
Introduction
Le « terrorisme » a été inventé puis fabriqué de toutes pièces par les dirigeants au pouvoir aux USA ,accompagnés des « démocratie » occidentales dont la France, et leur bras armé l’OTAN. Voici un exposé qui tend à expliquer quand, comment, où et pourquoi, sont nés au Moyen-Orient, des organisations de luttes contre le prédateur militaire, les USA. Le volet économique est volontairement mis en sourdine, Ahmed Akkache l’ayant traité dans un autre cours de l’Ecole. Il faut souligner toutefois, que le mot magique n’est pas « sésame » mais « pétrole ».
Les représentants du lobby pétrolier et d’anciens dirigeants de la CIA directement liés à d’importants hommes d’affaires arabes, font la pluie et le beau temps au Moyen-Orient: George W. Bush, l’ancien président, dirigeait la HEC, une société pétrolière qui a obtenu d’importantes concessions à Bahreïn grâce à l’appui de Bush père, ancien directeur de la CIA . Parmi ses actionnaires, on comptait les saoudiens Khaled Ben Mahfouz et Salem Ben Laden (frère aîné d’Oussama). Dick Cheney, vice-président des USA, dirigeait Halliburton, 1° fournisseur mondial d’équipements pétroliers. M. Cheney, connu pour son soutien à Ariel Sharon et à l’état d’Israël ainsi que pour ses appels enragés à la guerre contre l’Irak. Condoleeza Rice, conseillère nationale à la Sécurité, devenue secrétaire d’Etat aux affaires étrangères, l’une des plus excitées contre l’Irak, dirigeait la multinationale pétrolière Chevron, qui a fusionné avec Texaco en octobre 2001 devenue l’un des 1° groupes mondiaux d’hydrocarbures. Gale Norton, secrétaire d’Etat à l’intérieur, administrait le grand groupe pétrolier BP-Amoco, le plus important du monde après Exxon – Mobil. Elle participait au contrôle de la compagnie saoudienne Delta – Oïl, une firme pétrolière où collaborent les émirs arabes et les hommes d’affaires américains, accumulant tous des profits fabuleux et contribuant à garantir la main mise américaine sur les principales sources mondiales de pétrole. Donald Rumsfield, ministre de la guerre, a siégé avant d’entrer au gouvernement, dans les conseils d’administration de grandes sociétés comme Alstate, Kellog’s. Sa férocité s’est exprimée lors de la guerre d’Afghanistan où, après le massacre de milliers de combattants afghans il déclara à la presse « je regrette seulement de ne pas en avoir tué davantage ».

Carte des 22 pays arabophones
1-La Ligue arabe
Officiellement la Ligue des États arabes , est une organisation régionale possédant le statut d’observateur auprès de l’ (ONU). Elle est fondée en 1945 au Caire par 6 États. En 2023, elle compte 22 États membres. Son organisation repose sur 4 organismes principaux : le sommet des chefs d’État, le Conseil des ministres, les comités permanents et le Secrétariat général dirigé par Ahmed Aboul Gheit depuis 2016.
En 1944, le gouvernement égyptien met en place un groupe d’étude chargé d’en élaborer le projet avec l’aide des Britanniques. Les 6 fondateurs de la Ligue arabe sont : l’Égypte, l’Arabie saoudite, l’Irak, la Jordanie, le Liban et la Syrie puis le Yémen du Nord. L’association vise à affirmer l’unité de la « nation » arabe et l’indépendance de chacun de ses membres.
Dès sa naissance, la Ligue est divisée en 2 camps aux visées politiques opposées, l’entente égypto-saoudienne favorable aux projets d’indépendance s’opposant à l’axe hachémite jordano-irakien plus enclin à une coopération avec la puissance britanniqueencore maîtresse de nombreux protectorats et mandats (Soudan, Palestine, Émirats, etc.). Par la suite, dans le contexte de l’anticolonialisme et de la guerre froide, une division s’opère entre États socialistes proches de l’URSS (Libye, Syrie, Algérie, Égypte) et États proches des USA(Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Maroc).
L’action de la Ligue est dirigée contre l’ingérence des puissances coloniales (la France et le Royaume-Uni). À partir de 1948, Israël est considéré comme une entité exogène au monde arabe. Les résolutions les plus importantes de l’institution concernent la Palestine. Après la crise du canal de Suez, le royaume d’Irak fut renversé, diminuant l’influence hachémite. L’Égypte, forte de son succès, représentait, avec la Syrie, l’axe nationaliste qui s’opposait à l’axe monarchique et pro-occidental emmené par l’Arabie saoudite et la Jordanie.
En 1973, après la guerre du Kippour et le 1° choc pétrolier, la conférence des rois et chefs d’État arabes réunie à Alger vote à l’unanimité une résolution appelant à développer la coopération arabo-africaine. On note la rupture des relations (y compris un embargo pétrolier) avec les États restés colonialistes: le Portugal, la Rhodésie et l’Afrique du sud, et l’aide aux mouvements de libération, la création de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA) et l’adoption de mesures spéciales afin de faciliter l’approvisionnement en pétrole des États africains touchés par la hausse spectaculaire des cours du pétrole brut.
En 1978, l’Égypte signa les accords de Camp David avec Israël. Les ministres de la Ligue arabe se réunirent en 1979 à Bagdad et décident des sanctions diplomatiques et économiques à infliger à l’Égypte (son exclusion pour 10 ans). En 1990, 12 des 21 membres décidèrent sa réintégration. Mais cette unité politique est mise à mal en 1990 lors de la guerre du Golfe où l’Irak envahit le Koweït.
