Algérie, l’Afrique étaient en négatif en février 2022, l’Europe en avril-mai, mais par contre le Canada et les États-Unis, c’est le 13 mars, qu’ils ont atteint leur over shotting; ils ont épuisé le pétrole, le blé, tout ce que la planète nous donne comme ressources, c’est-à-dire qu’ils vivent avec 8 mois de crédit sur 2024.

Il faudra faire une conférence ou un webinaire pour démontrer pourquoi et comment l’explication officielle donnée de la chute des pays de l’Est est fausse, de A à Z. Il n’y a jamais eu de chute des pays de l’Est à cause du communisme, d’abord parce qu’ils n’ont jamais fait de communisme; ils ont chuté parce qu’on les a asphyxiés avec la doctrine de l’endiguement, de l’isolement, de l’étouffement de l’après 2° guerre mondiale, élaborée par Truman. Churchill a été le premier, le 5 mars 1946 à Philadelphie, à prononcer les formules « rideau de fer » et de « guerre froide ». Le fameux rideau de fer, c’est le mur de Berlin, rebaptisé par les Occidentaux, les plus intéressés à l’avoir avec les Américains et les Canadiens, pas les Russes. Le « communisme » n’y est pour rien. Cette doctrine de l’endiguement qui a commencé avec le Mac Carthysme, a continué avec l’assassinat au sens propre du terme, des pays non alignés (tous les leaders de ces pays de 1962 à 1973, du premier Lumumba, au dernier Allende). Les 100 pays non alignés faisaient des échanges avec les pays de l’Est sans passer par le dollar, ni par la livre sterling, ni par le franc français, ni par le mark allemand. Le rouble s’échangeait à parité égale avec le dollar! Mais, il y a eu cette politique de l’endiguement et qui s’est terminée avec le fameux livre de Fukuyama, « l’histoire s’arrête à Washington ».
Finalement, heureusement pour ces pays-là car aujourd’hui, il y a les BRICS. Les pays occidentaux ont perdu toute forme de capital fixe immobilisé, il y a plus, comme l’a dit Jacques Chirac, d’usine avec des ouvriers en France. Macron pendant le covid, n’arrêtait pas de répéter que la France n’avait plus rien et qu’il fallait tout aller chercher en Russie, en Chine. On a vu l’extraordinaire: des Antonov fabriqués par l’Union soviétique qui atterrissaient à Washington avec des masques fabriqués en Chine! Le monde capitaliste a arrêté de produire et d’installer des unités de production parce qu’il profitait, comme le dit Samir Amin, des fruits ou de l’usufruit des produits de la périphérie, donc il n’a plus besoin de produire; même les t-shirts, les jeans que portent un Américain ou un Canadien, un Français, sont fabriqués aux Philippines, au Pakistan, en Inde, en Tunisie, avec des petites mains d’enfants. Le prix de revient d’un t-shirt par exemple, produit aux Philippines ou au Pakistan, c’est 85 centimes (la corruption du président des Philippines comprise). A New York, il se vend 30 dollars. Les Philippines viennent de faire un cadeau de 29 dollars 15 centimes aux États-Unis. On l’appelle « l’efficacité américaine ». Sans les produits chinois, philippins, pakistanais, du Bangladesh et il n’y a plus d’Occident. Aujourd’hui, les unités de fabrication et de production d’économie réelle se trouvent au Brésil, en Indonésie, en Corée, en Chine, en Russie, mais ils dépassent l’over shoot, le jour du dépassement 5 mois avant les autres.
Il faudrait arrêter immédiatement le système capitaliste, c’est lui qu’il faut bloquer tout de suite et laisser l’autre système, chinois, russe, les BRICS soient 25 ou 30 pays dont l’Arabie Saoudite, ( l’Algérie est en train de frapper à leur porte). Ce n’est pas pour rien qu’on a provoqué la guerre d’Ukraine mais pour faire diversion, et diversion avec le gaz, ouvrir l’Algérie, appauvrir la Russie, l’Allemagne ( les Etats Unis ont une peur bleue de l’Allemagne). Pour essayer de maintenir à flot ce capitalisme qui ne le peut plus lui-même, sinon en occupant et en exploitant des pays de la périphérie, il ne pourra jamais faire de la Chine, de la Russie, de l’Inde, des périphéries; il pourra le faire avec le Mexique, avec l’Algérie mais pas avec la Chine et l’Inde et encore moins avec le Brésil .
Question– J’ai suivi une émission entre un économiste de gauche et un autre de droite à propos du néo-libéralisme, 2 économistes de qualité: le néolibéralisme, ce n’est pas le laisser faire car il introduit un système de normes, un système de performances pour pouvoir exister. On a reproché à la Gauche d’appliquer un programme de Droite néo-libéral, ce que l’économiste de gauche a réaffirmé en disant qu’elle n’est pas libérale, elle n’est pas partisan de l’ultra-libéralisme, mais elle évoque le critère de compétitivité, elle n’est pas partisane de la privatisation des services publics, mais depuis 2012 avec le président François Hollande, la Gauche a toujours appliquée un programme de Droite néolibéral parce qu’ elle a trouvé une faille en disant qu’il faut introduire le critère de compétitivité qui est neutre. Sans critères de compétitivité, on ne peut pas créer de richesse.
Les Allemands, même s’ils contribuent à la richesse de l’Europe ne veulent pas sortir de l’Union Européenne, ils continuent à financer la dette des pays du Sud parce que l’Euro les arrange, il est plus faible que l’ancien Deutsch Marc, l’Inde est économiquement mieux classée que l’Allemagne. Est-ce qu’il ne faut pas le formater le capitalisme, est-ce qu’il faut lui trouver une solution, c’est-à-dire le faire vivre de façon à ce qu’il n’altère pas, qu’il ne crée pas « l’ensauvagement » de l’économie? On voit qui la Chine a réussi, est-ce parce qu’elle a su se mettre sur les lois de marché, quand on voit que la France sombre, il y a quelque chose qui ne va, et les États-Unis, pourquoi ils ne veulent pas payer leur dette colossale? Certains pays pratiquent le dumping social; quels sont les critères qui rentrent en jeu?
