Palestine : Ce n’est pas « un conflit ou un problème ou un dilemme « religieux », c’est une guerre de libération anticoloniale par Taher ElMouez
Le peuple palestinien a subi l’occupation ottomane ( 1516 – 1918), le colonialisme britannique (1918 – 1948) qui a « promis » en 1917 la Palestine au mouvement sioniste, puis leur a livré le pays en 1948. Cette occupation sioniste continue, avec le soutien de l’impérialisme (surtout américain et européen) et des régimes réactionnaires arabes.
Le colonialisme britannique a envahi la Palestine, suite à la défaite de l’empire ottoman et aux accords franco-britanniques, connus sous le nom d’accord « Sykes-Picot » (accords secrets, révélés par Lénine, après la victoire de la révolution bolchévique). Le colonialisme britannique a ensuite donné la Palestine au mouvement sioniste pour créer l’État d’Israël.
La Déclaration Balfour, le 2 novembre 1917, marqua le début du drame palestinien . Les conséquences de la « Déclaration Balfour », le 2 novembre 1917ont commencé avec la création d’un État dans la Palestine historique en 1948, où les deux tiers du peuple palestinien ont été expulsés par la force armée, selon un plan élaboré, depuis deux décennies. Cet événement est connu sous le nom de « Nakba », un terme arabe qui signifie : Catastrophe. Depuis, une partie du peuple palestinien vit sur les territoires occupés en 1948. Ce sont les descendant des 160 milles palestiniens qui ont échappé à l’expulsion. Ceux qui étaient expulsés (entre 800 milles et 850 milles) sont devenus des réfugiés dans les pays voisins (Liban, Syrie, Jordanie, Egypte) ou dans les territoires qui ont été occupés par la suite, en 1967, et surtout à Ghaza où les 2/3 des habitants sont des réfugiés dans leurs propres pays ( des déplacés, dans le jargon de l’ONU). Les Palestiniens qui vivaient dans les terres occupées en 1948 en tant que citoyens sont dépossédés de leurs droits et ont vécu sous un régime d’exception (couvre-feu, interdiction de se déplacer sans autorisation du gouverneur militaire…) pendant vingt ans.531 villages ont été rasés pour empêcher les réfugiés d’y retourner…
La lutte du peuple palestinien a pris forme en 1951 avec le début du Mouvement nationaliste arabe (MNA), dirigé par le Dr Georges Habash. Le mouvement susmentionné a soulevé la lutte anticoloniale dans tous les pays arabes, en particulier au Moyen-Orient, et a englobé la lutte pour la libération de la Palestine. Le (MNA) avait des sections dans plusieurs pays arabes comme Bahreïn, Oman, le Yémen, le Koweït, la Jordanie, etc. L’objectif fondamental était de promouvoir un soulèvement populaire dans tous les pays arabes contre le colonialisme britannique, principal responsable des désastres subis par de nombreux peuples arabes, y compris les Palestiniens.
En 1964, l’OLP fut créée par la Ligue Arabe, comme réponse à la revendication palestinienne d’avoir leur propres outils de lutte. Le Fatah a été fondé, dans la foulée, par des patriotes palestiniens de divers horizons (nationalistes, frères musulmans, patriotes laïques etc) prônant « la non ingérence dans les affaires des pays », séparant par là la lutte de libération de la Palestine, de la libération des autres pays arabes, sous colonisation directe (comme le Yémen ou les mini-pays du Golfe) ou indirecte (néo-colonisation) comme le reste des pays arabes, à quelques exceptions près.
La défaite des régimes arabes lors de la guerre de 1967 fut à l’origine de la naissance de la « nouvelle gauche » arabe, dont le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Les membres du FPLP étaient arrivés à la conclusion que ce ne sont pas les armées régulières arabes qui font infliger une défaite à l’entité sioniste, mais cette défaite ne pouvait être que par le peuple (même s’il est dépossédé et opprimé) et par une guerre populaire de longue haleine, à la manière algérienne ou chinoise ou vietnamienne.
L’apport du FPLP était important en clarifiant que que les véritables acteurs de la révolution étaient les pauvres, les ouvriers, les paysans, les hommes et les femmes écrasés et opprimés. Les dirigeants du FPLP ont insisté sur les différences entre le judaïsme (comme religion et non une identité nationale) et le sionisme comme idéologie colonialiste et raciste.