À cause de la prévalence de la souveraineté étatique sur l’intérêt panarabe, la Ligue n’a jamais fait ses preuves. 60 ans après sa création, la question du caractère contraignant des décisions des sommets arabes n’a été tranchée. En 2002, après une proposition du prince d’Arabie saoudite, la Ligue arabe élabore l’initiative de paix arabe, fondée sur l’idée d’une paix globale au Moyen-Orient : en échange d’une normalisation des relations entre Israël et des pays de la Ligue arabe, l’État hébreu se retirerait de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et du plateau du Golan. En 2007, au sommet de Riyad, elle est relancée par une résolution nommée « réactivation de l’initiative de paix arabe ». Israël a refusé de considérer cette initiative.
En 2011, lors de la guerre civile syrienne, la Ligue arabe exclut la Syrie et, en 2013, l’opposition anti-Assad occupe le siège de la Syrie lors du sommet au Qatar. Depuis, en raison des divisions provoquées par cette guerre, la Ligue arabe est jugée comme une « organisation quasi moribonde ». Cependant elle continue à se réunir et, dans le cadre du conflit yéménite, en mai 2019, elle réagit en condamnant les tirs de missiles balistiques par les Houthis du groupe « Ansar Allah » en direction de La Mecque et de Djeddah. En mai 2023, la Ligue arabe réintègre la Syrie après 11 ans d’exclusion. Cette décision, sous l’impulsion de l’Algérie, pourrait faciliter une nouvelle unité au sein de l’organisation.
2- La création du « terrorisme » en Afghanistan 1978: Talibans et Al Qaïda
Ce texte est inspiré de John PILGER et de ses commentaires sur son film de 2003 « Breaking the Silence » sur la “guerre contre le terrorisme”.

Carte de l’Asie Centrale: l’Afghanistan est en marron entre l’Iran et le Pakistan
En 1978, un mouvement de libération dirigé par le Parti Démocratique Populaire d’Afghanistan (PDPA) a renversé la dictature de Mohammad Dawd, le cousin du roi. Cette révolution populaire, a pris les Britanniques et les Américains par surprise. Les journalistes étrangers présents à Kaboul ont été surpris par enthousiasme de la population. Laïque, moderniste et, dans une large mesure, socialiste, le gouvernement proclama un programme de réformes visionnaires comprenant l’égalité des droits pour les femmes et les minorités. Les prisonniers politiques furent libérés et les dossiers de la police brûlés publiquement. Sous la monarchie, l’espérance de vie était de 35 ans ; 1/3 des enfants mourait en bas âge. 90% de la population était analphabète. Le nouveau gouvernement introduit la gratuité des soins médicaux. Une campagne d’alphabétisation de masse fut lancée.
À la fin des années 1980, 1/2 des étudiants universitaires étaient des femmes, et elles représentaient 40 % des médecins, 70 % des enseignants et 30 % des fonctionnaires afghans. Tout a commencé à mal tourner lorsque les moudjahidines ont commencé à gagner… ils étaient soutenus par l’Occident. » Pour les États-Unis, le problème du gouvernement PDPA était qu’il était soutenu par l’Union soviétique. Pourtant, il n’a jamais été la “marionnette” de personne. Le secrétaire d’État du président Jimmy Carter, se trouvait aux côtés de Zbigniew Brzezinski, conseiller à la sécurité nationale, un émigré polonais, anticommuniste et moraliste fanatique dont l’influence durable sur les présidents américains ne s’est éteinte qu’avec sa mort en 2017.
En juillet 1979, Carter autorisa un programme d’ »action secrète » de 500 M de dollars pour renverser le gouvernement d’Afghanistan. La CIA baptisa ce programme « Opération Cyclone ». L’argent a permis d’acheter et d’armer un groupe de fanatiques tribaux et religieux connus sous le nom de moudjahidines. Recrutée dans tout le monde musulman, l’armée secrète américaine fut formée dans des camps au Pakistan dirigés par les services de renseignement pakistanais, la CIA et le MI6 britannique. D’autres furent recrutés dans un collège islamique à Brooklyn, New York.
L’une des recrues était un ingénieur saoudien appelé Oussama ben Laden. L’objectif était de répandre le fanatisme islamique en Asie centrale et de détruire l’Union soviétique.
En août 1979, l’ambassade des États-Unis à Kaboul déclara que « les intérêts plus larges des États-Unis seraient satisfaits par la disparition du gouvernement du PDPA« . 6 mois plus tard, les Soviétiques faisaient leur entrée en Afghanistan en réponse à la menace djihadiste à leur porte. Armés de missiles Stinger fournis par la CIA et célébrés comme des « combattants de la liberté » par Margaret Thatcher, les moudjahidines ont fini par chasser l’Armée rouge d’Afghanistan. Se faisant appeler l’Alliance du Nord, les moudjahidines étaient dominés par des seigneurs de la guerre qui contrôlaient le commerce de l’héroïne. Les Talibans étaient une faction ultra-puritaine, dont les mollahs étaient vêtus de noir et punissaient le banditisme, le viol et le meurtre, mais bannissaient les femmes de la vie publique.
