Dr Adel Samara

(Cette analyse rapide a été demandée par des camarades de gauche en France et dans d'autres pays étrangers)

L’entité sioniste diffère des diverses colonies capitalistes coloniales blanches en ce que sa métropole / patrie est le système capitaliste impérialiste mondial, plutôt qu’un seul État impérialiste [ainsi que c’était la cas dans les colonies antérieures]. C’est un colonialisme de peuplement enraciné dans l’idéologie sioniste depuis ses débuts. Le sionisme, fondé sur des mythes religieux, niant ses revendications laïques, visait, dès le début, à établir un État. Ainsi, il ne s’agit pas simplement d’une colonisation résultant de la migration européenne de populations pauvres [{excédentaires, Surplus], comme cela avait été le cas dans deux périodes historiques : les croisades des Francs dans l’Orient arabe et les migrations européennes de surplus humains vers les Amériques, l’Afrique du Sud, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Algérie. Ces dernières ayant suivi les invasions coloniales occidentales dans la phase capitaliste et impérialiste.

Alors que d’autres colonies blanches ont réduit le nombre de immigrants admis ou recrutés, l’entité sioniste a continué à amener des colons. C’est un gang armé envoyé par l’impérialisme pour s’emparer d’une patrie de manière suicidaire, et qui, par conséquent, se battra jusqu’au bout, et par tous les moyens, et recourant même à des moyens nucléaires.

L’entité sioniste est le seul cas dans l’histoire mondiale moderne soutenu par toutes les grandes puissances mondiales : les blocs communistes et sociaux-démocrates, l’impérialisme, et de nombreux régimes arabes asservis, bien que ces derniers indirectement.

Par conséquent, l’attaque contre la Palestine était préméditée. L’entité sioniste est l’occupation d’une partie de la patrie arabe, aboutissement des visées impérialistes dans toute la patrie arabe depuis trois siècles. Aussi, la question palestinienne est arabe et pas seulement palestinienne. En effet, la patrie arabe était et est toujours la zone la plus visée par l’impérialisme dans le monde ; et en son sein par des régimes ennemis de leur propre nation. Dans toutes les guerres menées par elle, l’entité sioniste n’était pas seule ni agissant avec ses propres forces. L’impérialisme capitaliste occidental a été et est toujours un partenaire militaire, humain, fournisseur d’armement, financier, idéologique et culturel, en même temps qu’il était et est le dirigeant de cette entité. En tant qu’elle promeut le remplacement de la population arabe par des colons, elle a provoqué des déplacements de population et des réfugiés au-delà de la patrie palestinienne occupée.

En raison de cette relation avec l’impérialisme, cette entité est, pour ce dernier, un investissement stratégique. Peu importe combien d’argent, d’armes, de soldats et d’experts, l’impérialisme investit, il en profite stratégiquement car l’entité sioniste protège son exploitation de la patrie arabe, en en entravant l’unité, en contenant le développement et en perpétuant le pillage de la patrie arabe. Compte tenu de cela, nous pouvons interpréter ce qui s’est passé depuis le 7 octobre 2023 dans la bataille en cours, comme l’expérimentation d’un modèle et d’un projet pilote pour la libération de la Palestine. La percée, précise, audacieuse et rapide de la guérilla du Hamas a confirmé que le conflit arabo-sioniste est la lutte entre la nation arabe et la trinité contre-révolutionnaire qu’est l’alliance du centre capitaliste impérialiste, de l’entité sioniste et des régimes et classes dirigeantes arabes, compradores ou parasitaires, affiliés aux sionistes arabes au pouvoir.

Cela signifie que le conflit a un caractère antagoniste. L’opération armée menée par le Hamas n’était pas seulement un affrontement ordinaire, mais constitue un nouveau modèle pour une guerre de libération globale qui a affolé la contre-révolution.

