1-Découverte
Il faut savoir que pour chaque gisement de pétrole, il y a aussi du gaz et de l’eau potable. Lors du processus de formation du pétrole, il quitte sa roche-mère et migre vers la surface. S’il ne rencontre pas de couche imperméable, il atteint la surface du sol, où il est détruit par oxydation. Si une couche imperméable l’arrête, il s’accumule en dessous, constituant un gisement pétrolifère. À la suite de mouvements de terrain ultérieurs, des failles peuvent se produire, et permettent à de petites quantités de pétrole de fuir jusqu’à la surface. Ainsi, les affleurements de résidus pétroliers naturels en surface trahissent la présence d’un gisement en sous-sol. Le gaz se comporte d’une façon similaire ; il s’enflamme en atteignant la surface, donnant lieu à une flamme permanente. Lorsque le gisement souterrain se trouve sous la mer, le pétrole étant un peu moins dense que l’eau, continuera son ascension jusqu’à la surface ; il forme là les irisations trahissant sa présence. L’amiral Voïnovitch le remarquera en mer Caspienne en 1781. Cette particularité est toujours employée pour mettre en évidence l’existence de gisements offshore . Le gaz au contraire forme des hydrates de gaz et reste sur le fond marin. Pétrole et gaz naturel ont toujours été présents dans la nature; les 1° recherches pétrolières consistaient à demander aux habitants s’ils connaissaient de telles sources à proximité


2-Dans l’Antiquité
L’usage du pétrole remonte à l’Antiquité mais l’approvisionnement était limité aux affleurements naturels, et au pétrole trouvé en creusant des puits pour trouver de l’eau potable. Les civilisations mésopotamiennes s’en servaient comme produits pharmaceutique, cosmétique combustible pour les lampes à huile et dès – 6000, pour le calfatage des bateaux. Les Égyptiens employaient de l’asphalte pour la momification. Diodore et Strabon écrivent que du bitume était utilisé dans la construction des jardins suspendus de Babylone ; le cylindre de Cyrus l’atteste. Hérodote signale une source de bitume près de Suse ; on en trouvait dans les îles Ioniennes, et à proximité d’un des affluents de l’Euphrate. Dans les langues d’Asie et du Moyen-Orient, on retrouve la racine naft (naphte), comme nom d’un village, ce qui indique la présence d’hydrocarbures. Au ixe siècle, Al-Razi décrit la distillation du pétrole au moyen d’un alambic, produisant du pétrole lampant qui est utilisé par les Byzantins, puis les Vénitiens, et on pense que le « feu grégeois », qui incendiait les navires ennemis, en contenait.

3-1855-1901 : naissance d’une industrie
En 1855, George Bissell et Jonathan Eveleth apprennent que le pétrole qu’on trouve très facilement dans le Nord-Est des États-Unis, en Pennsylvanie, (et qui était utilisé jusque-là par les Indiens et les 1° colons pour l’éclairage) pouvait fournir du pétrole lampant par distillation. Plusieurs industriels américains de l’huile d’éclairage, comme le New Yorkais Charles Pratt, renoncent à l’huile de baleine pour raffiner du pétrole.
Les 2 hommes créent la société Pennsylvania Rock Oil Company et demandent à Benjamin Silliman Jr., professeur de chimie à l’université Yale, de leur confirmer la faisabilité de cette distillation à l’échelle industrielle. Après avoir vu des photos de derrick forant le sol à la recherche de sel, Bissell imagine de forer pour extraire le pétrole plutôt que de passer par des mines comme c’était l’usage. La Pennsylvania Rock Oil Company devient la Seneca Oil et entreprend le forage du 1° puits de pétrole en 1859, devient la 1° société à produire du pétrole depuis un puits foré.
À la même époque, l’industrie pétrolière naît en Roumanie, avec la 1° raffinerie en 1857 qui alimente les 1 000 lampes de l’éclairage public de Bucarest. En juillet 1858, le professeur de géologie Georg Christian Konrad Hunäus supervise le 1° forage pétrolier en Allemagne sur la commune de Wietze qui exploite le 1° puits de pétrole en juin 1859.