Les talibans
En Afghanistan, 4 peuples cohabitent : les Tadjiks, les Ouzbeks, les Hazaras, et les Pachtounes. Les Ouzbeks sont présents au nord, les Tadjiks de langue iranienne, vivent dans l’Ouest, les Pachtounes au Nord-Est. Les talibans sont issus majoritairement des Pachtounes, estimés à 15 millions d’habitants; ils sont le « noyau dur » du mouvement. Durant la guerre contre les Soviétiques, des millions de jeunes Afghans sont éduqués dans les madrasas de la zone tribale pakistanaise. Ils y sont influencés par une école de pensée, qui prône le retour à « un islam juste et respectant les principes islamiques ». À côté d’un islam extrême, l’idéologie talibane intègre un autre fondamentalisme, le wahhabisme issu d’Arabie saoudite, mais aussi des éléments purement pashtouns. Les chefs de guerre se déchirent pendant et après l’occupation de l’Afghanistan par l’URSS. Les talibans, eux, veulent réislamiser les mœurs, la justice, les êtres humains. La forme de l’État n’a pas d’importance pour eux à la condition de respecter la loi divine. Et seuls ceux qui l’ont étudiée, les talibans, sont à même de l’expliquer et d’en assurer le respect. Ils déclarent au début qu’ils ne veulent pas le pouvoir politique. Ils attachent beaucoup d’importance à la vie quotidienne, publique ou privée.
Durant les 1° années de leur prise de pouvoir, les talibans jouissent d’un réel soutien populaire, surtout des populations pachtounes du Sud et de l’Est. Les Afghans sont fatigués des guerres et beaucoup accueillent ces religieux qui amènent l’ordre et la sécurité. Les contraintes morales ne changent rien dans les campagnes où les femmes portent la burqa, ne travaillent ni ne vont à l’école.
De 1994 à fin 1997, les talibans profitent aussi d’un soutien moral, sinon financier et militaire, de la part des services secrets pakistanais (Ben Laden) dans une relative indifférence internationale. Ils disposent de sources de financement. Outres les mines de marbre, d’or et de zinc du pays, les opiacés dont l’héroïne, représentent plus de 80% de la production mondiale.
Le Mouvement Islamique des Talibans, en guerre contre le gouvernement, conquiert Kaboul en 1996 (chute du PDPA) et y instaure un régime d’Émirat jusqu’en 2001 mais son mollah ne contrôlera jamais le pays et sera renversé par l’OTAN , contre laquelle il mènera une guérilla.

Al-Qaïda en 1987
soit « la base » est une organisation terroriste islamiste fondée en 1987 par le cheikh Abdullah Yusuf Azzam et son élève Oussama ben Laden. D’inspiration salafiste djihadiste, Al-Qaïda a ses racines chez des islamistes radicaux (Abou Qatada) qui pensent que les gouvernements « croisés » (occidentaux), à leur tête les États-Unis, interfèrent dans les affaires intérieures des nations islamiques, pour leur seul intérêt. Il utilise le terrorisme pour se faire entendre .
Al-Qaïda émerge de l’organisation Maktab al-Khadamāt (MAK), constituée pendant la 1° guerre d’Afghanistan par Azzam pour alimenter la résistance afghane contre les forces armées d’URSS (1980). Elle relayait les dons en provenance de pays islamiques. Le MAK est soutenu par la CIA qui déploie une politique interventionniste pour abattre l’URSS. Après la prise de Kaboul par les talibans en 1996, Ben Laden organise la formation des moudjahidines arabes, développant les réseaux d’ Al-Qaïda.
Depuis le retrait des soviétiques, les actions d’Al-Qaïda sont considérées comme terroristes par l’essentiel des États: États-Unis, Canada, Union européenne, Royaume-Uni, Australie, Russie, Inde et Turquie, et des observateurs de l’ONU qui fait paraître une liste des entités et des personnes proches d’Al-Qaïda, à ce titre sanctionnées par le Conseil de sécurité des Nations unies. Sa plus retentissante opération prend place sur le sol américain le 11 septembre 2001, puis les attentats: 2003 à Casablanca, 2004 à Madrid et 2005 à Londres.
Le rôle de la CIA fait l’objet d’un débat, à l’extrême gauche mais aussi dans le monde du renseignement : l’OTAN a donné naissance et entraîné l’organisation terroriste pour combattre les Soviétiques. Cette hypothèse fut émise en 2005 par Robin Cook, ancien ministre des affaires étrangères et député travailliste qui s’opposa violemment à l’intervention en Irak et à la politique pro-américaine de Tony Blair: « Ben Laden fut le produit d’une erreur de calcul monumentale de la part des agences de renseignements occidentales. Il fut armé par la CIA pendant les années 1980 et financé par l’Arabie saoudite pour porter le jihad contre l’occupation russe en Afghanistan. Al-Qaïda, littéralement la base, serait originellement les fichiers informatiques regroupant les milliers de moudjahidines recrutés et formés par la CIA pour vaincre les Russes ». Maloy Krishna Dhar, ancien directeur adjoint du renseignement indien, affirme qu’Al-Qaïda a été organisé par l’ISI pakistanaise à la demande de la CIA et du MI6.
Le journaliste Seymour Hersh défend l’opinion que Dick Cheney, Elliott Abrams et le prince saoudien Bandar ben Sultan ben Abdelaziz Al Saoud continuent de financer des membres du réseau Al-Qaïda, dans des opérations secrètes au Liban et en Iran (2 pays à majorité chiite) visant à les déstabiliser en poussant à des luttes interconfessionnelles.
En 2001, l’Afghanistan était sinistré et dépendait des convois de secours d’urgence en provenance du Pakistan. L’invasion a indirectement causé la mort de quelque 20000 personnes, car l’approvisionnement des victimes de la sécheresse a cessé et les gens ont fui leurs maisons. 18 mois plus tard, on a trouvé dans les décombres de Kaboul, des bombes à fragmentation américaines non explosées, confondues avec des colis de secours jaunes largués depuis les airs. Elles arrachaient les membres d’enfants affamés en quête de nourriture.