Alors, comment rendre l’économie (ou le capital) au service de l’humain? Tout simplement comme vient de dire Poutine suite à une réunion avec les pays africains: « Nous ne sommes pas pour le libéralisme, ni pour l’affreux néolibéralisme, nous sommes pour un nouvel ordre mondial multipolaire, sans néo-colonialisme non plus ».
Mais comment dans toute cette mondialisation, trouver le juste équilibre, et surtout pour l’Algérie qui est complètement rentière? Comment sortir de l’ère de Bouteflika qui a fait naître cette oligarchie, qui n’a créé que des hommes d’affaires et qui a complètement pourri l’économie algérienne en créant un fossé entre la population et une certaine élite économique, même s’il y a un professeur actif qui fait des conférences [Rires]?
Les choses de ce monde sont d’une extrême complexité et ce qui se passe, ce dont nous parlons et la façon dont nous en parlons est extrêmement réductrice et simplificatrice mais je vais m’expliquer en 2 mots sinon cela prendrait des binaires et des binaires que je fais par ailleurs, sans faire de publicité, dans un autre forum tous les jeudis.
L’économie, les transactions humaines de complexité inouï, c’est inatteignable. Le fameux livre d’un grand biophysicien Henri Atlan (d’autres aussi, Marie Labori, Albert Jacquard avec qui j’ai eu la chance d’écrire un livre « la rupture entre l’entreprise et les hommes »). Henri Atlan, qui est encore vivant mais assez âgé, comme Edgar Morin ou moi, a écrit « Entre le cristal et la fumée » qui mérite vraiment d’être lu. La 1° anecdote qu’il cite, parle du rapport entre la physique et l’économie, la thermodynamique, et des rapports entre toutes les sciences. Ce sont 2 philosophes chinois qui sont sur un pont et observent un ruisseau où il y a des poissons; l’un dit à l’autre: « Regarde comme les poissons sont heureux ! « ; le 2° lui répond: » Comment peux-tu dire que les poissons sont heureux puisque tu n’es pas un poisson ? » Et le 1° « Comment peux-tu dire, si moi je peux dire ou non, que les poissons sont heureux puisque toi, tu ne l’es pas non plus? »
Alors, la façon dont vous parlez du capitalisme et celle dont je parle du capitalisme. Vous, vous en parlez avec vos conviction, votre vie, vos expériences de vie, votre vécu et moi, c’est la même chose. Donc, où est le point où nos convictions vont se rencontrer? Ce point est considéré comme étant un discours objectif, scientifique, logique, démontrable, l’objet de raisonnements, d’arguments, que ni l’un, ni l’autre ne peuvent rejeter. Nous en sommes très loin ! Cette anecdote chinoise n’en est pas une, mais de l’épistémologie. « Tu ne peux pas dire que moi, je sais si les poissons sont heureux ou non, parce que tu n’es pas moi »: en terme épistémologique, on écrirait 5 livres là-dessus!
L’autre anecdote, c’est un juge, toujours chinois, aux Aigles, culture multimillénaire! (L’Occident s’amuse à donner de leçons de science, de connaissance et de sagesse aux Chinois et à l’Inde, il faudrait d’abord qu’il revienne quelques milliers d’années en arrière). Un juge qui donne la justice face à ses étudiants, ses disciples; il y a 2 plaignants A et B qui se plaignent l’un de l’autre. A dit que B lui a fait ceci, qu’il est menteur, hypocrite, voleur; le juge, sage philosophe, lui dit qu’il a raison puis donne la parole à B qui dit exactement le contraire de A, que c’est l’autre le menteur, le voleur et le sage juge lui dit qu’il a raison. Les disciples se lèvent scandalisée et leur maître leur dit qu’ils ont raison. Qui a tort, qui a raison, la Chine, les USA, le dollar, le yen? Pour faciliter la façon de parler de ces choses extrêmement complexes entre êtres humains, pour expliquer ce qui se passe sur le marché par exemple, on pourra faire un binaire sur la comparaison entre le marché traditionnel, le souk, la vente par adjudication. Comment expliquer ce qui se passe entre 2 personnes qui sont en transaction et qui fixent un prix sur ce qu’ils vont échanger : j’ai des chaussures et toi des biftecks, on discute et on se met d’accord sur combien de paires de chaussures contre combien de biftecks . Ce que montre Henri Atlan à travers ces 2 anecdotes, c’est que, ce qui se passe entre les êtres humains, est quelque chose qui nous échappe à 99%, et donc le petit 1% dont nous pouvons parler, c’est de façon réductrice et simplifiée. Pour pouvoir en parler, une anecdote en épistémologie bien connue. C’est l’histoire de quelqu’un qui est sous d’un lampadaire la nuit et qui cherche quelque chose à la lumière. Une personne passe et lui demande ce qu’il cherche. Mes clés, répond-il. l’autre continue: « vous les avez perdu ici ? » « Non, là-bas ». « Mais alors pourquoi vous les cherchez ici ? » « Parce qu’il y a la lumière, je peux voir! » Pour nous, il y a la lampe d’Adam Smith, celle de Milton Freeman, de Thatcher, ou de Raymond Barre. Alors, en enlevant toutes ces lampes, essayons de parler .
Rachid, un auditeur, a écrit que la Chine a réussi parce qu’elle a introduit le capitalisme ! Non, j’ai le regret de dire que c’est l’inverse, c’est la Chine qui a sauvé le capitalisme! Parce que sans ses extrêmement bas prix, le capitalisme serait mort depuis 20 ou 30 ans. C’est grâce aux prix vietnamiens hyper bas, chinois d’abord, japonais ensuite, puis les pakistanais, philippins (mais surtout chinois car leurs produits sont de meilleure qualité). L’ Américain, le Canadien moyen, le Français, le Suisse, le Belge et tous les pays occidentaux, depuis leurs chaussures, leurs chaussettes jusqu’à leurs casquettes, tout est fait en Chine et au Pakistan. Si les jeans étaient faits aux Etats-Unis avec les salaires américains de 150 dollars par jour, personne ne pourrait les acheter. Les produits de luxe français (LVMH, Hermès) qui n’ont jamais délocalisé, préférant payer la main-d’œuvre à des salaires beaucoup plus élevés que si c’était fabriqué en Chine, se trouvent implantés à Pantin en Seine Saint-Denis dans le 93. Hugo Boss qui appartient à un groupe allemand, n’a jamais délocalisé, ni les grandes marques italiennes Valentino. Mais ils sont arriver à engranger beaucoup d’argent et leurs entreprises sont florissantes.