Drake fore donc son puits en Pennsylvanie, dans une région connue pour les affleurements de pétrole, et produit les 1° barils américains. Les États-Unis en produisent 274 tonnes en 1859, époque de la ruée vers l’or noir en Pennsylvanie. Dès 1862,ils atteignent 3 M de barils.
En 1855, le chimiste américain Benjamin Silliman Jr. (1816-1885), reprenant des travaux antérieurs, sépare un certain nombre de produits par distillation du pétrole : goudrons, lubrifiants, naphta, solvants pour les peintures ainsi que l’essence qui, considérée comme produit mineur, est utilisée comme détachant. Le marché du pétrole connaît des fluctuations de prix énormes, chaque nouveau gisement saturant le marché pour quelque temps. John Davison Rockefeller parvient à établir une situation de monopole sur le raffinage américain. Dans le domaine du transport, la mise au point de l’oléoduc et du navire pétrolier (Branobel, années 1870) autorisent le rapprochement des sites de production et de consommation. Le 1° oléoduc de capacité industrielle, entre Bakou et Batoumi ( la mer Noire), transporte du kérosène.
4-1870-1900 : la 2° révolution industrielle
À la fin du xix e siècle, seuls quelques pays peuvent encore prétendre au rang de grandes puissances : l’Empire britannique règne sur les mers en jouant le Grand Jeu avec la Russie, la France est toujours une grande puissance militaire et coloniale, l’Allemagne est sur une formidable ascendance économique, et tous lorgnent sur l’Empire ottoman, qui contrôle l’accès aux zones stratégiques en Méditerranée. Les États-Unis ne sont encore qu’un lointain intervenant le Japon vient à peine de s’ouvrir au monde tandis que la Chine connaît une mauvaise période. L’avènement de l’industrialisation et de nouvelles technologies leur donne de nouvelles armes et des appétits qui, autorisés par des idéologies, permettront tous les excès.
1° explorations – Le kérosène devient nécessaire pour éclairer les villes; le fioul remplace le charbon comme source d’énergie, et pour la propulsion navale. Les grandes puissances doivent se procurer du pétrole à la fois pour la vie courante et pour leur armée.
Elle se mettent à en chercher activement. On trouve du bitume affleurant, et les1° grands forages sont faits par des sociétés qui se créent à toute vitesse : Standard Oil (1863), Royal Dutch (1890) Le gaz naturel, épiphénomène du pétrole a longtemps été considéré comme une nuisance (mis à la torche jusqu’en 1870); il commence à s’inclure dans la géopolitique du pétrole.
Le trajet du 1° navire pétrolier (affrété par Shell) en 1892 met en lumière les points stratégiques de la route du pétrole : il part de Batoum en Géorgie après avoir récupéré du pétrole de Bakou, et franchit le détroit des Dardanelles, puis le canal de Suez, le détroit de Bab-el-Mandeb, et le détroit de Malacca
5- Développement des marchés
En 1878, l’ampoule électrique est mise au point ; c’est donc le déclin de la lampe à pétrole, principal débouché. En 1905, Henry Ford lance la production de masse de l’automobile, qui ouvre le marché des carburants liquides, domaine par excellence du pétrole . Le seul secteur de l’automobile, qui passera de 0 à 800 M d’unités en un siècle, assure son succès. Cependant il ne concerne que la partie du baril, la mieux valorisée ; il s’agit donc de trouver des débouchés à tout le reste des coupes pétrolières. Les carburants constituent une coupe intermédiaire de la distillation ; il reste à trouver une utilité aux produits légers souvent gazeux, et aux produits lourds souvent visqueux et difficiles à manipuler. Le naphta transformé permet de fabriquer de nouveaux matériaux ( polyéthylène, polypropylène) ; on en fera également des films.
