Le nom Palestine désigne la région située entre la mer Méditerranée et le désert à l’Est du fleuve Jourdain et au Nord du Sinaï. Si le terme « Palestine » est attesté depuis le –Ve siècle par Hérodote, historien grec, il est officiellement donné à la région par l’empereur romain Hadrien au +2e siècle, désireux de punir les Juifs d’Israël et de Judée, de leur révolte en +132135. Elle n’est pas clairement définie, centrée sur les régions de la Galilée de la Samarie et de la Judée. Ses limites sont au Nord la Phénicie (les Sémites Cananéens) et le mont Liban (les sémites Araméens)et au Sud la Philistie (arrivés avec les Peuples de la Mer depuis l’Europe) et l’Idumée.

Au cours de l’Antiquité, les populations juives se sont dispersées, d’abord autour de la Méditerranée et au Moyen-Orient, puis en Europe. Mais indépendamment des origines géographiques des communautés, les Juifs ont toujours affirmé leur nostalgie de Jérusalem comme dans le psaume 137 composé lors du 1° exil à Babylone au -6e siècle:

« Si je t’oublie jamais, Jérusalem, que ma droite me refuse son service ! Que ma langue s’attache à mon palais, si je ne me souviens toujours de toi, si je ne place Jérusalem au sommet de toutes mes joies ! »

Depuis la destruction du Temple en +70, à la suite de la 1° guerre judéo-romaine de 6673, une partie des Juifs exprime le désir de se rassembler en « Eretz Israel ». Tous les ans durant la fête de Pessa’h, le souhait L’an prochain à Jérusalem est prononcé, et des petits groupes de Juifs religieux se rendent en Terre sainte, surtout vers les 4 villes saintes de Safed, TibériadeHébron et Jérusalem.

À l’époque des Croisades (1099-1299), le Pérée au nord-est de la mer Morte, la Batanée et la Décapole, à l’Ouest du Jourdain y étaient attachés. Historiquement, elle correspond à Canaan, à la Terre d’Israël et fait partie de la région de Syrie (Syrie-Palestine). Dans la tradition abrahamique, elle est la Terre promise aux enfants d’Israël, la Terre sainte du christianisme avec le tombeau de Jésus à Jérusalem et une terre sainte de l’islam avec le passage du prophète.

Les Arabes musulmans(de la péninsule arabique) qui ont conquis la Palestine sur les Byzantins (empire romain) dans les années 630, divisent la province qu’ils appellent al-Sham en 5 districts dont l’un garde le nom de « Palestine »Filastīn (Philistins) et s’étend du Sinaï jusqu’à Akko  (Saint-Jean-d’Acre) ; son chef-lieu est d’abord Ludd puis, dès 717, ar-Ramlah et plus tard Jérusalem. Les autres villes sont RafahGazaJaffaCésaréeNaplouse et Jéricho. Ce district de « Palestine » était bordé au Nord et à l’Est par celui de « Jordanie », al-Urdunn, qui avait pour capitale Tibériade et incluait Akko et Tyr. Les frontières entre ces 2 districts ont plusieurs fois varié. Au 10e siècle, les Croisés y fondent le .royaume latin de Jérusalem Après leur défaite au 13° siècle, les districts arabo-musulmans sont réintroduits, mais leurs frontières sont sans cesse redéfinies. La période ottomane (musulmans) va de 1291 à 1917, y compris la parenthèse mamelouk. À aucun moment, la Palestine ne forme une entité administrative distincte. La « Syrie » est divisée en 9 « royaumes », dont les royaumes de Gaza (avec Ascalon et Hébron), Karak (avec Jaffa), Safed (avec AcreTyr et Sidon) et Damas (avec Jérusalem). Au milieu du xive siècle, le système des districts est réinstauré, et des divisions régionales se succèdent comprenant des villes comme Ramla, Ascalon, Hébron, NaplouseTibériade est le chef-lieu d’« Hauran ». Safed devient le refuge des érudits après l’expulsion des Juifs d’Espagne en 1492.

Au cours de la 1° Guerre mondiale, les Britanniques conquièrent à l’Empire ottoman une bande de territoire limitée au Sud par la ligne Aqaba à Bassora et au Nord par la ligne Acre à Damas et à Mossoul. La Grande-Bretagne publie la déclaration Balfour en novembre 1917.