La Chine a pris le secteur du moyenne gamme, et a tué économiquement le textile algérien. j’ai une amie dans le Sud algérien qui une petite formation de désigner. Elle a dû fermer, elle n’arrivait plus à faire face à cette concurrence.
La Chine se définit comme un socialisme de marché, mais la Belgique a une constitution « socialiste ». On me dit que les pays socialistes ont échoué, alors donc marché socialiste ou socialisme de marché, ce n’est pas le capitalisme.
Comparons le niveau et la qualité de vie des ouvriers Chinois d’aujourd’hui. Que veut dire capitalisme chinois ? La Chine se définit comme Socialisme de marché. On parle souvent que les ouvriers Chinois souffrent, qu’ils sont dans la misère ! Il faut les comparer aux ouvriers américains, canadiens, français du XIX° siècle même si la Chine est aujourd’hui dans XXI° siècle. L’ouvrier de 1960 à Montréal, (j’ai commencé à y venir début des années 70), qui habitait les quartiers pauvres, s’est organisé en un mouvement de libération du Québec, le Front de Libération du Québec, qui voulait faire un Québec à l’image de Cuba. Imaginez les Etats-Unis qui se retrouvent avec un Cuba au Québec ! Ils auraient massacré tous les Québécois, il n’aurait jamais laissé faire. Dans les années 60, les ouvriers québécois, comme les frères Rose, vivaient dans un bidonville d’une insalubrité, d’une pauvreté incroyable qui s’appelle le faubourg à mélasse; on fabriquait le sucre, il y avait des tanneries. Comparez à l’ouvrier Chinois d’aujourd’hui !
Tous ces mensonges viennent du fait que nous n’avons pas accès directement à des médias chinois ou russe, ou japonais, allemand. L’Allemagne est obligé de passer par les 3 agences d’informations des Etats-Unis qui dominent le monde : Reuter, Associated Press, United Press International. C’est elles qui nous donnent toute l’information de ce qui se passe en Chine. Je préfère voir ce qui se passe en Chine par l’intermédiaire de sources directes.
Je pose cette question fondamentale , celle d’ Umberto Maturana, un grand biologiste Chilien, spécialiste du cerveau. (Il a écrit avec Francisco Varela un livre extraordinaire d’intelligence et de pouvoir scientifique) : est-ce que lorsque, en économie et en gestion, quand les stratèges construisent des éléments de description de l’environnement mondial, pour constituer leur théorie ou leur stratégie de comment agir sur la compétitivité, sur les prix, sur les échanges, est que c’est un environnement que leur cerveau décrit de façon extérieure ?
A partir de leurs travaux en biologie, Ils ont cherché comment le cerveau fabrique ce que nous percevons et si c’est objectif et indépendant de notre cerveau. C’est la très vieille question que pose Diogène : la fleur que je suis en train d’admirer, si je n’étais pas là pour la voir, est-ce qu’elle existerait? Autrement dit, est-ce que c’est seulement parce que je suis là et que je vois la fleur, qu’elle existe? Si je me tourne, mon cerveau ne la voit plus et elle n’existe plus. C’est comme dans la mécanique quantique, c’est défini , c’est une boule là, je la regarde elle est là, je regarde ici et là, qu’est-ce qui s’est passé? Alors, ma Tournade extrapole, c’est pour ça que je parlais d’ Atlan et des sciences; je suis un fervent partisan et si on continue, Inchallah, à échanger, on verra que je ne suis partisan d’aucun raccourci dans les connaissances, dans le savoir. Dans le fast-food de la pensée où on ne pense pas, s’il faut penser, il faut penser comme il faut et complètement, et pas avec des petits bouts de ficelle. Or toutes les théories économiques néolibérales, managériales, ce sont des bouts de ficelle qu’on attache les uns aux autres pour comprendre des choses auxquelles on ne comprend rien.
Pour vous donner un exemple rapidement, Jacques Welch, celui qu’on enseigne dans les MBA comme le grand champion des machins de l’économie, il a pris Haïti NT, il a vidé 30% des gens et il a gonflé ses actions; il est parti avec 8000 ans de revenus moyens américains en prime de retraite, on appelle cela du génie managérial capitaliste; même chose pour ELVMH de Bernard Arnaud, il n’a gardé que Dior, la branche la plus rentable en France; tout le reste il l’a délocalisé en Pologne; l’industrie du luxe, ce n’est qu’un iota de 1 centième de epsilon de ce qui fait l’économie. Un ami économiste Michel Soski , professeur distingué d’économie universelle d’Ottawa a écrit un livre qui s’intitule « l’économie du luxe ». J’ai vu place Vendôme à Paris, un chromé cellulaire à 5000 €! Est-ce que cela sert l’économie réelle, l’économie des Parisiens et des Parisiennes, les étudiants pour se loger, pour manger ? A Paris, ils sont obligés de s’entasser à 6 et 7 par chambre, ici ils s’entassent par 10. A quoi cela leur sert qu’ELVMH vende des cellulaires à 5000€? L’économie du luxe est l’ennemi de l’économie réelle, comme l’économie virtuelle, comme la bourse.
En Argentine, j’étais dans un grand congrès international dont l’ouverture était confiée évidemment à un grand ponte de la Banque Mondiale de Washington. Ce Monsieur nous saoule pendant une heure avec les théories de compétitivité, de compétition, déréguler, enlever l’Etat, qu’on connaissait tous par coeur. Aujourd’hui encore, dans n’importe quel congrès d’économie, on parle de Dumig, le discours interuniversitaire garantie, soit : marché, compétitivité, chaîne de valeur. Je suis intervenu pour lui dire d’ arrêter de répéter les mêmes choses et je lui demande s’il n’a pas autre chose à dire, puis je lui pose la question: si nous faisions l’hypothèse que l’être humain est une créature qui désire vivre en collaboration et pas en compétitivité, qu’ils désirent vivre en état d’amitié et d’entraide et non pas en état de chacun pour soi, où chacun prend à l’autre ce qu’il a, que deviendrait votre théorie ? Cette hypothèse vient du fait que des êtres humains, les Pygmées dans la Jungle du Cameroun ou les habitants de l’Amazonie vivent en collaboration, en entraide.