Nous en appelons à une guerre de libération, indispensable parce que aucune des résolutions des Nations Unies depuis 1948 sur le droit des Palestiniens à retourner dans la partie occupée de leur patrie en 1948 n’a été respectée. L’entité sioniste a occupé le reste de la Palestine et des parties d’autres pays arabes en 1967, forçant l’Égypte et la Syrie à poursuivre la lutte même après la défaite de 1967.

La nation arabe, et non les régimes, vise le retour des Palestiniens par la libération, en non par l’apaisement prôné par les Nations Unies. Concernant l’implication des régimes arabes dans la lutte de libération palestinienne, si certains États arabes ne se sont pas battus pour elle, en particulier les royaumes et les émirats depuis la guerre de 1948 jusqu’à aujourd’hui, les régimes républicains arabes se sont par contre battus pour elle depuis 1948 et 1967.

Après les défaites de 1948 et 1967, l’Égypte et la Syrie et, dans une large mesure, l’Irak et l’Algérie, ont engagé la guerre en 1973 et ont remporté une véritable victoire contre l’entité sioniste ashkénaze. Cependant, ils ont fait face à une intervention militaire directe des États-Unis et de l’Occident pour empêcher toute victoire arabe. Le secrétaire d’État américain de l’époque, Henry Kissinger, qui était juif, a déclaré que : « Les Arabes ne doivent pas remporter la victoire ». Il a également dit que « nous n’avons jamais pensé que les Arabes avaient le courage de combattre Israël » !

Après la guerre de 1973, de nombreuses solutions ont été proposées, notamment la reconnaissance d’Israël dans les frontières de 1948 et la création d’un État palestinien dans les frontières de 1967. Proposition approuvée par plusieurs États arabes, mais rejetée par Israël.

Le peuple palestinien et l’auteur de ce texte plaident pour la libération de toute la Palestine, pas seulement des territoires occupés en 1967, en mettant l’accent sur le retour des réfugiés palestiniens dans leur patrie. Cette perspective remet en question l’exploitation de la région par le capitalisme impérialiste et s’oppose à l’entité sioniste, la considérant comme l’outil principal de cette exploitation et la cause du retard de toute la patrie arabe. La résistance palestinienne permanente, la victoire des armées arabes en 1973 et les victoires de la résistance libanaise en 2000 et 2006 remettent en question l’invincibilité de l’armée sioniste, soulignant la résistance arabe réussie. La victoire actuelle du Hamas est un fait incontesté. Je suggère également que l’interprétation du conflit comme uniquement entre l’entité sioniste et les Arabes fait partie d’une guerre psychologique. Ce récit vise à faire en sorte que les Arabes se sentent faibles et lâches, les décourageant à se battre.  La grande différence entre les masses arabes et la clientèle des régimes arabes, en particulier dans le conflit Sioniste / Arabe actuel, nous impose de faire la distinction entre les régimes arabes et les masses arabes ainsi que les classes populaires. Nous devons nous concentrer sur une question fondamentale : la nécessité pour le peuple de rompre complètement avec le régime arabe au pouvoir et de divorcer comme condition pour poursuivre la lutte vers l’établissement d’un État arabe centralisé réalisant l’unité arabe, et pour cela remporter la victoire dans la cause centrale de ce conflit, la question palestinienne, c’est à dire la libération de la Palestine.

La bataille en cours a également confirmé notre analyse et notre lecture de la structure de l’entité sioniste, qui est une collection de groupes provenant d’une centaine de nations. Par conséquent, il n’y a pas de nation israélienne, pas de nationalisme israélien, et pas de culture israélienne unifiée. Ce qui existe, c’est une assemblée militaire unie dans la lutte pour empêcher les Arabes de libérer la Palestine.

Cette bataille confirme le fait que plusieurs pays occidentaux hostiles aux Arabes, ont affirmé un soutien entier à l’entité sioniste dans cette bataille, et ont dénoncé la capture ou le meurtre de certains de leurs ressortissants dans l’entité sioniste, des colons et aussi des soldats. Ce qui prouve notre théorie selon laquelle cette entité est un ensemble de colons de nombreuses nations similaires aux Nations Unies.

