
Le Conseil d’état français vient de rendre sa décision sur l’interdiction de la ‘abaya en milieu scolaire et ce n’est pas un scoop. Comme on s’y attendait, c’est le rejet pur et simple avec les motifs suivants tirés par les cheveux. Pour cette auguste juridiction, le port de l’abaya « s’inscrit dans une logique d’affirmation religieuse », et son interdiction « ne porte pas une atteinte grave et manifestement illégale au droit au respect de la vie privée, à la liberté de culte, au droit à l’éducation et au respect de l’intérêt supérieur de l’enfant ou au principe de non-discrimination ». Sans commentaires… car la réfutation se trouve dans la décision elle-même. Cette décision n’ayant rien de judicaire mais tout du politique, pour la comprendre, il faut interroger ceux qui gouvernent le bateau ivre qu’est devenue la France.
Malgré les molles dénégations de Madame Borne, 1° ministre , l’histoire farfelue de la ‘abaya tirée de derrière les fagots pour faire diversion, est bel et bien une stigmatisation des musulmans de France et de Navarre.
Monsieur le ministre de la Justice qui a été l’intraitable défenseur que l’on sait, est discret sur la question. Quand il ne sera plus aux affaires, il donnera son avis qui sera plein de bon sens. Pour le moment la solidarité gouvernementale impose un alignement de tous derrière Gabriel Atal, l’éphèbe-ministre. Les autorités chargées du culte ont beau crier sur tous les tons que cet habit n’est pas plus musulman que le béret basque ou le pantalon de golf, rien n’y fait, le gouvernement français, englué dans des histoires africaines sans fin où se joue son rang de puissance mondiale, a trouvé ce subterfuge pour affirmer une intransigeance qui lui fait cruellement défaut sur le plan international mais qui fait merveille dans les banlieues tristes et moribondes de France.

D’où est donc sortie cette histoire d’accoutrement ?
Quelle est cette imagination fertile qui a gratifié le peuple français de cette excuse pour lui faire oublier les bleus que lui inflige la politique internationale du gribouille qui la gouverne ?
Malgré mes recherches, pourtant sérieuses, je n’ai pas pu mettre la main sur une explication. Il faudra sans doute attendre le prochain rapport de la Cour des Comptes pour connaitre le nom du cabinet Américain ou Israélien qui a suggéré cette idée lumineuse qui éteint un peu plus l’aura malmenée de la France.
Puisque l’instigateur fait défaut, faisons contre mauvaise fortune, bon cœur et essayons de comprendre sans lui.
La France dont l’empire était majoritairement musulman connaissait très bien l’islam, sa morale, ses us et coutumes, ses accoutrements féminins et masculins. Elle avait des savants appelés Orientalistes qui ont lu et relu le Coran et certains l’ont même adopté. Ce fut le cas d’un certain Philippe Grenier député du Doubs converti à l’Islam, qui ne craignait pas d’aller aux séances de la Chambre avec sa paire de burnous sur sa ’abaya (tiens, tiens, déjà ?) et même le pesant turban qu’il aurait pu remplacer par une seyante « ‘araguia » comme celle de l’imam de Drancy, le très distingué Chalghoumi, mais c’était un pur, il dérangeait, certes, mais assumait tout, il ne trichait pas. En ce temps-là les Français, même les plus snobs, étaient tolérants.

Le docteur Grenier, en dehors de quelques sourires narquois dans son dos, n’a pas été interdit d’assemblée nationale. Il a pu exercer son mandat dignement avec beaucoup d’intelligence et de sagesse. Cela se passait au 19e siècle et on aurait pu penser qu’en ce siècle ancien et obscur, la tolérance n’avait pas sa place et que des orateurs aussi flamboyants que Clémenceau dont la dent dure était connue ou des orateurs passionnés et passionnants comme Gambetta laïciste intransigeant ou Jean Jaurès plus humain mais ferme lui aussi sur les principes de laïcité, auraient empêché ce trublion de venir gâcher la belle harmonie qui régnait dans les travées de l’assemblée des complets veston impeccables, par ce costume si loin des valeurs de … de quoi déjà ? de l’habit unique, de la mode unique , de la pensée unique, de l’uniforme uniformisant, de l’apparence qui ne trouble pas la conscience d’appartenance à une même culture une même lointaine religion dont on ne revendique à présent que les racines , le reste étant jeté aux orties…
Avant notre 21e siècle il y a eu le 20e, un siècle particulièrement mouvementé mais pour les besoins de ce propos, il convient de ne retenir que l’évènement majeur qui l’a déchiré en sa moitié, l’inoubliable Mai 68, sa révolution bavarde et ses promesses non tenues comme le fameux « il est interdit d’interdire » et ses figures de proue qui ont dominé l’actualité, jusqu’à la fin et délivré leurs oracles pour un avenir radieux.
C’est ainsi que la pédophilie fut admise pour les esprits raffinés aux manières policées et sachant raconter leurs exploits et leurs ébats licencieux dans des livres subventionnés par l’état comme Monsieur Matzneff ou Monsieur Peyrefitte, que les accoutrements devinrent aussi variés qu’il y a d’individus, que la jupe plissée bleu marine et la veste assortie et le chemisier blanc de notre adolescence, furent proscrits et la grande déférence pour le corps professoral fut réduite à de la simple politesse.
Un demi-siècle plus tard, le temps que les bénéficiaires de ces grandes avancées dans les libertés publiques deviennent vieux, chenus et indignés par d’autres libertés qu’ils n’avaient pas prévues dans leur liste révolutionnaire, voilà que les mêmes remettent leur travail sur le métier et défassent ce contre quoi ils se sont tant battus : les interdictions. Désormais, il est permis d’interdire et verrouiller la pensée afin que la velléité de revenir à mai 68 ne se produise pas.
Heureusement, le théâtre de ces interdictions est réduit et ne concerne pas tout le peuple français mais uniquement l’habitat de ceux que l’on appelle des « français de papier » ou séparatistes ou communautaristes ou plus familièrement et affectueusement bougnoules comme dit un certain joueur de rugby qui représente actuellement la France dans la coupe du monde, en violation de la Constitution, cet évangile de la laïcité qui fait croire à tout le monde que les Français, de souche, de proximité, de papier, de sang versé etc… sont égaux en droits et en devoirs.

En dehors de quelques opposants fatigués de guerroyer contre des montagnes de mauvaise foi et face à un nombre toujours croissant de Français de plus en plus xénophobes et racistes, les musulmans de ce pays n’ont aucun choix car même en adoptant le mode de vie de la majorité, ils seront trahis par leur faciès, leur nom, l’adresse de leur habitation et toujours soupçonnés de vouloir faire bande à part et d’être les instruments d’un prosélytisme supposé.
Il leur reste leur foi et la patience du croyant. Sans nul doute Dieu se chargera de leur rendre justice un jour.