Pour répondre à Rachid sur la Chine, la Chine a sauvé le capitalisme avec ses prix bas, comprenez bien, la Chine applique un socialisme de marché, mâtiné de procédure technique qui vient de l’économie (non pas particulièrement du capitalisme) centralisée et avec toujours une idéologie et une façon de fonctionner qui maintient le centralisme démocratique qui était l’un des piliers de l’organisation de l’Etat de l’Union Soviétique et de la Chine. On ne peut pas dire que les sociétés d’Etat chinoises, c’est du capitalisme; elles appartiennent à l’Etat et dépendent du bureau central du Parti communiste et du centralisme démocratique; elles sont arrivés aujourd’hui à dépasser les Américains sur la lune. Les Américains vont lancer une fusée vers le pôle Sud car il suppose qu’il y a de l’eau; la NASA pense que les Chinois sont en train de les dépasser parce qu’ils ont adapté des éléments d’une forme d’économie dite sociale de marché ou le bien-être, l’entraide, la coopération, l’intégration du citoyen dans la société n’est pas oublié. En France, en chiffres relatifs, il y a plus de gens qui dorment dans la rue qu’en Chine aujourd’hui.
Question – Sur les politiques économiques en Algérie, mais avant cela je profite agréablement de cette puissante Master Class algérienne de très haut niveau intellectuel, Merci, Choukrane ! Les réformes économiques introduites depuis le milieu des années 80 sont-elles néo-libérales ? Ce n’est pas de la politique, la rente est distribuée par un pouvoir autoritaire. Comment qualifiez-vous les réformes introduites depuis la présidence de Chadli jusqu’à Bouteflika ?
J’ai déjà parlé de bricolage, beaucoup plus que de l’élaboration et de la modélisation. Le modèle pose des problèmes. Avant peut-être, la fabrication de Jean faisait un très long voyage pour un produit fini à cause de la matière ramené d’un peu partout pour obtenir une qualité supérieure. Maintenant, il en vient quand même de Chine, mais il y a des gens qui hurlent: « Ne nous enlevez pas les Etats-Unis, la France, on veut garder Washington, Hollywood, on veut garder l’espoir de devenir Bill Gates! » Oui, mais en l’Algérie, il y a « l’encadrement de la réflexion », la réflexion est partielle donc j’essaie de mettre en contexte, les choses dans leurs perspectives.
L’Asie, la Chine et tout autour les dragons, sont en train de dépasser l’Occident et donc l’Algérie quel que soit les bricolages économiques qu’elle peut faire; il y a des causes endogènes comme le contrôle de la monnaie, le contrôle des termes de l’échange, de la coopération, de l’exportation, toutes ces choses qui empêchent d’aller aussi loin qu’on voudrait dans une réforme, dans un sens ou dans un autre.
On voulait se mettre à fabriquer des automobiles, des camions, des bateaux, des éléments d’aviation, de pétrochimie. Les fonds de compensation, les espèces de PPP la coopération publique-privée, le fond de régulation, tous ces éléments-là ont fait partie de cette réforme qui a duré jusqu’à récemment. C’est toujours du bricolage à partir d’éléments de la pensée économique impossible, qui dépasse largement les capacités même de nos propres penseurs à élaborer des stratégies économiques aussi géniales qu’on puisse rêver. L’économie ne peut pas être en croissance indéfiniment et pour tout le monde. Par exemple sans pétrole, c’est quasiment impossible d’envisager un vrai décollage; le pétrole c’est 33000 produits, pas juste du liquide qu’on brûle. Sur la quantité mondiale, 70% qui est accaparé par les pays nantis, 15-20% par la Chine, l’Inde, le Brésil, les BRICS et les autres pays afro-asiatiques d’Amérique Latine du même niveau que l’Algérie. Qu’est-ce qu’on peut développer? Toute l’Afrique, à part l’Afrique du Sud ( pour les Blancs parce que pour les Noirs, rien n’a changé), a eu le pouvoir symbolique de la présidence mais pas le pouvoir économique. Comment se fait-il que sur les 55 pays d’Afrique, il n’y en ait pas un seul qui a pondu une politique économique qui le sorte de l’état de non développement? Il n’y a pas que l’Algérie pourtant avec la particularité de disposer du pétrole et du gaz, qui ont, un certain moment, rapporté énormément de ressources. Au début, l’industrie industrialisante, a commencé avec des usines clé en main, à crédit le plus souvent. Puis on a eu, surtout après la nationalisation, des rentrées d’argent énormes avec laquelle on aurait pu développer 3 choses que j’ai toujours martelé depuis 40 ans, de la même façon que je martèle que la mondialisation serait une catastrophe pour toute la planète
-1- l’éducation– L’Inde est en train de devenir le principal fournisseur de matières grises des Etats-Unis, grâce à l’éducation et à la qualité de leur université, une bonne partie de la très haute technologie américaine fonctionne avec des ingénieurs qui travaillent à partir de Bombay.
En 80 années, les Chinois sont passés de la préhistoire (en 1920-24 du temps de Mao, en Chine, c’était la préhistoire: pas d’école, même dans les petites villes), aux années 80 pour l’instruction. En Algérie, il y avait des écoles de formation professionnelle qui formaient des plombiers, des électriciens, des mécaniciens, j’ai moi-même envoyé des gens se former dans ces centres. Maintenant, elle est en difficulté à cause du système d’éducation qui est une des composantes fondamentales de toute théorie ou stratégie économique, la connaissance, la capacité de penser les choses, on ne l’a plus. Premièrement, le système de d’enseignement et de formation en Algérie est complètement Kaput. Deuxièmement, pour les infrastructures, il faut se tourner vers les industries d’exportation, il faut sortir du monopole du pétrole et des hydrocarbures exportés , mais exporter quoi? Qu’est-ce qu’elle a appris à fabriquer et où sont les techniciens supérieurs, les spécialistes, les ouvriers capables d’usiner une pièce d’acier, de cuivre, de nickel pour fabriquer quelque-chose d’exportable ? Qu’est-ce qu’on va exporter vers l’Espagne, vers l’Italie qu’ils n’ont déjà, quoi ? Des dattes, du miel, même pour le miel, il n’y a plus d’abeilles !