L’industrie pétrolière produit de la graisse pour la mécanique, de l’huile de graissage pour les moteurs ; les fractions lourdes telles que le fioul lourd seront employées comme combustible, soit dans les moteurs Diesel marine (1910 pour la Marine britannique), soit dans le chauffage individuel ou la production électrique, les résidus (asphalte) pour le revêtement des routes.
6- Quête pétrolière anglaise et américaine
La qualité du pétrole comme ressource d’importance majeure est consacrée par la décision de la Royal Navy, de construire à partir de 1910 des navires qui consommeraient du fioul et non plus du charbon; mais la 1° flotte du monde n’a pas de pétrole.
Donc, les 1° grands entrepreneurs du pétrole sont britanniques. William Knox D’Arcy mène des recherches en Perse (Iran), et obtient une concession pétrolière de 60 ans. Il fonde la future British Petroleum, qui assure un flux permanent de l’or noir. Les États-Unis, qui sont devenus la 1° puissance industrielle du monde, ont besoin de pétrole. En 1904, la Standard Oil, fondée par John D. Rockefeller, contrôle 91 % de la production, dont elle exporte la1/2 sous forme de kérosène. Elle est sanctionnée par l’Etat fédéral (loi antitrust) et est condamnée en 1911 à être divisée en 34 sociétés séparées qui reformeront un oligopole et constitueront avec Shell et BP, un cartel au succès économique spectaculaire : les Sept Sœurs.
7- Le Grand jeu avant-guerre
Le Grand Jeu est la rivalité coloniale et diplomatique entre l’Empire russe et l’Empire britannique de 1813 à 1907 qui a amené les frontières de l’ Afghanistan, avec le corridor du Wakhan comme État tampon. L’Asie centrale était un « ventre mou » encore indépendant des puissances coloniales. Les 2 puissances continuèrent de s’affronter entre la révolution d’Octobre (1917) et l’indépendance de l’Inde (1947). Le pétrole est l’une des pommes de discorde du Grand jeu en Asie centrale et au Moyen Orient. En 1907, l’entente anglo-russe pose un jalon, en définissant les sphères d’influence. La Perse est partagée entre les 2.
Toutefois, le Royaume-Uni se rend compte que les zones pétrolifères sont hors de la sienne. En 1913, sur recommandation de Winston Churchill, il acquiert 51 % de l’Anglo Persian Oil Company, nationalisant une entreprise privée pour la soumettre à des objectifs politiques. En 1915, Londres fait donc une proposition aux Russes, aux termes de laquelle elle prend le contrôle de la zone neutre, en échange de quoi les Russes pourront conserver Constantinople quand le démembrement de l’Empire ottoman aurait lieu.
8- Le pétrole pendant la 1° guerre mondiale
Plusieurs stratégies sont mises en place par la France et le Royaume-Uni pour redessiner la carte du Moyen Orient à partir des vestiges de l’Empire ottoman. Lawrence d’Arabie intervient en manipulant le nationalisme arabe, fait des promesses aux dirigeants locaux pour les pousser à s’opposer à la tutelle ottomane au profit de l’Empire britannique. Puis, la France et le Royaume-Uni se partagent la dépouille de l’Empire ottoman par le biais des accords Sykes-Picot. Toutefois, Mark Sykes est mieux au fait des données pétrolières locales ; il se taille la part du lion en se réservant le sud de l’Irak, laissant à la France la Syrie moins prometteuse. Le Royaume-Uni écorne l’accord en installant des troupes à Mossoul en 1918, pour s’emparer du reste des zones pétrolifères (Irak). En 1925, le jeune Reza Pahlavi (Chah d’Iran), favorable aux intérêts britanniques, monte sur le trône
En 1914, les États-Unis occupent Veracruz, grand port pétrolifère mexicaine. En 1917, la France dans une situation énergétique difficile, Georges Clemenceau, réclame du carburant à Woodrow Wilson. Il lui écrit qu’« il faut que la France combattante, à l’heure du suprême choc germanique, possède l’essence aussi nécessaire que le sang dans les batailles de demain ».