Dans les quelques jours de cette bataille, les médias occidentaux se sont précipités pour défendre l’entité sioniste, accusant le Hamas et toutes les organisations palestiniennes d’être impitoyables et de tuer des civils, etc. Il est bien connu que dans toute guerre, des civils peuvent être tués, de sorte que le principe de la protection des civils a été formulé. C’est différent de cibler délibérément des civils.

Nous pouvons résumer la brutalité de l’entité sioniste contre le peuple palestinien depuis cent ans comme suit. Les nazis ont commis un massacre sévère et intensif contre les Juifs, mais les Juifs sionistes ont commis un massacre prolongé contre le peuple palestinien pendant une centaine d’années. Aucune personne sensée ne peut ignorer que cet État militarisé, disposant d’armes nucléaires, s’est établi sur la terre de quelqu’un d’autre. Personne ne peut ignorer la brutalité des soldats sionistes contre les civils palestiniens, en particulier les femmes et les enfants. Aujourd’hui, l’entité sioniste coupe l’eau, l’électricité, la nourriture et les communications pour plus de deux millions et demi de Palestiniens à Gaza.

La restriction de la résistance aux Palestiniens : Traîtrise

Pendant des années, ceux qui sont derrière la défaite ont qualifié le conflit de palestino-israélien, dépouillant la cause palestinienne de son essence arabe dans une tentative ouverte de soutenir l’entité sioniste et de normaliser les relations avec elle.

Cependant, au cours des deux dernières années, un discours ayant le même objectif, mais employant des outils entièrement différents a émergé. Après le développement de la lutte armée en Cisjordanie occupée, avec des militants défilant à Naplouse et à Djénine, et les personnes faisant des sacrifices audacieux, les médias officiels, y compris les médias de l’axe de la résistance, ont commencé à amplifier la lutte des Palestiniens au point que certains ont commencé à prétendre que seuls les Palestiniens déracineraient l’entité sioniste.

En réalité, cette tendance dangereuse sert également les intérêts de l’entité sioniste. Elle ignore que l’entité sioniste a occupé la Palestine pour servir d’instrument contre l’ensemble de la nation arabe. De plus, la portée de cet événement doit être reconnu afin que la situation puisse être corrigée, et mise debout sur ses propres pieds au lieu d’être comme une dialectique hégélienne debout sur sa tête comme Marx l’a écrit un jour. Ainsi ciblée par la contre-révolution, la nation arabe a été sapée. La réduction de la lutte aux seuls Palestiniens et l’affirmation de leur capacité à vaincre seuls l’entité sioniste, qui incarne fondamentalement toutes les forces contre-révolutionnaires, vise à nier le rôle des Arabes dans le conflit, maintenant leur grande nation dans un état de fragmentation et de division. Division qui a conduit à des guerres interarabes, telles l’attaque de l’État arabe irakien en 1991, menée par une alliance entre les armées arabes et les armées impérialistes. Cette division criminelle a contribué à la destruction du Printemps arabe en Syrie, en Libye et au Yémen. Cela a été précédé par le crime de la décennie noire qui a frappé l’Algérie. Plus précisément, nous voulons dire ici, c’est que la capacité de faire face efficacement à la contre-révolution repose sur tous les Arabes, alors que la lutte palestinienne est le catalyseur fondamental de la libération de la terre occupée et du déclenchement de la révolution à travers le pays, conduisant à la liberté, au développement, à l’unité, et au socialisme pour la patrie arabe.