Donc 2° chose, déjà l’éducation et les infrastructures de fabrication, et l’acheminement, dans le Sahara, je sais car il y a de l’eau dans la nappe phréatique; imaginons qu’on puisse faire des choses exportables, des agrumes jusqu’à des produits lyophilisés, où sont les capacités de transport suffisantes pour aller depuis le Grand Sud jusqu’aux aéroports, et aux ports ? Tout fonctionne encore avec les infrastructures vers l’étranger qui datent du colonialisme. On aurait pu avec les 250 milliards qu’on avait en réserve du temps de Sellal, en mettre une grande partie dans la valorisation non pas de l’agriculture du Sahara car il y a beaucoup d’eau mais dans l’instruction et les infrastructures.
Question- Le problème est tout autre donc difficile de développer , il faut mettre le paquet sur l’éducation mais en Algérie, il y a beaucoup d’universités mais pas de grandes écoles comme en France où on forme des ingénieurs d’élite, le président d’AXA est sorti de HEC , Fleur Pèlerin est sorti de d’ESSEC, celui qui a fait le pont de Normandie, Michel Virlogeux est sorti de l’école nationale des Ponts et Chaussés. Il y a 2 manières de former un ingénieur: soit il reçoit une formation générale qu’ il valide à la fin de sa formation et il a un diplôme scolaire suite à un cursus bien défini, soit il est formé par une grande école d’ingénieur.
Ensuite, l’Algérie a beaucoup de problèmes concernant les sols accentogènes, avec le stress hydrique, et le manque d’ingénieurs en agronomie, de géologues, de géotechniciens, d’ingénieurs en mécanique des sols, on forme des ingénieurs généralistes, polyvalents qui ne sont pas spécialisés.
Autre chose, Monsieur Ouyahia a pris la décision de fermer les entreprises. On vient dans le bureau des gestionnaires pour leur dire que l’entreprise est défaillante, elle est en déficit. La solution est la relocalisation, trouver un emploi pour les ouvriers, pour les salariés, mais il faut fermer les entreprises. Est-ce qu’il n’y a pas des contrôleurs de gestion opérationnels, au moins des auditeurs? La Sonatrach elle, a des auditeurs, des contrôleurs de gestion, de grands ingénieurs, des économistes, parce que c’est la vache à lait et il faut y mettre tout le paquet pour nourrir le peuple. Par exemple la SNLB, la société nationale du liège et du bois ( je rends hommage à M. Garba, qui l’a sauvé, il est à la retraite) qui a été vendu pour un dinar symbolique, il a restructuré l’entreprise.
Sur le plan de la gestion, il y avait des économistes de haute stratégie, quand il y avait Monsieur Joudy, ministre des Finances; il était contre les grosses industries. Déjà sous Boumediene, des économistes ont alerté : « Attention il faut mettre fin à cette grosse industrie » et paraît-il, même l’URSS a déconseillé à l’Algérie d’investir massivement dans les usines fournies clé en main, qu’on appelle des usines de fabrication par endettement. Et tout cela est un échec d’économistes. Pourtant il y avait des planificateurs, il y avait des penseurs, il y avait une équipe qui travaillait au secrétariat au plan, qui étaient d’un haut niveau intellectuel. Pourquoi ils n’ont pas sauvé cette économie algérienne ? Que proposez-vous concrètement pour amener les gouvernants à écouter des spécialistes sur l’Algérie ?
Bon, allons à l’essentiel. Les 3 piliers à partir desquels on peut commencer à penser une politique économique qui peut marcher, c’est une autosuffisance alimentaire mais si on est obligé d’aller acheter à l’extérieur alors qu’on exporte rien sinon les hydrocarbures et que le reste on l’a à crédit et qu’on a des dettes et qu’on est même pas capable de produire les oignons que nous mangeons nous-mêmes et les tomates, comment voulez-vous qu’on commence à produire des freins, des gentes, des pneus, des bicyclettes des motos, à exporter?
Il faut d’abord commencer par être autosuffisant pour manger et cet argent qu’on met pour acheter ce qu’on mange et bien, on le mettrait dans la fabrication et l’achat de machines-outils, avant de les fabriquer nous-mêmes et avec ces machines-outils, réaliser la formation donc l’éducation dont je parlais le 2° pilier et le 3° pilier les infrastructures dont la connectivité, Internet et tout ce qui suit.
Parlons des grandes écoles. Napoléon les a créé en France autour de 1805, au tout début du XIX°s, soit à l’apogée de la Révolution Industrielle. ( je parlerai de ces facteurs dans un autre forum, dont on a convenu avec Si Rabah sur l’évolution du capitalisme, du néolibéralisme vers le fascisme). Napoléon a très bien vu que cette révolution industrielle basée sur une main d’œuvre à plus-value absolue, soit une valeur ajoutée, obtenue par la force; les ouvriers en Angleterre, en Flandre, un peu après, en France et en Allemagne étaient conduits de force manu-militari par les militaires baïonnettes dans les côtes, pour rentrer travailler dans les manufactures. Ils ne voulaient pas y travailler parce qu’ils y souffraient trop à faire ce capitalisme. Pour dépasser ce stade-là, les Allemands avec Bismarck à partir de 1870, ont commencé à élaborer le système dual et de cogestion qui va permettre un décollage à la révolution industrielle allemande qui va faire des bons, qui va très vite atteindre et dépasser ceux de l’Angleterre et de la Flandre. Donc, Napoléon a créé ces grandes écoles car il a compris que la connaissance avancée est nécessaire pour faire fructifier les facteurs de production de base que sont la matière première et l’ouvrier exploitable par son surtravail. Napoléon a été aussi à l’origine de toutes les réformes depuis l’éducation nationale jusqu’aux sous-préfectures et de l’administration française et donc des infrastructures, les grandes écoles seules n’étant pas suffisantes, il faut les 2 et entre les deux, il faut l’intermédiaire, des écoles de formation professionnelle. Napoléon avait le souci de faire avancer son pays natal, la Corse, très en retard par rapport au continent; il a mis au point toute une série de filières intermédiaires entre le primaire et les grandes écoles. Si on faisait cela en Algérie, ce serait extraordinaire. Mais non! Ceux qui sortent des grandes écoles comme moi, sont allés au Canada, aux États-Unis (moi je n’y suis pas allé, on m’a mis à la porte!).