9- Le pétrole durant l’entre-deux-guerres
En 1920, les accords de San Remo (l’Irak et la Palestine sous mandat britanique) révoque Sykes-Picot. En échange, sur l’insistance de Clemenceau, les textes accordent à la France, la propriété des 25 % de la Turkish Petroleum que la Deutsche Bank détenait et que le Royaume-Uni avait saisis au 1° jour de la guerre. La France crée en hâte la Française des pétroles (Total) pour gérer ces parts. L’Italie crée l’Agip en 1926.
En 1927, la Couronne britannique signe le traité de Djeddah avec le jeune Ibn Seoud d’Arabie saoudite. Ce pacte de non-agression a pour condition que Seoud « s’engage à maintenir des rapports pacifiques avec le Koweit et Bahrein, et avec les cheiks du Qattar et de la côte d’Oman , car le Gouvernement britannique y entretient des relations déterminées par traité ». Considérant l’Arabie saoudite comme un offreur stratégique, dès 1933, ce sont les États-Unis qui obtiennent une concession au profit de la Standard Oil of California.
En 1927, le pétrole coule à Baba Gurgur ( Kurde). Les États-Unis protestent devant le monopole européen. L’accord de la ligne rouge, signé en 1928, fige les relations territoriales et commerciales entre les partenaires présents qui s’interdisaient toute initiative personnelle, dans la Turkish Petroleum, en y faisant une place aux compagnies américaines, aux dépens de l’État irakien. Constitué de l’ex-Empire ottoman, il incluait l’Arabie saoudite, et excluait le Koweït. Chaque partenaire reçut 23,75 % des parts : Anglo-Persian Oil Company ( BP), Royal Dutch/Shell, la CFP, et la Near East Development Corporation, consortium de 5 compagnies américaines. Le reste des parts fut conservé par Calouste Gulbenkian, « Monsieur 5 % ». En 1928, l’essentiel des champs est encore inconnu. Cet accord fut complété, en mars 1931, avec la construction d’un pipeline partant de Kirkouk et se dédoublant pour arriver, coté anglais à Haïfa (Palestine) et coté français à Tripoli (Liban). À l’origine monopole local pour le pétrole extrait, il eut une immense influence sur son commerce à destination des pays européens.

Entre les 2 guerres, les chimistes allemands Fischer et Tropsch mettent au point le procédé permettant de produire de l’essence synthétique à partir du charbon, abondant en Allemagne. Au début des années 1930, Henri Deterding (Shell), rêvant de Bakou, rencontre Adolf Hitler, avec lequel il étudie un plan d’approvisionnement de l’Allemagne en pétrole ; mais en 1936, il est contraint à la démission. Torkild Rieber (Texaco) prend le relais. L’Allemagne n’a pas d’argent ; qu’importe, il se fera payer en pétroliers, et alimentera l’Allemagne jusqu’en 1940. Lui aussi sera écarté par son conseil d’administration en août 1940.
En 1940, la France capitule ; le Royaume-Uni coule la flotte française à Mers el-Kébir et saisit les parts de CFP dans l’Iraq Petroleum Company (IPC, ex Turkish Petroleum Company). La France se trouve éjectée de l’accord de la ligne Rouge, et donc du Moyen-Orient, laissant le terrain libre aux compagnies américaines. En 1944, le partage est confirmé par les termes de l’Anglo-American Petroleum Agreemen. Mais en 1945 la France intente un procès : elle est réintégrée dans IPC, avec une part de 6 %.