Le terme sionisme fait référence au « retour à Sion »,  Sion étant le nom de la colline sur laquelle fut bâtie Jérusalem, et par extension la terre d’Israël, correspondant à peu près à Canaan, à la Terre sainte, ou à la région de Palestine. Ce mouvement apparaît en Europe centrale et orientale au xixe siècle. Il plonge ses racines dans la tradition religieuse et dans la nostalgie des consciences juives de l’exil, et prend son essor dans le contexte des aspirations nationales du 19° siècle (unification de l’Allemagne et de l’Italie). A la suite du rapport de Charles Netter sur la Situation des Israélites d’Orient, l’Alliance israélite universelle ouvre en 1870 la 1° implantation juive moderne en Palestine, une école agricole, Mikvé-Israël, près de Jaffa. Le mouvement des Amants de Sion (1882-1895) achète des terres et prône le travail agricole par des immigrants juifs. Face à l’antisémitisme, en Europe de l’Est, le mouvement gagne en popularité auprès des persécutés. Le mouvement sioniste forme à la fois une idéologie avec l’aspiration à un territoire, un « home » juif,.et un mouvement nationaliste. En1882, le baron français Edmond de Rothschild achète de la terre en Palestine ottomane et finance le 1° établissement à Rishon LeZion. L’Organisation sioniste mondiale est créée en 1897. Elle prend de l’ampleur sous l’impulsion de Theodor Herzl , un austro-hongrois qui anime le 1° congrès à Bâle en 1897. Les Juifs de l’empire russe ardents sionistes et travailleurs, émigrent en Palestine, comme Ben Gourion en 1906. A Sejera, ils créent les 1° kibboutz et l’auto-défense. Chaim Weizmann scientifique d’origine russe obtient les 1° reconnaissances internationales : Déclaration Balfour de 1917, puis la Conférence de San Remo et le Traité de Sèvres (1920). Chaim Weizmann, avait trouvé un procédé beaucoup moins chère pour synthétiser l’acétone nécessaire à la fabrication de la dynamite . Il le met au profit de l’Angleterre en 1917, au moment où les Alliés désespéraient de gagner la guerre.

La Déclaration Balfour est une lettre ouverte datée du 2 novembre 1917 et signée par Arthur Balfour, le secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères. Elle est adressée à Lord Lionel Walter Rothschild(1868-1937), personnalité éminente de la communauté juive britannique et financier du mouvement sioniste, aux fins de retransmission. Le Royaume-Uni se déclare en faveur de l’établissement en Palestine d’un projet national « un foyer national pour le peuple juif ». Cette déclaration est considérée comme une 1° étape dans la création de l’État d’Israël.

Elle fut faite pour assurer aux Alliés l’appui de l’opinion juive mondiale quand en 1917 la situation militaire était parvenue à une phase critique. Elle fut avalisée par tous les Alliés. Après sa publication, une note insérée dans le journal Le Temps en février 1918 officialise à M. Sokolov «  que l’entente est complète entre les gouvernements français et britannique en ce qui concerne la question d’un établissement juif en Palestine. » . Un pacte avec le mouvement sioniste s’avérait utile, expliquera Churchill : « La Déclaration Balfour était une mesure pratique prise dans l’intérêt d’une cause commune à un moment où cette cause ne pouvait se permettre de négliger aucun facteur d’assistance matérielle ou morale. »

À l’aube de la 1° Guerre mondiale, la Palestine fait partie de l’Empire ottoman, (soutenue militairement par l’Allemagne) qui a déjà perdu au xixe siècle ses territoires européens et le Maghreb jusqu´à la frontière du Maroc. Les convoitises des Britanniques et des Français sont donc en éveil pour « remodeler » la région après la guerre. Les Alliés soutiennent le nationalisme arabe et la Révolte arabe de 1916-1918 contre le dispositif turc. Les troupes britanniques remportent en octobre une victoire décisive à Beer-Sheva, confirmée par la prise de Gaza et de Jérusalem en décembre (un mois après la publication de la Déclaration Balfour).

L’hostilité arabe au projet sioniste n’est pas unanime. Da’ud Barakat, rédacteur du journal égyptien Al Ahram se félicitaient de l’arrivée de Juifs, pensant qu’ils apportaient la main-d’œuvre, les techniques et le capital nécessaire au développement de la Palestine. Envoyé par le mouvement sioniste pour mener des négociations avec les acteurs du Congrès général arabe, Sami Hochberg rapporte que sur 20 personnalités arabes rencontrées, 2 seulement se déclaraient opposées à toute immigration juive.

Pendant la guerreKalvarisky témoigne de l’entraide entre Juifs et Arabes, qui n’étaient guère mieux traités par les Turcs. Après la Déclaration Balfour, le chérif de La Mecque Hussein publie « ceux qui sont assez profonds … savaient que le pays [la Palestine] était pour ses 1° fils, en dépit de leurs différences, une patrie aimée et sacrée. Le retour de ces exilés s’avérera, matériellement et spirituellement, une école pratique pour leurs voisins qui sont avec eux dans les champs, les fabriques, les commerces, et en toute chose liée au travail et au labeur » À Jérusalem, le mufti Kamil al-Husayni participa à la pose de la 1° pierre de l’université hébraïque au mont Scopus.