Question-Vous avez déclaré qu’il faut dissoudre les grandes écoles de gestion il y a quelques années; ça a été même publié dans les journaux ici !
J’ai dit qu’il fallait fermer les écoles d’économie néolibérale et de gestion, grandes ou pas grandes, peu importe, parce que l’économie néolibérale et la gestion c’est blanc bonnet et bonnet blanc. La gestion, c’est le bras armé qui applique la pensée néolibérale économique, qui est le bras armé qui transforme ce que fait l’entreprise en théorie économique appliquée. Oui et j’ai même écrit de les fermer « le temps de repenser ce qu’on y enseigne », autre chose que le néolibéralisme, le maximalisme et le profit maximum. C’est d’ailleurs ce que vous voulez faire Sarkozy en 2008 pendant la crise; il voulait réformer, refonder le capitalisme et François Hollande l’a repris, ils voulaient moraliser le capital. Aux États-Unis, même chose, l’université Columbia l’immense université de New York a fermé et Harvard également; ils ont fermé John Hopkins, notamment le département de comptabilité et des finances le temps de revoir complètement le système financier et comptable tel qu’il est enseigné à cause de ce qui s’est produit en 2008. Mais évidemment ils ont tout de suite été rattrapés car, comme l’a dit Obama, c’est Wall Street qui a le pouvoir non seulement à Washington mais aussi à Paris, via les Rothschild. D’autre part, moraliser ou adapter le capital, c’est impossible !
Le capitalisme ne peut durer sans ces 3 piliers fondamentaux. Les 2 premiers piliers fondamentaux sont l’appât du gain, de la cupidité et l’accumulation infinie. Or la cupidité et l’appât du gain c’est le contraire de la morale. Adam Smith voulait la même chose d’ailleurs Marx s’en est inspiré à 80% . Une entreprise privée oui, mais pas exploiteuse au maximum, ça existe en Chine où le patron fait de l’argent oui, mais il ne fait pas ce qu’il veut, il y a des balises qui sont fixés par le Comité central du Parti communiste, par les cellules du Parti communiste du lieu de production et qui font partie des comités de comptabilité et de vigilance et d’audit.
Question- Bismarck a établi la loi de la cogestion; depuis l’atelier, il y a des comités paritaires ouvriers syndicalistes, le patron et les actionnaires à parité égale où chacun a la même voie de l’atelier jusqu’au directoire, jusqu’à la stratégie, pour aboutir à une espèce d’auto-contrôle qui fait que le capitaliste perd ces éléments qui le dévoient, l’excès de cupidité, l’excès d’appât du gain. Alors, comment justifier que Bernard Arnaud gagne 410.000 ans d’équivalent de son ouvrier Polonais, qui devrait travailler depuis la première heure glaciaire jusqu’à aujourd’hui pour y arriver?
J’ai écrit aussi dans des articles non publiés, que dans les écoles d’économie néo libérale et de gestion, on enseigne les 7 péchés capitaux et les péchés mortels. La finance, c’est la gourmandise. La comptabilité, c’est l’avarice. La stratégie, l’ambition de la direction, c’est l’orgueil. La production, c’est le vol, le vol de la nature, du salaire de l’employé; c’est profiter de la faiblesse d’autrui pour sa satisfaction personnelle et c’est un péché mortel. Voilà ce qu’on enseigne dans les écoles d’économie et de gestion. Alors pendant 3 ans, on met dans leur tête que c’est de la science ( ce qui est faux) et tous les péchés capitaux et on veut qu’ils sortent le bien de ce monde, avec des gens qui sont formés à penser et appliquer le péché.

Vous m’avez demandé tout à l’heure ce que je pensai de la demande d’adhésion de l’Algérie aux BRICS, de la présence de plus en plus important de la Chine en Afrique. Ces derniers jours, j’ai lu un article sur les manifestations populaires au Niger. L’auteur écrivait, qu’il était désolé de constater que les Africains voulaient remplacer un néo-colonialisme par un autre. Je pense du bien de la candidature de l’Algérie aux BRICS, bien entendu.
J’ai énormément travaillé au Brésil et je parle couramment le Portugais. J’ouvre une parenthèse pour détendre l’atmosphère. Figurez-vous que j’ai étudié en arabe, même si j’étais berger jusqu’à l’âge de 11 ans. Pour commencer l’école, mon père m’a inscrit dans une école française; comme on était au Maroc, on était obligé d’être inscrit dans une école française, mais le FLN avait déclaré la grève des études la même année, donc il m’a enlevé de l’école française et m’a mis à l’école coranique. Mon frère qui avait 14 ans, est monté au maquis, mais moi j’étais trop jeune. Donc j’ai fait une année d’Arabe à l’école coranique puis, à la fin de la grève, je suis retourné à l’école française et je suis tombé sur un professeur d’Arabe Libanais, pour l’heure d’arabe obligatoire depuis l’école primaire. J’ai terminé l’école primaire en 2 ans grâce à des gens extraordinaires qui m’ont énormément aidé, des instituteurs communistes anticolonialistes qui ont sorti mon cerveau de l’herbe de mes moutons. J’ai terminé 1° de la classe et 1° de la promotion au Certificat d’Etudes.