L’invasion de l’Afghanistan était une supercherie. Au lendemain du 11 septembre, les Talibans ont cherché à se distancer d’Oussama Ben Laden. Ils étaient un véritable partenaire américain avec lequel l’administration de Bill Clinton avait conclu une série d’accords secrets pour permettre la construction d’un gazoduc de 3 milliards de dollars par un consortium de compagnies pétrolières américaines. Dans le plus grand secret, des dirigeants talibans avaient été invités aux États-Unis et reçus par le PDG de la société Unocal dans son manoir du Texas et par la CIA à son siège en Virginie. L’un des négociateurs était Dick Cheney, qui deviendra plus tard le vice-président de George W. Bush.
Depuis 2014 et les débuts de la reconquête du pays, les talibans prennent le contrôle des laboratoires de campagne, accèdant à la partie la plus lucrative du trafic de stupéfiants, estimé à 2 milliards de dollars par an. Ils mettent en place un système de barrages routiers et d’imposition dans les territoires conquis. Ces taxes représentent plus de 3 milliards de dollars par an. Avec l’impôt islamique, ils prélèvent 2,5% des revenus de chaque foyer et 10% des récoltes. Ils contrôlent les grandes routes commerciales au cœur de l’Asie centrale, vers le Pakistan, l’Iran.
Après 20 ans de présence militaire de l’OTAN, un accord a en 2020 est signé au Qatar entre les États-Unis et le groupe armé. Il interdit aux États-Unis et à leurs alliés de recourir à la force en Afghanistan, de s’immiscer dans les affaires internes du pays et acte un calendrier de retrait de leurs troupes. En échange, les talibans s’engagent à lutter sur le sol afghan contre tout groupe ou individu menaçant la sécurité des États-Unis et de leurs alliés et à ne leur fournir ni visa, ni permis de voyager. Le Conseil de sécurité des Nations unies l’entérine. Kaboul, la capitale, est reprise. Les Talibans contrôlent actuellement l’intégralité du pays.
À partir du mois d’août 2021 et la reprise du contrôle du pays, les flux financiers internationaux s’assèchent. Le Fonds monétaire international (FMI) suspend ses versements et les autorités américaines, qui contrôlent les réserves de la banque centrale afghane (DAB) évaluées à 9 milliards d’euros bloquent les transferts de dollars hebdomadaires. L’aide internationale, qui représente 42 % du produit intérieur brut, est pour l’essentiel suspendue. Les talibans peuvent tout de même compter sur les droits de douane, les 3 plus importants postes frontières du pays pouvant rapporter jusqu’à 215 millions d’euros chacun par mois.
L’Etat Islamique (Daesh) en Irak et en Syrie (2006)
Les guerres successives d’Irak depuis les années 1980 et l’invasion de 2003, les États-Unis et leurs alliés ont détruit l’ensemble des infrastructures du pays engendrant un chaos aussi bien matériel que culturel. De plus, les fausses accusations d’armes de destruction massive et les scandales liés à la torture dans les prisons, minent la confiance du peuple irakien envers les occidentaux. Cela créé un profond sentiment anti-américain chez les cadres de l’armée irakienne qui fournissent la structure de base de l’armée de l’État islamique.
L’Etat Islamique (EI), aussi appelé Daesh est un mouvement salafiste djihadiste, très hostile aux chiites qu’ils appellent « kharidjites ». Sa création remonte à 2006, lorsqu’ Al-Qaïda en Irak forme, avec 5 autres groupes djihadistes, le Conseil consultatif des moudjahidines en Irak qui se considère comme le gouvernement légitime. Son objectif est le rétablissement du califat des Abbassides, soit un État musulman s’étendant de l’Afrique du Nord à l’Asie centrale. Cette idéologie s’inscrit dans une mutation des États arabes, d’un modèle laïque vers des modèles confessionnels et communautaristes : le régime baasiste de Saddam Hussein, initialement laïc, a commencé à se présenter comme le défenseur de l’islam sunnite contre l’« hérésie » chiite à partir de la guerre Iran-Irak. Cette idéologie s’est radicalisée avec les gouvernements suivants. La stratégie de l’État islamique découle d’une réflexion sur le long terme, inscrite dans l’histoire des mouvements djihadistes. Elle n’est pas uniquement le résultat de concours de circonstances, ni de pulsions destructrices de ses combattants. L’EI se construit une autorité, et démontre qu’il fonctionne en 2016, bien comme un État.
En 2012, l’EI s’étend en Syrie et devient l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) dont l’acronyme anglais a donné Daesh. En 2014, l’EIIL annonce le « rétablissement du califat » dans les territoires sous son contrôle, prend le nom d’« État islamique » et proclame son chef, Abou Bakr al-Baghdadi, « calife et successeur de Mahomet », sous le nom d’Ibrahim.
Désormais rival d’Al-Qaïda, en conflit depuis 2014, l’État islamique voit son influence s’étendre à plusieurs pays du monde musulman avec l’allégeance de nombreux groupes djihadistes ; les plus importants étant le Boko Haram au Nigeria, Ansar Bait al-Maqdis dans le Sinaï égyptien et le Majilis Choura Chabab al-Islam en Libye.
À partir de 2015, l’EI perd ses conquêtes sous la pression de ses adversaires : les forces armées des gouvernements de l’Irak, de la Syrie et de la Turquie, les rebelles syriens, les milices chiites parrainées par l’Iran, les peshmergas du GRK, les groupes kurdes des YPG et du PKK. En 2014, une coalition internationale de 22 pays menée par les États-Unis procède à une campagne de frappes aériennes contre l’EI. La Russie intervient en Syrie en 2015. L’EI perd ses derniers territoires en Irak en 2017 et en Syrie en 2019. Le chef de l’organisation, Abou Bakr al-Baghdadi, trouve la mort lors d’une opération menée par les forces américaines en 2019.