Après la guerre, durant la conférence de la paix de Paris une négociation directe sous l’égide de T. E. Lawrence a lieu entre Chaim Weizmann, président du Comité sioniste, et Fayçal, fils du chérif Hussein et délégué arabe à la Conférence. Cette négociation aboutit à la signature de l’Accord Fayçal-Weizmann de 1919. Cet accord ne fut jamais appliqué.

A cette Conférence les alliés en redéfinissent les frontières en la scindant en 4 mandats dont celui de Palestine, entre la mer Méditerranée et le désert de Syrie, ( Israël, la Cisjordanie, la bande de Gaza et la Jordanie. En 1923, lors de l’officialisation du mandat sur la Palestine, et pour respecter les promesses formulées à Hussein ibn Ali, les Britanniques créent un protectorat sur le territoire à l’Est du Jourdain, l’« Émirat hachémite de Transjordanie » .

La grande révolte arabe (1936-1939) en Palestine mandataire revendique la fin du mandat britannique, la création d’un État arabe indépendant et la fin de l’immigration juive sioniste.

Cette révolte est un point culminant dans le combat des nationalistes palestiniens mais son échec militaire aboutit au démantèlement des forces paramilitaires arabes et à l’arrestation ou à l’exil de ses dirigeants. Bien que vaincus militairement, les Arabes palestiniens obtiennent le Livre blanc britannique de 1939 qui impose ainsi une limitation de l’immigration juive et du transfert de terres arabes à des Juifs, et promet la création d’un État unitaire dans lequel Juifs et Arabes partageront un gouvernement qui permettrait de préserver les intérêts de chaque communauté. Cette proposition est rejetée par la communauté juive palestinienne.

Pendant ce conflit qui sera un désastre pour les Arabes palestiniens, la conférence de Bloudan de 1937  a été le sommet panarabe tenu en Syrie. Elle a été convoquée par le Haut Comité arabe en réponse à la Commission Peel qui a recommandé la partition de la Palestine. Elle rejette cette idée et soutient la Grande révolte arabe de 1936-1939 en Palestine  C’est la première manifestation de l’inquiétude collective arabe concernant le mouvement sioniste. Elle affirme que la Palestine fait partie intégrante du monde arabe et son soutien panarabe au mouvement antisioniste en Palestine.

Avec la révolte, les Britanniques ont considérablement augmenté leur effectif militaire en Palestine. Pour mater la révolte, ils décrètent notamment une politique de « détention administrative » (détention sans fait ni preuve) contre les élites politiques ou les personnes soupçonnées de soutien aux insurgés. La torture est utilisée dans les centres d’investigation des Arabes. Les Britanniques utilisaient aussi le couvre-feu et la destruction des maisons. . Beaucoup de chefs politiques panarabes ont dû quitter la Palestine pour fuir la répression (le Grand Mufti de Jérusalem Mohammed Amin al-Husseini.)

Le Haut Comité arabe demande à la population arabe de porter le keffieh, faisant passer le nationalisme du tarbouche (signe des élites urbaines loyales à l’empire ottoman) au nationalisme du keffieh, valorisant le rôle de la paysannerie arabe dans la création de l’identité nationale arabe.

Devant l’impossibilité de trouver une solution et par crainte d’un soulèvement arabe généralisé, les Britanniques promulguent un 3° Livre blanc revenant sur la  Déclaration Balfour en limitant drastiquement l’immigration juive et en interdisant la vente de terre aux juifs. Ils promettent l’indépendance de la Palestine aux Arabes dans les 10 ans. L’application du Livre blanc par les Britanniques s’intensifiera à l’issue de la 2° Guerre mondiale.

Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale des Nations unies vote le partage de la Palestine entre un État juif, un État arabe. Jérusalem (et sa région) devient une zone internationale.

Les Arabes rejettent ce partage et une guerre éclate. Le 15 mai 1948, l’État juif déclare son indépendance sous le nom d’Israël avec la reconnaissance immédiate de jure des États-Unis et de l’URSS. Les États arabes voisins envahissent le territoire de l’État juif. En septembre , le Haut Comité arabe palestinien se réunit à Gaza et proclame la formation du gouvernement arabe de toute la Palestine, sans reconnaissance internationale à l’exception de l’Égypte lors de son occupation de la bande de Gaza. À la fin de cette guerre, Israël possède les territoires qui lui ont été alloués par le plan de partage et une partie du territoire initialement alloué à l’État arabe. Des territoires se situant dans le désert du Néguev, le nord de la Galilée et « Jérusalem-Ouest ». Le territoire de la Cisjordanie et Jérusalem-Est sont annexés par la Jordanie, tandis que la bande de Gaza est placée sous administration militaire égyptienne.