L’industrie pétrolière se développe dans un nombre accru de pays, mais reste largement dominée par la production américaine qui représente en 1939, 60 % du chiffre mondial et passe en 1945 à 65 % des 7 Mbbl/j, les États-Unis développant en plus de la leur, la production latino-américaine (Mexique malgré la nationalisation de son industrie pétrolière, Venezuela, Argentine) Néanmoins, s’agissant des réserves, une part croissante se situe au Moyen-Orient, où l’on commence à découvrir les gisements géants en 1938

10- 1939-1945 : Quête des gisements par l’Allemagne nazie
Cette guerre est marquée par l’explosion de la consommation pétrolière. Le procédé de Fischer et Tropsch donne un avantage comparatif à l’Allemagne durant la 2° Guerre mondiale. La stratégie militaire hitlérienne est très exigeante en carburants, car elle exige un transport rapide de troupes, de chars et d’avions. Elle recherche sans cesse des nouvelles sources de pétrole
En 1940, l’Allemagne n’a plus que les champs de son nouvel allié roumain mais les Alliés bombardent ces raffineries à partir de 1943, et les sites d’essence synthétique.Elle cherche à atteindre les gisements de pétrole du Caucase. La Deutsches Afrikakorps de Erwin Rommel a pour mission de prendre le contrôle du canal de Suez afin de couper la route du pétrole britannique; les sous-marins allemands ont coupé les îles britanniques de ses points de production coloniaux. Les alliés mettent en place des bombardements contre les ressources pétrolières de l’Axe.
En 1941, Rachid Ali, favorable aux Allemands, tente de prendre le pouvoir en Irak, et coupe l’oléoduc d’Haïfa. Les Britanniques réagissent, prennent le contrôle de l’Irak, puis de la Syrie contre l’armée de Vichy. L’opération Countenance conjointe entre l’Armée rouge et l’armée britannique sécurise le corridor Perse pour le transport de matériel, le pétrole iranien et la raffinerie d’Abadan. Cette opération est vécue comme une invasion, avec de nombreux morts côté iranien. En septembre 1941, Hitler n’a plus aucun espoir d’accès au pétrole du Moyen-Orient. Alors c’est la course vers le Caucase et les champs de Bakou. Les Allemands prendront la raffinerie de Maikop, mais Stalingrad est la clé de la Caspienne ; la Wehrmacht et l’Armée rouge y perdront près d’1 M de soldats, mais Hitler ne mettra jamais la main sur le pétrole de Bakou. Cet échec marquera le tournant de la guerre, et la pénurie de carburant contribuera à la défaite allemande.
En juillet 1940, les États-Unis, qui contrôlaient 80 % du pétrole consommé par le Japon, décrètent un embargo pétrolier total en juillet 1941 mais il avait stocké l’équivalent de 2 ans de consommation. Le Japon attaque à Pearl Harbor et occupent la totalité des sites pétroliers de Bornéo en 1942.
Le développement industriel des États-Unis pour toutes les armes est gigantesque. Pendant la période de guerre, ils construisent 500 pétroliers T2, de tonnage inégalé. L’approvisionnement en carburant des divisions déployées pour la conquête de l’Europe après le Jour J fut assuré par l’opération PLUTO, consistant au déploiement de plusieurs pipelines transmanche.

Dilmun est un pays mentionné durant toute l’histoire de la Mésopotamie, depuis la fin du -4° jusqu’au milieu du – Ier millénaire dans des textes traitant des échanges à longue distance. Il est situé dans le golfe Persique, sur la route commerciale entre Mésopotamie et Indus, en bord de mer, à proximité de sources artésiennes. On le localise dans l’île de Bahreïn, et au Koweït (île de Failaka). L’appellation pourrait correspondre à une fédération, réelle ou fictive, selon les époques, de petits ports de transit
Les archives de marchands montrent que Dilmun pourvoit les royaumes mésopotamiens en bois, en pierres précieuses et en cuivre, produits venant de Magan (Oman) ou Meluhha (la vallée de l’Indus). Du fait de cette importance, les rois mésopotamiens ont toujours tenu à garder de bonnes relations avec Dilmun, quand ils ne s’en sont pas arrogé le contrôle, sous les rois kassites de Babylone,( Assurbanipal). Dilumn est conquis par l’empire Assyrien (nord de la Mésopotamie) en -709

L’île de Bahreïn était le centre de Dilmun. Bénéficiant d’eau douce en abondance et doté d’une végétation luxuriante, en plus de sa situation stratégique, elle servit de lien sur les routes des échanges commerciaux entre les Assyriens, Babyloniens, Grecs, Perses. Les Arabes y vivaient du commerce avec l’Inde dont ils acheminaient les produits par caravanes à travers le désert. La population y était mêlée: mazdéens, juifs, chrétiens, puis partiellement musulmans).