Je parle couramment le Portugais, l’Espagnol et l’Arabe. J’ai eu un professeur Libanais extraordinaire, plusieurs années de suite, depuis la 1° année de lycée, une ou deux heures par semaine, qui nous a hissé en trois ou quatre ans, du niveau arabe primaire à quasiment à celui de la licence; incroyables les lectures et les poésies qu’ils nous donnaient à étudier, à tel point que j’ai été professeur d’Arabe en donnant des cours privés à des enfants faibles et même à des lycéens de première ou terminale. Le jour de l’examen d’Arabe, je faisais mon devoir et celui de 5 ou 6 copains en même temps; j’avais 20/20 et les autres, cela dépendait de ce qu’ils me donnaient ( chocolat, cigarettes).
Une autre parenthèse: depuis que je suis au Canada, + de 40 ans, aucun pays arabe n’a traduit un seul mot de ce que j’ai écrit, alors que les Espagnols, les Portugais, même les Anglais m’ont traduit immédiatement et m’ont invité, alors je leur promettais parler leur langue s’ils continuaient à m’inviter, ce qui fait que maintenant je parle portugais, espagnol mais je ne peux plus faire une phrase complète en arabe classique. Je voudrais m’y remettre.

Pour les BRICS, oui bien sûr l’adhésion de l’Algérie je suis pour, c’est une excellente initiative, c’est l’avenir car tout simplement; elles ont les capacités à installer la production industrielle et de survie économique dans les 15, 20, 30 pays où elles se trouvent, en Amérique latine, au Brésil, en Afrique du Sud au moins et particulièrement la Chine, la Russie et l’Inde. Tout le reste de l’Occident n’a plus rien, le Canada et les États-Unis n’ont plus de capacités pour quoi que ce soit. Le Canada n’a pas de marque de voiture; il fait du montage de voiture américaine, il dépend à 95% de l’économie américaine. Les États-Unis ont tout délocalisé partout; pendant son mandat Donald Trump a crié qu’il fallait rapatrier, (Jacques Chirac aussi d’ailleurs et Dominique de Villepin; François Hollande voulait rapatrier toute la main d’œuvre), en vain! Il leur reste le dollar et l’euro, c’est tout, qu’ils essaient de maintenir le plus acceptable possible par rapport au rouble et au yen en jouant sur les taux de réserve et d’obligation, en dollars et en euros depuis le Tiers-Monde pour se maintenir à flots. Mais ça ne suffit pas car la monnaie doit être assise sur un étalon or, le dollar ne l’a plus depuis Nixon. Il a l’étalon-pétrole, ce qui reste à voir avec les aléas des gazoducs et des oléoducs. C’est l’une des raisons de la guerre d’Ukraine; la Russie, la Chine découvrant du pétrole et du gaz un peu partout dans le monde, il faut essayer de maintenir l’étalon pétrole-hydrocarbures qu’ils sont en train de perdre. En ce moment, ils vendent massivement à l’Europe qui n’a pas le choix, à des prix exorbitants, leur gaz de schiste, après avoir saboté le gazoduc russe. Cela ne va pas durer.
Imaginons que l’Algérie rentre dans le BRICS et réalise le gazoduc Nigéria Algérie; de la frontière avec le Nigéria, il traverse le Niger jusqu’en Algérie qui devient distributeur mondial de gaz, en plus du sien. Mais il faut rentrer au BRICS, j’insiste. 30 pays frappent à la porte et ils ont raison car la puissance uniquement de taux de change, de valeur de monnaie basée sur une provisoire puissance militaire et puissance de domination idéologique par le capitalisme, cela ne suffit pas. Oui, il faut rentrer aux BRICS et on va basculer inch’Allah vers le camp des vraies capacités à installer des productions d’économies réelles et non pas de spéculation et de capitalisme financiers basés sur les 7 péchés capitaux ou l’industrie de luxe qui ne sert à rien.
Et la question sur la Chine ?
La Chine ne joue pas du tout de même jeu, elle n’a jamais été colonialiste, n’a jamais cherché à l’être. Elle va là où on l’invite ou bien elle propose, mais c’est tout: « vous voulez cela ? Non, vous n’en voulez pas ? Alors, on s’en va ! » La Chine n’a pas de base militaire partout dans le monde comme les États-Unis ou la France.
Le Bénin est l’un des 1° pays où la Chine est rentré sérieusement en Afrique. Elle a construit gratuitement le siège du Parlement du Bénin, toujours gratuitement le siège du gouvernement et le siège de la plus grande université (il y en a 2 à Cotonou), et ils ont installé une capacité de production de motocyclettes, car au Bénin, au Togo, au Burkina Faso, en Guinée, en Guinée-Bissau, une mobylette c’est une PME! Les gens font de la livraison d’électroménager, j’ai vu un type sur une mobylette avec un énorme frigo attaché sur sa tête, pour le livrer. Il y a aussi des motos-taxi en Afrique subsaharienne. Et les Chinois ont tout de suite mis côte à côte un ouvrier chinois et un apprenti béninois. Maintenant les motocyclettes qui circulent au Bénin sont toutes fabriquées au Bénin et les Chinois n’ont touché totalement que les royalties des 1° productions: la première 100% chinoise, la deuxième 50%, la troisième 25%, la quatrième 100% béninoise et c’est fini! Et les Russes s’ils veulent s’installer comme les Chinois, ils sont obligés de faire pareil, en laissant les pays africains dépasser le stade du simple fournisseur de produits et de travail de base.
Mais les autres pays veulent maintenir le reste du monde, dans « la théorie des archipels », surtout la périphérie, avec 2 conditions fondamentales. 1- en tant que simple fournisseur de matière de base 2- en simple fournisseur de main-d’œuvre bon marché.
Merci Lyes pour la dernière question de Madame Malika Chabanis disait tout à l’heure que, si on ne produit que du pétrole, on va se découvrir, on va se livrer, on va être écrasé peut-être. Vont-ils nous intégrer comme ce fut le cas de l’Afrique du Sud en 2010, (d’ailleurs plus pour une approche politique que pour une approche économique). Je souhaiterais si on nous en donne l’occasion, être en tant qu’observateur, en attendant de restructurer, de faire des réformes vraiment fortes parce qu’il faut être réaliste. Et pour finir: est-ce qu’on doit rester un État providence si on ne produit rien ?