Dans ce contexte d’affaiblissement de l’identité arabe, des forces terroristes orientalistes ont été formées, tuant des Arabes, ces forces religieuses politisées terroristes se sont attaquées à des républiques arabes, et ont conduit à des massacres d’Arabes par des Arabes. Au sein de la nation arabe les cibles les plus évidentes ont été les républiques arabes laïques qui ont été attaquées : l’Irak de Saddam Hussein et la Syrie aujourd’hui. De telles attaquent n’ont eu lieu nulle part ailleurs, ni contre Cuba, ni contre la Corée du Nord, ni contre l’Union soviétique après la révolution d’octobre 1917, ni contre l’Iran aujourd’hui.

Pendant le blocs de Cuba, l’URSS et la Chine ont pu l’ignorer, et pendant celui contre l’Iran, la Russie et la Chine ont commercé avec ce pays, mais durant le siège contre la Syrie et l’Irak, celui-ci a été total !

Dans le siège contre l’Irak à l’époque de Saddam et celui de la Syrie aujourd’hui, il n’y a pas de place pour la clémence. Ce qui se passe en la Syrie est une éradication intentionnelle de la société pour la disperser dans le monde entier et empêcher le retour de ceux qui le souhaitent, exterminant effectivement un peuple. C’est une répétition de la catastrophe palestinienne.

Aujourd’hui en Palestine, le massacre sioniste soutenu par l’armée américaine et de nombreux régimes occidentaux, est une fragmentation délibérée, et même la fin, de la résistance palestinienne. Chaque partie palestinienne est séparée de l’autre, afin qu’ils ne participent pas à une lutte commune. Cette attaque inclut le déplacement forcé des Palestiniens de Gaza vers l’Égypte.

L’entité sioniste est une structure coloniale armée illégitime. Elle fonctionne comme un agent de l’impérialisme capitaliste occidental, et cela des travailleurs de la santé aux premiers ministres. Elle ne peut être rien d’autre. Par conséquent, la position de l’entité sioniste est suicidaire car elle ne peut même pas discuter ou négocier les objectifs et les ordres des impérialistes, qui ont permis sa création. Son destin est lié à celui de l’impérialisme ou de à celui de l’ensemble de la contre-révolution dans la région. Certains pourraient alors se demander : en cas de défaite de l’entité et de libération de la Palestine, qu’en sera-t-il des Juifs ? Cependant, il est essentiel de souligner que cette question concerne la troisième étape dans le développement du conflit.

Comme les Arabes le disent depuis huit décennies et ce que les penseurs arabes disent depuis le début du XXe siècle, cette entité doit être déracinée, Karl Kautsky a également déclaré en 1930 que l’État juif en Palestine le serait après la défaite de l’impérialisme dans la région.

La libération de la Palestine est conditionnée par deux autres étapes principales :

Premièrement, il doit y avoir un changement dans la réalité politique autoritaire dans la grande nation arabe, et son évolution vers une réalité socialiste unitaire progressiste. Deuxièmement, pour que cela soit possible, il faudra abattre l’emprise impérialiste sur cette nation. Une fois ces deux conditions remplies, la libération de la Palestine deviendra possible, et se réalisera dans un système socialiste arabe.

A ceux qui pourraient demander, qu’en est-il alors des Juifs en Palestine ? Notre réponse est que ce sont eux qui devront choisir après la libération. Soit, ils feront le choix de partir s’ils ont une autre patrie et une autre nationalité, un choix qu’ils font sans notre implication. Certains pourraient rester et devenir ainsi citoyens du nouvel État arabe, mais ils devront alors renoncer à toute terre et maison palestiniennes. Leur vie et leurs conditions d’existence seront de la responsabilité du nouvel État arabe plus vaste.

Toutefois, au septième jour du conflit et de la sauvage agression américano-sioniste et de la conspiration de nombreux régimes arabes, ou des larbins sionistes officiels des Arabes, nous pouvons nous interroger sur la manière dont l’Axe de la Résistance participera à la défense de Gaza ? Cependant, il est préférable de ne pas spéculer sur cela.

Adel Samara.