Au milieu du xvie siècle. l’île fait l’objet d’âpres luttes d’influence entre les Ottomans à Bassorah et dans la province d’Al-Hasa, non loin de Bahreïn et les Portugais qui possèdent une forteresse sur l’île d’Ormuz d’où ils contrôlaient les mouvements commerciaux du golfe Persique. La dynastie de Bahreïn est vassale de celle d’Ormuz, les Portugais européens ont donc un contrôle indirect sur l’île.
Après leur départ, Bahreïn est sous domination perse jusqu’en 1782 qui s’installa durablement et donna aux habitants chiites, une culture arabo-persane. Cette spécificité religieuse chiite date des débuts de l’islam. Ils sont majoritairement arabes (les Baharna). L’île de Bahrein est déjà un centre d’enseignement et d’élaboration de la doctrine, et ses oulémas participèrent à la diffusion du chiisme en Iran, au xvie siècle.
En 1783, la famille Al-Khalifa, de confession sunnite, renversa la dynastie persane et constitua un émirat indépendant. Elle maintient des liens étroits avec le Royaume-Uni en signant un traité de paix et de protection en 1820, renouvelé plusieurs fois. Cet accord stipule que le tuteur a un droit de regard sur la politique extérieure de l’émirat et a obligation de lui venir en aide en cas d’agression. A la demande des nobles, les Britanniques négocièrent la fin des vues du clan Al Khalifa sur le Qatar, excepté le paiement d’un tribut qui ne cessa qu’à l’arrivée des Turcs en 1872.
Bahreïn n’ayant que peu de réserves de pétrole, a dû s’équiper de raffineries, d’un centre bancaire pour assurer ses ressources.
Après 1945, Bahreïn devient le centre régional des Britanniques qui se désengagent en 1971 donc Bahreïn devient « indépendant ». Un cheikh de la famille al-Khalifa instaure une monarchie constitutionnelle. Sa capitale est Manama. En 2011, Bahreïn est pris dans les révoltes du Printemps arabe. La destruction d’un monument symbolique des contestataires place de la perle à Manama, inquiète les États-Unis. La 5° flotte de l’US Navy, chargée de la protection des réserves pétrolières du golfe Persique, a son quartier général à Manama.
Le 11 septembre 2020, après les Émirats arabes unis mi-août, Bahreïn établit des relations diplomatiques avec Israël.

Le Koweït – Dés le -XXe siècle, la civilisation Dilmun a un comptoir commercial à .Faïlaqa, vaste île du golfe Persique. Déjà au -IVe siècle siècle, présence grecque puis romaine est attestée dans cet endroit stratégique qui sera contrôlé en 1521 par les Portugais en route vers les Indes.
En 1613, la ville de Koweït est fondée; elle devient la Marseille du Golfe. De 1660 à 1716, les « Outoub », tribus arabes, quittent l’Arabie centrale et s’installent sur la côte. Le chef de la tribu Bani, déjà présente, bâtit une forteresse (Kût, diminutif de kuwayt).
A la fin du XVIIIe siècle, le Koweït constitue une entité politique et économique souveraine. Mais la Compagnie britannique des Indes orientales y fait de longues escales. En 1899, le Koweït reste sous autorité ottomane mais avec un Traité de protection du Royaume-Uni. L’Émirat de Koweït devient un protectorat britannique,.
1934 1° concession pétrolière de l’émirat au Royaume-Uni.