Une autre question m’a interpellé. Quelqu’un a demandé pourquoi l’Arabe, ne servait que pour la poésie ! Je voulais dire que si les pays arabes m’avaient invité, avaient traduit mes livres, ils en auraient profité comme le Mexique, la Colombie, le Brésil, ce sont des pays qui m’ont donné des médailles, des récompenses, il y a même des écrits qui ont été faits par le Brésil sur l’importance de l’apport des connaissances de Omar Aktouf; j’aurais voulu donner cela aux pays arabes, et puis j’adore la langue arabe, j’adore la poésie.
Pour les BRICS, on y entre « en apprenti » , j’allais dire qu’on arrive aux BRICS, je suis d’accord avec la vision de Lyès. On y arrive en faisant table rase de toutes les illusions et tous les bricolages sur lesquels on s’est assis jusqu’à maintenant avec la rente des hydrocarbures. On rentre aux BRICS en apprenti, en faisant pour l’éducation comme les Chinois, les Brésiliens. J’ai même contribué à un programme brésilien qui s’intitule « les cent mille cerveaux », cela ressemble à un programme qu’ont fait les Japonais il y a 20 ans. Il faut prendre les majors de promotion dans tous les domaines, (sauf l’économie et la gestion), toutes les filières, surtout techniques, de très haute technologie. Les 100.000 majors de promotion des 5 universités publiques ( les meilleures au Brésil, en Chine et en Russie sont publiques), les universités privées payantes et de mauvaises qualité sont pour les faibles, qui n’ont pas réussi à l’examen d’entrée à l’université publique, très difficile autant en Chine qu’en Russie.
Donc les majeurs de promotion du public et les meilleurs du privé, 100.000 à envoyer chaque année partout dans le monde pour apprendre. L’Algérie pourrait le faire et en même temps avec les pays des BRICS, elle peut les envoyer en Chine, au Brésil et en Russie et mettre en place les 2 autres conditions soient l’autosuffisance alimentaire et un système d’éducation de gens qui savent produire les choses élémentaires : plombiers, électriciens, technicisation supérieur, machiniste. L’Algérie n’a aucune école qui forme cela. Chaque fois que j’arrivais à Alger, je voyais quatre fois plus d’école de gestion; j’en avais laissé 1 à Hydra je retrouve 5, 1 à Kouba j’en trouve 6 et un jour j’ai dit dans une conférence : « J’ai fait le compte, si vous continuez comme cela d’ici 20 ans, tous les Algérois seront titulaires d’un MBA! » Avec l’ école de gestion à Kouba, construisez 4 écoles de plomberie; au moins les MBA ils auront des plombiers à gérer! Si on forme des économistes et des gestionnaires, on aura automatiquement une bonne économie et une bonne gestion, mais non, non.
Merci Professeur pour vos interventions, merci à Agnès pour ta disponibilité que ce soit sur notre chaîne You Tube alternative ATV , ou sur notre page Facebook, n’hésitez pas à la partager, je vous suggère de vous abonner aussi, c’est gratuit, Abonnez-vous aussi à la chaîne You Tube sur la page altalternews de notre ami, le journaliste Zoé Aberkane.
On retrouvera le Professeur Aktouf dans 2 semaines inch’Allah, vous aurez l’occasion aussi peut-être de le solliciter avant pour poser vos questions. Jeudi prochain, on accueille Ali Bounouari, l’ancien ministre du Trésor des 2 gouvernements Ghozali sur la question de l’adhésion de l’Algérie aux BRICS; le Professeur Aktouf y est favorable on verra ce que dit Si Ali Benouari, sans oublier d’annoncer le nom d’un autre invité, Abdelaziz ministre, avec qui on parlera de géopolitique et des enjeux régionaux.
Merci encore professeur AKTOUF et bonne soirée à tout le monde ! Demain à Montréal, il y aura 3 conférences au Centre communautaire de Saint Michel, cela durera toute la journée avec la participation de Bachir Halimi pour la conférence sur la diaspora et du sociologue Hedi el houari, sur la sociologie.
Merci bonne soirée à tout le monde et au plaisir. Merci, merci et à vous à bientôt !

D’accord et Oh combien pour dire que l’Algérie ne produit plus que des hommes ou femmes d’affaires. La terre est manifestement trop basse pour la travailler et permettre ainsi a ce pays de devenir auto-suffisant sur le plan alimentaire. Dans les années 1970 déjà, on trouvait de la ratatouille ou de la tchou-tchou-ka en boîte de conserve ! Les Algériens détournaient le regard des vêtements pourtant réalisés en coton et de belle tenue, pour réclamer des chemises en nylon de chez Prisunic (magasin qui n’existe plus). Oui, l’Ecole algérienne est un désastre; je le constate régulièrement chaque fois que je rencontre l’un ou l’une de ses « bénéficiaires ». Je reviens sur un reportage diffusé par France 5 au moment du « Hirak ». Un des interviewés m’a fait honte : il était dans le Génie Civil (en l’écoutant je me suis dit qu’il en manquait passablement de génie). C’est en France a-t-il déclaré qu’il a appris via ses amis Français, Marocains, Tunisiens en venant parfaire sa formation, qu’il y avait en Algérie des sites romains ! (sic).
La caméra du journaliste s’est un instant attardée sur sa bibliothèque dans laquelle on voyait très peu de livres, mais au moins un que manifestement, il n’avait jamais lu : Noces.
La religion étant « l’opium du peuple », la construction de mosquées semble être la priorité des autorités algériennes. Pourtant, je me souviens que dans les années 70, l’Algérie avait produit un aliment pour bébés ou enfants, qui, si j’ai bonne mémoire, s’appelait la Superamine. Oui, il faut d’abord revenir à l’agriculture mais pas intensive, recultiver ce que l’Algérie cultivait, les agrumes, les tomates, les légumes en général, la vigne, etc. Pour le blé, l’Algérie était l’un des greniers à blé de la Rome antique.
D’accord aussi pour l’urgence de centres de formation de techniciens, plombiers, éléctriciens etc…. Ce sont pourtant des métiers que les Algériens en France, n’hésitent pas à exercer. Mais, il est vrai que cela nécessite de se lever tous les jours et de travailler tous les jours et au moins 8 heures pas jour, rythme que les Algériens ont perdu depuis longtemps. Malédiction du pétrole…..
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