L’État islamique est classé comme organisation terroriste par les Nations unies, la Ligue arabe, les États-Unis et l’Union européenne, et est accusé d’être responsable de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité, de nettoyage ethnique et de génocide. Il pratique la destruction de vestiges archéologiques millénaires dans les territoires qu’il contrôle.

L’ ayatollah Khomeini et l’Iran de 1980
né le 24 septembre 1902, à Khomein ( État de Perse) et mort le 3 juin 1989 à Téhéran (république islamique d’Iran), est un dignitaire religieux chiite est un homme politique iranien et le guide spirituel de la révolution islamique de 1979 qui renverse le shah d’Iran Mohammad Reza Pahlavi.
Son opposition à la « révolution blanche » lancée par le shah Mohammad Reza Chah le conduit à l’affrontement avec le pouvoir. Il est arrêté en 1963 pour avoir joué un rôle important dans les émeutes . L’arrestation de Khomeini provoque des manifestations à Téhéran et à Qom. Elles sont réprimées dans le sang. « Le responsable de ce massacre paiera de sa vie », promet-il. Le shah d’Iran, conscient de son influence, le fait libérer.
En1964, après avoir critiqué un décret accordant l’immunité juridique aux conseillers militaires américains et un emprunt de 200 millions de dollars pour l’achat de matériel militaire, Khomeini est arrêté de nouveau et contraint à l’exil, d’abord en Turquie, puis en Irak pendant 14 ans. Son activisme pro-chiite indispose le pouvoir irakien et, en 1978, il part pour la France (époque de Valéry Giscard d’Estaing) avec un visa de touriste et s’installe à Neauphle-le-Château (40 km de Paris), où il rencontre des intellectuels comme Jean-Paul Sartre ou Michel Foucault. Khomeini ne cesse de proclamer sa foi dans le « ni Est-ni Ouest » si bien qu’ à l’été 1980, l’Iran boycotte les jeux olympiques de Moscou..
Durant les 14 années de son exil, son discours se radicalise et sa pensée se systématise autour d’une conviction profonde : la dictature du shah n’est pas le système adéquat pour l’Iran. Selon son analyse, les oulémas héritiers de Mahomet détiennent l’autorité religieuse, jusqu’au retour de l’imam caché. Mais la politique est tenue par des hommes, donc il se penche vers une « démocratie islamique ». D’où l’idée d’une république islamique, au lieu d’une dictature « shahienne », dans laquelle les clercs ont le pouvoir de désigner le plus savant d’entre eux pour concentrer l’autorité. Ce principe deviendra, après la révolution islamique, la clef de voûte du nouveau régime iranien que Khomeini définit comme le pouvoir absolu du religieux. Un président de la République qui s’occupe surtout des questions quotidiennes doit également être élu.
Pour la chercheuse Sabrina Mervin, « les doctrines de Khomeini s’inscrivent en partie dans la tradition des utopies islamiques (Farâbî, Ibn ‘Arabî) inspirées par le concept du sage vertueux qui gouverne la cité dans La République de Platon ». Évoquant le choix du terme de République pour le régime qu’il met en place, le philosophe Anoush Ganjipour estime qu’« il ne comprenait pas ce que voulait dire la République au sens moderne mais dans ses oreilles sonnait La République de Platon, les textes qu’il a enseigné pendant toute sa vie ».
Cette révolution se prépare depuis Neauphle-le-Château (octobre 1978), et il propage ses idées sous la forme de cassettes audio diffusées et dupliquées largement dès leur arrivée en Iran. Cette diffusion furtive permet aux opérations d’échapper au contrôle du gouvernement iranien sur les médias classiques.Il retourne en Iran en février 1979 et sa victoire s’affirme comme le dirigeant de facto du pays, d’abord en tant que « chef de la révolution en Iran », puis en tant que « chef spirituel suprême ». La république islamique est instituée par référendum fin mars, puis par un 2° référendum une constitution est adoptée en décembre. Il approuve l’élection d’Abolhassan Bani Sadr au titre de 1° président de la république islamique d’Iran.
Dans la république islamique voulue par Khomeini, la Constitution reconnaît le chiisme duodécimain comme religion d’État et précise que la loi iranienne doit être en accord avec la charia (loi religieuse). Le chiisme duodécimain désigne le groupe des chiites qui croient dans l’existence des 12 imams. Le dogme s’est ainsi formé à partir de 874-940; C’est le courant officiel de l’Iran depuis la fondation de la dynastie safavide par Ismaïl 1er en 1501. Les Chiites sont majoritaires en Azerbaïdjan, à Bahreïn, en Iran, en Irak, et constituent 1/3 de la population au Liban.
Le Hezbollah au Liban 1985
ou Parti de Dieu est un groupe islamiste chiite et parti politique basé au Libanà Beyrouth. Ses activités paramilitaires sont supervisées par le Conseil central du djihad. L’organisation est parfois qualifiée de « djihadiste chiite ». Fondé en juin 1982 à la suite de l’invasion du Sud-Liban par Israël, il se révèle publiquement en 1985. Il multiplie les prises d’otages et les attentats, contre les Etats-Unis et contre la France. Le Hezbollah a comme idéologie les thèses religieuses et politiques de l’ayatollah Khomeini.Armé et financé par les Gardiens de la révolution islamique le Hezbollah est considéré comme un mandataire iranien. Il coopère avec ses milices au Moyen-Orient (Houthis, Hamas, Jihad islamique, Hachd al-Chaabi) et avec les nationalistes arabes baasistes pro-Assad.