Les USA prennent le relais avec un 1° pacte de défense, renouvelé en février 2001

La péninsule du Qatar, proche de Bahreïn était impliquée dans son réseau commercial à partir de -2100 ( perles et de palmiers dattiers), mais la migration régulière des tribus arabes nomades à la recherche de sources inexploitées de nourriture et d’eau en font plutôt t une escale pour accélérer les voyages commerciaux entre Bahreïn et la colonie deTell Abraq. Vers -680, le roi d’Assyrie conquiert la région. Puis Alexandre le Grand le fait rentrer dans l’Empire séleucide ( -325 à -250). Les Perses parthes puis sassanides en font leur vassal.
Sous les sassanides, des habitants de l’Arabie orientale sont convertis au christianisme par les chrétiens mésopotamiens. Des monastères sont construits dans la région comprenant Bahreïn, l’île de Tarout, Al-Khatt et Al-Hasa. Les diocèses de Beth Qatraye dépendent de la métropole de Fars. En 628, Mahomet invite le gouverneur à se convertir, mais les populations sédentarisées du Qatar ne se seraient converties que vers 674.
Ce territoire, bien placé fait l’objet de convoitises. La Perse, ses voisins arabes, les Portugais, Oman, Bahreïn et les Ottomans l’ont dominé, avec à partir du 17 e siècle, le relais d’une famille locale, les Al Thani. Les Ottomans ont dirigé le Qatar directement de 1550 à 1830, et indirectement de 1680 à 1872 avec cette famille Al Thani. L’administration Al Thani continue jusqu’en1915.
Au début de la 1° Guerre mondiale, les Britanniques reconnaissent le cheikh Adballah ben Jassem Al Thani qui signe le même traité que les autres principautés du golfe Persique. Le dirigeant accepte de n’entamer de relations avec aucun gouvernement étranger sans le consentement des Britanniques. En retour, les Britanniques promettent de le protéger contre toute agression par mer et de prêter main-forte en cas d’attaque terrestre.
En 1928 est ratifié l’accord de la ligne rouge, donnant le monopole de l’exploitation du pétrole à la Turkish Petroleum Company (ou Iraq Petroleum Company) sur toute la péninsule arabique. Un traité de 1934 renforce le protectorat britannique.
En 1935, une concession d’une durée de 75 ans est accordée à l’Anglo-Persian Oil Company. Du pétrole de haute qualité est découvert en 1940 à Dukhan sur la côte ouest de la péninsule. L’exploitation et l’exportation de pétrole ne commencent qu’en 1949.

Les états dits de la Trève (Futurs Emirats Arabes Unis)
Les Qawasim sont une tribu arabe du golfe Persique naguère plus puissante que les Bani Yas qui gouvernent aujourd’hui Dubaï et Abou Dabi. La dynastie Qawasim gouverne les émirats de Sharjah, avec Sultan bin Mohammed al-Qasimi, et Ras el Khaïmah, avec sheikh Saoud ben Saqr Al Qassimi, fils de Saqr ben Mohamed Al Qassimi.
La population (marins, pêcheurs, commerçants et pirates) au 18 e siècle, fut ruinée par l’attaque des Britanniques, en 1819, lorsque la frégate HMS Liverpool tira sur Ras al-Khaimah, laissant un champ de ruines. Des Qawasim vivaient aussi à Bandar Lengeh, sur la côte iranienne, mais beaucoup partirent pour Dubaï au début du xx e siècle, attirés par l’abolition des droits de douane alors que l’Iran augmentait la pression fiscale.
Après la défaite des Qawasim, en 1820, les Britanniques signent une série d’accords et de traités avec les cheikhs de chaque émirat de la côte du Golfe, celui de 1853 garantissant l’arrêt de la piraterie contre les navires britanniques, d’où le nom des États de la Trêve donné aux actuels émirats. En 1892, un nouveau traité érige les États de la Trêve en protectorat et les fait entrer dans l’empire colonial britannique. Cette période de calme permet à l’industrie perlière de prospérer jusqu’au début du xx e siècle. Cependant, la 1° Guerre mondiale et l’invention par les japonais de la perliculture ont un effet très néfaste sur cette industrie, qui s’éteint lorsque le gouvernement indien impose des taxes sur les perles importées du Golfe, engendrant une crise économique très grave dans les États de la Trêve.