Le mouvement sioniste répertorie 6 grandes vagues d’immigration entre 1881 et 1948. De 1918 à 1948, la population en Palestine mandataire passe de 83 000 Juifs à 650 000. La croissance est due à une forte immigration due à la montée de l’antisémitisme en Europe centrale et orientale dès les années 1920 qui culminera avec la Shoah. L’Agence juive favorise l’immigration par tous les moyens : en 1933, elle passe un accord avec le régime nazi (accord Haavara) pour rendre possible, moyennant finances (banque Leumi), l’émigration des réfugiés Juifs allemands. Le 14 mai 1948, la veille de l’expiration du mandat britannique, David Ben Gourion proclame l’indépendance de l’État d’Israël à Tel Aviv. En mai 1949, il est admis comme État membre de l’ONU et de l’UNESCO.

En 1948, Israël compte 650 000 Juifs. Dans les 3 années qui suivent, sa population double à la suite de l’accueil de 200 000 personnes déplacées, réfugiés de la 2° Guerre mondiale et de plusieurs centaines de milliers de Juifs du monde arabe. Le mouvement sioniste a organisé l’émigration en Palestine de 15 000 Juifs yéménites entre 1910 et 1948. Ces Yéménites, pour lesquels ont été aménagés des quartiers séparés, ont été exclus des kibboutz, et employés dans les plantations privées pour des salaires inférieurs à ceux des Ashkénazes. Ils ont été effacés de la mémoire sioniste pourtant pionniers, bien qu’ils aient subi des conditions de travail très dures.

Les Juifs Séfarades de Palestine, s’ils ont parfois participé au programme d’achat de terres initié par les sionistes européens, ont plaidé en faveur d’une intégration du sionisme en Orient, de l’établissement de liens entre les mouvements nationalistes juif et arabe, et entre les cultures hébraïque et arabe pendant la période ottomane, puis sous le mandat britannique. Cette intégration a été rejetée par les Ashkénazes (européens). La presse juive en langue arabe des pays du Moyen-Orient a déploré le refus de recourir aux Juifs orientaux comme médiateurs entre le sionisme ashkénaze et les Arabes palestiniens. Les Séfarades ont été exclus des institutions sionistes, ce qui les a privés de tout pouvoir de décision.

En 1944, le gouvernement égyptien met en place un groupe d’étude chargé d’en élaborer le projet avec l’aide des Britanniques. Les 6 pays fondateurs sont : l’Égypte, l’Arabie saoudite, l’Irak, la Jordanie, le Liban et la Syrie puis le Yémen du Nord. Mais elle est divisée en 2 camps: l’entente égypto-saoudienne favorable aux projets d’indépendance s’opposant à l’axe hachémite  jordano-irakien enclin à une coopération avec la puissance britannique encore maîtresse de nombreux protectorats et mandats (SoudanPalestineÉmirats).

La Ligue arabe refuse le plan de partition des Nations unies et proclame le droit à l’autodétermination pour les Arabes de la Palestine ex-mandataire. 5 états arabes déclarent la guerre à l’État d’Israël et des contingents de 4 des 7 pays membres ( l’Égypte, l’Irak, la Jordanie et la Syrie) et l’Armée de libération arabe envahissent le territoire de l’ex-mandat britannique de Palestine. La guerre se solde par la défaite des armées arabes et des milices palestiniennes. Les Palestiniens qualifient cette défaite de « Naqba » (la catastrophe). À la suite de ce conflit environ 700 000 des 900 000 Arabes palestiniens ont fui ou ont été expulsés des territoires qui sont devenus l’État d’Israël. En 1949, Israël signe des armistices séparés avec l’Égypte, le Liban, la Jordanie et la Syrie. Selon ces accords le territoire d’Israël comprend environ 78 % de la Palestine mandataire (soit 18 % de plus que défini par proposition de partition de l’ONU). La bande de Gaza et la Cisjordanie sont occupées par l’Égypte et la Jordanie qui annexe cette région ainsi que la Vieille ville de Jérusalem. Israël sera reconnu dans ces nouvelles frontières mais les annexions de la Bande de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est ne sont pas reconnues par la communauté internationale.

Le 20 septembre 1948, la Ligue arabe déclare la création d’un gouvernement palestinien, et  un gouvernement arabe de toute la Palestine est établi dans la Bande de Gaza occupée par l’Égypte. Cette décision n’est pas acceptée par la Jordanie qui annexe les territoires qu’elle occupe. Une Assemblée constituante se réunit, élit comme Président le Mufti Hadj Mohammed Amin al-Husseini et prend le nom de Conseil national palestinien.