L’Etat fondé par les sionistes – avec l’aide active de l’impérialisme – sur la terre du peuple palestinien n’est pas le produit divin d’un livre de fiction religieuse, c’est un État illégitime. Il n’a pas de frontières définies. Il utilise contre la population palestinienne des lois héritées du colonialisme britannique, qui autorisent l’esclavage, le racisme, le nettoyage ethnique, l’extermination et les crimes contre l’humanité…
Mais aux yeux des pouvoirs politiques, économiques ou médiatiques des pays impérialistes « c’est la seule démocratie au moyen orient… (qui aurait) l’armée la plus respectueuse de la morale et de l’éthique…
Quel est le rôle des progressistes, hors de Palestine ?
L’idéologie sioniste est née en Europe, ainsi que les ghettos et l’extermination. Ce sont des armées et des colons européens qui ont exterminé les peuples autochtones aux Amériques, en Australie, en Nouvelle Zélande, qui ont privé des millions d’Africains réduits en esclavage. C’est ce travail gratuit et forcé des esclaves irlandais, puis africains, qui a permis une accumulation rapide du capital en Amérique du Nord et qui continue à se développer grâce au travail quasi-gratuit des prisonniers et des précaires. Ce sont ces « valeurs » qui servent de modèle à l’Etat sioniste en Palestine qui cherche à élargir son champ de domination à la Syrie (Golan), en Egypte (Sinaï), au Sud Liban, en Jordanie et ailleurs « du Nil à l’Euphrate » .
Il est nécessaire de dénoncer le plan de partage de l’ONU de 1947 qui représente une mesure qui reflète l’injustice coloniale historique avec le consentement de la » communauté internationale « . Le « droit international » est un leurre, car cette « communauté internationale » applique une partie de la résolution 181, néglige l’application de la résolution 194 sur le « droit au retour des réfugiés, en plus de leur indemnisation » et voudrait des organisations palestiniennes dociles et qui jouent le rôle d’auxiliaire de la colonisation, sinon ce sont des extrémistes et des terroristes !
La partition de la Palestine historique et la création, par l’ONU, de l’entité sioniste, servit de cadre juridique afin d’expulser les autochtones palestiniens. La création de cet Etat colonial sur la terre du peuple palestinien est une injustice coloniale historique, qui ne fut possible que par les conditions concrètes d’une ONU à ses débuts, lorsque la grande majorité des pays d’Afrique et d’Asie étaient sous domination coloniale Franco- Britannique. Tous les pays arabes étaient colonisés.
Maintenant, il ne s’agit pas de s’opposer à un gouvernement mais d’abolir le régime colonial qui ne veut avoir ni constitution, ni frontières. Ceci ne peut se faire pacifiquement, car la colonisation est – par définition – un processus d’actes violents qui ne disparaitra pas par une opération du Saint Esprit, mais par la lutte. C’est aux opprimés de choisir le moyen approprié, en fonction des moyens et des possibilités. Généralement le colonialisme ne laisse aucun choix aux colonisés.
La bataille de Gaza a démontré qu’il y a une modification des rapports de forces mais qui n’est pas en faveur des peuples opprimés. C’est une réorganisation ou une redistribution du pouvoir au détriment de l’impérialisme américain et européen (au détriment de l’OTAN), mais en faveur d’autres forces capitalistes ( Chine, Russie, Brésil, Iran…) qui veulent agrandir leur part en instaurant un monde multipolaire, au lieu d’un monde unipolaire. L’avenir du prolétariat, des exploités, des opprimés et des colonisés – comme les palestiniens – est l’affaire des concernés eux-mêmes, mais l’aide non conditionnée est nécessaire.
L’histoire de la lutte du peuple palestinien montre que la Palestine était et reste une terre habitée par son peuple (ou une partie de son peuple) qui la défend contre les colons venus d’une centaine de pays pour s’emparer du pays et de la terre par la force, avec l’aide des membres de l’OTAN. Plus de cent ans après la Déclaration Balfour, la Palestine est devenue l’endroit le moins sûr pour les entreprises capitalistes qui investissent en Palestine occupée et pour les touristes fascinés par la propagande sioniste, et particulièrement dangereux pour les colons qui veulent croire que ils occupent une « terre sans peuple ». Cette tendance doit se poursuivre (l’inversement des rapports de forces) pour que les coûts du colonialisme de peuplement augmentent par rapport à ses recettes et ses profits…
Taher Elmouez