Il combat l’Arabie saoudite, l’EI, la rébellion syrienne, les Émirats arabes unis, et Israël. Le Hezbollah a comme principe central le djihad contre Israël; les Mollahs Iraniens appellent à l’ éliminer. Il dispose d’un groupe paramilitaire multiconfessionnel dont sont membres des chrétiens, des druzes et des sunnites, les Brigades de la résistance libanaise.
Dans la vie politique libanaise, il est membre de l’Alliance du 8-Mars qui est favorable à la Syrie. Son principal soutien est la communauté musulmane chiite libanaise du Sud-Liban. Le Hezbollah voit ses principaux alliés dans les partis politiques chrétiens (Mouvement Marada, le Courant patriotique libre). En 2006, il affronte Israël dans la Guerre israélo-libanaise. Depuis 2012, il participe avec l’Iran à la guerre civile syrienne en combattant l’Etat Islamique. Il qualifie la crise syrienne « Complot sioniste–wahhabite» pour détruire son alliance avec Bachar al-Assad contre Israël Présent partout dans le monde via la diaspora libanaise, le Parti de Dieu dispose de cellules clandestines.
En 2009, une nouvelle charte passe à un programme politique applicable dans un « État moderne » avec des références aux normes du droit international. Il continue son immersion dans le cadre libanais en utilisant le mot « nation ». D’autre part, la charte ne fait plus mention de autorité morale et religieuse de l’Iran. Au sujet d’Israël, le Hezbollah « s’oppose à tout compromis ou à reconnaître sa légitimité ».
Les musulmans chiites, qui forment la base principale du soutien au Hezbollah, représentent 27% de la population du Liban. Ils sont concentrés au sud du pays qui représente 10 % du territoire; elle est sous son contrôle. Il est aussi fortement implanté dans la plaine de la Bekaa, à Baalbek. En 2015, le numéro 2 du mouvement, Naïm Qassem, reconnaît que le Hezbollah a été infiltré à un très haut niveau par les services secrets israéliens. En 2017, la milice du Hezbollah compte 25 000 combattants et entretient un contingent permanent de 5 000 hommes en Syrie. Mais de lourdes pertes lors de ce conflit font 2 000 morts et 5 000 blessés entre 2012 et 2017. En 2021, le mouvement dispose de 100 000 combattants.
Selon Erminia Chiara Calabrese, chercheuse postdoctorante au Centre d’études en sciences sociales du religieux : « Le Hezbollah est un parti politique fortement institutionnalisé et centralisé, et dont la structure s’apparenterait aux partis communistes en Europe » Réfutant l’idée défendue par l’Union européenne qui considère que le Hezbollah possède une branche armée, elle affirme qu’il s’agit de la même structure avec des activités militaires et politiques. Elle ajoute que « ces 2 dimensions sont indissociables dans les hauts échelons du parti qui présentent un même leadership. Preuve en est que Hasan Nasrallah, le secrétaire général du parti, contrôle aussi le Conseil central du Jihad chargé de la supervision des activités de la lutte armée. Idem dans les bas échelons, puisque chaque membre ordinaire du Hezbollah est un combattant potentiel, dans le sens qu’un entraînement militaire est nécessaire pour devenir membre du parti ».
Carte des pays musulmans

Le Fatah puis le Hamas en Palestine
Le Fatah est un parti politique nationaliste palestinien qui est le plus important de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et le 2° du Conseil législatif palestinien (CLP). Fondé clandestinement par Yasser Arafat, Khaled Yashruti, Salah Khalaf et Khalil al-Wazir au Koweït en 1959. Fatah est l’acronyme « Mouvement de libération national de la Palestine », les initiales en arabe faisant référence à Al-Fath « La victoire éclatante », la 48e sourate du Coran.
Il appelle les fedayin (commandos de combattants palestiniens) à la lutte contre l’État d’Israël (créé le 14 mai 1948) avec l’objectif de « libérer tout le territoire palestinien de l’entité sioniste ». La direction du Fatah est collégiale et fonctionne au sein d’un Comité central qui détient le pouvoir exécutif. Le conseil général qui rassemble ses différentes factions, élit les membres du Comité central et le Conseil Révolutionnaire qui se réunit à chaque session du Conseil général. Ce sont 2 organes de contrôle du Comité Central.
Un des 1° problèmes qui se pose est le financement du mouvement. En raison de son caractère clandestin, les fonds ne pouvaient provenir que des membres eux-mêmes. Le projet politique du Fatah vise à une « Palestine démocratique non confessionnelle » ouverte aux juifs, musulmans et chrétiens sans distinction d’ethnie ou de religion. Le mouvement insiste sur la distinction entre Juif et sioniste et encourage la lecture d’intellectuels juifs progressistes comme Martin Buber, Isaac Deutscher, Elmer Berger ou Moshé Menuhim afin de lutter contre les sentiments antisémites qui habitent une partie de la population arabe palestinienne. Bien que la quasi-totalité des représentants de ce parti soient musulmans, le Fatah se déclare laïque(contrairement au Hamas qui est islamiste) et politiquement neutre (contrairement au Front populaire de libération de la Palestine marxiste). Il représente le mouvement le plus important au sein de l’OLP.
Nabil Shaath, un des hauts responsables du Fatah et ancien conseiller personnel de Yasser Arafat affirme, « la population de cette nouvelle Palestine inclura tous les Juifs résidents et tous les Palestiniens, qu’ils soient exilés ou soumis à l’occupation, qui choisiront de vivre en Palestine en acceptant un statut égal pour tous sans droits spéciaux ni privilèges. » Pour le Fatah, le futur État palestinien fera partie intégrante de la « nation arabe fédéré »
L’Autorité palestinienne voit le jour à la suite des accords d’Oslo signés en 1993 entre l’État d’Israël, qui occupe les Territoires palestiniens depuis la guerre des Six Jours en 1967, et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). La Déclaration de principes sur les arrangements intérimaires « d’autogouvernement » prévoit le retrait progressif des troupes israéliennes de la bande de Gaza et de Cisjordanie et l’établissement d’une autorité et d’une autonomie palestiniennes limitées. Une période de 6 ans (jusqu’en 1999) est définie pour mener à leur terme les négociations. Les prérogatives respectives de l’Autorité palestinienne et de l’État d’Israël quant à l’administration de ces territoires sont déterminées par ces accords puis revues à l’occasion des accords d’Oslo II (1995).
La lutte armée contre l’État d’Israël
Le Fatah est installé à Gaza jusqu’aux années 1960. En 1965, le Fatah déclenche la lutte armée contre l’État israélien en lançant des opérations de sabotage et de guérilla au nom de sa branche armée al-Assifa « la tempête ». Après laguerre des Six Jours, le mouvement prend de l’importance. L’occupation militaire de la bande de Gaza et de la Cisjordanie à la suite de la défaite arabe renforce le rôle de la guérilla palestinienne.
Le Fatah organise alors la « lutte intérieure » dans les territoires occupés : « il établit des bases le long des frontières jordaniennes et libanaises, réunit des armes et organise des cellules de résistance en Cisjordanie ». 1000 volontaires venant des camps des réfugiés et de la diaspora palestinienne en Europe rejoignent les camps d’entraînement du Fatah tandis qu’Arafat s’installe en Cisjordanie à Qabatiya, puis àNaplouse puis Ramallah. Il est à 2 doigts de se faire arrêter par le Shin Beth. Il quitte donc la Cisjordanie pour Karameh, en Jordanie, où il établit son quartier général. Le village abrite un camp d’entrainement des fedayins à 10 km du point de passage entre la Jordanie et la Cisjordanie. Entre septembre et décembre 1967, le Fatah organise 60 tentatives de sabotage mais les forces de sécurité israélienne (armée, police et Shin Beth) sont les plus fortes. Ils arrêtent près de 1000 agents palestiniens et en abattent 200. La tentative de « soulèvement populaire » dans les territoires est un échec.
Le Fatah gagne un grand prestige auprès de la population palestinienne lors de la bataille de Karameh en mars 1968. Les fedayins résistent pendant une journée à une offensive de blindés israéliens contre le camp palestinien de Karameh, situé en Jordanie. L’armée israélienne perd plusieurs dizaines de soldats et de nombreux blindés, essuyant lors de ces combats l’un de ses principaux échecs. En 1969, l’ OLP, fondée en 1964, passe sous le contrôle du Fatah. Yasser Arafat est nommé président de son comité exécutif. En septembre 1970, le régime jordanien du roi Hussein ordonne une offensive contre les bases du Fatah situées dans son pays. Le mouvement palestinien est sévèrement affaibli lors des combats du septembre noir (entre 3 000 et 10 000 victimes de part et d’autre).
Arafat et la direction du Fatah changent alors de tactique et lancent des incursions depuis la Jordanie, couvertes par les fantassins et les artilleurs de la Légion arabe. En réponse, Israël érige une clôture barbelée le long du fleuve Jourdain avec des systèmes de surveillance électronique et des camps fortifiés dominant les endroits de passage à gué. La plupart des escouades sont « interceptées et supprimées » mais elles continuent à faire des victimes dans la population civile et Israël répond en menant des raids au-delà du Jourdain. Les fedayin multiplient les attaques contre Israël à partir d’États arabes (Jordanie, Liban, Syrie). Les tensions entre les gouvernements (soumis à des représailles israéliennes) et l’OLP s’intensifient. En 1970, le Fatah est débordé par des groupes radicaux membres de l’OLP ( le Front populaire de libération de la Palestine) ce qui conduit à l’expulsion des forces palestiniennes de Jordanie vers le Liban au terme de combats sanglants avec l’armée jordanienne (Septembre noir).

Changement de politique
Après des attaques terroristes contre des citoyens israéliens (notamment la prise d’otages qui aboutit à la mort de 11 athlètes israéliens lors des Jeux olympiques de 1972), par le groupe armé Septembre noir, le Fatah et l’OLP réorientent leur politique, pour se consacrer à la reconnaissance internationale de la cause palestinienne. En 1983, le Fatah connait une grave crise interne, à la suite de l’invasion du Liban par Israël. Une scission a lieu à cause de profonds désaccords sur la politique de dialogue de Yasser Arafat qui en sort renforcé et son mouvement consolide sa domination dans l’OLP. En son sein, les principaux postes passent aux mains du Fatah, du comité exécutif de l’OLP aux finances, jusqu’au bureau étranger de l’OLP. En 1985, la direction de l’OLP est bombardée par les forces israéliennes; elle parvient cependant à renforcer sa domination à la faveur de la 1° Intifadalancée dans les territoires occupés en 1987. Le Conseil national palestinien prévoit en 1988 la reconnaissance de l’État d’Israël, tout en proclamant un État palestinien ayant comme capitale Jérusalem.
En 1993, les négociations secrètes entre Israël et l’OLP aboutissent à un accord de reconnaissance mutuelle, ainsi qu’à une déclaration ouvrant la voie à la future Autorité palestinienne.
Depuis les accords d’Oslo le Fatah a déclaré renoncer à la lutte armée, toutefois, les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa et le Fatah-Tanzim restent impliquées dans des actions armées. Israël estime que la direction du Fatah continue de contrôler et soutenir des activités terroristes.
En 1996, au terme de la mise en place de l’Autorité Palestinienne, le Fatah tend à l’incarner et ses éléments se fondent dans cette nouvelle administration. Le chef historique du Fatah est élu à la tête de l’Autorité, et son parti détient une très large majorité au Conseil législatif palestinien; la plupart des fonctionnaires de l’autorité sont d’anciens membres du Fatah, et les forces de sécurité palestiniennes sont formées des anciennes brigades de combattants du Fatah, donc il est directement associé aux échecs de l’Autorité palestinienne. Avec la reprise de la 2° Intifada en septembre 2000, le Fatah recule aux élections et le Hamas en tire profit. Avec la mort de Yasser Arafat et le début de la démocratisation des territoires palestiniens occupés, le Hamas devient un adversaire sérieux du Fatah.
Le Hamas gagne les élections législatives palestiniennes de 2006 et pour la 1° fois, le Fatah perd le pouvoir. Il est accusée par la jeune garde de ne lutter contre la corruption qui gangrène l’économie palestinienne. Le Hamas souhaite former un gouvernement d’union nationale avec le Fatah, mais les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa menacent d’assassiner tout membre du Fatah participant à ce gouvernement. Les tensions interpalestiniennes croissantes conduisent le Fatah et le Hamas à l’affrontement.
Le Hamas- 1987
soit « ferveur, zèle »), acronyme de « Mouvement de résistance islamique », est un mouvement islamiste et nationaliste palestinien constitué d’une branche politique et d’une branche armée, les Brigades Izz al-Din al-Qassam. Il est surtout actif dans la bande de Gaza qu’il administre seul depuis 2007, après sa victoire aux élections et l’éviction de l’Autorité palestinienne.
Le Hamas est créé en 1987 par le cheikh Ahmed Yassin, Abdel Aziz al-Rantissi et Mohammed Taha, tous 3 issus de l’organisation islamique des Frères musulmans, sa charte affirme que « la terre de Palestine est une terre islamique ». Il prône la destruction de l’État d’Israël dans tout ce qui était autrefois la Palestine sous mandat britannique (territoire comprenant aujourd’hui Israël, la Cisjordanie et la bande de Gaza) et l’instauration d’un État islamique palestinien sur tout le territoire de l’ancienne Palestine mandataire, bien que « l’établissement d’un État palestinien souverain et indépendant dans les frontières de 1967, avec Jérusalem pour capitale » puisse aboutir à une « trêve ».
Le Hamas trouve son inspiration dans l’annexion par l’Égypte de Gaza en 1948. Les Frères musulmans, principaux opposants du Président Gamal Abdel Nasser, sont implantes sur tout le territoire de l’Egypte. A la suite de la Guerre des Six Jours, les Égyptiens perdent le contrôle de la bande de Gaza. Israël trouve comme interlocuteur les Frères musulmans, seule force politique organisée à Gaza. À l’époque, Israël est impliqué au Nord dans la Guerre Civile au Liban et combat l’OLP qui multiplie les attentats sur son territoire .
En 1987, des frères musulmans de Gaza forment le Hamas. La nouvelle organisation appelle au Jihad pour instaurer un Etat Islamique. Les militants du Hamas, dont ceux armés des Brigades Izz al-Din al-Qassam, prennent pour cibles les militaires et les civils israéliens. Entre 1993 et 2005, il organise plusieurs dizaines d’attentats-suicides visant des civils. Il déclare en 2006, renoncer à ce type d’actions, préférant tirer des roquettes et des missiles sur des villes israéliennes, proches de la bande de Gaza.
L’une des organisations terroristes les plus riches au monde, le Hamas est financé par des pays musulmans et un réseau d’associations caritatives à vocation humanitaire en faveur de la Palestine, réparties dans le monde. Sur le plan géopolitique, il est considéré comme un allié du Hezbollah chiite et de l’Iran au sein de l’« Axe de la résistance » contre Israël, l’Occident ou l’Arabie Saoudite. L’Iran lui fournit armement et financement. Le Hamas entretient aussi des liens proches avec le Qatar. Les dirigeants du Hamas et leurs familles y habitent.
Toutefois, lors de la guerre civile syrienne (de 2011), le Hamas, bien qu’ appuyé par le régime syrien , soutient l’opposition syrienne entre 2012 et 2017 contre le gouvernement de Bachar al-Assad, allié de l’Iran et du mouvement libanaisHezbollahet membre clé de l’« Axe de la résistance ». Il fonde le groupe rebelle Aknaf Beit al-Maqdess qui se bat contre le FPLP-CG, un autre groupe palestinien fidèle au régime syrien. Dans le cadre de la guerre civile yéménite (2014-2017), le Hamas soutient le gouvernement yéménite contre les rebelles Houthis, membres de l’Axe de la résistance. En conséquence, l’Iran finance le Front Populaire pour la Libération de la Palestine, laïc (qui a exprimé son soutien au régime syrien) rival du Hamas. Le Hamas renoue avec l’Iran à partir de 2017 et avec le régime syrien en 2022, réintégrant l’alliance des Dix de Damas.

En octobre 2023, le Hamas est à l’origine d’une attaque coordonnée contre Israël et ses localités civiles proches de la bande de Gaza, d’une envergure inédite.